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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







jeudi 28 août 2014

22ème dimanche ordinaire A - 31 août 2014

Incontournable mystère de la croix !




Pierre avait dit à Jésus : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. » C’était dimanche dernier que nous avions médité cette page d’évangile. Jésus interrogeait ses disciples sur sa personne et Pierre a eu cette révélation. Mais ça, c’était dimanche dernier. Aujourd’hui, le même Pierre se fait traiter de Satan par Jésus. D’un extrême à l’autre ! Peut-être pour que Pierre, tout juste promus chef des disciples, ne prenne pas la grosse tête ! Sans doute surtout parce qu’il n’a rien compris à la révélation divine dont il a profité. C’est une chose de reconnaître que Jésus est le Messie ; c’en est une autre d’accepter qu’il soit Messie à la manière de Dieu et non à la manière des hommes ! C’est vrai pour Pierre, c’est vrai pour nous aujourd’hui. 
 
Quand nous parlons de Dieu, ne rêvons-nous pas d’un Dieu tout-puissant qui interviendrait plus que de nécessaire pour réparer les erreurs des hommes ? Ne crions-nous pas à l’inexistence de Dieu, ou au moins à la difficulté de croire en lui dès lors que les choses ne vont pas dans le sens du bien ? Si Dieu existe, pourquoi permet-il la guerre ? Pourquoi permet-il que des enfants meurent ? Pourquoi n’intervient-il pas devant toutes les injustices commises ? C’est Pierre, qui n’a pas encore accepté le mystère de la croix, qui parle ainsi en nous, ce même Pierre que Jésus traite de Satan. Comme Pierre, nous avons à découvrir la manière dont Jésus est le Messie, la manière dont Dieu exerce sa divinité. 
 
Et il y a de quoi être surpris, je vous l’accorde. Non Dieu n’intervient pas à la manière d’un gardien de la galaxie ; il n’a rien d’un personnage de Marvel. Il est le Dieu qui offre aux hommes leur liberté, y compris la liberté de ne pas le suivre, y compris la liberté de ne pas croire en lui parce qu’il n’est pas comme les hommes se l’imaginent. Il est le Dieu qui nous a fait à son image et non le Dieu que nous faisons à notre image. Heureusement pour nous ! 
 
Nous pouvons donc comprendre que Pierre, et l’humanité à sa suite, ait quelques difficultés à accepter que Jésus soit Messie, non à la manière des hommes (héros vengeur), mais à la manière de Dieu, Agneau de Dieu livré pour notre péché. Nous pouvons comprendre qu’il faille aussi du temps et toute la patience de Jésus pour enseigner ses disciples à ce sujet. Pour la première fois, Jésus le Christ commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des chefs des prêtres et des scribes, être tué, et ressusciter le troisième jour. Ce n’est jamais agréable, ni acceptable, d’entendre quelqu’un que l’on aime, quelqu’un en qui on met son espérance, nous dire qu’il va souffrir pour réaliser son dessein d’amour pour nous. Et pourtant, en ce qui concerne Jésus, le mystère de la croix est incontournable. Aurait-il pu sauver les hommes sans passer par la croix, en commandant des légions d’anges pour qu’elles détruisent le Mal ? Sans doute. Mais l’homme aurait-il appris ainsi que l’amour vaut mieux que la violence ? L’homme aurait-il appris ainsi que le don de soi pour ceux que l’on aime est la plus haute forme de l’amour ? Quel monde aurions-nous si Dieu lui-même déchainait la violence pour supprimer les violents ? Comment apprendrions-nous à aimer inlassablement si Dieu exerçait une vengeance contre les hommes ? Comment apprendrions-nous la puissance du pardon ? 
 
Le mystère de la croix est incontournable pour Jésus et pour nous. Il faut que le Fils de l’Homme aille jusqu’à la croix, pour de vrai, pour sauver l’homme, non seulement de ses ennemis humains, mais plus encore de ces Ennemis fondamentaux que sont le Mal et la Mort. Si Jésus ne va pas jusque-là, s’il ne descend pas au séjour des morts pour affronter la Mort sur son propre terrain, il ne peut la vaincre vraiment. La vie marquée du sceau de l’éternité doit être affirmée y compris au royaume de la mort afin que tous les hommes soient sauvés, ceux qui ont connu le Christ, comme ceux qui ont vécu avant lui ou tous ceux qui vivront après lui sur cette terre. Ainsi seulement devient-il le Seigneur des vivants et des morts. 
 
Dès lors, les hommes n’ont plus le choix ; s’ils veulent être disciples de Jésus le Christ, ils doivent imiter leur Maître et Seigneur : ils doivent renoncer à eux-mêmes, prendre leur croix et le suivre. Mais ils prennent leur croix avec la certitude que Jésus l’a déjà portée pour eux, et l’a déjà vaincue pour eux. Elle n’est plus un obstacle sur leur chemin vers Dieu, elle devient le passage vers Dieu. De même que Jésus ne peut se soustraire à la croix, de même ne pouvons-nous nous y soustraire : elle fait partie de notre vie chrétienne et pas seulement sous la forme d’un bijou à porter au cou. Nous devons véritablement la porter jusqu’au bout pour que le Christ puisse rendre à chacun selon sa conduite, quand il viendra dans la gloire de son Père. 
 
Il n’est pas besoin de comprendre en totalité le mystère de la croix ; il nous faut juste l’accepter en sachant que le Christ nous a devancés pour mieux nous accompagner aujourd’hui. Sur son chemin de croix, il y a eu un certain Simon de Cyrène pour l’aider à porter à sa croix ; aujourd’hui, c’est Jésus qui se fait notre Simon de Cyrène pour que nos croix quotidiennes ne soient plus un fardeau insurmontable. Avec Jésus, prenons notre croix, et marchons vers Dieu, source de la vie, source de la joie. En lui est notre victoire. Amen.
 
(Photo prise en Irlande, Cathédrale St Patrick - Dublin)

samedi 23 août 2014

21ème dimanche ordinaire A - 24 août 2014

Quand Dieu révèle à Pierre qui est Jésus !

 

Et si vous aviez été à la place de Pierre, qu’auriez-vous répondu alors à Jésus ? Entendez bien ma question : qu’auriez-vous dit alors et non pas que diriez-vous aujourd’hui. La différence peut sembler minime, mais elle est essentielle : qu’auriez-vous répondu à la place de Pierre en sachant ce que Pierre sait à ce moment-là ? Ce n’est quand même pas la même chose que de répondre après deux mille ans de christianisme et surtout après l’événement de Pâques, cœur de notre foi. 
 
Pour vous mettre dans la peau de Pierre, il faut pendant un instant oublier ce que vous avez  appris de Jésus et faire un effort de mémoire. Un jour, vous (à la place de Pierre) êtes appelés à suivre un inconnu. Vous laissez tout : famille, travail pour suivre quelqu’un qui vous aborde par hasard alors que vous êtes en plein travail. Qui est cet homme ? Un beau parleur, un prédicateur qui déplace des foules venues l’écouter. Il donne une grande prédication sur la montagne : il redéfinit le bonheur à travers un texte que les générations futures appelleront béatitudes. Mais cela, pour l’instant, vous l’ignorez. Il redéfinit la loi : vous avez appris… et bien moi je vous dis… Il appelle d’autres encore à le suivre, dont un publicain, Matthieu. Il parle d’un Dieu de miséricorde, venu pour les pécheurs plus que pour les justes. Vous êtes envoyés en mission avec pouvoir d’expulser les esprits mauvais et de guérir toute maladie et toute infirmité. Vous entendez Jésus parler de Dieu comme de quelqu’un qui veille sur chacun. Et puis il y a des paroles un peu plus mystérieuses : celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi, qui veut garder sa vie pour soi la perdra ; qui perdra sa vie à cause de moi la gardera ; ou encore : personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. Après cela, vous digérer encore quelques discours en paraboles auxquels vous n’aviez pas compris grand-chose, puisque Jésus lui-même a dû tout réexpliquer en privé. Si cela vous chagrine que nous la sachions, je peux juste vous dire que c’est Matthieu qui a cafté ! Après cela, vous vous retrouvez avec une foule immense qui a bien pensé à suivre Jésus, mais qui en a oublié l’essentiel : un casse-croûte, au cas où l’enseignement se prolongerait. Ce qui n’a pas manqué d’arriver. Que faire ? Jésus vous l’a dit : donnez-leur vous-mêmes à manger ! J’aurai donné cher pour voir votre tête. Mais bon, vous avez fait ce que vous avez pu, et vous avez fini par trouver cinq pains et deux poissons pour plus de cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants !  Heureusement, Jésus était là ; il ne vous lâche jamais. Tous ont pu manger à leur faim ; il y avait même des restes. La nuit qui suivi, vous avez connu une petite frayeur : Jésus a marché sur l’eau, et devant votre étonnement, vous a invité à faire de même. Comme souvent, vous n’avez pas résisté à la tentation de fanfaronner : Jésus appelle, vous courez ! Je ne vous demanderai pas si l’eau était bonne ! Pour finir, Jésus exauce votre prière et guérit une cananéenne qui vous casse les oreilles. Ayant vécu tout cela, que répondez-vous à la question de Jésus qui vous interroge : et pour vous, qui suis-je ? 
 
Certes, vous avez bien quelques indices pour peu que vous ayez bien écouté votre rabbin à la synagogue le jour du sabbat. Avec un peu d’imagination, vous pouvez faire un lien entre Jésus et Moïse : les deux ont permis à Dieu de nourrir son peuple, Moïse par le don de la manne, Jésus en multipliant les pains et les poissons. Vous pouvez accentuer le même lien grâce à la Loi : Moïse est celui par qui Dieu a donné la Loi à son peuple ; Jésus est celui qui l’a menée à sa perfection, notamment en vous invitant à aimer votre ennemi. Son enseignement en parabole le rapprocherait de quelques prophètes et les miracles que vous avez constatés le place quelque part près de Dieu. Mais auriez-vous dit de vous-mêmes, sur votre simple expérience, qu’il est le Messie, le Fils du Dieu vivant ? Une telle pensée n’aurait même pas traversé votre esprit. C’est au-delà de toute imagination ! N’en voulez donc pas à Pierre, (ni aux autres d’ailleurs), de n’avoir pas su, et de n’avoir trouvé la bonne réponse que parce que quelqu’un la lui a soufflé. Ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. 
 
Nous retrouvons ici l’enseignement donné par Jésus lui-même quand il disait : personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. La foi de Pierre, et notre foi, est d’abord une foi révélée. Nous ne l’avons pas inventée, nous ne l’avons pas déduite de quelques théorèmes ou de quelques démonstrations magiques. Dieu se révèle à nous. Dieu nous révèle son Fils comme il l’a jadis révélé à Pierre et aux autres Apôtres. Cela n’exclut pas que les Apôtres aient besoin de signes pour asseoir leur foi, surtout après la mort en croix de Jésus. Mais la révélation par Dieu permet  de donner sens. Dieu révèle à Pierre qui est Jésus ; Jésus, à son tour, révèle aux hommes qui est Dieu. Ainsi Jésus n’est pas qu’un homme avec de super pouvoirs, capable de ressusciter les morts, de guérir lépreux et handicapés de toutes sortes ; il n’est plus un beau parleur ou l’un des prophètes : il devient l’ultime parole de Dieu pour les hommes. De même, par Jésus, Dieu n’est plus celui qui se fâche contre les hommes qui ne suivent pas sa Loi ; il n’est pas avec nous dans un rapport de marchandage ; il se révèle un Dieu qui prend soin de nous, qui nous donne la nourriture en temps voulu ; bref, il est un Père pour nous, un Père aimant, un Père pardonnant. 
 
L’importance de cette révélation du Fils par le Père et du Père par le Fils, nous la constatons aujourd’hui. S’il suffisait de lire les évangiles pour croire, nous devrions être nombreux, vu que la Bible est le livre le plus vendu dans le monde. On peut donc supposer aussi qu’il est le livre le plus lu ! Pourtant, beaucoup d’hommes et de femmes ont lu et ne croient toujours pas. Il ne suffit donc pas d’assister aux miracles, ni même d’entendre les discours de Jésus ; il faut encore un cœur ouvert à Dieu, ouvert à la révélation qu’il veut nous faire de son Fils. En lisant la Bible à la maison, en entendant les textes bibliques lorsque la communauté se rassemble, il nous faut avoir conscience que c’est bien Dieu qui nous parle, Dieu qui se dit à nous à travers ces textes. Sinon, ils ne sont que beaux textes, éventuellement dignes d’être lus et commentés, mais sans grande différence avec les œuvres de quelques grands philosophes ou humanistes. Si nous n’avons pas conscience que Dieu se dit et se révèle à nous, Jésus n’est qu’un grand homme de plus, qui aura perdu sa vie pour rien d’autres que pour ses idées. Or Jésus n’a pas donné sa vie pour ses idées, mais pour nous ; sa vie est bien livrée en rançon pour notre vie. 
 
Quand Dieu révèle à Pierre qui est Jésus, c’est l’humanité tout entière qui peut se laisser approcher de Dieu et l’entendre nous révéler le nom de son Fils. Quand Jésus établit Pierre pour être la pierre de fondation de son Eglise, c’est l’humanité tout entière qui peut découvrir qui est Dieu et comment il refonde le peuple de son alliance. Remercions Pierre d’avoir laissé Dieu parler à travers lui et imitons-le lorsque nous proclamerons notre foi, dans un instant. C’est toujours Dieu qui, à travers nous, dit au monde  qui il est, qui est Jésus et ce dont l’homme est capable par son Esprit Saint. Comme Pierre, soyons les relais de Dieu. Amen.  
 
(Photo prise en la cathédrale de Tours)

samedi 16 août 2014

20ème dimanche ordinaire A - 17 août 2014

Ma maison s'appellera "Maison de prière pour tous les peuples".




Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. On aura beau dire que la réponse initiale de Jésus à la Cananéenne était formulée ainsi pour  mieux éprouver sa foi, il n’en reste pas moins qu’elle est sévère. Le Dieu auquel nous croyons est-il notre Dieu à nous tout seul ? Ou pouvons-nous le partager à d’autres ? Faut-il être blanc, européen, bien-pensant, issue de telle catégorie socio-professionnelle, pour prétendre à la qualité de chrétien ? Telles sont bien les questions auxquelles nous sommes renvoyés par l’ensemble des lectures de ce dimanche. 
 
Cette femme qui crie vers Jésus a le don d’agacer. Elle agace les disciples à tel point qu’ils demandent à Jésus de lui donner satisfaction, car elle les poursuit de ses cris ! En gros, ce qu’ils demandent à Jésus, c’est de la faire taire ! Jésus est-il venu pour cela ? Pour nous faire taire ? La suite montre bien que non, puisqu’il va pousser cette femme à s’exprimer davantage ; il va la pousser à dire sa foi. C’est pour cela qu’il est venu : pour que nous prenions position, pour que nous nous interrogions sur Jésus et que nous nous exprimions clairement. Puisque Jésus est sans gêne vis-à-vis d’elle, elle sera sans gêne dans sa réponse : c’est vrai, Seigneur, mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. Elle reconnaît que Jésus est venu pour Israël ; d’ailleurs, elle l’appelle Fils de David ! Mais elle affirme aussi qu’il peut avoir quelque attention pour les autres, qui ne sont pas d’Israël, mais qui l’écoutent, le suivent et le reconnaissent comme Seigneur. Si les uns ont trop ou ne veulent pas tout ce qu’on leur propose, pourquoi d’autres ne profiteraient-ils pas de leurs restes ? En donnant suite à la demande de cette femme, en répondant à sa supplication, Jésus vient bien d’affirmer qu’il est venu pour tous les peuples, que tous les hommes peuvent avoir accès au salut qu’il va proposer dans sa mort/résurrection. 
 
Ce faisant, il ne crée pas de jurisprudence nouvelle, il ne fait qu’exprimer une donnée contenue dans la première alliance : quand Dieu s’est choisi Israël pour être son peuple particulier, il l’a établi comme lumière pour tous les peuples. Grâce à sa relation particulière à Dieu, ce peuple devait éclairer les autres peuples, au point qu’ils désirent eux-aussi suivre la loi du Seigneur. N’est-ce pas ce que reconnaît le prophète Isaïe déjà ? Lorsqu’il rappelle au peuple de Dieu la nécessité d’observer le droit, de pratiquer la justice, il rappelle que le Seigneur accueillera favorablement les sacrifices et les prières de ces étrangers qui se sont attachés au service du Seigneur pour l’amour de son nom et sont devenus ses serviteurs. Il n’y a déjà plus lieu de se revendiquer membre de ce peuple par sa naissance ; ce qui caractérise le fidèle du Seigneur, c’est sa pratique, son attachement concret non pas à un peuple, mais à l’alliance que conclut avec tous. Et ainsi la maison du Seigneur s’appellera « Maison de prière pour tous les peuples ». 
 
Si vous relisez les Actes des Apôtres, vous constaterez qu’il ne suffit pas qu’un prophète éminent annonce un fait pour qu’il soit accepté par tous. Il n’a même pas suffit que Jésus, durant sa vie terrestre, accueille favorablement la demande de la Cananéenne, ni qu’il donne en exemple un samaritain dans une de ces paraboles, pour que ses disciples soient ouverts à tous. Relisez les Actes des Apôtres et vous verrez Pierre lui-même lutter contre ces préjugés quand il a le songe qui le mènera finalement chez le Centurion Corneille. Vous y verrez aussi combien Paul a dû lutter pour que soit reconnue sa mission auprès des païens. Nous en sentons les difficultés dans sa lettre aux Romains dans laquelle il essaie d’expliquer qu’Israël garde une place de choix dans le projet de Dieu puisque les dons de Dieu et son appel sont irrévocables. Mais en même temps, il souligne la miséricorde de Dieu envers tous les peuples, qui fait que des païens peuvent se convertir au Christ et être sauvés. Sa réflexion aboutira à cette affirmation capitale pour lui : il n’y a plus ni Juif, ni païen, ni esclave, ni homme libre, il n’y a plus ni homme, ni femme, mais tous, vous ne faites plus qu’un, en Christ. Comment exprimer mieux que cela l’universalité du salut que Jésus offre ? 
 
Ce salut pour tous ne signifie pas que Jésus vient inaugurer le temps des soldes de la foi ; il ne vient pas supprimer l’exigence de la foi. Inviter tout homme au salut ne signifie pas que nous irons tous au paradis ! Mais que tout homme peut y prétendre s’il accueille le Christ et vit de ses enseignements. Il n’est plus besoin d’être d’un peuple particulier, d’un modèle précis, d’une certaine couleur de peau pour entrer dans le Royaume. Il faut accueillir Dieu et sa Parole, il faut faire sa volonté. Là sont toutes les exigences du salut : croire au Christ, vivre de sa Parole. Tous sont soumis à la même règle ! Que vous soyez croyant de longue date ou jeune converti, la même chose est demandée. Il n’y a pas d’ancienneté qui tienne ; il n’y a de passe-droit pour personne. Une parfaite égalité devant Dieu. 
 
Ma maison s’appellera « Maison de prière pour tous les peuples » : l’universalité de l’Eglise, née de l’ordre du Christ donné aux Apôtres au jour de Pâques (Allez, de toutes les nations faites des disciples), réalise cette prophétie d’Isaïe. Présente aux quatre coins du monde, annonçant inlassablement l’unique Evangile, la maison Eglise est maison de prière pour tous les peuples. Gardons-nous de jamais en rétrécir les contours ; soyons accueillant comme le Christ l’est pour tous, sous peine de nous mettre nous-mêmes hors les murs, hors la maison du Seigneur. Amen.

mercredi 13 août 2014

Assomption - 15 août 2014

Marie, un exemple à suivre.




Je ne connais pas d’autre événement douloureux qui donne lieu à une telle fête que celui qui nous rassemble aujourd’hui. Car enfin, la première raison de notre rassemblement est quand même la mort de Marie, sa dormition comme disent nos frères orthodoxes. Celle qui a porté en son sein le Sauveur du monde est arrivée au terme de sa vie terrestre. Marie meurt et notre deuil se transforme en joie. Comment cela est-il possible ? 
 
La réponse nous vient de la liturgie elle-même. La préface de cette fête nous fait chanter : Tu as préservé de la dégradation du tombeau le corps qui avait porté ton propre Fils et mis au monde l’auteur de la vie. Il faut bien entendre ce que dit la prière de l’Eglise. Il ne dit pas que Marie ne meurt pas, mais qu’elle est préservée de la dégradation du tombeau. Contrairement à nous qui finirons dans une tombe, Marie, à sa mort, a été élevée à la gloire du ciel. Sitôt morte et déjà ressuscitée, déjà à partager la gloire de son Fils, Jésus Christ. Voilà pourquoi nous sommes tous à la joie, parce que cette mort la conduit à la résurrection. Par un mystère infini, Dieu a voulu que celle qui fut la Mère de son Fils soit la première à connaître la destinée de tout croyant, qui fut celle d’abord de son propre fils : vivre en ressuscité pour toujours ! Nous sommes réunis pour vivre la Pâque à échelle humaine, pour nous entraîner à connaître un jour cette joie. La fête de l’Assomption est comme l’exemple de ce qui nous attend. 
 
Comment cela est-il possible ? La question serait plutôt : pourquoi cela ne serait-il pas possible ? Car enfin, ce que nous savons de Marie justifie bien l’honneur qui lui est fait. Sa vie n’a-t-elle pas été un OUI constant à Dieu, depuis l’Annonciation jusqu’à la Résurrection ? Jamais Marie ne s’est soustraite à la volonté de Dieu pour elle ; jamais elle ne s’est opposée à Dieu. Toute sa vie, quelles que soient les épreuves traversées, elle a consenti au projet d’amour de Dieu pour elle et pour son Fils. Jamais elle ne s’est révoltée ; jamais elle n’a douté. Marie est bien celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur, même lorsque ces paroles l’ont conduite au pied de la croix, à contempler son Fils exécuté à cause du péché des hommes. Elle qui est sans péché a accepté que son Fils fut livré au péché des hommes. 
 
Si l’Eglise a attendu le 20ème siècle pour la proclamation du dogme de l’Assomption, il n’en a pas été ainsi pour la foi du peuple. Très tôt, les croyants au Christ ont cru à cette donnée de notre foi. Dieu ne pouvait pas laisser Marie pourrir dans une tombe. Si elle qui est sans péché depuis sa naissance ne partage pas immédiatement la gloire de son Fils, comment serait-il possible pour nous d’y prétendre, nous qui vivons encore sous la loi du péché ? En cela, la fête de l’Assomption nous ouvre une espérance : à la suite du Ressuscité, Marie est accueillie dans la gloire du ciel. Nous pourrons partager le même bonheur si, comme Marie, nous consentons en tout à la volonté de Dieu pour nous. Le chemin qui mène à la gloire du Royaume, Marie nous le montre aujourd’hui : c’est le Christ qu’il ne faut pas quitter du regard. Du début à la fin, Marie ne fait que montrer le Christ aux hommes. Sa parole aux serviteurs du mariage à Cana reste d’une grande actualité : Faites tout ce qu’il vous dira. Et la joie coulera comme le vin jadis à Cana. 
 
Au milieu de l’été, l’Assomption de Marie nous rappelle donc à quelle gloire nous sommes destinés. Et en nous montrant son Fils, elle nous indique la route à suivre. Elle reste l’humble servante qu’elle a toujours été. A l’Annonciation, elle a été l’humble servante de Dieu. Maintenant qu’elle partage la gloire de Dieu, elle est l’humble servante de l’humanité encore en marche, intercédant pour nous, nous invitant à la suivre dans l’obéissance à son Fils. Elle ne prend pas la première place aujourd’hui, elle reçoit sa juste place, sa juste récompense. Réjouissons-nous, et de Marie apprenons la voie du service : elle mène au salut, toujours. Amen.  

(Photo prise dans les environs d'Assise, Le Christ et sa Mère dans la gloire du ciel)

samedi 9 août 2014

19ème dimanche ordinaire A - 10 août 2014

La foi : le résultat d'un long processus.



Vraiment, tu es Fils de Dieu ! C’est par cette profession de foi que s’achève l’évangile de ce dimanche. Parce que ce sont les Apôtres qui s’expriment ainsi, nous aurions tort de croire que cette parole est facile pour eux. Elle est le résultat d’un long processus, le résultat d’une maturation, comme il en est pour nous. Les Apôtres, comme nous, ont dû apprendre la foi et traverser les étapes qui y mènent. 
 
Lorsque nous retrouvons le groupe des Douze, la multiplication des pains vient d’avoir lieu. Ils n’ont pas bien le temps d’en discuter avec Jésus, car aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert, Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. Ce n’était ni le moment, ni le lieu pour de grandes considérations théologiques sur Jésus, son pouvoir… Nous ne saurons donc jamais si le long processus de la foi des Apôtres a commencé là, mais rien n’empêche de le croire. Le signe des pains multiplié rappelle quand même assez clairement que Dieu a jadis nourri son peuple au désert par le don de la manne. 
 
Les Apôtres se sont donc embarqués, direction l’autre rive. Jésus reste seul à renvoyer les foules, puis se retire pour prier Dieu. Sur l’eau, le vent se lève, la barque est secouée, à une bonne distance de la terre. Il y a beau avoir des professionnels de la pêche dans la barque, sans doute l’angoisse a-t-elle gagné certains disciples, si ce n’est tous. Et voilà que Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. L’angoisse des disciples grandit quand ils voient cette forme qui s’approche : les disciples furent bouleversés, ils disaient : C’est un fantôme. C’est le temps de la peur. Les disciples traversent une épreuve et Jésus n’est pas vraiment là. La barque est battue par les vagues et il y a cette chose qui s’approche : vous pouvez imaginer ce qui peut se passer dans la tête des disciples. La peur fait partie de ce processus qui mène à la foi. Pour qui cherche Dieu en vérité, s’ouvre toujours une période d’incertitude, de peur même : est-ce que je ne me trompe pas ? Est-ce qu’on ne me trompe pas ?
 
Une deuxième période s’ouvre alors. Elle commence par une parole de Jésus : Confiance ! C’est moi, n’ayez pas peur ! Il indique ainsi le but de la foi : être libéré de nos angoisses, de nos peurs. Et lui seul, Jésus, peut le faire. Il vient vers nous, dans nos vies chaotiques, bousculées, pour cela : pour nous ouvrir à la confiance, pour nous permettre de reprendre notre vie en main, libérés de toute peur. Avec Jésus, nous pouvons traverser les épreuves. Avec Jésus, nous pouvons espérer une vie meilleure. Avec Jésus, nous n’avons plus à craindre : il vient apporter amour, vérité, justice, paix, ainsi que nous le chantions avec le psalmiste après la première lecture. Mais cette parole de Jésus semble ne pas suffire à Pierre : Si c’est bien toi… Il doute encore, il veut des preuves et quelle meilleure preuve que de pouvoir faire ce que fait Jésus : si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur l’eau. Nous sentons le doute de Pierre : il sait qu’avec Jésus, tout est possible : ne vient-il pas de nourrir une foule de plus de cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants, avec seulement cinq pains et deux poissons ? Et en même temps, il n’est pas tout-à-fait convaincu. Le doute fait partie de la démarche de foi, il permet à la foi de grandir, de se purifier. Il faut que Pierre passe de la notion de fantôme qui s’avance à la réalité de Jésus qui vient vers lui. Il doit être convaincu que, même lorsque Jésus n’est pas là, immédiatement à côté de lui, il est capable de faire de grandes choses avec Jésus, au nom de Jésus. Pour l’heure, il a encore besoin de preuve : si c’est bien toi… 
 
Jésus va le prendre au mot : Viens ! Il appelle Pierre. Il l’appelle à venir vers lui, en marchant sur l’eau, il l’appelle à venir à la foi. C’est le moment décisif. A l’appel de Jésus, nous devons répondre, tous, ou nous enfermer dans nos peurs. Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Et ça marche ! Et Pierre marche sur l’eau ! Incroyable, me direz-vous ! Mais Jésus n’a-t-il pas dit que si nous avions la foi, gros comme un grain de moutarde, nous serions capables de grandes choses ? Pierre l’expérimente en s’avançant sur l’eau, les yeux fixés sur Jésus. Oui, lorsque Jésus nous appelle, nous pouvons sans crainte sortir de la barque de nos peurs pour avancer libres et confiants vers celui qui nous attend. Jésus ne nous demandera jamais rien d’impossible !
 
Mais alors, me direz-vous, pourquoi Pierre coule-t-il ? Parce que, un bref instant, il n’a plus regardé Jésus, mais il a regardé le vent. Il a repris peur, parce que sa ligne de mire n’était plus le Christ, mais les événements qui se déroulaient autour de lui : le vent, la mer agitée et sa peur qui a repris le dessus. Quand nous quittons Jésus des yeux, quand nous sortons Jésus de notre cœur, le monde nous envahit, le monde peut nous faire peur ; et nous coulons. Même si cet instant est bref, le temps de regarder le vent suffit. Il n’y a alors que deux choix possible : soit nous nous coulons dans ce monde, soit nous crions vers Jésus, comme le fait Pierre, sûr qu’il peut encore quelque chose pour nous. Notre désir de croire prend alors le dessus, nous retrouvons spontanément les mots de la foi : Seigneur, sauve-moi ! 
 
S’ouvre alors le temps du salut, car Jésus ne peut rester sourd à nos appels. A qui crie vers lui, Dieu fait miséricorde. A qui implore son aide, Dieu se donne. Aussitôt, Jésus étendit la main et le saisit. C’est la première chose que fait Jésus : il sauve. Sa nature profonde s’exprime dans ce geste ; il ne peut pas faire autrement que de sauver ceux qui crient vers lui. Quand ils sont tous deux en barque, le vent tombe. Le calme est revenu, la peur a disparu, la foi peut jaillir : ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et lui dirent : Vraiment, tu es Fils de Dieu. Quand Jésus est là, au milieu d’eux, les Apôtres n’ont plus peur. Quand Jésus est là, au milieu d’eux, le vent se tait, la mer se calme, le mal n’a plus de pouvoir. Quand Jésus est là, ceux qui ont expérimenté son salut, peuvent exprimer leur foi. Il faudra encore que les Apôtres apprennent à dire cette foi en l’absence de Jésus, quand il ne sera plus physiquement au milieu d’eux. 
 
N’est-ce pas là notre expérience ? Nous pouvons dire notre foi, et nous la proclamerons ensemble dans un instant,  parce que d’autres nous l’ont inculqué, parce que nous avons appris des textes qui disent la foi des chrétiens. Mais nous ne la disons jamais avec plus de vérité que lorsque nous avons expérimenté dans notre vie la présence mystérieuse et agissante de Jésus, lorsque nous avons goûté à sa présence aimante, rassurante au cœur de notre vie. A la suite des Apôtres, nous connaissons le même cheminement : peur, doute, appel, confiance, salut, proclamation de la foi. Et nous ne le faisons pas une fois seulement ; nous savons bien que, tout au long de notre vie, nous passons de l’une à l’autre de ses phases. Plus notre foi grandira, plus nous douterons, plus nous voudrons des preuves, jusqu’au moment où le Christ nous accordera la grâce de croire, tout simplement, parce qu’il nous aura fait voir le salut et comprendre qu’il est toujours avec nous, même lorsque la barque de notre vie est secouée par des vents contraires et qu’il nous semble qu’il est resté sur le rivage. Dans sa prière au Père, sur le rivage où il nous attend, il œuvre déjà avec nous, il nous porte devant son Père pour que nous ne sombrions pas. Quand nous aurons cette certitude ancrée en nous, quand notre foi nous permettra de « sentir » le Christ à l’œuvre alors même que tout nous semble difficile, alors nous pourrons dire nous aussi, parce que nous le croyons sincèrement : Vraiment, tu es Fils de Dieu. Amen.

(Dessin de Jean-Yves DECOTTIGNIES, in Mille dimanches et fêtes, Année A, éd. Presses d'Ile de France)

vendredi 1 août 2014

18ème dimanche ordinaire A - 03 août 2014

Rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu !



Toute vie connaît un jour ou l’autre l’épreuve. Toute vie de foi connaît un jour ou l’autre la nuit du doute. Que voulez-vous ? Ces expériences sont inhérentes à notre existence. Ce qui fera la différence entre les personnes qui connaissent ces expériences, c’est la manière qu’elles auront de les affronter. Je ne veux pas ce matin passer en revue ces différentes manières, mais m’attarder sur l’enseignement de Paul. Cet enseignement n’est pas philosophique, mais il s’appuie sur des réalités qu’il a vécues. Mais laissons-lui la parole. 
 
Souvent j’ai été à la mort. Cinq fois j’ai reçu des Juifs les 39 coups de fouet ; trois fois j’ai été battu de verges ; une fois lapidé ; trois fois j’ai fait naufrage. Il m’est arrivé de passer un jour et une nuit dans l’abime ! Voyages sans nombre, dangers des rivières, dangers des brigands, dangers de mes compatriotes, dangers des païens, dangers de la ville, dangers du désert, dangers de la mer, dangers des faux-frères ! Labeur et fatigue, veilles fréquentes, faim et soif, jeûnes répétés, froid et nudité ! Et sans parler du reste, mon obsession quotidienne, le souci de toutes les Eglises ! (2 Co 11, 23-28) Voilà sur quoi s’appuie son enseignement pour celui qui affronte l’épreuve. Une vie faite d’épreuves qu’il n’a pas recherchées, mais qui se sont imposées à lui à cause du choix initial du Christ qu’il avait fait après sa conversion. Nous comprenons alors que la question qu’il pose au début de notre deuxième lecture, il l’a lui-même affronté dans son existence. Les épreuves qu’il nomme (détresse, angoisse, persécution, faim, dénuement, danger, supplice), il les a lui-même subies. Il est donc plus que qualifié pour nous en parler. Paul a une légitimité à aborder cette question que nul ne peut lui contester. Et pour résoudre cette question, il pose un acte de foi en deux points. 
 
D’abord, le croyant doit garder au cœur que Dieu l’aime, et qu’il l’aime infiniment ! Quelle que soit l’épreuve, rien ne pourra nous séparer de l’amour du Dieu vivant. Cela est plus vite dit, ou écrit, que fait dans la réalité. Notre première réaction quand nous abordons l’épreuve n’est-elle pas de nous interroger : Qu’est-ce que j’ai bien pu faire au bon Dieu pour mériter cela ? Poser la question, c’est déjà oublier que je suis aimé de Dieu. Poser la question, c’est déjà remettre en  cause l’amour de Dieu pour nous, puisque nous posons avec cette question le postulat que Dieu pourrait nous punir, alors qu’il est amour. Paul rejoint ainsi saint Jean qui nous a appris que le nom de Dieu, c’est Amour : Dieu est amour. Croire que Dieu est amour, c’est croire qu’il n’est en aucun cas à la source de nos difficultés, de nos épreuves, mais qu’au contraire, il les porte avec nous, il le vit avec nous. Comment, autrement, en être vainqueur ? C’est le poète Ademar de Borros qui rapportait cette histoire : Un jour, je regardais ma vie. Elle se déroulait sous mes yeux comme des traces dans le sable. En regardant de près, je voyais deux traces de pas, côte à côte : les miennes et celle de Dieu. De temps en temps, il n’y avait plus qu’une trace, plus profonde, plus marquée dans le sable que les autres. En y réfléchissant, je me rendis compte que ces traces-là, les plus profondes, correspondaient aux jours difficiles de ma vie. Je demandais alors à Dieu pourquoi il n’était plus là, à côté de moi. Et il me répondit : mon fils, les jours où tu ne vois qu’une trace, profonde, correspondent bien à tes jours d’épreuves. Mais s’il n’y a qu’une trace, ce n’est pas parce que j’étais absent, mais parce que je te portais sur mes épaules. Dieu nous aime jusqu’à prendre sur lui nos souffrances, nos épreuves pour nous les faire traverser. 
 
Ceci nous amène au deuxième point de l’acte de foi de Paul : nos épreuves ne sont rien face à l’amour que Dieu nous manifeste en Jésus Christ. Lorsque le Christ affronte la croix, il le fait pour nous, pour notre salut. Jésus est Christ et Seigneur parce qu’il s’est montré plus fort que la mort, le mal et le péché. Sur la croix, il prend par avance sur lui toutes nos difficultés, toutes nos épreuves. Et c’est en lui que nous sommes déjà vainqueurs de tous nos maux. Face à l’épreuve nous n’avons rien à craindre. Dieu peut certes permettre que nous soyons soumis au Mal, mais il ne permettra jamais que le Mal l’emporte, son Fils étant vainqueur du Mal. Nous traversons nos épreuves, forts de l’amour de Dieu, forts de la victoire définitive du Christ. Lorsque Paul écrit aux Corinthiens que sans l’amour, je ne suis rien, nous comprenons spontanément que tout ce que nous faisons sans amour est comme sans valeur. C’est l’amour qui donne du prix à nos actes. Mais nous pouvons comprendre aussi que sans l’amour de Dieu, nous ne sommes rien. Ou, pour reprendre une image propre à saint  Jean : sans l’amour, nous sommes comme morts, parce que coupés de Dieu, source de toute vie, source de l’amour. 
 
Je peux comprendre que les paroles de Paul peuvent sembler quelque peu difficiles à entendre pour celui qui affronte l’épreuve.  Pourtant, n’a-t-il pas raison de nous rappeler que notre secours est dans le nom du Seigneur ? Nous inviter à la foi justement parce que nous affrontons l’épreuve, c’est nous rappeler que nous ne sommes pas seuls, que Dieu combat pour nous, avec certitude. Osons invoquer le nom du Seigneur quand nous sommes dans l’épreuve pour qu’il puisse nous prendre sous son aile, pour qu’il nous associe à la victoire de son Fils. Et nous serons sauvés, vainqueurs à notre tour de ce qui aurait pu nous éloigner de lui. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, RIEN ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur. Amen.

 (Photo prise à Sarlat, Chapelle saint Benoît)