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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







jeudi 31 octobre 2019

Toussaint - 01er novembre 2019

Le chemin vers la sainteté, c'est notre humanité.





Permettez-moi de commencer par une histoire vraie. C’est l’histoire de l’enterrement de la dernière impératrice d’Autriche, la très catholique Zita. Les images d’archives de la télévision vous montrent le cortège, d’une richesse somptueuse, d’une pompe exceptionnelle arrivant devant l’église du couvent des capucins où reposent les membres de la famille impériale. Les portes de celle-ci sont fermées. Un homme frappe plusieurs coups du pommeau de sa canne. De l’intérieur, une voix lui demande : « Qui demande à entrer ? » Il répond : « Sa majesté Zita, impératrice d’Autriche et Reine de Hongrie… » Et il décline pendant deux minutes tous les titres nobiliaires de la défunte. La voix – celle d’un moine capucin– lui répond : « Nous ne la connaissons pas… » Une deuxième fois, l’homme frappe à la porte. La même question vient de l’intérieur : « Qui demande à entrer ? » Il répond plus simplement : « Sa majesté Zita, impératrice et reine ».  A nouveau, la voix répond : « Nous ne la connaissons pas ». Une troisième fois, il frappe à la porte. A la question : « Qui demande à entrer ? », il répond : « Zita, une personne mortelle et pécheresse. » Alors, de l’intérieur la réponse jaillit : « Qu’elle entre. » Et les portes s’ouvrent. 

Ce que le rite de l’église d’Autriche a compris, c’est bien ce que les béatitudes proclament dans l’Evangile de cette fête de la Toussaint. Ce qui compte pour Dieu, ce ne sont pas nos mérites, nos titres de gloire, nos exploits : ce qui compte, ce que Dieu regarde, c’est le cœur, l’humilité, le désir qui anime notre cœur. Heureux, dit Jésus de celles et ceux qui savent ainsi, avant eux, faire passer les autres. Heureux ceux qui ne se gonflent pas d’orgueil, ceux qui savent que tout est don. C’est la grande leçon de nos amis les saints que nous célébrons aujourd’hui. En effet, la sainteté à laquelle nous aspirons, nous ne la construisons pas à coup d’exploits, ni à coup de jeûnes ou de privations, même s’ils sont un bon moyen de progresser dans l’amour. La sainteté à laquelle nous aspirons, est un don, un don que nous possédons déjà et que nous devons trouver en nous. 

Souvent nous l’oublions, mais nous sommes saints par notre baptême. C’est le grand enseignement du Nouveau Testament. Ceux qui reçoivent le baptême et rejoignent les premiers Apôtres s’appellent les saints, ceux que Dieu a choisis et appelés à marcher à la suite du Christ. Notre baptême fait de nous des fils et des filles de Dieu, des frères et des sœurs de Jésus Christ. Et nous le sommes vraiment, comme le souligne encore aujourd’hui le rituel du baptême. Si nous sommes fils et filles de Dieu, faits à son image et à sa ressemblance, rachetés à grand prix par la mort et la résurrection du Christ, alors nous sommes saints comme Dieu lui-même est saint. Notre vie spirituelle devient dès lors la mise en œuvre de cette sainteté que Dieu nous offre sans que nous n’ayons rien fait pour la mériter ; et les béatitudes deviennent le chemin le plus sûr pour y parvenir. En chacune des affirmations de Jésus, est rappelé le bonheur que Dieu veut et promet à celles et à ceux qui ne vivent pas repliés sur eux-mêmes, mais restent ouverts aux autres. Le saint, le chrétien est d’abord quelqu’un qui s’ouvre aux autres, et veille à construire avec eux, pour eux, un monde plus juste, plus fraternel, plus humain. Plus nous grandirons en humanité, plus nous grandirons en sainteté. Il n’y a pas d’autre chemin possible que celui de notre humanité. Les béatitudes ne sont pas fondamentalement chrétiennes. Elles ne sont religieuses que dans quelques-unes de leurs conséquences : « ils verront Dieu, ils seront appelés fils de Dieu… » Mais les chemins qu’elles proposent sont avant tout des chemins d’humanité, ouverts à tous. Il n’est pas besoin d’être chrétien, ni croyant pour être pauvre de cœur, doux, capable de compassion, de miséricorde ; pas besoin d’être chrétien ou croyant pour être un cœur pur, artisan de paix, avoir faim et soif de justice ou être persécuté pour la justice ! Ce que le Christ propose dans les béatitudes est donc bien d’abord un chemin de plus grande humanité pour parvenir au bonheur que seul Dieu peut proposer. Oui, encore une fois, plus nous serons humains, plus nous deviendrons saints. Il n’y a donc pas lieu de chercher hors de nous-mêmes ce que nous deviendrons un jour. Il faut juste retrouver le chemin de notre humanité pour parvenir à Dieu. Et c’est bien normal finalement, puisque nous célébrons un Dieu qui a pris, en Jésus, le chemin de notre humanité, pour que nous parvenions au salut. Nous serons de cette grande foule, cette foule innombrable dont parle l’Apocalypse lorsque nous aurons lavé le côté sombre de notre humanité dans le sang de l’Agneau, lorsque nous laisserons le Christ, vrai Dieu mais aussi pleinement homme, nous purifier vraiment de tout ce qui nous éloigne des autres et de Dieu. 

S’il n’est pas besoin d’être chrétien pour vivre les béatitudes, alors combien plus un chrétien se doit-il de les mettre au cœur de sa vie et de son action. Il y a urgence pour chaque croyant à vivre comme le Christ nous le propose, comme le Christ nous le montre par sa propre vie. Tous les saints que nous célébrons aujourd’hui ont vécu, d’une manière ou d’une autre, comme le Christ, entièrement donné aux hommes et à Dieu. Tous les saints, de leur vivant, ont permis à l’humanité de grandir. Tous les saints, depuis leur élévation sur les autels, permettent aux croyants de progresser dans l’accueil des dons que Dieu leur fait. Ils sont la richesse de l’Eglise parce qu’ils sont autant de chemin pour parvenir au bonheur que Dieu nous propose. Il y a autant de chemin vers Dieu qu’il y a de saints. Chacun peut nous apprendre une manière originale de construire notre bonheur. En nous mettant à leur école, nous pourrons toujours plus nous approcher du Christ, à la rencontre du Père dans la puissance de l’Esprit Saint. Choisissons d’être tel que Dieu nous fait : saints pour la gloire de Dieu et le bonheur de tous les hommes. Amen.






samedi 26 octobre 2019

30ème dimanche ordinaire C - 27 octobre 2019

Vraiment, Dieu est impartial envers les personnes !






            Ben Sirac le Sage l’affirme : Le Seigneur est un juge qui se montre impartial envers les personnes. Mais alors pourquoi ce sentiment bizarre que certains peuvent ressentir en entendant l’Evangile du pharisien et du publicain qui vont au Temple pour prier ? Pourquoi, avant même la fin de l’histoire, avons-nous l’impression que cela finira mal pour le pharisien et bien pour le publicain ? Jésus n’aime-t-il pas les pharisiens dont le seul but est de vouloir vivre leur foi complètement ? N’aime-t-il pas les croyants, pratiquants, Jésus ? 

            Autant le dire tout de suite, il ne rejette pas le pharisien parce qu’il est pharisien. Il ne les évite pas, et va même manger chez l’un d’entre eux. Certains historiens pensent même que Jésus était proche d’eux ; son insistance sur la Loi qu’il ne vient pas abolir mais accomplir, ses invitations à revenir à la foi et à la vivre authentiquement, sont autant de marqueurs qui auraient dû rapprocher Jésus de ce groupe nommé pharisien. Certains commentateurs pensent même que c’est parce qu’il les aime bien qu’il dénonce les travers de certains. Ce n’est pas ce qu’est cet homme (un pharisien) que Jésus dénonce, c’est ce qu’il dit. 

            De même pour le publicain. Il ne le loue pas parce qu’il est publicain. Je crois que nous pouvons nous entendre sur le fait que Jésus n’aime pas le péché, mais alors pas du tout. Il offre sa vie sur la croix pour combattre le péché, pour le vaincre définitivement, de sorte que tout homme qui se fie à Jésus puisse profiter de cette victoire obtenue à grand prix. Mais s’il n’aime pas le péché, il faut reconnaître qu’il a un faible pour les pécheurs. Là encore, ce n’est pas ce qu’est cet homme (un publicain) que Jésus loue, c’est ce qu’il dit. Nous pouvons encore nous entendre sur le fait que Jésus aime, sans doute aucun, les deux hommes. Aucun ne part avec un avantage sur l’autre ; aucun ne part avec un handicap sur l’autre. Jésus raconte une parabole qui met en scène deux hommes ; l’un est pharisien, l’autre publicain. C’est tout. Et ce que dit chacun, l’autre aurait pu le dire. 

          Il existe des pharisiens, des croyants, pratiquants, qui savent parler à Dieu d’autre chose que des nombreuses bonnes actions qu’ils font à longueur de journée. Il y a des pharisiens, des croyants pratiquants, qui savent louer Dieu pour la foi qu’il leur donne de vivre, pour le chemin de salut qu’il leur permet de suivre. Il y a des pharisiens, des croyants pratiquants, qui savent se tenir devant Dieu avec humilité et sincérité, reconnaissant leur manque et combien ils ont encore besoin de Dieu. Il se trouve juste que celui dont Jésus parle n’est pas de ceux-là ! 

De même, il y a des publicains, des pécheurs, qui ne craignent pas Dieu, qui se plaisent dans leur péché, qui se moquent de tout et de tout le monde. Il y a des publicains, des pécheurs, qui sont fiers de la vie qu’ils mènent et pour qui Dieu n’est guère plus important que le premier péché qu’ils ont commis avec délectation. Il y a des publicains, des pécheurs, qui ont perdus le sens du bien et qui vivent bien avec. Il se trouve juste que celui dont parle Jésus n’est pas de ceux-là ! 

Je suis convaincu que si ces personnages n’étaient pas les héros malgré eux de la parabole, mais existaient vraiment, je suis convaincu donc que Jésus, les rencontrant, les aimerait pareillement au départ. Il porterait sur eux le même regard, celui de Dieu qui aime chacun du même amour. Il ne dirait pas : ce n’est qu’un pharisien, qui fait déjà tout bien : sans intérêt pour moi ! Il ne dirait pas : chouette, un publicain qui fait tout de travers : voilà quelqu’un que je peux sauver. Jésus regarde et écoute, chacun de nous, pareillement. Si nous pouvons avoir l’impression qu’il en préfère certains à d’autres, ce n’est pas pour ce qu’ils sont, mais pour ce qu’ils font, ou pas. Souvenons-nous toujours de cette phrase de l’Evangile de Matthieu : Ce que vous avez fait (ou pas) à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (ou pas). Il n’est pas dit que le petit, c’est nécessairement le publicain ; il n’est pas dit davantage que le petit, ce ne peut pas être le pharisien ! Le petit, c’est celui qui a besoin de nous ! 

            Face à Dieu, nous devons nous faire petit, c’est-à-dire reconnaître que nous avons besoin de lui pour être réellement et totalement sauvés. C’est ce que ce pharisien de la parabole n’arrive pas à faire ; c’est ce en quoi excelle le publicain de la parabole. Tous deux sont face à Dieu, au Temple. Tous deux viennent là pour prier, c’est-à-dire s’adresser à Dieu. L’un ne parle que de lui et de tout ce qu’il fait, sans rien attendre de Dieu. Il se trouve que c’est le pharisien ; mais cela aurait pu être le publicain ! L’autre parle de ce que Dieu pourrait faire pour lui. Il se trouve que c’est le publicain ; mais cela aurait pu être le pharisien ! Certes, cela n’aurait pas eu le même impact, l’histoire de Jésus étant à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être des justes et qui méprisaient les autres ce qui est justement le cas de certains pharisiens, mais pas tous. Ne généralisons pas sur la duplicité des pharisiens ; ne généralisons pas sur l’humilité de tous les pécheurs. Les livres des prophètes sont pleins de paroles de condamnations visant les pécheurs qui réussissent au-delà de toute mesure alors que les justes, ceux qui sont fidèles à la foi, sont persécutés et mis à morts. 

            Peut-être que Jésus veut juste nous dire que ce n’est pas à nous de juger les personnes, pas même nous, ni de sonder les reins et les cœurs. Cela revient à Dieu, en vérité ! Nous ne pouvons que nous tenir devant Dieu, tel que nous sommes, conscients de nos richesses et de nos limites, et implorer Dieu de nous maintenir dans les premières et de nous corriger dans les secondes. Ni fausse modestie, ni excès d’humilité. Nous ne sommes ni tout blanc, ni tout noir. Nous sommes comme la vie nous a fait, par ses joies et par ses épreuves. Et c’est tout cela qu’il faut présenter à Dieu. Lui rendre grâce pour le meilleur en nous, sans nous comparer aux autres ; lui demander de guérir en nous ce qui n’est pas à la hauteur de sa sainteté. Saint Paul, qui était pharisien, formé auprès des plus grands, dira lui-même : Le bien que je veux faire, je n’y réussi pas toujours ; et le mal que je voudrais éviter, je le commets quelquefois. Peut-être est-ce là la juste attitude, celle qui nous fait nous tenir devant Dieu en vérité. 

            Vous avez le droit de chercher à vivre honnêtement votre foi et d’y réussir ; mais n’en faites pas étalage pour enfoncer ceux qui n’y arrivent pas ! Vous êtes, comme tout homme, comme moi, marqués par le péché ; mais ne désespérez pas et confiez-vous à Dieu. Dieu aime ceux qui vivent leur foi sans étalage ; Dieu aime les pécheurs qui crient vers lui et attendent de lui un geste de salut. Dieu est un juge qui se montre impartial envers les personnes. Il ne défavorise personne. Celui dont le service est agréable à Dieu sera bien accueilli, sa supplication parviendra jusqu’au ciel. La prière du pauvre traverse les nuées. Pharisien et publicain, traité pareillement, du moment que c’est Dieu, et non pas eux, qui est au centre de leur vie. Quand on vous dit que Dieu est impartial, croyez-le ! Amen.




samedi 12 octobre 2019

28ème dimanche ordinaire C - 13 octobre 2019

Baptisés et envoyés : l'Eglise du Christ en mission dans le monde.







            Tout ce mois d’octobre a été voulu par le Pape François comme un mois missionnaire extraordinaire. Nous reconnaissons-là son souci constant, depuis son élection, de renvoyer les catholiques à leurs fondamentaux, à ce qui fait le cœur même de l’existence chrétienne. La mission fait partie de ces fondamentaux. La mission, quoi qu’en pense certains, n’est pas l’apanage d’une caste sacerdotale et religieuse : elle est inscrite au cœur même de notre baptême. Le thème retenu pour ce mois missionnaire pour toute l’Eglise nous le redit à sa manière : Baptisés et envoyés : l’Eglise du Christ en mission dans le monde.

            Au commencement de tout, il y a donc le baptême. C’est juste de dire que le baptême nous introduit dans l’Eglise ; c’est tout aussi juste de dire que le baptême fait de nous des fils de Dieu le Père. C’est encore juste de croire que le baptême nous configure au Christ, nous identifie à lui, fait de nous des autres Christ. Mais n’oublions jamais que si le baptême réalise bien tout cela, il nous oblige à un style de vie conforme. Le baptême, comme chacun des sacrements d’ailleurs, n’est pas donné au seul bénéfice du récipiendaire. Les sacrements sont toujours célébrés au bénéfice de l’Eglise qui en vit. Quelqu’un est baptisé ; et voilà que toute l’Eglise, en chacun de ses membres, est renvoyée à sa manière de vivre son baptême et à sa capacité à témoigner du Christ qui l’appelle à sa suite, à la rencontre de Dieu, sous la conduite de l’Esprit Saint. Le baptême nous met en route ; il ne nous installe pas dans une foi confortable. Nous identifiant au Christ, il nous invite à vivre comme le Christ, entièrement donné à Dieu et aux frères, en mission permanente. Un baptisé qui, par son art de vivre, n’annoncerait pas le Christ et ne donnerait pas envie de vivre selon la parole du Christ, manquerait à son devoir élémentaire. 

            Ecoutons ce que disaient les Pères conciliaires dans le décret Ad gentes du Concile Vatican II : au chapitre deux, est rappelé ce qu’est l’activité missionnaire de l’Eglise qui nous incombe à tous. En premier lieu, il s’agit du témoignage de vie et du dialogue nécessaire avec ceux qui ne connaissent pas le Christ comme celui qui sauve les hommes. Le décret affirme : « Tous les fidèles, partout où ils vivent, sont tenus de manifester, par l’exemple de leur vie et le témoignage de leur parole, l’homme nouveau qu’ils ont revêtu par le baptême et la force du Saint-Esprit qui les a fortifiés par la confirmation, afin que les autres, considérant leurs bonnes œuvres, glorifient le Père (cf. Mt 5, 16) et perçoivent plus pleinement le sens authentique de la vie humaine et le lien universel de communion entre les hommes » (A.G. n°11). Avant d’engager les non croyants ou les croyants autrement, l’activité missionnaire engage d’abord les catholiques à un style de vie qui reflète leur foi. Ceci ne peut se faire sans un dialogue authentique, à la manière du Christ lui-même. Ecoutons encore les Pères conciliaires : « Le Christ lui-même a scruté le cœur des hommes et les a amenés par un dialogue vraiment humain à la lumière divine ; de même ses disciples, profondément pénétrés de l’Esprit du Christ, doivent connaître les hommes au milieu desquels ils vivent, engager conversation avec eux, afin qu’eux aussi apprennent dans un dialogue sincère et patient, quelles richesses Dieu, dans sa munificence, a dispensées aux nations ; ils doivent en même temps s’efforcer d’éclairer ces richesses de la lumière évangélique, de les libérer, de les ramener sous la Seigneurie du Dieu Sauveur » (A.G. n°11). Témoignage de vie et dialogue sincère avec les autres pour donner le goût du Christ, deux axes que nous pouvons développer dans l’ordinaire de notre vie. 

            L’activité missionnaire des baptisés ne vise donc pas d’abord à convertir le voisin ; Dieu seul convertit les cœurs. Mais elle consiste à sortir de notre zone de confort pour aller à la rencontre de l’autre. Plus les baptisés vivront en chrétiens, plus le Christ sera connu des hommes. Plus les baptisés oseront rendre compte de celui qui les fait vivre, plus le Christ sera reconnu par les hommes comme pouvant être celui qui donne sens à leur vie. Il ne s’agit pas de stratégie, ni de plan d’action à développer, mais simplement de vivre en honnête homme et en honnête disciple du Christ. Paradoxalement, il semblerait que cela soit plus facile quand nous sommes moins nombreux. Là où les chrétiens sont minoritaires, ils ont moins de difficulté à vivre cette mission ordinaire. Peut-être que la crise que traverse l’Eglise aujourd’hui vient du fait, qu’ayant été majoritaires, les chrétiens ont cru que tout allait de soi, qu’il n’y avait plus de témoignage à apporter. Le problème est qu’un chrétien qui ne témoigne plus, est un chrétien qui s’éloigne du Christ. Et quand trop de chrétiens ne témoignent plus, c’est le monde lui-même qui s’éloigne du Christ, puisque plus personne ne voit ni ne comprend ce que le Christ peut apporter aux hommes.

            Pour nous sentir à nouveau envoyés par le Christ pour témoigner de lui, il nous faut comprendre à frais nouveau ce que signifie le baptême que nous avons reçu et à quoi il nous engage. Il n’est pas un moment de notre vie ; il est notre vie ! Il est notre style de vie ! Revenons à la source de notre baptême pour repartir, joyeux et confiants, à la rencontre du monde où le Christ nous précède. Amen.


(Affiche officielle du Mois missionnaire extraordinaire)


samedi 5 octobre 2019

27ème dimanche ordinaire C - 06 octobre 2019

Dimanche du judaïsme.







Ce dimanche, situé entre le nouvel an juif et la fête de Yom Kippour, est pour nous, chrétiens, le dimanche du judaïsme, qui doit « nous rappeler nos racines juives et nous faire prendre conscience de la mission spirituelle du peuple juif appelé à sanctifier le nom de Dieu ». Nous pouvons nous réjouir avec eux et les porter dans notre prière, en ces jours où ils revivent de manière particulièrement forte le pardon, la conversion du cœur et la joie d’être réconcilié en Dieu. La succession des fêtes (Roch Hachana, Yom Kippour et Souccoth) doit nous interpeler également dans notre rapport à Dieu, à son Alliance et à notre fidélité à celle-ci. 

Le prophète Habacuc, que nous avons entendu en première lecture, pose avec acuité la question du Mal, principal obstacle à la foi. Combien de temps, Seigneur, vais-je appeler, sans que tu entendes ? Crier vers toi : « Violence ! », sans que tu sauves ? Pourquoi me fais-tu voir le mal et regarder la misère ? Devant moi, pillage et violence ; dispute et discorde se déchainent. Cette expérience n’est propre ni au prophète, ni au peuple juif. Elle est nôtre à bien des moments de notre existence. Beaucoup de nos contemporains, ne sachant réduire cette énigme, font le choix d’abandonner. Si Dieu ne répond pas, c’est peut-être parce qu’il n’existe pas, disent-ils. Entendre cette lecture d’Habacuc, à ce moment particulier du calendrier de nos frères ainés dans la foi, nous permet de trouver dans ces fêtes un début de réponse. La fête de Roch Hachana (le nouvel an juif, qui a été célébré du soir du 29 septembre au soir du 01er octobre) nous fait nous souvenir que Dieu est bon, qu’il a donné la création dont on célèbre l’anniversaire ; mais elle nous rappelle aussi que l’homme a sans cesse à se purifier et à demander pardon, à Dieu et à son prochain, pour le mal commis. Cela montre bien que le mal vient du cœur de l’homme. En même temps qu’il célèbre les dons faits par Dieu dans sa création, il entre dans un temps de purification pour correspondre toujours plus à ce que Dieu attend de lui. Le pardon et la réconciliation avec Dieu et le prochain, célébrés lors de Yom Kippour (du 08 octobre au soir au 09 octobre au soir) ne sont pas alors un moment d’humiliation, mais un temps de grâce et de salut. En demandant pardon, l’homme permet à Dieu de rendre la création, y compris l’humanité, telle qu’il l’avait faite. D’où la joie de la fête de Souccoth qui suit (du 13 octobre au soir au 22 octobre au soir) : quand Dieu pardonne, l’homme est libéré, réconcilié, comme jadis au temps de l’Exode, après la sortie d’Egypte. L’homme sait qu’il pourra toujours compter sur Dieu. 

A ceux qui s’interrogent sur le Mal, une triple réponse est donc donnée : Souviens-toi que Dieu est bon ; purifie-toi et pardonne ; réjouis-toi de ce que Dieu a fait pour toi. Que ce soit Habacuc que nous avons entendu, ou n’importe lequel des prophètes de la Première Alliance, le message est le même. C’est de la fidélité à l’Alliance de Dieu que vient le salut. C’est Dieu qu’il faut servir ; c’est Dieu qu’il faut écouter ; c’est Dieu qu’il faut suivre. Chrétiens, nous ferons un pas de plus en incluant Jésus, dans le processus, comme nous le faisait chanter un cantique de mon enfance : Dieu fait de nous, en Jésus Christ, des hommes libres : tout vient de lui, tout est pour lui, qu’il nous délivre ! La foi de Jésus, qui est celle du peuple juif, devient pour nous foi en Jésus, ce qui nous est propre. Les promesses faites par les prophètes, nous croyons que Jésus les a accomplies. Il est, pour nous, la source du salut pour tous les hommes ; il est celui qui a réconcilié, par son sang, tous les hommes avec Dieu. Il n’y a plus, selon le mot de Paul, ni Juifs, ni païens, ni esclave ni homme libre, ni l’homme ni la femme, mais tous, vous ne faites plus qu’un en Jésus Christ. En Jésus, né juif par Marie, mort juif, ressuscité dans la puissance de l’Esprit Saint, la vocation d’Israël d’être lumière menant toutes les nations à la connaissance du Dieu unique et vrai, est devenue réalité. Nous devons remercier le peuple choisi par Dieu pour sa fidélité à l’Alliance première ; nous devons le remercier d’avoir engendré Jésus, qui par une fidélité parfaite nous vaut d’être incorporé au peuple saint, et sauvé par le don de sa vie sur la croix. 

Vous comprenez que nous nous pouvions faire, ni ne pourrons jamais faire l’impasse sur ce temps si précieux pour nos frères ainés dans la même foi. La méditation de leur fidélité à la foi de nos pères communs doit susciter notre propre fidélité à la foi de notre baptême. Rendons grâce à Dieu pour ce qu’il réalise pour nous, réaffirmons notre désir de lutter contre le Mal par une vie toujours plus donnée à Dieu, et réjouissons-nous d’être sauvés par pure grâce, simplement parce que Dieu est bon, parce que Dieu est grand, parce que Dieu est saint et qu’il nous aime, aujourd’hui et toujours. Amen.

(image internet, site https://www.myjewishlearning.com/article/shalom )