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Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

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samedi 5 novembre 2011

32ème dimanche ordinaire A - 06 novembre 2011

Avoir toujours le désir de voir le Christ !





Elles sont méchantes, elles ne partagent pas ! C’est le cri du cœur d’un enfant à qui les catéchistes ont sans cesse parlé de l’importance du partage et qui entend cette page d’évangile ; il y a bien cinq jeunes filles qui ont de l’huile en réserve et qui refusent de la partager avec les cinq autres qui n’ont pas pris de réserve. Et en plus, celles qui ne sont pas partageuses sont invitées par l’époux alors que les autres sont jetées dehors ! Notre brave petit y perd sa religion. S’il faut partager avec ceux qui n’ont rien, y aurait-il malgré tout des choses qui ne se partagent pas ?

Ce que cet enfant n’a pas compris, c’est le contexte de l’histoire, sans lequel rien n’est clair. Jésus, en racontant cette parabole, parle de son retour. Au moment où l’évangéliste écrit ces lignes, la jeune communauté s’inquiète : Jésus est mort et ressuscité, il est retourné vers son Père, il a transmis l’Esprit… mais il tarde à revenir ! Qu’en est-il de cette dernière promesse ? Beaucoup pensaient qu’ils verraient ce retour de leur vivant ; mais cela ne semble plus être le cas. La parabole de Jésus rapportée par Matthieu vient alors leur redire que ce retour aura lieu, à un jour et à une heure que nul ne connaît et qu’il nous faut donc patienter, nous tenir prêt.

La noce de la parabole, c’est le jour du retour du Christ ; l’Epoux, c’est le Christ ; les jeunes filles, les insensées comme les prévoyantes, ce sont les membres de l’Eglise. Le temps de l’Epoux qui tarde à venir, c’est le temps où nous sommes ; les lampes d’huile, notre capacité à attendre, notre capacité à veiller dans la nuit. Lorsque, devant l’arrivée repoussée de l’Epoux, les jeunes filles s’endorment, leur capacité à veiller est manifestée par ces lampes à huile qui brillent. Les cinq prévoyantes ont des réserves de patience : quoi qu’elles fassent, qu’elles soient éveillées ou endormies, elles sont en veille, elles ont le désir de rencontrer l’Epoux et de ne pas le manquer. Les cinq insensées, au contraire, n’ont pris que ce qui leur semblait utile ; on n’a jamais vu un Epoux tarder à venir à sa propre noce. L’attendre n’est qu’une question de principe. Elles s’endorment comme les autres, et leurs lampes avec elles. Elles n’ont plus le désir d’attendre. Si les premières s’endorment avec le désir de la rencontre, les secondes s’endorment, fatiguées d’attendre ; il ne viendra plus !

Ainsi va la vie de l’Eglise et des croyants. Il y a ceux qui croient vraiment et qui attendent encore le retour du Christ sauveur, qui l’attendent avec la certitude qu’un jour ils verront Dieu, un jour, ils seront pour toujours avec le Seigneur. Et il y a ceux qui n’y croient plus vraiment, dont le désir de rencontre s’est affadi, perdu dans les sables de l’histoire. Ils sont croyants sans être vraiment pratiquants. Que le Christ vienne ou pas ne change rien à leur vie. Nous comprenons alors ce que le petit garçon n’avait pas compris. Les cinq prévoyantes ne peuvent pas donner de leur huile de réserve, parce que personne ne peut donner à un autre une part de son désir de voir Dieu. Si ce désir se perd et que la foi n’est qu’un ornement de notre vie, personne ne pourra nous donner un morceau de sa foi, un morceau de son désir.

Attendre Dieu, attendre le retour du Christ se fait de manière active, avec la certitude chevillée au cœur, que je dorme ou sois éveillé, qu’un jour, il viendra et que je dois être prêt pour ce jour. Si je me laisse surprendre parce que j’ai perdu l’envie de la rencontre, je resterai dehors de la salle du festin. Je m’entendrai dire, comme aux cinq insensées : Vraiment, je vous le dis : je ne vous connais pas.

La célébration eucharistique qui nous rassemble est un moyen de recharger l’huile de nos lampes pour ne jamais en manquer. Nous venons ici écouter la Parole de Dieu qui nous encourage à tenir bon ; nous venons recevoir le Pain consacré, signe de la présence du Christ au milieu de nous ; et nous chanterons, dans l’anamnèse, notre désir de son retour. Nous repartirons dans notre quotidien, forts de ce que Dieu lui-même nous aura partagé, capables de transformer notre monde et notre vie pour qu’ils correspondent toujours plus à ce que Dieu en attend. Pour attendre le retour du Christ, il ne s’agit pas de rester bloquer dans cette église, il s’agit d’y venir puiser à la source ce qu’il nous faut pour accomplir notre tâche d’homme et de chrétien au milieu de ce monde. Et si le sommeil de la mort s’empare de nous avant le retour du Christ, il s’agit de nous endormir encore avec le désir de voir Dieu : Dieu prendra avec lui ceux qui se sont endormis en Jésus.

Elles ne sont donc pas méchantes, les cinq jeunes filles qui avaient pris de l’huile en réserve ; elles sont juste habitées par un désir plus grand de voir l’Epoux venir, par le désir de l’accompagner et de le suivre. Qu’elles soient notre modèle pour réveiller en nous ce même désir de voir le Christ et nous rendre attentif à toujours avoir un peu d’huile de réserve. Qui sait : il pourrait venir aujourd’hui ! Amen.





(Dessin de Jean-Yves DECOTTIGNIES, in Mille Dimanches et fêtes, Année A, éditions Les presses d'Ile de France)

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