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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 29 juillet 2017

17ème dimanche ordinaire A - 30 juilet 2017

Où est ton désir ? Où est ton cœur ?






Nous terminons aujourd’hui la lecture de l’enseignement de Jésus en parabole tel que nous le rapporte Matthieu dans le chapitre treize de son évangile. Trois nouvelles paraboles, propres à Matthieu, qui achèvent l’enseignement de Jésus au sujet du Royaume : le trésor trouvé dans un champ, la perle fine et le filet jeté à la mer. 
 
Commençons par le trésor et la perle. Deux paraboles presque identiques qui soulignent la joie de celui qui les trouvent et la décision radicale qui s’en suit pour les acquérir. Rien ne vaut ce trésor ; aucune autre perle ne vaut cette perle-là. Posséder ce trésor, posséder cette perle, plus que tout autre chose : voilà le seul but de celui qui les trouve. La répétition du même message en deux paraboles successives indique bien que le seul trésor, c’est d’acquérir le Royaume. Parce que oui, Jésus semble bien dire que le Royaume s’acquiert, s’achète. Rien ne devrait être plus important pour le disciple de Jésus que d’acquérir ce Royaume. Jésus nous en a montré le chemin : il s’agit de ne rien préférer, pas même sa propre vie. Jésus n’a-t-il pas tout donné pour ce Royaume ? En se livrant sur la croix, n’a-t-il pas vendu tout ce qu’il possédait, y compris sa propre vie, pour acquérir ce Royaume et nous l’ouvrir ? La vie offerte de Jésus sur la croix devrait nous convaincre du haut prix de ce Royaume ; la vie offerte de Jésus sur la croix nous dit le prix qu’il nous faut payer pour l’acquérir à notre tour. 
 
La dernière parabole, le filet jeté à la mer et qui ramène toutes sortes de poissons, reprend sur un mode maritime ce que Jésus disait déjà sur un mode agricole dans la parabole du bon grain et de l’ivraie, à savoir qu’il y aura un tri, ou pour contredire la chanson de Polnareff, que nous n’irons pas tous au paradis. Forcément, si ce Royaume doit s’acquérir, s’il ne faut lui préférer rien d’autre, ceux qui ne l’auront pas recherché, ceux qui ne l’auront pas désiré, ne se verront pas imposer de l’acquérir malgré eux. Si Dieu a créé l’homme malgré lui (sans lui demander son avis), il ne le sauvera pas malgré lui. Il nous faut désirer le salut, il nous faut désirer le Royaume, il nous faut désirer être avec Jésus, toujours et partout. Ecoutez à nouveau ce que chantait le psalmiste après la première lecture : Mon bonheur, c’est la loi de ta bouche, plus qu’un monceau d’or ou d’argent… Aussi j’aime tes volontés, plus que l’or le plus précieux. Je me règle sur chacun de tes préceptes, je hais tout chemin de mensonge. 
 
Si nous reprenons maintenant l’ensemble du chapitre treize médité sur trois dimanche, nous comprenons alors pourquoi Jésus a commencé son enseignement par la parabole du grain semé largement : elle ne parlait pas du Royaume, mais de la nécessité d’accueillir la Parole de Dieu, largement distribuée, et de lui permettre de porter du fruit en nous. Cette première parabole préparait en quelque sorte nos cœurs à entendre l’enseignement sur le Royaume. Si nous désirons davantage le Royaume aujourd’hui qu’il y a quinze jours, c’est que cette parole a pu se faire un chemin dans notre vie, dilater notre cœur, et faire grandir notre désir de Dieu. C’est, me semble-t-il, le but de cet enseignement de Jésus : pas seulement nous dire comment les choses se passent, mais nous les faire désirer vraiment, et reconnaître en Jésus celui qui a les paroles de vie éternelle. Matthieu, dans sa pédagogie, termine son chapitre treize par le passage de Jésus dans la synagogue de Nazareth. Nous n’entendrons malheureusement pas ce passage, c’est pourquoi je vous en parle. Peut-être vous souvenez-vous de cet épisode de la vie de Jésus. Les habitants de Nazareth, la ville où Jésus a grandi, ne reconnaissent pas en lui celui que Dieu envoie. Pour eux, il n’est que le fils du charpentier, celui dont la mère s’appelle Marie. Au lieu d’écouter Jésus et d’intégrer son enseignement, ils ne font que s’interroger, peut-être avec une pointe de jalousie : D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? Et Matthieu de préciser que Jésus était pour eux une occasion de chute. Un comble pour celui qui veut apporter le salut. Voilà que ceux dont on attendait un motif de fierté du fait qu’ils connaissaient Jésus, le rejettent et ne croient pas en lui. 
 
Comme eux, nous avons entendu Jésus ; comme eux, nous le côtoyons, dimanche après dimanche. Est-ce là notre vrai désir ? Est-ce là une rencontre attendue, espérée ? Est-ce là le moyen pour nous de chercher et d’acquérir ce Royaume qu’il annonce ? Ou venons-nous simplement parce que nous n’avons rien de mieux à faire en ce moment et que la messe nous divertit en nous sortant un peu de chez nous ? Notre désir est-il d’être là, réellement, au plus proche de Jésus, ou de rentrer le plus vite possible chez nous, parce que nous aurons mieux à faire après cette parenthèse spirituelle ? Où est ton désir ? Où est ton cœur ? Réfléchis bien, prends tout le temps nécessaire : ton avenir dépend de ta réponse. Amen.  

(Dessin de Mr Leiterer)

mardi 25 juillet 2017

16ème dimanche ordinaire A - 23 juillet 2017

Le juste doit être humain, comme Dieu !






Nous poursuivons l’enseignement de Jésus en parabole. Cette manière de faire permet à Jésus d’aborder les choses de Dieu avec originalité. Souvent, il est dit que cela permet une meilleure compréhension des choses. Rien n’est moins sûr, Jésus étant obligé d’expliquer clairement à ses disciples le sens des paraboles. C’était vrai dimanche dernier, cela l’est encore aujourd’hui. Mais puisque pour nous, qui avons entendu comme les Apôtres et la parabole et son explication, les choses sont claires maintenant, je voudrais m’intéresser ce matin à une autre parole entendue, celle du livre de la Sagesse. Je ne sais pas si vous y avez prêté attention, mais il y a une affirmation qui mérite que nous nous y attardions un peu. L’auteur du livre de la Sagesse affirme : Par ton exemple tu as enseigné à ton peuple que le juste doit être humain ! Ne trouvez-vous pas cela étrange ? 
 
Je m’explique : l’auteur parle d’abord de Dieu, rappelant qu’il est l’unique à prendre soin de toute chose. Ce qu’il dit de Dieu, nous pourrions pareillement le dire d’un homme puissant, d’un roi : ta force est à l’origine de ta justice, ta domination sur toute chose te permet d’épargner toute chose. Tu montres ta force si l’on ne croit pas à la plénitude de ta puissance, et ceux qui la bravent sciemment, tu les réprimes. Nous pourrions avoir là un portrait de n’importe quel dictateur qui ne supporte pas la contradiction. Il suffit de regarder ce qui se passe dans quelques pays du Maghreb ou en Corée du Nord. Reporters sans frontière a bien quelques exemples d’agissement de la sorte. Pour parler de Dieu, l’auteur du livre de la Sagesse fait ce que nous faisons souvent : nous parlons de lui à partir de nos catégories humaines. C’est commun à toutes les religions. L’auteur du livre de la Sagesse préserve la grandeur de Dieu et sa justice grâce au petit Mais qui apparaît juste après l’extrait cité. S’il parle de Dieu comme d’un gouvernant humain, il reconnaît toutefois sa sainteté et sa miséricorde : Mais toi qui disposes de la force, tu juges avec indulgence, tu nous gouvernes avec beaucoup de ménagement. Cela ne doit pas être le cas des gouvernants de l’époque. Et c’est pour cela que la phrase : par ton exemple, tu as enseigné à ton peuple que le juste doit être humain, m’étonne. J’aurais attendu que le juste soit invité à être comme Dieu, et donc moins humain. 
 
Parler de Dieu comme on le ferait d’un homme conduit à une impasse. La nuance introduite par le Mais le montre bien. La comparaison a ses limites, et vient toujours le moment où nous devons maintenir la grandeur et la miséricorde de Dieu. Il est comme…, mais en mieux. Et pourtant le juste doit être humain, selon l’enseignement de Dieu lui-même. Est-ce à dire que le seul vrai humain ce serait Dieu ? L’homme ne serait qu’un animal pensant qui devrait gagner son humanité ? Plutôt que de parler de Dieu comme d’un homme en mieux, ne devrions pas parler des hommes comme de Dieu ? La Bible, en son livre de la Genèse affirme elle-même que l’homme est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, et que l’homme ne connaît sa différence qu’après avoir constaté qu’il n’y a personne comme lui, une fois qu’il a nommé tous les animaux. Quand il rencontre Eve, Adam a ce cri : Voici l’os de mes os, la chair de ma chair. Il n’est pas qu’un animal pensant, il a un vis-à-vis, comme lui, différent des animaux de la terre. Tant qu’il est fidèle à Dieu, il est habité par une pleine humanité ; lorsqu’il laisse le péché entrer dans sa vie, voici qu’il ne peut plus se tenir en présence de Dieu ; voici qu’il aurait perdu une part de son humanité ? Et serait donc juste devant Dieu, celui qui la retrouve (son humanité), celui qui se montre humain ?
 
Devenir saint reviendrait donc à grandir dans notre humanité pour retrouver en nous l’image et la ressemblance avec Dieu. Dieu est le seul qui soit vraiment humain, et l’homme gagne en humanité, donc en sainteté, chaque fois qu’il est capable de ne pas écraser les autres par sa puissance, chaque fois qu’il est miséricordieux, chaque fois qu’il est indulgent… Pour progresser sur le chemin de notre sainteté, ne parlons plus de Dieu comme d’un homme en mieux, au risque de nous décourager, mais apprenons à parler de l’homme comme de Dieu, et nous retrouverons peut-être avec plus de facilité l’image de Dieu enfouie en nous. Pour devenir saint, retrouvons notre humanité première, telle que Dieu nous l’avait donné jadis, au moment de la Création. Plus nous accueillerons la grâce de la sainteté que Dieu nous offre en Jésus, plus nous grandirons dans notre humanité. Plus nous serons humains, plus nous serons proches de Dieu, proche du Royaume qu’il a inauguré en Jésus. Amen.

samedi 15 juillet 2017

15ème dimanche ordinaire A - 16 juillet 2017

Un semeur, des grains, des terres.





Un semeur, des grains, des terres. Nous avons là tout ce qu’il faut pour une bonne parabole ; nous avons là tout ce qu’il faut soit pour nous perdre soit pour comprendre ce que Jésus veut nous dire aujourd’hui. Un semeur, des grains, des terres. Bien peu de choses en fait pour comprendre que Dieu est à l’œuvre en ce monde et qu’il attend, non pas tant une réponse ou un engagement, qu’un accueil et une oreille attentive. 
 
Des terres, nous n’en parlerons pas trop, aujourd’hui. En tout cas, nous ne commencerons pas par elles. Jésus lui-même en parle longuement dans l’évangile entendu. Et surtout, j’en ai assez d’une religion où il faut sans cesse faire plus, sans cesse faire mieux. C’est fatigant, et cela ne fait que décourager l’homme. Or je crois que Dieu vient d’abord pour nous encourager, pour nous attirer à lui. Oui, je crois que c’est Dieu qui fait toujours le premier pas vers l’homme ; je crois que c’est Dieu qui toujours va à la recherche de l’homme : Homme où es-tu ? interroge Dieu dans le Jardin de la Genèse. En relisant cette parabole du semeur, comprenons d’abord que Jésus veut nous rappeler que nous avons un Père, et que nous pouvons compter sur lui. Cela n’enlève rien à notre responsabilité, mais pour une fois, intéressons-nous d’abord à lui plutôt qu’à nous.  
 
Un semeur, donc, que nous pouvons identifier comme étant Dieu, le Père de Jésus Christ et notre Père. Un semeur qui semble dilapider son grain. Il en jette partout, même là où il sait que le grain a peu de chance de monter : comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin… d’autres sont tombés sur le sol pierreux… d’autres sont tombés dans les ronces… d’autres sont tombés dans la bonne terre… On peut penser que la diversité des terres ensemencées n’est qu’un hasard ; peut-être y avait-il un vent capricieux qui s’amusait à disperser le grain. Car enfin, quel paysan irait jeter intentionnellement son grain au bord du chemin, dans une terre prise par les ronces ou envahie par la pierraille ? Même le jardinier du dimanche que je suis, sait qu’il faut préparer un minimum la terre avant d’y semer ou d’y planter quelque chose. Dans la parabole de Jésus, puisque les terres ne semblent pas préparées préalablement à l’ensemencement, j’aime à croire que le semeur sème aux quatre vents volontairement : il sait que tous les grains ne germeront peut-être pas, il connaît les terres et les difficultés qu’ont certaines à produire autant que d’autres, mais il espère. Ce que rapporteront les grains tombés en bonne terre compensera largement les pertes de ses espérances : cent, ou soixante, ou trente pour un. Chaque grain selon ce qu’il peut donner. Nous avons donc entendu l’histoire d’un semeur qui invite à l’espérance. Peut-être que dans le sol pierreux, il y aura un grain qui arrivera à faire son chemin. Peut-être qu’au milieu des ronces, un grain trouvera le peu de terre et de lumière dont il a besoin pour grandir et produire son fruit. Ce semeur nous invite à l’espérance parce qu’il connaît la force du grain semé. Tout le secret de la parabole est peut-être là, dans le grain semé. Il nous faut donc maintenant nous intéresser à lui. 
 
Le grain semé, c’est la Parole de Dieu, celle dont le prophète Isaïe nous dit qu’elle est comme une bonne pluie qui nourrit la terre et la féconde. Et nous voilà ramené à l’essentiel : Dieu parle aux hommes, il donne très largement sa Parole, sans se dire : celui-là est bon, il comprendra ; celui-là est stupide, ce n’est donc pas la peine que je me fatigue. Non, Dieu parle, Dieu intervient dans l’histoire des hommes en espérant que les hommes sauront être attentifs à cette Parole, en espérant qu’elle parviendra à toucher le cœur des hommes, au-delà des jugements que l’on peut porter sur eux à vue humaine. La Parole de Dieu est une bonne semence que toute terre peut accueillir, une semence qui peut réussir partout. Si elle touche un peu de terre enfouie sous les ronces, elle pourra faire son travail et grandir malgré tout si la terre accepte d’être travaillée et fécondée par ce grain. La puissance de ce grain est extraordinaire et permanente. Elle est en mesure de nous aider à chasser les oiseaux, à arracher les ronces, à dégager les pierres de notre cœur. Dieu lui-même nous en donne l’assurance lorsqu’il proclame : ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission. D’elle-même, la Parole de Dieu ne peut pas échouer ; elle a en elle la force nécessaire pour la réussite. Le seul obstacle au grain semé de la Parole, ce sera malgré tout la terre. 
 
Il nous faut donc quand même en parler un peu, de ces terres, sans toutefois leur donner trop d’importance. Sans la terre, le grain ne pourrait rien. Sans le grain qui la féconde, la terre ne servirait à rien. Le grain ne peut produire son fruit s’il ne rencontre pas la terre ; et la terre ne peut donner de bons fruits, si elle n’accueille pas de bons grains. Autant la Parole a besoin d’hommes et de femmes pour l’entendre et croire qu’elle peut féconder une vie humaine, autant les hommes et les femmes de notre temps ont besoin d’entendre une Parole qui les fassent vivre, espérer et grandir. Dieu seul, en semant aux quatre vents, peut permettre cette rencontre. L’homme, en accueillant la Parole, peut lui permettre d’être féconde. Faut-il d’abord que l’homme se débarrasse des oiseaux du bord du chemin, de ses ronces et de ces pierres intérieures qui bloquent la Parole ? Nous voyons bien ce qu’il en est de l’homme : plein de bonne volonté, mais vite freiner par une paresse surnaturelle qui l’envahit dès qu’il s’agit de Dieu. La procrastination n’est jamais très loin : aujourd’hui peut-être, et sinon demain… Nous savons tous ce qu’il en est. Peut-être faut-il alors changer de stratégie et commencer par accueillir la Parole, malgré tout, malgré les oiseaux, malgré les ronces, malgré les pierres. Elle est puissante en nous la Parole, et même si elle ne trouve qu’un petit peu de terre, elle peut faire des merveilles. Elle peut nous aider à vaincre les ronces et les pierres, et nous donner la force de lutter de manière durable et efficace contre les oiseaux, les ronces et les pierres qui veulent empêcher la croissance du grain semé. N’attendons pas d’avoir le cœur prêt pour lire la Parole. Commençons par lire la Parole ; commençons par l’accueillir en nous et elle saura nous aider à lui faire un peu plus de place en notre vie. 
 
Un semeur, du grain semé, des terres ensemencées. Il n’en faut pas plus pour que la volonté de Dieu et la liberté de l’homme soient tendues vers le même but : que lève toujours plus haut le grain de la Parole, que grandisse toujours davantage le Royaume de justice et de paix ! Laissons la Parole nous pénétrer afin qu’elle puisse prendre chair. Elle saura alors faire grandir à l’infini les possibilités que chacun porte en soi. Il ne faut qu’un semeur généreux, des grains largement semés et des terres même partiellement ensemencées pour que jaillisse la gloire de Dieu et se lève le salut du monde. AMEN.

(Dessin de Mr Leiterer)

samedi 8 juillet 2017

14ème dimanche ordinaire A - 09 juillet 2017

Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples.





Alors que viennent de commencer officiellement les vacances d’été pour les enfants et les jeunes scolaires, voici que l’Evangile proclame : Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. C’est bien une invitation à nous reposer que nous Jésus nous adresse, mais pas une invitation à ne rien faire. Les vacances en Jésus, ce n’est pas les doigts de pieds en éventail à attendre que le temps passe… Une double attitude caractérise celui qui se repose en Jésus. 
 
D’abord, prendre sur lui le joug de Jésus. Quiconque a pu observer une paire de bœufs ou de chevaux tirer un attelage ou labourer un champ, aura pu constater que le joug, c’était tout sauf léger ! C’est une vraie contrainte ! Comment alors Jésus peut-il nous demander de porter un joug ? C’est qu’il ne s’agit pas de n’importe joug, mais celui-là même que Jésus nous propose de porter. Certains l’identifient à l’amour. L’invitation à se reposer près de Jésus serait alors une invitation à aimer comme Jésus aime. Facile, pensez-vous ? N’oubliez pas que l’amour recommandé par Jésus ne s’adresse pas uniquement à ceux qui nous aiment, mais aussi à notre ennemi, à celui qui nous veut et nous fait du Mal. C’est un amour absolu qui va jusqu’au pardon infini, soixante-dix-sept fois sept fois. Il s’agit bien d’un amour à l’image de l’amour de Jésus qui ira jusqu’à pardonner à ses bourreaux ! Est-ce facile de porter un tel joug ? Je laisse chacun juge de la chose. Ce qui est certain, c’est que cet amour-là vient de Dieu ; il nous est offert pour que nous le portions au cœur même de notre monde. Jésus l’a porté avant nous ; il lui a permis de franchir les portes de la mort ; il lui a permis de ressusciter et de vivre. A défaut de sembler léger, ce joug est efficace et il rend la vie plus légère. 
 
La seconde lecture nous a permis aussi d’identifier ce joug comme étant l’Esprit Saint. Frères, vous n’êtes plus sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. L’Esprit Saint est un don qui nous saisit tout entier. Il ne s’agit donc pas seulement de l’accueillir mais de le laisser vivre en nous, voire de vivre désormais à travers lui. Car l’Esprit est bien notre vie. Si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez ! C’est à la fois simple parce que tout est donné ; mais c’est aussi à la fois bien compliqué ; il s’agit après tout de tuer en nous l’homme pécheur. Et reconnaissons-le, quelquefois, nous l’aimons bien cet homme pécheur ; nous aimons bien nos péchés mignons. Nous sommes un peu comme la bonne du curé que chantait jadis Annie Cordy : J’voudrais bien, mais j’peux point !  Comme si vivre sous l’emprise de l’Esprit Saint relevait d’un autre monde. Eh bien, figurez-vous que c’est à cela que Jésus nous appelle : à vivre d’un esprit nouveau pour construire un monde nouveau, un monde plus reposant parce que débarrassé de notre capacité à faire le Mal, parce que débarrassé de notre capacité à tout détruire. Un monde nouveau où tout ne sera que paix, amour, vérité, justice, liberté, égalité et fraternité, pour tous et pour toujours. 
 
En nous invitant à prendre sur nous son joug, Jésus nous propose finalement de devenir ses disciples, c’est-à-dire de marcher à sa suite pour apprendre de lui. Il est celui qui a parfaitement vécu l’amour en toute chose et avec chacun. Il a accueilli chacun de ceux qui s’adressaient à lui ; il est allé chercher ceux qui étaient tenus éloignés ; il a guéri, pardonné, relevé, sauvé tant d’hommes et de femmes à travers le temps et l’Histoire. Jamais il ne s’épuise ; toujours il est à l’œuvre. Devenir son disciple, c’est apprendre de Jésus comment vivre vraiment. Devenir son disciple, c’est apprendre de lui comment laisser son Esprit vivre à travers nous. Jésus a donc raison de nous dire que son joug est facile et son fardeau léger. Il en parle en connaissance de cause ; il ne cesse de porter ce fardeau avec nous. Amoureux du monde, il veut continuer à l’aimer à travers nous. Sauveur du monde, il nous propose de participer à son œuvre de salut. Prendre sur nous son joug, c’est vivre par Jésus, avec Jésus et en Jésus tous les jours de notre vie, jusqu’à la fin des temps.  
 
Comprenez-vous maintenant pourquoi nous pouvons nous reposer en Jésus tout en prenant sur nous son joug ? Parce que Jésus le porte avec nous, lui qui l’a porté bien avant nous. Il a vaincu tous les obstacles en sa mort et sa résurrection. Il est le premier celui qui a vaincu l’esprit du monde. Il est le premier et le seul à proposer un monde vraiment nouveau, fait pour l’homme sauvé, pour l’homme qui veut aimer et se laisser aimer. Laissez-vous donc séduire par ce monde proposé par Jésus ; il n’est pas une utopie. Laissez-vous séduire par l’invitation de Jésus à devenir son disciple ; c’est une vraie proposition d’Alliance pour la vie et le bonheur. Laissez-vous séduire par Jésus ; il est le seul Sauveur, le seul qui nous aime, le seul qui nous fait vivre. Amen.
 
(Dessin de Mr Leiterer)

samedi 1 juillet 2017

13ème dimanche ordinaire A - 02 juillet 2017

Accueillir l'autre pour être accueilli par l'Autre.





Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. Ce discours, adressé aux seuls Apôtres, nous invite à réfléchir en ce dimanche sur cette notion de l’accueil. Jésus en fait une attitude spirituelle et le lien fait par la liturgie entre ce passage de l’Evangile de Matthieu avec les deux autres lectures nous permet d’en mesurer l’importance. Accueillir est une attitude fondamentale pour le croyant. 
 
Qui faut-il accueillir ? Fondamentalement, c’est le Christ qu’il faut accueillir, c’est un fait. Mais puisque le Christ ne parcourt plus nos routes comme il a parcouru jadis les routes de Palestine, accueillir le Christ, c’est accueillir ceux qu’il envoie. En cette fin d’année pastorale, les prêtres nouvellement ordonnés vont célébrer leur première messe ; d’autres prêtres, plus âgés, vont célébrer leur jubilé. Certains se préparent à changer de poste après les vacances. Autant d’occasion d’accueillir le Christ rendu présent et agissant dans les sacrements célébrés par les ministres ordonnés. Comment accueillons ceux que le Christ donne à son Eglise ? Comment accueillons-nous ceux à qui le Christ confie son troupeau ? Comparons-nous les anciens avec les nouveaux ? Dans la première lecture, nous voyons une femme qui accueille celui qu’elle reconnaît comme un saint homme de Dieu. Non seulement elle l’accueille chez elle, mais en plus, elle lui offre de l’installer. Elle accueille un prophète en sa qualité de prophète, elle recevra une récompense de prophète : celle qui est sans enfant recevra un enfant pour combler ses jours. A quand remonte la dernière fois que nous avons invité à notre table un prêtre, une religieuse, quelqu’un que le Christ a choisi et envoyé en son nom ? 
 
Dans l’épître aux Romains, Paul rappelle que nous accueillons le Christ dans notre vie par le baptême. Ce n’est ni pour faire joli, ni pour sacrifier à une coutume familiale. Le baptême nous configure au Christ et nous rend participant de sa vie divine. Nous devons donc mener une vie nouvelle. Accueillir le Christ doit marquer une étape, un changement dans notre vie. Nous devons vivre, dès ici-bas, à la manière de Jésus mort et ressuscité. Sa vie est en nous ; son Esprit vit en nous. Il nous faut le laisser vivre ; il nous faut lui laisser la conduite de notre vie. Si nous voulons être accueillis par Dieu au moment où nous quitterons cette terre, nous devons toujours plus grandir dans l’amour du Christ et vivre de sa vie. Il nous faut donc faire reculer le Mal, non seulement autour de nous, mais d’abord en nous. La vie de ressuscité est une vie libérée du Mal et de la Mort. L’accueil de l’autre, qu’il soit religieux ou non, est un signe de cette vie du Christ en nous ; n’a-t-il pas, lui, accueilli tous ceux qui se tournaient vers lui, justes ou pécheurs ? Nous aurions intérêt à relire en Matthieu la fin du chapitre 25 : ce que vous avez fait (ou pas) à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (ou pas). Et nous savons ce qui arrive à ceux qui n’ont rien fait ! 
 
Accueillir le Christ est donc un incontournable pour quiconque veut être accueilli dans le Royaume. A moins de vivre reclus sur une ile déserte, les occasions ne manquent pas de l’accueillir, à travers ses frères qui sont aussi les nôtres. A nous donc de le reconnaître dans celles et ceux qui frappent à notre porte. A nous de l’accueillir à travers eux. Amen.


(Dessin de Coolus, Blog du Lapin bleu)