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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 27 décembre 2014

Sainte Famille - 28 décembre 2014

Au cœur de la Sainte Famille, il y a la foi !




Qu’y a-t-il de commun entre le couple formé par Abraham et Sara et le couple formé par Marie et Joseph ? La question vous semble inintéressante ? Pourtant, si la liturgie de cette fête de la sainte Famille nous les présente tous deux, c’est bien qu’il y a quelque chose qui les rapproche malgré les siècles qui les séparent ! 
 
Abraham et Sara : deux vieillards, sans enfants, à qui Dieu fait une promesse : ils auront un fils dans leur vieillesse et ce fils sera le premier d’une multitude ! Dieu promet et Abraham croit. Sa foi lui vaut d’être le père de tous les croyants. Il est l’ancêtre de Jésus, le premier d’une longue lignée qui mène au Sauveur que nous avons accueilli dans la nuit de Noël. La généalogie de Jésus que nous lisons durant le temps de l’Avent en atteste. 
 
Marie et Joseph, un couple plus jeune, qui accueille l’enfant que Dieu se donne. Ils ont cru en la parole de Dieu, ils ont laissé Dieu agir dans leur vie. Et le Oui de Marie, renforcé par le Oui de Joseph, permet le miracle de Noël. Et Dieu lui-même se fait enfant. Aujourd’hui nous retrouvons Marie et Joseph et l’Enfant, au Temple, à Jérusalem, pour l’accomplissement des rites liés à la naissance. Leur foi les a poussés à accepter le projet d’amour de Dieu pour eux, et à travers eux, pour l’humanité tout entière. Leur foi aujourd’hui, les pousse à respecter la loi de Dieu et à offrir à Dieu le sacrifice prescrit. 
 
Au Temple, un autre couple entre en jeu : Syméon et Anne. Ils sont de cette longue famille initiée par Abraham et Sara ; ils représentent toutes celles et tous ceux qui attendent la consolation d’Israël. Ils ont des paroles mystérieuses qui annoncent le destin de cet Enfant venu de Dieu. Ils représentent celles et ceux qui se conforment à Dieu et sont ainsi capables d’accueillir son envoyé et de voir le salut que Dieu prépare pour toutes les familles de la terre. Ils croient tous deux les prophéties données par Dieu à travers l’histoire de leur peuple et ils reconnaissent, en ce nouveau-né, celui que Dieu envoie pour les accomplir. Syméon reconnaît qu’il est au seuil d’un temps nouveau : Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller, en paix, selon ta parole, car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face de tous les peuples. 
 
Abraham et Sara, Marie et Joseph, Syméon et Sara : trois couples qui ont au cœur de leur vie la foi au Dieu vivant et vrai. Ils sont tous de cette sainte famille que Dieu se construit à travers le temps et l’histoire. Et à notre tour, nous sommes invités dans cette sainte famille, invités à croire que Dieu peut tout, même l’impossible comme cela fut dit à Abraham et Sara, invités à croire que Dieu vient consoler son peuple comme le chante Syméon, invités à croire que Dieu seul est digne de louange comme le proclame Anne, invités à croire que Dieu entre dans nos vies en Jésus pour servir son peuple, pour sauver son peuple comme cela fut dit à Marie et Joseph. La fête de la sainte Famille ne renvoie à nos familles que pour en souligner la foi qui doit les unir, les faire grandir et vivre. Voulons-nous entrer dans cette sainte Famille et accueillir Dieu en chaque instant de notre existence ? Voulons-nous être de cette sainte Famille et vivre le projet d’amour de Dieu pour nous ? Voulons-nous être de cette sainte Famille et laisser Dieu être le tout de notre vie ? Alors redisons à Dieu notre oui, proclamons notre foi, à temps et à contre-temps, à l’exemple d’Abraham et Sara, de Syméon et Anne, de Marie et Joseph et accueillons le salut qu’il nous offre en Jésus, le seul Sauveur, le seul Seigneur, aujourd’hui et dans les siècles des siècles. Amen.
 
(Dessin de Jean-François KIEFFER, in Mille images d'Evangile, éd. Les Presses d'Ile de France)

mercredi 24 décembre 2014

Nuit de Noël - 24 décembre 2014

La crèche, un signe intolérable ?



Une grande inquiétude a régné dans les milieux libres penseurs en France ; elle a mené à des actions en justice contre … des crèches ! Un humoriste a traduit cela par un dessin que j’ai reçu durant ce temps de l’Avent. Il s’intitule « Terreur sur la République » et représente une Marianne perchée sur une chaise et poussant un cri strident : Mon Dieu, une crèche ! Il n’y a qu’en France qu’on peut ainsi s’émouvoir et s’inquiéter devant une scène banale à souhait : une mère et un père et leur enfant nouveau-né couché dans une étable. 
 
Les quelques libres penseurs entendus ça et là sur des chaines d’information télévisées ou radiodiffusées, s’inquiétaient d’une atteinte intolérable à la laïcité. Ce couple et leur nouveau-né, encadrés d’un âne et d’un bœuf et visités par quelques bergers, semblaient soudainement mettre en grand péril la République. Regardez la crèche qui est là, en cette basilique, et dites-moi honnêtement dans quel personnage se cache l’infâme terroriste qui mettrait à mal notre vivre ensemble ! Le sommet de la bêtise humaine a été atteint, me semble-t-il, lorsqu’un responsable national de ce mouvement somme toute minoritaire, s’exclamait devant ces contradicteurs : Mais c’est quand même le petit Jésus ! Enfin, il y croit ou pas, au petit Jésus ? Car là réside bien toute la question. Que voyez-vous, que voient nos contemporains, lorsqu’ils regardent une crèche ? 
 
Le croyant que je suis ne peut s’empêcher de constater, en cette nuit très sainte, que la plus grande peur des grands prêtres de la religion de la laïcité poussée à l’extrême vient de se réaliser. Au cœur de notre nuit, Dieu se fait homme en Jésus. Dieu vient visiter son peuple, comme le proclame Zacharie dans son cantique d’action de grâce au moment de la naissance de son fils Jean le Baptiste. Pour le croyant donc, toute crèche est bel et bien le rappel de cette incarnation faite pour le salut de l’homme, de tout homme à travers le temps et l’histoire. Ici Dieu se fait à notre image pour restaurer en nous son image que le péché avait défigurée. C’est une bonne nouvelle pour celles et ceux qui reconnaissent en Jésus le Messie promis depuis des siècles. Depuis plus de quatre mille ans, nous le promettent les prophètes, dit un chant de Noël bien connu. Dans un monde de plus en plus gris, voire sombre, les bonnes nouvelles sont assez rares pour que nous ne cachions pas celle-ci ! 
 
Pour un non-croyant, qu’est-ce qu’une crèche, sinon la représentation d’une naissance en un temps ancien, dans un pays appelé Palestine ? Le décor peut nous rappeler qu’en tout temps, il y a eu des laissés pour compte de la société. Cette mère accouche dans une étable, entre un âne et un bœuf, parce qu’il n’y a pas de place pour eux ailleurs. C’est la représentation du scandale de l’égoïsme, du chacun pour soi. Mais la venue des bergers, et plus encore de rois étrangers, traduira alors une espérance. La naissance de cet enfant semble un événement suffisamment important pour que des hommes se déplacent, même de loin, pour le voir. Une espérance jaillit dans un monde inégalitaire. Là, devant cet enfant, certains reconnaissent déjà qu’un autre monde est possible. Cet enfant semble porter avec lui la possibilité d’un monde plus juste, plus fraternel, plus humain. Est-ce si dangereux qu’il faille cacher cela aujourd’hui ? Est-ce si révolutionnaire qu’il faille démonter les crèches élevées dans les espaces publics, peut-être simplement pour rappeler qu’aujourd’hui encore, il y a des exclus ; aujourd’hui encore, il y a besoin de fraternité, de justice, d’égalité, de paix ? Si un non-croyant, ne reconnaissant pas le Christ Jésus dans l’Enfant de la crèche, se met malgré tout à espérer que les choses peuvent changer, là devant ce tout-petit couché dans sa mangeoire, n’est-ce pas une raison suffisante pour élever des crèches une fois par an, même dans les lieux publics ? Si en voyant tous ces pauvres se regrouper autour d’un enfant, un seul homme se dit que cela vaut la peine de se bouger pour rendre le monde meilleur, alors la crèche a sa place dans nos cités. 
 
Peut-être que nos libres penseurs, plutôt que de se reconnaître dans les pauvres exploités, rejetés, qui trouvent là une espérance nouvelle, se reconnaissent plutôt dans le roi Hérode. Une lecture continue des textes évangéliques de la naissance de Jésus nous montre en effet ce roi ordonner la mort de tous les nouveaux nés mâles jusqu’à l’âge de deux ans. Il n’en voulait pas, Hérode, de crèche, dans son Royaume ! Trop dangereux pour son propre pouvoir. Si ses sujets se mettent à penser autrement, s’ils se mettent à croire en un enfant qui vient de naître, s’ils se mettent à espérer des lendemains meilleurs, que deviendra-t-il ? Plutôt que d’accepter que quelqu’un se soucie des hommes, fût-ce Dieu en personne, Hérode va éradiquer toute espérance par un assassinat de masse. A bas la crèche, et pour être sûr qu’elle n’échappe pas à son courroux, tuons gaiement et les enfants, et l’espérance qu’ils portent en eux. Sans nul doute un libre penseur avant l’heure, Hérode. Plutôt que d’accepter l’irruption de Dieu dans la vie des hommes, il va faire entrer la mort dans leur vie, de manière brutale et abjecte. Tout cela pour éviter de se remettre en cause ; tout cela pour rester le seul maître à penser, la seule autorité à suivre. 
 
En cette nuit de Noël, faut-il s’inquiéter parce que certains, les chrétiens, disent que Dieu est venu dans le monde pour le sauver ? N’est-ce pas plutôt la joie qui doit nous habiter en ces jours ? Alors que pour beaucoup d’hommes, de femmes et d’enfants, le monde devient de plus en plus lourd, voici qu’une lumière nouvelle se lève ; voici que l’horizon s’éclaire ; voici qu’un avenir est possible. Dieu, comme un petit enfant, vient nous dire son amour éternel, sa tendresse et sa sollicitude pour chacun. Puissent tous les hommes accueillir ce message de paix et d’amour. Puissent tous se réjouir qu’une crèche soit le signe de leur salut, aujourd’hui et toujours. Amen.
 
(Dessin d'Ixène. Merci au dessinateur pour ce que son dessin m'a inspiré)

samedi 20 décembre 2014

04ème dimanche de l'Avent B - 21 décembre 2014

Avec Marie, soyons attentifs à la Parole de Dieu.




Nous connaissons cette page d’évangile, par le cœur, avec le risque de ne plus l’écouter vraiment. Un ange vient chez Marie, lui annonce qu’elle sera la mère du Fils du Très-Haut, tout cela par l’œuvre de l'Esprit Saint en elle. Et Marie accepte. Si le résumé en est aisé, la compréhension m’en paraît plus compliquée tant ce passage mêle merveilleux et réalité. 
 
La réalité, c’est cette jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph. Y a-t-il chose plus réelle et plus banale à la fois que les fiançailles entre un homme et une femme ? Luc nous fait entrer dans une tranche de vie humaine toute simple. A le lire, à l’écouter, nous pouvons nous projeter dans cette ville de Nazareth, et planter le décor sans difficulté. 
 
Le merveilleux, c’est celui qui vient : l’ange Gabriel. Dans l’ordinaire d’une vie, voilà que se manifeste l’extra-ordinaire : il fut envoyé par Dieu. Dieu envoie un messager. Il est identifié : c’est l’ange Gabriel, comme pour lui donner plus de réalité. Ce n’est donc pas un rêve qu’elle fait, Marie. Ce n’est pas une hallucination qui nous est décrite. Par l’ange Gabriel, Dieu lui-même s’adresse à Marie. La réalité simple de la vie de Marie est rejointe par cette autre réalité que ne reconnaît que le croyant : Dieu vient et parle. Parce qu’il faut au minimum croire en Dieu pour passer de la belle histoire pour enfant sage à la réalité d’un Dieu qui vient à la rencontre de l’humanité pour lui révéler son projet d’amour. Il n’y a que celui qui est attentif, ouvert à la Parole de Dieu, qui peut accueillir cet évangile et reconnaître le passage de Dieu chez les hommes. Pour les autres, c’est tout au plus un beau conte. 
 
Ce qui me frappe, c’est que jamais il n’est dit que Marie est surprise de cette visite. L’évangéliste indique juste que Marie fut toute bouleversée à cette parole et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. Un ange vient, et c’est normal ! Quand l’humanité vit en accord avec Dieu, il n’y a rien de surprenant à ce que Dieu s’adresse ainsi aux siens quand l’envie lui en prend. Ceci nous en dit beaucoup sur la personnalité de Marie et sur son attachement à la foi de son peuple. Cette jeune fille si simple, à la vie si ordinaire, est attachée à Dieu, profondément. Elle sait que, par le passé déjà, Dieu est intervenu en faveur d’Israël son peuple, et qu’il continue de vivre avec son peuple. La visite d’un messager de Dieu ne la surprend pas tant que ses paroles. Dieu vient me voir ; c’est presque normal. Qu’il me parle ; rien d’extraordinaire. Ce qui surprend Marie, c’est ce que Dieu attend d’elle. D’où la longue explication de l’ange. Marie est choisie par Dieu, mais elle doit consentir à ce projet d’amour, parce que Dieu ne lui demande rien de moins que de l’aider à réaliser un grand mystère : celui de l’incarnation de son Fils. Marie, qui a accueilli Dieu dans son cœur, doit l’accueillir dans l’ordinaire de sa vie, dans la réalité de sa vie. Dieu n’est pas une idée que l’on peut avoir, c’est une personne à accueillir. La naissance de Jésus annoncera au monde ce que l’ange annonce ainsi à Marie. 

Parce que si nous lisons ce passage de l’Evangile de Luc au dernier dimanche de notre Avent, ce n’est pas seulement pour mettre en place toutes les pièces d’un puzzle qui se révèlera à Noël. C’est d’abord pour que nous comprenions, comme Marie, la réalité de la présence de Dieu dans notre vie, pour qu’à notre tour nous soyons capables d’accueillir Dieu au cœur de notre existence, dans la réalité de notre ordinaire à nous. Dieu ne peut rester une idée plus ou moins vague ; Dieu doit devenir pour nous aussi réalité. Pour accueillir le Fils de Dieu, il faut reconnaître l’existence du Père. Pour entrer dans le mystère de l’incarnation, il faut accepter au préalable le mystère de l’existence de Dieu et son désir de vivre une histoire singulière avec nous. De nombreuses représentations artistiques de l’Annonciation nous montrent Marie lisant les Saintes Ecritures, suggérant ainsi sa foi et son écoute de Dieu. Nous devons, à notre tour, entrer dans cette écoute fréquente de la Parole de Dieu pour être en mesure de répondre à ce que Dieu attend de nous, avec confiance et simplicité. 

Marie est donnée en exemple de ce que peuvent Dieu et l’homme quand ils avancent, main dans la main. Tout devient possible, et surtout le meilleur. Puisque Dieu ne s’adresse à nous que pour du mieux, pour plus de vie, plus de paix, plus de justice, plus de fraternité. Soyons attentifs à sa parole et ne craignons pas si nous trouvons grâce auprès de Dieu. Quand nous aurons compris ce que Dieu attend de nous, puissions-nous comme Marie lui répondre simplement : que tout advienne selon ta parole. Amen.

(Photo prise par l'auteur, Cathédrale de Budapest)

samedi 13 décembre 2014

03ème dimanche de l'Avent B - 14 décembre 2014

Avec Jean le Baptiste, témoignons de celui qui vient.




Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. C’est ainsi que l’évangéliste Jean introduit dans son livre le personnage de Jean le Baptiste, personnage clé du temps de l’Avent. Dernier des prophètes, il est celui qui permet le passage de l’Ancien Testament vers le Nouveau Testament, reprenant l’enseignement de ses prédécesseurs et invitant à préparer le chemin pour le Seigneur. Car, pour Jean le Baptiste, c’est une certitude : le moment est venu pour Israël d’accueillir le Messie de Dieu si souvent annoncé et tant attendu. 
 
Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière. Témoin : c’est le grand qualificatif du Baptiste chez Jean l’Evangéliste. Le Baptiste est témoin de celui qui vient. En principe, on est témoin de quelque chose ou de quelqu’un que l’on connaît, que l’on a vu. Jean le Baptiste n’a pas encore vu Jésus, sauf éventuellement enfant puisqu’ils sont cousins. La mission de Jean le Baptiste précède celle de Jésus. Comment peut-il alors être déjà témoin ? Quand les prêtres et les lévites l’interrogent, il témoigne d’abord de lui, de qui il est ou plutôt de qui il n’est pas : il n’est pas le Christ, il n’est pas le prophète Elie, il n’est pas le Prophète annoncé. Il n’est qu’une voix qui crie dans le désert. Plutôt que d’être un témoin du Christ, il est plutôt un témoin de Dieu, un témoin du temps de la réalisation des promesses de Dieu. Son témoignage est de l’ordre du signe, du signal même au sens d’alarme. Il est plus que temps de se préparer parce qu’il est au milieu des hommes celui qu’ils ne connaissent pas. Nous pouvons sentir l’urgence de la prédication du Baptiste, et l’importance de se préparer à accueillir celui qui est annoncé. De Jésus lui-même, nous n’apprenons que sa venue prochaine et sa grandeur puisque Jean reconnaît qu’il n’est pas digne de délier la courroie de sa sandale. Ceux qui viennent à Jean pour en savoir plus sur lui ou sur le Messie, en sont pour leurs frais, du moins pour l’instant. Qu’importe qui est Jean le Baptiste, qu’importe même qui est le Messie : pour l’heure, une seule urgence : redresser le chemin du Seigneur. 
 
Etre témoin, en 2014, à la manière de Jean le Baptiste, c’est reprendre cette même urgence. Il s’agit bien, pour nous, de nous convertir, de nous préparer à accueillir quelqu’un que nous connaissons : le Christ Jésus. Il est venu dans le monde des hommes pour le sauver et nous attendons son retour. Peut-être tarde-t-il pour nous laisser encore le temps de nous préparer, pour nous laisser le temps de lui préparer la route. La route sur laquelle il vient marcher, c’est la route de notre cœur, la route qui nous mènera vers Dieu. Jésus vient à notre rencontre pour orienter notre vie vers la vie de Dieu ; Jésus vient à notre rencontre pour orienter notre espérance vers le salut de Dieu. Nous avons à être témoin pour nous-mêmes, en nous mettant en alerte, en restant éveillés. Mais nous avons aussi à être témoins pour les autres, afin que, nous voyant vivre, ils sentent se creuser en leurs cœurs le désir d’aller à la rencontre de celui qui vient. Nous avons à être témoins pour les autres de cette Bonne Nouvelle d’un Dieu qui vient sauver l’homme, tout homme, tout l’homme. Rien, de ce qui fait notre vie, n’est étranger au salut que Dieu propose. Rien, de ce qui fait notre vie, ne saurait échapper au salut. En rencontrant le Baptiste sur notre chemin d’Avent, nous sommes mis dans la peau de ces foules qui l’entendaient crier dans le désert. Que ferons-nous ? Comment réagirons-nous ? 
 
Paul ne se situe-t-il pas à la suite de Jean le Baptiste quand il nous invite à ne pas éteindre l’Esprit, à ne pas mépriser les prophéties, mais à discerner la valeur de toute chose ? Ceux qui viennent vers Jean le Baptiste pour l’interroger afin de mieux le cerner, ne sont-ils pas déjà en train d’éteindre l’Esprit ? A force de vouloir tout comprendre, à force de vouloir tout maîtriser, ils ne sont maîtres de rien ; ils étouffent en eux les appels de Dieu, ils étouffent en eux la volonté de salut qui est celle de Dieu pour eux. Si notre désir est bien de redresser le chemin du Seigneur, il nous faut découvrir sa volonté pour nous. Elle sera source de notre joie, source de notre liberté, source de notre accomplissement, tant il est vrai que Dieu ne veut que le meilleur pour nous. 
 
En nous plaçant résolument à la suite du Christ qui vient, en témoignant de celui qui vient à notre rencontre à la manière de Jean, nous n’aliénons pas notre liberté, nous gagnons notre grandeur, notre dignité de fils et de fille de Dieu. Le psalmiste l’a bien compris, lui qui nous fait chanter un extrait du Magnificat en ce dimanche. Oui, mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse… Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour. Puissions-nous, en ce temps de l’Avent, nous souvenir aussi des merveilles que Dieu fait pour nous et en être témoins. Amen.
 
(Gustave DORE, Jean le Baptiste prêchant dans le désert)

samedi 6 décembre 2014

02ème duimanche de l'Avent B - 07 décembre 2014

Avec Marc, vivons un vrai commencement.




Il y a des signes qui ne trompent pas ! Lorsque nous voyons l’agitation dans nos villes et villages pour l’installation progressive des lumières de Noël, des cabanes du Marché de Noël là où la tradition existe, nous savons que le temps est proche où nous allons entrer en Avent. Dans nos paroisses aussi, les équipes pastorales nous permettent de vivre ce temps de l’attente de manière à nous mener progressivement vers la joie de l’annonce d’une naissance, celle de notre Sauveur. Mais n’allons pas trop vite : le temps de la préparation n’est pas le temps de la réalisation. 
 
L’évangile que nous venons d’entendre laisse clairement entrevoir que quelque chose de neuf se prépare. Les premiers mots de Marc que nous venons de lire le rappellent avec force : Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, Fils de Dieu. 
 
Commencement : il s’agit bien de découvrir, dans nos vies souvent répétitives, que quelque chose de neuf peut advenir, qu’un commencement est toujours possible. Nos jours ne sont pas simplement une suite continue et sans fin de gestes, de moments, de phrases… à redire ou à revivre à l’infini. Nous sommes invités à vivre ce temps comme le commencement d’un moment ou d’une rencontre qui peut bouleverser notre vie. Ce commencement, dans l’évangile, est marqué par le rappelle d’une promesse ancienne, formulée jadis par le prophète Isaïe : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Ce rappel ne nous ramène pas des siècles en arrière ; il est là pour nous dire que cette promesse trouve enfin sa réalisation, ici et maintenant. Je vous souhaite de pouvoir vivre ce commencement en chassant l’idée que ce n’est qu’un recommencement. Les années liturgiques se suivent et ne se ressemblent pas. Il n’y a pas de routine en pastorale. Il n’y a qu’un chemin que nous sommes invités à suivre, à frais toujours nouveau, à la rencontre du Christ. A frais toujours nouveau parce que nous changeons, nous évoluons, nous grandissons, nous mûrissons ! 
 
Commencement de la Bonne Nouvelle : ce commencement est une invitation à accueillir une Bonne Nouvelle. En ces temps de crise, voilà qui devrait nous réjouir. Le monde n’est pas foutu ; l’homme n’est pas perdu. Il y a du neuf sous le soleil ! Alors que notre monde semble gris, courant à sa perte, voilà qu’une Bonne Nouvelle nous sera annoncée. Et cette Bonne Nouvelle changera nos vies si nous savons l’accueillir. Ce temps de l’Avent est justement donné pour entendre l’annonce de cette Bonne Nouvelle que Dieu réalisera pour nous, et nous permettre d’en reconnaître les signes quand viendra le temps de la réalisation. Nous ne pouvons donc pas laisser passer ce temps de l’Avent sans rien faire, en pensant qu’aujourd’hui est comme hier, et que demain finalement ne changera rien. Au contraire, tout peut changer si nous entendons l’appel à la conversion que ce temps porte en lui. Tout peut changer si nous nous mettons à l’écoute de cette voix qui crie dans le désert. La prophétie d’Isaïe citée par Marc nous renvoie à cette autre prophétie d’Isaïe que nous avons entendue en première lecture : Voici votre Dieu ! Voici le Seigneur Dieu ! Il vient avec puissance. Comme un berger, il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, il mène les brebis qui allaitent. Cette Bonne Nouvelle, c’est donc que Dieu ne se désintéresse pas de l’homme, qu’une alliance nouvelle est toujours possible. A nous de savoir lui préparer le chemin. 
 
Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu. Dans un monde sécularisé, les interventions du religieux sont souvent mal perçues. Nous en avons eu des exemples encore récemment avec la visite du pape aux institutions européennes ou les attaques en justice quasi systématiques de la part de groupuscules minoritaires qui veulent même supprimer du paysage public toute manifestation particulière comme la mise en place d’une crèche dans une mairie ou un conseil général, au nom d’une laïcité érigée en religion, si ce n’est en dictature. Pourtant, la foi chrétienne porte en elle une originalité, celle d’un Dieu qui vient à la rencontre de l’homme. Cette particularité nous fait non seulement aimer l’humanité dans sa totalité, mais nous oblige à un engagement permanent pour que tout l’humain soit non seulement respecté, mais aussi stimulé. Si nous devons nous garder, avec raison, de tout prosélytisme, nous n’avons pas pour autant à mettre nos convictions dans la poche, avec un mouchoir dessus. Au cœur de nos pratiques, au cœur de notre engagement en faveur de l’Homme, il y a le Christ, celui qui vient sans cesse à notre rencontre, celui qui vient dans notre monde pour le sauver. Les temps de l’Avent et de Noël, que nous allons vivre successivement, nous rappellent l’éminente dignité de l’Homme que nous voulons servir à travers nos divers engagements. Chaque croyant, qu’il soit religieux ou laïc, est engagé dans ce même service qui met l’Homme au centre de nos préoccupations. La Bonne Nouvelle de Jésus Christ est annoncé partout où l’homme est respecté dans sa dignité, partout où l’homme est servi, partout où l’homme est appelé à grandir. Prions le Christ, Dieu fait homme, de mettre au cœur de toutes nos communautés ce désir de servir l’homme, ce désir de servir tout homme. La Bonne Nouvelle de Jésus Christ n’est bonne que parce qu’elle est partagée, largement, de sorte que personne ne reste enfermé dans sa misère, son désespoir, ses difficultés. 
 
Vivre ce commencement de l’Evangile ne se limite donc pas à vivre un nouveau temps. Vivre ce commencement, c’est accueillir le désir de Dieu lui-même de transmettre au monde une Bonne Nouvelle qui ne se paie pas de mots mais se vit en actes. Au moment où Dieu lui-même s’apprête à entrer dans le monde, ne désertons pas ce monde, mais rejoignons-le et proposons-lui de suivre avec nous le chemin qui mène au Christ, source du bonheur véritable. Nous ne vivrons plus seulement alors le commencement d’une Bonne Nouvelle ; nous aurons commencé le temps de sa réalisation très concrète dans la vie et le cœur des hommes. Amen.