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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 26 novembre 2016

01er dimanche de l'Avent A - 27 novembre 2016

Marchons à la lumière du Seigneur.




Dimanche dernier, nous avons terminé notre année liturgique sur la contemplation du Christ en croix et cette promesse faite à l’un des condamnés : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. C’était une belle manière de nous rappeler que toute notre histoire est une histoire orientée vers cette rencontre avec Jésus, mort et ressuscité, source de notre vie. Comment, après une telle contemplation, reprendre cette année nouvelle ? La réponse nous est donnée par le prophète Isaïe quand il nous dit : Venez, marchons à la lumière du Seigneur. 
 
Marchons ! C’est donc une invitation dynamique, une mise en route de manière résolue. L’invitation du prophète semble même être pressante : il n’est plus temps de réfléchir. Quelque chose de neuf se prépare, il faut en être ! The place to be, c’est la montagne du Seigneur vers laquelle le prophète veut nous entraîner. Ne pas se mettre en route reviendrait à se tenir hors du concert des nations, car nous ne sommes pas les seuls à nous mettre en route : Vers elle afflueront toutes les nations et viendront des peuples nombreux. Nous ne sommes pas les seuls à être attirés ou concernés par cette nouveauté qui se prépare. Quel meilleur moyen d’entrer dans une nouvelle année liturgique que celle-là : nous décider à nous mettre en route, à bouger notre foi. Le croyant ne peut rester patiemment assis dans son fauteuil en attendant que le Seigneur vienne à sa rencontre. Il sait que le Seigneur vient ; il se doit de faire sa part ; il se doit de se mettre en route. A partir du 08 décembre, nous aurons pour modèle particulier Marie, puisque nous entrerons dans un Jubilé marial. Et qu’a fait Marie lorsque le Seigneur s’est adressé à elle pour être la mère du Sauveur ? Elle ne s’est pas confortablement installée chez elle ; elle s’est au contraire mise en route rapidement pour se rendre chez sa cousine Elisabeth, qui dans sa vieillesse allait connaître quelque chose de neuf, puisque la voilà enfin enceinte, grâce à Dieu ! Avec Marie, mettons-nous en route sur les chemins qui mènent aux hommes, sur les chemins qui mènent à Dieu. 
 
Marchons à la lumière. Cette dynamique enclenchée par le prophète ne nous plonge pas dans l’obscurité ou dans l’incertitude. Elle est une dynamique de vie, qui nous entraîne vers la lumière. Je sais bien qu’à notre époque moderne, certains voudraient que la foi soit strictement personnelle, et que les chrétiens retournent vers ces catacombes d’où ils n’auraient jamais dû sortir. Comme s’il y avait d’un côté la vie publique, forcément laïque (comprenons, pour eux, libérée de Dieu), et de l’autre la vie religieuse, strictement personnelle, sans aucune prise sur la réalité vécue par les hommes, sans aucune influence sur ce que peuvent vivre les hommes. Les croyants seraient condamnés à une forme de schizophrénie. Le Jubilé de la miséricorde que nous avons vécu nous rappelait fort justement que notre foi se traduit en acte dirigé vers les plus faibles, les plus petits. La foi a donc nécessairement une dimension publique, elle se vit au grand jour, en pleine lumière. Lorsque nous choisissons de vivre notre foi, nous choisissons bien de venir à la lumière. Là encore, nous prenons Marie pour modèle : si elle gardait dans son cœur tout ce qui lui arrivait pour le méditer jour et nuit, elle n’en a pas moins été celle qui a donné le Sauveur au monde. Elle ne l’a pas gardé dans son sein ; elle ne l’a même pas gardé pour elle toute seule ; elle a accueilli le Messie dans sa vie pour le donner à tous les hommes. 
 
Marchons à la lumière du Seigneur ! Notre marche est orientée, notre vie toute entière est orientée. Nous n’allons pas n’importe où ; nous ne suivons pas n’importe qui. Celui qui nous met en route, au-delà du prophète, c’est Dieu lui-même. Celui que nous nous apprêtons à accueillir, c’est celui-là même que Dieu nous envoie, que Dieu envoie vers les hommes pour faire toutes choses nouvelles. Que faut-il faire pour marcher à la lumière du Seigneur ? La réponse est donnée par Paul dans sa lettre aux Romains : rejetons les œuvres des ténèbres, revêtons-nous des armes de la lumière. Comprenons bien que cette marche nous entraîne dans un combat : mais nous ne prenons pas les armes pour nous dresser contre les autres, nous prenons les armes de la lumière pour nous dresser contre le Mal, et d’abord le mal qui est en nous : Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour. A marcher à la lumière du Seigneur, nous ne ferons rien de mal et nous ne craindrons pas le Mal. Nous rendrons au contraire le monde plus beau, plus juste, plus fraternel parce que nous aurons revêtu le Seigneur Jésus Christ. Il est la source de la vie véritable, il est l’amour véritable au cœur de la vie du monde. Là encore écoutons Marie au long du Jubilé qui lui sera consacré à Marienthal : son cantique d’action de grâce met en pleine lumière l’œuvre du Seigneur dans la vie des hommes. En marchant à la lumière du Seigneur, avec Marie, nous rendrons grâce de ce que le Seigneur accomplit en nous et par nous pour rendre à ce monde sa beauté originelle, celle voulue par Dieu depuis les origines : un monde où tous les hommes vivent en frères, un monde où tous les hommes vivent en paix.  
 
Si tu crois que cela est possible, si tu veux participer à cette aventure, prends ton bâton et viens : Marchons ensemble à la lumière du Seigneur, car il vient celui qui sera juge entre les nations, celui qui nous enseigne ses chemins, celui qui nous conduit à la paix. Venez et tenez-vous prêts, car il est tout proche le temps du salut. Amen.

(Dessin de Mr Leiterer)

samedi 19 novembre 2016

Fête du Christ, Roi de l'univers C - 20 novembre 2016

Make human great again !





« Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » Cette invective adressée au Christ crucifié annonce déjà ces nombreuses expressions du doute moderne, formulé ainsi : « Si Dieu existait vraiment, il n’y aurait pas tant de choses horribles dans notre monde ! » Pourtant, cette parole adressée au Crucifié dit à la fois toute la complexité du mystère de Dieu révélé en Jésus Christ et la difficulté de l’homme à adhérer à ce mystère. Ce que l’homme ne comprend pas est, hélas, souvent taxé d’irréel, d’inexistant !
 
A l’époque de Jésus, le peuple juif attendait un messie, un roi qui enfin rendrait à Israël son indépendance perdue il y a longtemps. A l’époque de Jésus, nombreux étaient ceux et celles qui croyaient que Jésus serait cet homme qui rendrait sa fierté et son orgueil à ceux qui furent jadis - au temps de David et de Salomon - un grand peuple (Make Israel great again !). A l’époque de Jésus, nombreux étaient également ceux et celles qui furent déçus par le refus de l’engagement politique de Jésus et qui le sanctionnèrent en réclamant sa mort en croix. S’il ne veut pas nous libérer comme nous le voulons, au moins ne nous dérangera-t-il plus ! Ont-ils seulement compris que c’est en agissant ainsi qu’ils donneraient au Christ la possibilité d’exprimer sa toute-puissance ? 
 
Aujourd’hui, nombreux sont ceux et celles qui attendent quelqu’un qui donne du sens à leur vie. Aujourd’hui, nombreux sont ceux et celles qui se soumettent à un gourou, pensant ainsi échapper à l’emprise du monde sur leur vie. Aujourd’hui encore, des hommes et des femmes attendent quelqu’un qui leur rendre leur fierté, voire leur orgueil. N’avons-nous pas vu aux Etats-Unis un président élu sous le seul slogan : Make America great again ? N’est-ce pas ce qu’attendant, pour la France, nombre de nos concitoyens à l’approche des élections présidentielles ? 
 
En ce jour où nous célébrons le Christ Roi de l’univers, nous sommes invités à redire notre foi en Celui qui a tout donné par amour pour l’homme et à redécouvrir que le Christ est venu dans le monde pour porter toutes les croix du genre humain et libérer, de manière définitive, l’humanité de tout ce qui l’empêche de vivre, de croire et d’espérer un monde meilleur. Si la liturgie nous fait méditer l’évangile de la crucifixion, c’est bien pour nous rappeler que c’est dans cet acte insensé que Jésus révèle sa véritable royauté, son véritable pouvoir sur le monde. C’est dans l’absolu dénuement, dans l’absolue injustice, dans l’absolu abaissement que Dieu peut montrer son absolue puissance, son absolue maîtrise des événements, son absolue volonté que l’homme vive, vive libéré de toute peur, vive libéré de toute souffrance, vive libéré de tout péché. Il fallait, oui, il fallait que Dieu accepte d’aller jusqu’au bout de l’aventure humaine, jusqu’au bout extrême de la souffrance humaine pour dire que désormais, cela n’arrivera plus, désormais Dieu sera avec chaque homme qui lutte, qui souffre, qui doute, qui hurle sa misère et qui attend un signe, qui attend un Sauveur. Seul un Dieu crucifié pouvait libérer un homme crucifié par tant de souffrances, tant d’injustices, tant de regards moqueurs, tant d’exclusions. Avec Jésus crucifié, Dieu prend définitivement le parti de l’homme affaibli, de l’homme rejeté, de l’homme calomnié. Sur la croix, Jésus a le choix entre se sauver lui-même, comme le lui conseille les moqueurs, ou sauver tout homme, tout l’homme, en prenant cette dernière place que personne ne veut, cette place où il est exposé, humilié au vu et au su de tous. 
 
Oui, c’est cet homme bafoué, suspendu au gibet qui devient le salut et l’espoir de la multitude. Incroyable sagesse de Dieu, folie aux yeux de l’homme, qui nous vaut aujourd’hui de reconnaître la toute-puissante royauté du Crucifié. L’instrument de honte qu’était la croix devient le signe de notre salut, de notre fierté. Ce n’est que l’aboutissement logique de toute une vie entièrement donnée aux petits et aux exclus. De la crèche à la croix, jamais cet homme n’aura cessé de proclamer sa solidarité avec tous les hommes. De la crèche à la croix, jamais quelqu’un ne l’aura détourné de sa mission première : rendre à tout homme sa dignité d’enfant de Dieu, de fils du Père éternel. Là réside sa royauté, là se trouve notre salut à tous. Parce qu’à la différence des politiques, il ne cherche pas à favoriser un pays, un clan, une tribu, mais tous les hommes ; avec le Christ, un seul slogan : make human great again ! 
 
Parce que le Christ aura été au bout de la misère humaine, tout homme – quelle que soit sa souffrance – peut se tourner vers lui et le voir partager cette souffrance pour mieux la crucifier et ainsi mieux le libérer. Désormais, chacun peut dire du plus profond de sa nuit : Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras comme roi ! et s’entendre répondre : Vraiment, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis. AMEN.

(Le Calvaire, Huile sur bois d'Andrea Mantegna, 1457-1459, Musée du Louvre, Paris)

samedi 12 novembre 2016

33ème dimanche ordinaire C - 13 novembre 2016

Cela vous amènera à rendre témoignage !




Le moins qu’on puisse dire, c’est que le tableau dépeint par Jésus n’est guère réjouissant : Temple détruit, catastrophes en tous genres, persécution… Il y a des dimanches où l’évangile semble bien loin de la bonne nouvelle qui est censée nous faire vivre. Et pourtant, au milieu de ce tableau bien sombre, il y a un impératif qui nous est rappelé et une bonne nouvelle qui nous est annoncée. 
 
L’impératif, c’est le témoignage : cela vous amènera à rendre témoignage. Il est rappelé justement quand Jésus parle des persécutions qui attendent les croyants. Un drôle de moment me direz-vous. Et pourtant, cela n’est-il pas le rappel que, pour le croyant, tout est occasion de témoigner de celui qui nous fait vivre : le Christ, qui le premier a livré sa vie ? Nous pouvons donc vivre les épreuves d’une vie comme une occasion de montrer que notre vie est orientée vers un bien supérieur et que notre espérance sera toujours plus forte. Se lamenter devant les épreuves d’une vie n’a jamais permis de les surmonter. Parler de celui qui nous fait vivre, témoigner de notre espérance, voilà qui donne une coloration particulière aux épreuves traversées. Voilà surtout ce qui peut nous donner la force de les surmonter. Notre foi n’est pas tant faite pour nous éviter les difficultés d’une vie que pour nous permettre de les vaincre. Si quelqu’un cherchait une raison pour se décider à croire en Dieu, en voilà une qui me semble bonne ! La foi nous ouvre ainsi un horizon que nul obstacle ne pourrait nous empêcher d’atteindre puisque nous marchons vers cet horizon à la suite du Christ. S’il a livré sa vie pour nous, n’oublions jamais que Dieu l’a ressuscité, faisant de lui notre chemin vers la vie éternelle. En lui, nous avons déjà notre victoire sur le Mal et la Mort. Plus rien ne peut nous faire peur. 
 
Et c’est là que vient se greffer la bonne nouvelle de ce dimanche : c’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. Comprenez-vous bien ce qu’il affirme ainsi ? Jésus nous dit que lui-même nous assistera. Le témoignage que nous lui rendons vient de lui. Les mots de notre espérance, les mots de notre foi, c’est lui qui nous les donne. Notre assurance dans l’épreuve vient de lui. Comment mieux dire sa présence à nos côtés, y compris dans les moments difficiles ? Si cela n’est pas une bonne nouvelle, que vous faut-il ? Devant les épreuves, devant les catastrophes, le croyant peut puiser en Christ la force d’affronter l’adversité, la force de résister au Mal, et l’espérance que rien n’est fini de l’homme, la certitude que le Mal et la Mort n’auront jamais le dernier mot. Ils ne l’ont pas eu quand le Christ était en croix ; ils ne l’auront pas maintenant qu’il est ressuscité et qu’il est vivant en nous. Certes, l’épreuve est et reste un moment difficile à passer, mais le croyant la vit avec le Christ, celui qui a vaincu la mort même. Qui pourrait nous vaincre si nous restons fidèles ? Personne ! 
 
Nous vivons une époque curieuse et terriblement troublée. Nous ne manquons pas de raison de désespérer de l’homme. Les conflits ne manquent pas. Les élections américaines ont plongé le monde dans la stupeur et nous ne savons pas ce que nous réserveront les nôtres dans six mois. L’invitation du Christ à témoigner de lui conserve toute sa pertinence.  Alors gardons les yeux fixés sur Lui. Gardons sa Parole au cœur pour que jamais les mots nous manquent pour lui rendre témoignage. Redonnons au monde une espérance, redonnons au monde un sens, redonnons au monde le Christ. Il est pour tous les hommes source de salut et de vie, aujourd’hui et toujours. Amen.

samedi 5 novembre 2016

32ème dimanche ordinaire C - 06 novembre 2016

La vie éternelle, une question de confiance !





Mais quelle prise de tête, ces sadducéens ! Ils ne croient pas à la résurrection, et pour mieux appuyer leur position, ils s’en vont inventer une histoire à dormir debout, d’une femme qui épouse un homme qui a six frères, et celui-ci mourant sans lui laisser d’enfant, elle épouse, en respect de la loi, chaque frère, l’un après l’autre, les épuisant jusqu’au dernier, sans avoir eu d’enfant pour autant et surtout sans que cela n’éveille le moindre soupçon. Avec pareille histoire, je ne m’interroge pas tant sur la résurrection que sur la moralité de cette femme. Ses maris successifs sont-ils morts de leur belle mort ou les a-t-elle aidés un peu ? Voyez à quoi cela mène de compliquer les choses en matière de foi : à l’absurde ! Or la foi, c’est plutôt simple. 
 
Regardez ces sept frères du livre des Martyrs d’Israël. Soumis à la dictature d’un pouvoir totalitaire et absurde, ils font le choix de rester fidèles à leur foi, celle-là même qu’on leur demandait de renier, au risque d’y perdre la vie. Ils ne se découragent pas, ils ne renient pas, même face à la mort, bien au contraire. Pour eux le choix est simple : être fidèle à Dieu ou pas. Ce faisant, ils ne choisissent pas de mourir, ils choisissent de vivre, pour toujours, dans cette foi jadis révélée par Moïse lorsque, devant le buisson ardent, il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob. Oui, ils font le choix de la vie, selon cette parole du livre du Deutéronome (30, 15-16) : Vois, je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. Ce que je te commande aujourd’hui, c’est d’aimer le Seigneur ton Dieu, de marcher dans ses chemins, de garder ses commandements, ses décrets et ses ordonnances. Alors tu vivras… Ce n’est quand même pas compliqué ! Pour ces sept frères, la vie, la vraie vie, passe par leur mort terrestre puisque le pouvoir en place ne leur permet pas de rester fidèles à la foi de leurs pères. Mieux vaut mourir de la main des hommes, quand on attend la résurrection promise par Dieu. Ils disent ainsi clairement, et sans doute pour la première fois avec autant de force dans un texte de la Première Alliance, leur attachement à Dieu, leur espérance en une vie plus forte que la mort et leur certitude que Dieu les récompensera par une vie marquée du sceau de l’éternité. 
 
Dans l’évangile, Jésus ne dit pas autre chose. D’abord, il ne répond pas aux sadducéens ; leur question ne vaut pas la salive qu’il faudrait pour leur répondre. Mais il les invite à voir plus grand et d’abord à vraiment faire confiance à Dieu. Puisque nous savons déjà que le Dieu d’Israël n’est pas le Dieu des morts mais des vivants, pourquoi ne pas lui faire confiance en tout ? Pourquoi vouloir comprendre comment ça marche ? Pourquoi vouloir faire de la vie en plénitude en Dieu une copie de notre vie terrestre ? La vie ici-bas et la vie en Dieu par-delà la mort sont deux catégories différentes. On ne joue pas dans la même ligue ! Pourquoi, dès lors, vouloir comparer ce qui n’est pas comparable ? Pourquoi se fatiguer à vouloir comprendre un don que Dieu nous fait gratuitement ? Si ton Dieu est le Dieu de la vie, il peut bien te faire vivre par-delà ta mort terrestre ! Ta foi ne serait-elle qu’une idée, des mots que tu prononces sans y croire vraiment ? Est-ce seulement encore une foi si tu as besoin de tout comprendre, de tout appréhender avec des catégories de notre monde ? Ce qui compte, semble dire Jésus, c’est de faire confiance à Dieu, à la puissance de vie qui vient de lui. 
 
La prière de l’Eglise, dans l’une de ces préfaces, nous donne à entendre notre foi à ce sujet : dans cette existence de chaque jour que nous recevons de ta grâce, la vie éternelle est déjà commencée : nous avons reçu les premiers dons de l’Esprit par qui tu as ressuscité Jésus d’entre les morts, et nous vivons dans l’espérance que s’accomplisse en nous le mystère de Pâques (Préface des dimanches n° 6). Puisque notre vie vient de Dieu, elle est déjà le signe de la vie éternelle. Par notre baptême, nous avons déjà part à cette vie et nous espérons qu’un jour elle s’accomplira en nous définitivement. Jésus nous a montré le chemin de cette vie : il s’appelle amour de Dieu et amour du prochain. Voilà ce qui compte, en plus de la confiance en Dieu : aimer à en perdre la raison, aimer absolument, à l’image du Christ Sauveur. Dans l’amour, grandit la vie éternelle qui est en nous. Notre espérance se traduit donc dans une confiance absolue en Dieu qui peut tout, même redonner vie à ceux qui sont morts, et dans un art de vivre qui place le frère au centre de nos préoccupations. Tout le reste n’est que littérature ; tout le reste n’est que conjecture. 
 
Fais confiance à Dieu, et tu vivras. Agis selon la Parole de Dieu, et tu vivras. Aime comme le Christ aime, et tu vivras. Il n’y a là rien d’extraordinaire. Tout est donné de manière très claire. Il faut juste le vivre. Mais peut-être est-ce là, le vrai problème pour nous : passer de la parole aux actes et marcher humblement en présence de Dieu, en toute chose. Mais si, pour une fois, nous essayions, sans trop nous poser de question ? Si nous nous mettions à aimer vraiment ? Si nous refaisions une place à Dieu dans notre monde ? Notre monde en serait bouleversé, assurément ; notre espérance deviendrait réalité. Plutôt que de nous casser la tête sur des hypothèses fallacieuses, donnons-nous une chance de vivre ce que nous croyons et de croire ce que nous espérons. Amen.

(Michel-Ange, La création d'Adam, Détail de la fresque, Chapelle Sixtine)