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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 28 mars 2020

5ème dimanche de Carême A - 29 mars 2020

Dieu nous apprend le deuil.







Un ami malade, Jésus qui tarde et c’est le drame : l’ami malade meurt. Mais pourquoi donc Jésus a-t-il pris le chemin des écoliers pour se rendre au chevet de l’homme souffrant qui avait besoin de lui. Lui qui en a guéri tant d’autres qu’il ne connaissait pas, pourquoi a-t-il traîné lorsque, pour une fois, il pouvait faire du bien à quelqu’un qui lui était proche ? A priori, l’attitude de Jésus peut surprendre, voire choquer. Cette attitude n’est pas digne de celui que l’on connaît comme le chantre de l’amour et de l’attention due à autrui. Quelque chose ne colle pas. A moins que nous n’ayons mal compris ; à moins que Jésus veuille nous faire comprendre quelque chose à travers la mort de Lazare. Pourquoi, en effet laisser mourir un ami et faire souffrir ses sœurs, s’il n’y avait une révélation à clé ? 

A travers cet épisode de la vie de Jésus, Dieu veut nous apprendre le deuil. Non pas qu’il prenne plaisir à faire souffrir ceux qui restent, mais parce qu’il veut nous inviter à vivre de manière positive notre rapport à la mort. Dieu nous apprend à vivre le deuil par l’attitude même de Jésus devant la mort de son ami. Il n’est pas froid ou indifférent au malheur qui touche ses proches. Il pleure même, manifestant ainsi sa proximité avec Marthe et Marie. Mais surtout, il les invite à voir plus loin. L’on comprend bien, à observer Jésus, que la mort ne peut pas être la destinée de l’homme. L’homme n’est pas fait pour mourir, mais pour vivre. C’est cela le vrai plan de Dieu, son véritable projet d’amour pour chacun de nous. Que nous vivions, et que nous vivions libres et heureux ! La mort et Dieu n’ont rien à voir ensemble : ce n’est pas le même monde ; ils n’ont pas les mêmes valeurs. Mais puisque l’homme est soumis à cette loi de la mort, il faut bien affronter ce qui semble être le terme de la vie. En laissant mourir son ami avant de se rendre à son chevet, Jésus se prépare à dire que Dieu est plus grand que la mort même, et que son projet d’amour pour l’homme n’est pas remis en cause par le départ de nos proches. 

Ton frère ressuscitera, affirme Jésus à Marthe, ouvrant ainsi un premier espace pour que l’homme ne se laisse pas abattre par la mort. Il reprend à son compte ce qu’affirmait déjà le prophète Ezéchiel à travers la vision des ossements desséchés dont nous avons entendu un court extrait dans la première lecture. Jésus affirme sa foi en une vie éternelle, par-delà la mort. Marthe partage cette espérance transmise par les Anciens du peuple. Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. Mais en attendant, la souffrance est bien là, et Jésus n’a rien fait pour l’empêcher. Moi, je suis la résurrection et la vie, poursuit Jésus, annonçant ainsi qu’en lui les hommes ont accès, dès maintenant, à cette vie en plénitude. Celui qui croit en lui possède la vie pour toujours. Cette vie lui est acquise par le sacrifice de la croix. En marchant librement vers sa propre mort, Jésus va mettre un terme au règne de la mort. Il va la combattre sur son propre terrain, ouvrant à l’homme l’espace de la liberté, l’espace de la vie en plénitude. Celui qui reconnaîtra que la mort de Jésus n’est pas un sacrifice vain et absurde, mais bien l’acte ultime de Dieu pour dire aux hommes son amour, ceux-là savent que la vie aura toujours le dernier mot. Et comme pour donner un avant-goût de cette réalité, voilà que Jésus rappelle à la vie celui-là même qu’il pleurait. La joie devait être grande dans l’entourage de Marthe et de Marie. Cette joie sera encore plus grande au moment de la résurrection du Christ lui-même. Cette résurrection de Lazare manifeste pleinement et ouvertement que la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ! vivant pour toujours, vivant à ses côtés. 

Si le temps du deuil est nécessaire, il est encore plus nécessaire de se plonger au cœur de la foi chrétienne lorsque la mort nous frappe par la disparition d’un de nos proches. Nous puiserons à la source de la foi, la certitude que nos défunts sont bien vivants, que déjà, ils intercèdent pour nous. Nous pouvons vivre en ayant la certitude d’être sauvé par le Christ, parce que le salut n’est pas de notre fait, mais du seul fait de Dieu. C’est lui qui, gratuitement, nous offre la vie. C’est lui qui, gratuitement, nous appelle sans cesse à vivre, à vivre mieux, à vivre plus grand. Paul l’affirme sans détour dans l’extrait de la lettre aux Romains que nous avons entendu : Si le Christ est en vous – ce qui veut dire : si vous avez été baptisés -, le corps, il est vrai, reste marqué par la mort à cause du péché, mais l’Esprit –que vous avez reçu au baptême – vous fait vivre, puisque vous être devenus des justes – par votre baptême. Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. La démonstration est imparable : elle nous rappelle que par notre baptême, Dieu nous donne son Esprit de vie, et c’est bien cet Esprit de vie qui nous permettra d’affronter la mort de nos proches et notre propre mort, avec confiance et espérance. Nul ne peut détruire cet Esprit de Vie. 

En ces temps difficiles où des familles doivent affronter la mort sans pouvoir accomplir les rites normalement prescrits, Dieu nous apprend le deuil en nous invitant à vivre autrement, mais à vivre vraiment dès maintenant, pour vivre toujours lorsqu’il nous ouvrira la joie de son Royaume. Que ce Carême qui touche à sa fin soit l’occasion pour chacun de redire à Dieu son envie de vivre, de vivre éternellement, par lui, avec lui et en lui. AMEN.


(Icône de la Résurrection de Lazare, trouvé sur internet)

samedi 21 mars 2020

4ème dimanche de Carême A - 22 mars 2020

Dieu nous apprend le regard.







C’est curieux comme les événements que nous vivons influencent notre manière de comprendre les Ecritures, et comment les Ecritures peuvent influencer notre manière de vivre les événements qui se présentent à nous. De quoi parlent nos lectures en ce quatrième dimanche de Carême ? De ténèbres et de lumière, de regard porté sur les hommes ou sur les événements. N’est-ce pas ce que nous vivons, ce que vivent les hommes dans le monde entier en ce moment-même ? 

Le monde s’est transformé en vaste prison, tout le monde étant reclus chez lui à cause d’une chose invisible, microscopique dont personne n’a voulu voir le danger au départ. Tant que c’était loin, en Chine, cela ne nous concernait pas. Les premiers avions ont pu atterrir et leurs passagers débarquer sans précaution particulière. Tous, nous n’avons voulu voir là qu’une grippe un peu plus virulente, encouragé en cela par des discours qu’on peut qualifier aujourd’hui de mensongers. L’homme et sa toute-puissance ne saurait être remis en cause par cette « chose ». Ceux à qui il appartient d’observer, de veiller, ont mal regardé, mal jugé et nous voici tous prisonniers, à cause de leur courte vue. J’ai bien conscience, en écrivant ces mots, que je porte là un regard particulier, très humain, sur les événements qui nous bouleversent tous. Que voulez-vous : marqué par les mensonges successifs de ceux qui nous ont gouvernés lors d’autres crises (je pense ici aux premiers attentats et cette assurance donnée par le chef d’Etat d’alors que rien ne changerait à notre manière de vivre alors que tout a changé – venez à Strasbourg en décembre et vous verrez), je ne peux qu’être en colère aujourd’hui. Comment n’avons-nous pas pu voir la catastrophe qui s’annonçait ? Comment tant d’experts rédigeant de prodigieux rapports chaque année ont-ils pu nous aveugler et faire prendre le risque de diminuer nos stocks de masques, sous prétexte que la bienheureuse mondialisation saurait nous fournir en temps utile ? Nous voyons tous aujourd’hui ce qu’il en est ! Comment encore ceux qui gouvernent les différents pays d’un même continent peuvent-ils continuer à prendre des décisions individuelles et nationales plutôt que de s’accorder sur une politique commune ? Est-ce trop demander de regarder ensemble un problème pour y apporter une solution profitable à tous ? Si gouverner c’est prévoir, alors tous ceux qui gouvernent dans le monde aujourd’hui ont failli. Oui, tel est mon regard à hauteur d’homme sur les événements que nous vivons. 

Mais je peux regarder les mêmes événements avec la hauteur qui eut été nécessaire à d’autres. Je peux apprendre de Dieu à regarder ces événements autrement. Non comme les disciples face à l’aveugle-né dont ils croisent la route : Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? Ne spiritualisons pas trop vite. Ce serait sans nul doute une impasse. La réponse de Jésus est claire : Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. Vous regardez mal les choses, vous regardez mal cet homme, dit Jésus. Cet homme aveugle peut être une occasion de voir Dieu à l’œuvre. Parce que Dieu ne peut se contenter de voir le Mal surgir sans rien faire. Il en est de même pour nous aujourd’hui. Nous pouvons regarder toutes les contraintes qui s’imposent à nous, cette restriction de notre liberté pour une durée indéterminée, et nous en plaindre. Mais cela ne revient qu’à rajouter du mal au mal. Nous pouvons aussi apprendre de Dieu un regard nouveau et ouvrir les yeux sur notre monde, sur ces dysfonctionnements et décider de vivre autrement, collectivement, de sorte que chacun soit pris en compte. Nous pouvons, comme beaucoup le font heureusement déjà, réapprendre la solidarité avec les plus faibles que nous ne voyions plus avant. Nous pouvons réinventer notre monde, nos relations, pour qu’elles soient davantage conformes à cette fraternité que Dieu nous demande de vivre. Ne prenez aucune part aux activités des ténèbres, elles ne produisent rien de bon, avertit Paul dans sa lettre aux Ephésiens. Mais dit-il aussi, conduisez-vous comme des enfants de lumière. 

Puisque nous croyons en Dieu, puisque nous sommes enfants de Dieu par le baptême, prenons notre part dans cette lutte contre les ténèbres qui envahissent notre monde. Acceptons cette claustration nécessaire pour résister au mal invisible qui se répand, entrainant la mort pour quelques-uns de nos frères et sœurs en humanité. Et redoublons d’effort dans la prière ; redoublons d’effort dans la solidarité. Redoublons d’effort en humanité pour que jaillisse cette lumière qui nous vient déjà du Ressuscité. Amen.

(Arcabas, Détail d'un vitrail de l'église ND des Neiges, Alpes d'Huez, Jésus guérit l'aveugle de Bethsaïde)




samedi 14 mars 2020

3ème dimanche de Carême A - 15 mars 2020

Dieu nous apprend la foi.






L’homme peut-il croire en Dieu de lui-même ? L’homme peut-il croire en Dieu quand les événements de l’histoire semblent proclamer la mort de Dieu, voire son inexistence ? Ces questions sont souvent évoquées lorsque je discute avec des adultes qui découvrent que certains ont une foi inébranlable alors qu’eux-mêmes sont habités par le doute. Un début de réponse est apporté par les textes liturgiques de ce 3ème dimanche de Carême. Nous pouvons résumer cette réponse dans l’affirmation du Christ : Si tu savais le don de Dieu… 

Si tu savais le don de Dieu. Une phrase que le peuple hébreu, libéré d’Egypte, aurait déjà pu se poser. Être libérés de l’esclavage, tous étaient d’accord. Marcher dans le désert vers la Terre promise, c’était une épreuve acceptable et nécessaire. Mais tourner en rond, alors qu’avant, la marmite était si bonne et que l’eau ne manquait pas, voilà qui est inacceptable ! Le but de Dieu était-il donc de faire mourir son peuple loin d’Egypte ? Ses récriminations incessantes parviennent devant Dieu. Il aurait pu se fâcher, Dieu, à juste titre. N’a-t-il pas déjà tant fait pour eux ? Et eux, qu’ont-ils fait, à part se plaindre ? A croire que tout leur est dû, sans effort de leur part. Plutôt que de se fâcher, Dieu va répondre à leur attente : il va manifester une fois de plus son amour à ce peuple difficile. Il donnera l’eau. Sans rien demander en échange. Sans même demander une foi plus profonde. Sans même attendre une action de grâce pour le don accordé. Immense amour de Dieu qui comble de ses bienfaits même ceux qui s’interrogent sur sa présence ! Si tu savais le don de Dieu, si tu te souvenais de tout ce qu’il t’a déjà donné, peut-être n’aurais-tu pas osé en demander plus, sans d’abord faire toi-même quelque chose pour ton Dieu ! 

Si tu savais le don de Dieu, c’est l’affirmation de Jésus à la Samaritaine qui s’étonne que celui-ci lui adresse la parole pour un verre d’eau ! Il l’invite à voir au-delà des apparences ; il l’invite à s’ouvrir à un Autre, à celui qui peut tout donner, à celui qui est source vive. Il l’invite à la foi, révélant ainsi que nul ne peut approcher Dieu, si Dieu ne l’approche d’abord ; nul ne peut connaître Dieu en vérité, si Dieu ne se révèle à lui. Et lui, Jésus, est justement la Parole ultime de Dieu. Il est celui qui peut combler tous nos espoirs, toutes nos attentes. Il est celui qui nous ouvre à la vie, à la vraie vie. Petit à petit, il invite cette femme à croire qu’il est vraiment le Messie attendu. A son enseignement, la Samaritaine, mais aussi tous les habitants de son village, vont croire en Jésus. Ils vont croire d’abord sur la foi du témoignage de la femme ; ensuite, sur les paroles même du Christ : Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit, que nous croyons ; nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. Le don de Dieu réside en cela : c’est la rencontre personnelle avec lui qui rend possible la foi. Le témoignage des autres est important pour éveiller la foi, mais il est insuffisant. Il est nécessaire de fréquenter soi-même la source pour croire. Pourquoi tant de baptisés par tradition sont-ils finalement loin de l’Eglise et de toute pratique ? Parce qu’ils n’ont pas fait cette rencontre personnelle de celui qui les a reconnus comme ses fils ou ses filles. Parce qu’ils n’ont pas bu à la source de sa Parole. Le don de Dieu, le don de la foi est inépuisable ; sauf si l’homme ne s’en sert pas ! 

Si tu savais le don de Dieu. Jésus nous dit que Dieu lui-même nous apprend la foi. Il nous en fait don ! Redécouvrons la force de ce don de la foi ; il nous donne de croire que, dès maintenant, tout pécheur que nous sommes, nous sommes sauvés dans la mort/résurrection de Jésus. Accueillons ce don ; il fait jaillir en nous les sources vives de la foi. Seule une fréquentation personnelle du Christ et de son Evangile pourra apaiser notre soif de vie, notre soif d’amour, notre soif de Dieu. Approchons de son autel : Dieu se donne en nourriture pour notre vie. Connaissons le don Dieu et nous vivrons. Amen.


(Tableau de Philippe de CHAMPAIGNE, La Samaritaine, XVIIème siècle, Musée des Beaux Arts, Caen)

samedi 7 mars 2020

2ème dimanche de Carême A - 08 mars 2020

Dieu nous apprend la surprise.







Nous poursuivons notre chemin de Carême en compagnie d’Abram, de Pierre, Jacques, Jean et de Paul. Malgré le recul du temps, nous pouvons, à la lecture d’un bout de leur histoire, nous interroger sur ce qui les a motivés à changer quelque chose à leur manière de vivre. Quelle mouche les a piqués ? 

Oui, quelle mouche a bien pu piquer notre père Abram ? Voilà un paisible vieillard qui s’élance sur les routes du monde à la recherche d’un pays qu’un inconnu lui indique. Quelqu’un qu’il ne voit même pas, qu’il entend tout juste ! Ne serait-ce pas un effet de sa vieillesse que d’entendre des voix ? Abram quitte son pays, malgré son grand âge, malgré les dangers de la route. Il emmène les siens à l’aventure. Non qu’il ait le goût du risque : mais quelqu’un lui a parlé. Dieu lui a parlé. Il lui a fait une promesse et Abram y croit. Il a foi en la parole donnée ; il a foi en ce Dieu qui se révèle à lui dans sa vieillesse, à l’âge où d’autres n’aspirent qu’à une bonne retraite, qu’à un bon repos bien mérité. Cette parole ne promettait qu’une chose : la bénédiction de Dieu pour toujours à lui et à sa descendance. Telle est la promesse qui fait bouger Abram : Je te bénirai ! Je voudrai ton bien et je serai avec toi. Abram avait compris qu’en cette promesse se trouvait son avenir et celui d’une multitude. Abram avait compris que Dieu appelle l’homme au bonheur ; et si l’homme voulait être heureux, il lui fallait suivre ; il lui fallait se laisser surprendre par Dieu et son projet. Abram s’en alla, comme le Seigneur le lui avait dit, et Loth s’en alla avec lui. Quand on a fait une découverte comme celle d’Abram, on la partage, et on entraîne les autres sur le même chemin. Comment être heureux sans les autres ? 

Des siècles plus tard, quelle mouche a bien pu piquer Pierre, Jacques et Jean ? Il y a quelques jours, Jésus leur annonçait sa mort prochaine ; Pierre s’était vertement fait remettre à sa place, et pourtant, ils continuent encore de suivre ce chevelu de Galilée ! Pierre, Jacques et Jean ont sans doute fait, avec Jésus, la même expérience qu’Abram avait faite avec Dieu. Ils ont découvert en Jésus le Messie, le Fils de Dieu, celui qui vient rendre aux hommes leur joie et leur espérance. Ils ont compris, qu’avec Jésus, ils tenaient le bon bout. Ils ont compris que cet homme pouvait ouvrir aux hommes de nouveaux chemins, même s’ils ne sont pas encore prêts à le suivre partout. Il faudra la mort en croix et l’annonce de la résurrection pour que leur confiance en Dieu les pousse sur les routes dire aux hommes l’amour qu’il porte à chacun. L’épisode de la Transfiguration a dû leur réchauffer le cœur après l’annonce de la mort de Jésus. Pendant un trop court instant, ils ont vu, par avance, la gloire qui est sienne. Pendant un trop court instant, ils ont approché tout le mystère de ce Fils de Dieu qui s’entretient avec Moïse et Elie. Pendant un trop court instant, ils ont entendu la voix du Père confirmer leur intuition : ils ne se sont pas trompés sur Jésus. Ils n’ont sans doute pas encore compris par quel chemin il offrirait le pardon et le salut à l’humanité ; mais ils ont reçu la force, à travers cette vision, de bien interpréter les événements à venir. Ils ont eu un avant-goût de sa victoire et de sa gloire, mais Jésus leur donna cet ordre : Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. Ce qu’ils viennent de vivre, ils ne pourront le comprendre vraiment qu’après les événements douloureux qu’ils doivent vivre ! La surprise de Dieu passe quelquefois par des moments difficiles, par la nuit de la foi. C’est au bout du chemin que se trouve le Christ, victorieux de toutes nos peurs. Il faut le laisser aller son chemin ; il faudra le suivre sur ce chemin. Au bout, il y a la vie en plénitude. 

Quelques temps après, quelle mouche a bien pu piquer Paul ? N’était-il pas plus tranquille quand il pourchassait les chrétiens qui mettaient en danger la foi de ses ancêtres ? N’aurait-il pas mieux fait de se cacher lorsqu’il a décidé de suivre le Christ, pour vivre une foi tranquille ? Comment aurait-il pu ? Paul a découvert que, en Jésus, mort et ressuscité, Dieu offrait son salut à tous les hommes. Il a cette certitude chevillée au cœur : le salut n’est pas le fruit du hasard, ni le fruit de nos mérites : il est don gratuit de Dieu. Quelle surprise pour ce pharisien qui croyait que seule l’application scrupuleuse de la loi pouvait sauver ! Il a découvert, en Jésus, l’immense amour de Dieu pour chacune de ces créatures. Il a découvert que, malgré le péché qui marquait la vie des hommes, Dieu avait accordé son pardon et offrait sa vie à qui voulait bien reconnaître que Jésus a réalisé ce salut après l’avoir annoncé dans sa prédication. Oui, Dieu nous a sauvés, il nous a appelés à une vocation sainte. Voilà ce qui pousse Paul à accepter même la prison. 

Abram, Pierre, Jacques, Jean et Paul : des destins extraordinaires, peut-être ! Mais surtout des hommes qui ont su se laisser surprendre par Dieu ; des hommes qui se sont laissé déranger dans leurs convictions ; des hommes qui ont accepté de suivre Dieu sur ses chemins et qui n’ont pas cherché à faire suivre à Dieu leur chemin. Des hommes qui ont eu le courage de partir, voire de repartir à zéro pour vivre ce bonheur que Dieu propose à chacun de nous. A leur suite, nous pouvons marcher sur les chemins nouveaux que Dieu nous ouvre. A la suite du Christ, nous pouvons vaincre la mort et le péché. Il faut nous mettre en route ; il nous faut être ouvert aux appels de Dieu ! Il nous faut accepter de laisser Dieu nous surprendre encore ! Durant ce Carême, ayons le courage de partir, ayons le courage de tout risquer, sachant que nous avons déjà notre victoire, grâce au Christ, par pur amour, par pure grâce. Amen.

(Tableau d'Arcabas, Le messager)