Bienvenue sur ce blog !

Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 28 janvier 2017

04ème dimanche ordinaire A - 29 janvier 2017

La fierté de l'homme, c'est de connaître Dieu !





La question récurrente de l’enseignement religieux à l’école en Alsace Moselle ne cesse de m’interroger. J’ai souvent l’impression que les tenants de son abolition nous regardent comme des bêtes curieuses, des hommes et des femmes pas complètement finis, pas vraiment adultes. N’est-ce pas, ils ont encore besoin de Dieu dans leur vie ! Ce serait un défaut qu’il faudrait corriger urgemment, d’où ces attaques contre la présence de l’enseignement religieux dans le parcours scolaire. Moins on enseignera Dieu, moins ils y seront attachés et plus vite ils en seront libérés, délivrés… Les opposants à l’enseignement religieux à l’école voudraient donc notre bien, et surtout le bien de nos enfants. Ils auraient le souci de notre évolution, de notre maturité. N’est-ce pas beau ? 
 
Une lecture trop rapide de l’extrait de la première lettre de Paul aux Corinthiens entendu en seconde lecture pourrait leur donner raison. Quand il est lu trop vite, certains pourraient croire que Paul exalte la pauvreté, l’inintelligence et la faiblesse des gens qui composent la communauté croyante de Corinthe. Parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance... Au contraire, affirme Paul, ce qu’il y a de fou…, ce qu’il y a de faible…, ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi. Pour nos tenants modernes de la libre pensée, voilà bien qui justifie leur devoir de libération ! Même à Corinthe, du temps de Paul, les gens dit biens ne se mêlaient pas aux chrétiens. Pire, Dieu lui-même ne choisit que des faibles. Libérons-les donc de ce Dieu et ils seront forts comme nous. L’homme véritable, l’homme fort, l’homme debout n’a pas besoin de Dieu... pensent-ils !
 
Or ce n’est pas la pensée de Paul. Bien au contraire, Paul affirme que Dieu a choisi exprès les petits et les pauvres, il les a appelés pour couvrir de confusion les sages, pour couvrir de confusion ce qui est fort, pour réduire à rien ce qui est. Dieu a fait le choix des petits, des pauvres, des faibles, pour rappeler à l’homme qu’il n’est pas sa propre origine, qu’il n’est pas vraiment fort tant qu’il est sans Dieu ou loin de Dieu, qu’il n’est pas vraiment sage tant qu’il ignore Dieu, qu’il n’existe pas vraiment tant qu’il se drape dans la gloire qu’il se donne à lui-même. La fierté de l’homme, c’est de connaître Dieu ! La fierté de l’homme, c’est d’avoir été choisi par Dieu ! La fierté de l’homme, c’est d’avoir été appelé par Dieu ! Dès lors, l’homme peut connaître vraiment Dieu et découvrir en lui un Dieu qui marche avec l’homme, un Dieu qui veut la liberté pour l’homme, un Dieu qui veut le bonheur de l’homme, un Dieu qui veut la vie pour l’homme. L’homme n’aura rien de tout cela tant qu’il met son orgueil dans ses propres forces. L’homme n’existe pas vraiment tant qu’il reste auto-centré, ne voyant que son nombril, ses intérêts, son plaisir… 
 
A ceux qui veulent libérer les hommes de Dieu, le christianisme opposera toujours un Dieu qui s’est fait homme, et le dernier des hommes, pour que chacun, même le plus petit, même le plus méprisé, puisse trouver en lui une force nouvelle. La dernière place, Jésus l’a faite sienne pour toujours, en marchant vers sa croix. Et le fait que vingt siècles plus tard, des hommes cherchent toujours et encore à l’évacuer de l’espace public montre bien qu’il est pour toujours le plus méprisé des hommes. Pourtant, nous qui avons été appelés par lui, nous savons l’œuvre de libération qu’il a accompli pour tous les hommes. Nous qui avons été appelés par lui, nous savons qu’il a proclamé l’égalité de tous devant Dieu. Nous qui avons été appelés par lui, nous savons l’œuvre de fraternité à laquelle il nous invite chaque jour. Comment des esprits soi-disant éclairés peuvent-ils nous demander de renoncer à celui qui fait de nous des hommes libres, égaux et fraternels ? Comment peut-on demander à l’homme de renoncer à enseigner ce qu’il y a de meilleur pour que grandisse une humanité renouvelée en Jésus Christ, libérée de toute peur, fraternelle envers tous ? 
 
Nous avons peut-être l’air bête de suivre encore Jésus Christ ! Mais ils ont l’air fin, ceux qui nous demandent de renoncer à parler de celui qui ne veut que le meilleur pour l’homme, sa vie et son bonheur. Si nous renoncions, où l’homme trouverait-il sa joie ? Si nous renoncions, où l’homme trouverait-il sa vie ? Le vingtième siècle nous a montré la vanité des idéologies humaines qui voulaient construire un monde meilleur où l’homme seul serait Dieu ; elles se sont effondrées après avoir causé bien du mal à l’humanité, quelle que soit leur couleur politique. De Paul, apprenons à être fier dans le Seigneur : il nous a appelés pour construire un monde vraiment nouveau qui reçoit du Christ justice, sanctification, rédemption, aujourd’hui et toujours. Comme Paul, marchons à la suite de Jésus, annonçons-le à tous les hommes : que tous sachent qu’il est la vie et le salut de l’homme. Amen.


(Dessin de Mr Leiterer)

samedi 21 janvier 2017

03ème dimanche ordinaire A - 22 janvier 2017

La mission de Jésus.





Avec ce dimanche, nous découvrons Jésus qui inaugure sa mission au milieu des hommes. Il est grand maintenant ; il est sorti vainqueur des tentations du diable ; Jean le Baptiste a été arrêté ; c’est le moment pour Jésus d’entrer vraiment en scène. La version longue de l’évangile de ce dimanche nous montre d’emblée tous les aspects de la mission de Jésus. En quoi consiste-t-elle ? Pourquoi est-il venu ? 
 
Matthieu répond ainsi : Jésus commença à proclamer : ‘Convertissez-vous, car le royaume des cieux est tout proche.’ Jésus se situe donc dans la continuité de Jean le Baptiste. Il invite les hommes à la conversion pour qu’ils aient leur part à ce royaume des cieux qui vient. L’ancienne traduction liturgique distinguait le message de Jean le Baptiste et celui de Jésus. Au premier, elle faisait dire : Le royaume des cieux est tout proche ; au second, le royaume des cieux est là ! Nous comprenions ainsi qu’avec Jésus, nous faisions un pas de plus. Ce royaume attendu était déjà là, déjà accompli en Jésus. La nouvelle traduction, reprenant dans la bouche de Jésus le message de Jean, semble mettre davantage l’accent sur l’urgence de la conversion. Jésus est bien celui qui accomplit le royaume, mais sans conversion, les hommes ne peuvent s’en rendre compte ; sans conversion, les hommes ne peuvent y accéder ; sans conversion, ils pourraient même se méprendre sur la personne de Jésus. Faire reprendre par Jésus le message de Jean le Baptiste permet aussi de souligner que ce travail de conversion n’est pas achevé ; à chaque génération, les hommes auront à se convertir pour découvrir ce royaume des cieux tout proche d’eux. 
 
Mais l’appel à la conversion n’épuise pas la mission de Jésus. Matthieu poursuit son évangile avec l’appel des quatre premiers disciples : Simon et son frère André d’abord, puis Jacques et son frère Jean. A chaque fois, l’évangéliste note la promptitude de ces hommes à répondre à l’appel qui leur est adressé. Jésus appelle ; ils répondent. Pas de grande tergiversation. Pas de grande interrogation : te suivre, mais pour aller où ? pour combien de temps ? Rien de tout cela. Un appel et une mise à la suite de Jésus pour devenir pêcheurs d’hommes. Cet appel des disciples comme deuxième acte de la mission de Jésus renforce ce que nous disions de l’urgence et de la permanence de l’appel à la conversion. Les disciples, un jour, vont d’abord partager puis prolonger la mission de leur maître. L’Eglise poursuit ce travail, aujourd’hui encore, avec toujours le même message : Convertissez-vous ! A travers elle, c’est bien toujours le Christ qui s’adresse aux hommes, le Christ qui presse les hommes de s’ouvrir à son règne, de faire vivre son message. 
 
Le dernier aspect de la mission de Jésus souligné par Matthieu dans son évangile, ce sont les signes que Jésus pose. Jésus ne se contente pas de parler ; il agit aussi en faveur des hommes. Le dernier verset du passage entendu nous dit : Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Evangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple. On ne peut donc pas réduire Jésus à un beau parleur. Ce royaume qu’il annonce, il le réalise par les signes qu’il pose en faveur des hommes, en particulier ceux qui sont mis de côté parce que frappés de maladie, non conforme à l’idée qu’on se fait de quelqu’un de bien. Si untel est mal foutu, c’est forcément qu’il aura péché, lui ou ses parents ; Jésus aura à lutter contre de tels propos. En guérissant les malades, Jésus annonce qu’il est celui qui lutte – efficacement – contre le Mal qui ronge l’homme, le Mal qui divise les hommes. Il vient remettre de l’unité dans le genre humain, puisqu’en libérant des infirmités, il réintègre ces hommes et ses femmes dans la communauté humaine ; il vient combattre le Mal aux côtés des hommes pour qu’ils retrouvent leur liberté, celle que Dieu leur avait donné aux premiers jours de la création. En guérissant les malades, Jésus vient très concrètement ouvrir ce royaume des cieux à ceux qu’il relève. Sa prédication est comme vérifiée dans ces guérisons. 
 
Au terme de cette page d’évangile, nous pouvons comprendre que la mission de Jésus consiste en un triple appel : un appel à la conversion, un appel à le suivre, un appel à une vie libérée du Mal. Voilà pourquoi Jésus est venu dans le monde. Sachant tout cela, aurons-nous le même empressement que Simon, André, Jacques et Jean à suivre Jésus ? Aurons-nous le même désir que Matthieu d’être témoin de l’œuvre de Jésus auprès de nos contemporains afin que ce royaume des cieux s’ouvre aussi pour eux ? Aujourd’hui encore, les peuples qui marchent dans les ténèbres peuvent voir une grande lumière se lever. Aujourd’hui encore, notre monde peut changer, en mieux, à cause de Jésus. Amen.


(Gustave Doré, Jésus enseignant la foule, in La Bible, 230 illustrations de Gustave Doré avec des extraits du Nouveau et de l'Ancien Testament, SACELP, Paris, 1983)

samedi 14 janvier 2017

02ème dimanche ordinaire A - 15 Janvier 2017

Je fais de toi la lumière des nations.




Quel est le point commun entre le peuple d’Israël, le prophète Isaïe, Jean le Baptiste, Jésus Christ et nous ? Une même parole donnée par Dieu, un même destin : être la lumière des nations pour que le salut [de Dieu] parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. 
 
Etre la lumière des nations, c’est d’abord le rôle historique du peuple que Dieu a choisi et patiemment construit depuis Abraham. Israël n’est pas le peuple choisi par Dieu parce que celui-ci n’aurait pas d’intérêt pour les autres. Au contraire : c’est parce que Dieu se soucie de tous les peuples, c’est parce que tous les peuples ont de la valeur aux yeux de Dieu, que celui-ci se donne un peuple particulier pour vivre avec lui une alliance telle qu’elle donnerait envie aux autres peuples de vivre la même chose, et qu’ainsi les peuples divers s’uniraient dans la confession du même Dieu, dans le respect de la même Alliance, dans l’observance de l’unique parole de Dieu. Etre choisi par Dieu n’est pas du favoritisme, c’est une responsabilité : celle de faire connaître celui qui nous a appelé et mener les autres à lui. 
 
Etre la lumière des nations devient donc, en un temps précis, la mission du prophète Isaïe. Alors que le peuple de Dieu semble ne plus exister, décimé qu’il est par l’exil, voici que le prophète est chargé par Dieu de relever les tribus de Jacob, de ramener les rescapés d’Israël. Le temps de la miséricorde est venu, Dieu choisit à nouveau son peuple particulier et veut étendre son salut jusqu’aux extrémités de la terre. Le cœur de Dieu s’est dilaté ; le cœur de Dieu se révèle dans toute sa grandeur. Son salut est pour tous ceux qui le reconnaissent et viennent vers lui. Nous pouvons comprendre aisément, me semble-t-il, l’espoir qui renaît quand la nuit du péché touche à sa fin et que le salut du peuple, de tous les peuples, est annoncé ainsi. Dieu vient faire toutes choses nouvelles. 
 
Etre la lumière des nations est bien un aspect de la mission de Jean le Baptiste lorsqu’il se tient sur les bords du Jourdain et propose un baptême de conversion. Il est venu pour montrer aux hommes l’Agneau de Dieu, le Fils de Dieu. Certes, sa mission se situe bien à l’intérieur du peuple que Dieu s’est choisi. Il est venu baptiser dans l’eau pour que le Christ soit manifesté à Israël d’abord. Mais puisque la mission d’Israël est d’être déjà lumière des nations, si le Christ est révélé à ce peuple particulier, il le sera aussi aux autres, par extension de la mission. 
 
Etre la lumière des nations, c’est bien ce qu’a été Jésus durant toute sa vie et au-delà. En s’adressant à tous (y compris la Samaritaine), en guérissant des malades (y compris le serviteur d’un centurion romain), en donnant sa vie sur la croix, c’est bien à tous les hommes qu’il s’adresse, c’est bien tous les hommes qu’il embrasse de son amour. Jésus est celui qui a accompli parfaitement la prophétie confiée à Isaïe. Il a voulu unir tous les hommes en lui pour les réconcilier entre eux et avec Dieu. Il a fait de tous des frères leur rappelant qu’ils n’avaient tous qu’un même Père, le sien, le Dieu trois fois saint. Sa parole et ses actes éclairent d’un jour nouveau les rapports entre les hommes, les rapports entre les hommes et Dieu. Nous comprenons pourquoi, après la mort et la résurrection de Jésus, ses Apôtres n’ont pu se taire et garder pour eux cette Bonne Nouvelle. Nous comprenons pourquoi ils ont parcouru le monde entier pour faire connaître cette Bonne Nouvelle du salut. Comment, ayant découvert et expérimenté l’amour de Dieu pour les hommes dans leur propre vie, comment donc auraient-ils pu ne pas le faire découvrir à leur tour ? 
 
Etre la lumière des nations, c’est notre mission maintenant, à la suite des Apôtres, au titre de notre baptême. Expérimentant l’amour miséricordieux de Dieu pour nous, pauvres pécheurs, comment pourrions-nous le garder alors que notre monde est plongé à nouveau dans les ténèbres de la division, de la haine, de la destruction et de l’oppression ? Notre baptême nous oblige à des actes « politiques », en faveur de la cité, en faveur du bien des hommes, de tous les hommes. Nous ne pouvons pas nous recroqueviller sur nous-mêmes ; nous devons avoir pour tous les hommes, et particulièrement les plus petits, les plus faibles, le même amour, la même attention, le même empressement à servir que Jésus Christ. Lui qui n’a pas fait de différence entre les hommes doit nous inspirer une posture nouvelle, au nom de notre attachement à lui, une posture qui permette au plus grand nombre de vivre en paix, avec le minimum nécessaire. Nous ne pouvons pas nous contenter de regarder le monde et nous lamenter sur lui. Chrétiens, nous devons diffuser l’amour du Christ pour tous les hommes par une charité inventive et constructive. Au minimum, nous pouvons offrir un regard tendre et un cœur ouvert à ceux qui sont dans la détresse pour qu’ils découvrent qu’ils ont encore de la valeur, qu’ils sont encore de cette communauté humaine qui avance à tâtons quelquefois à la rencontre de son Dieu et Sauveur. 
 
L’homme peut manquer d’argent, mais il ne peut, il ne doit jamais manquer d’amour. Le salut commence par ceci : un geste, un regard d’amour et de tendresse. Parce que c’est le regard primordial que Dieu lui-même porte sur nous. C’est le regard par lequel nous manifesterons le mieux sa présence à tous les hommes. C’est le regard par lequel nous serons sauvés ! C’est le regard par lequel nous serons vraiment lumière des nations. Amen.

(Dessin de Mr Leiterer)

samedi 7 janvier 2017

Epiphanie - 08 janvier 2017

Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?




Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Voilà une question bien innocente, posée par des étrangers au roi Hérode. Ils ont vu une étoile se lever, annonçant la naissance de ce roi, et ils viennent naturellement au palais d’Hérode. Mais cette question simple a l’art de mettre en émoi tout le palais, et tout Jérusalem avec lui. Elle appelait une réponse simple a priori ; mais voilà, quand Dieu entre dans le monde, rien n’est jamais simple. 
 
Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? A cette question simple, Hérode ne sait répondre que par un bouleversement intérieur, l’ancienne traduction liturgique disait avec inquiétude. Et on le comprend ! Il sait bien qu’il n’a pas eu d’enfant récemment. Qui est ce roi dont parle ces étrangers ? Et que peut-il attendre d’Hérode ? Qu’il lui rende le trône ? Hérode ne peut être que fermé à cette question ; il ne veut pas l’entendre, et il ne veut pas trop en connaître la réponse, même s’il en fait chercher une par ses savants. Ce qu’il veut, l’histoire nous le dira, ce n’est pas tant entrer dans la démarche des mages que détruire ce roi nouveau-né, avant qu’il ne prenne trop d’importance. Pour lui, il n’y a qu’un roi des Juifs et c’est lui ! Il n’a pas vraiment l’intention de se prosterner devant ce nouveau-né. 
 
Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Les mages apporteront eux-mêmes une réponse à leur question lorsqu’ils entreront dans la crèche. Ils n’hésitent pas une seconde quand ils voient l’enfant avec Marie, sa mère ; tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Il y a là un grand mystère : des étrangers, qui ne connaissent pas le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, des étrangers qui ne sont pas du peuple de l’Alliance, voit un enfant dans les bras de sa mère, dans une pauvre demeure, et comprennent, instantanément, que c’est lui qu’ils ont cherché, lui dont ils ont vu l’étoile se lever. Qu’ont-ils de plus que les autres ? Qu’ont-ils de plus qu’Hérode et tous ses savants ? Ils ont juste un cœur ouvert à la nouveauté absolue que représente l’irruption de Dieu dans la vie des hommes. Là où d’autres n’auraient vu qu’un enfant comme tant d’autres, eux voient un roi. Là où Hérode voyait une menace, eux voient l’espérance d’un monde nouveau. Là où tant d’hommes et de femmes ne se sont pas laissés déranger, eux ont tout quittés pendant des semaines pour suivre une étoile. 
 
Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Cette question est pour nous aujourd’hui, car nous aussi devons répondre et nous positionner. Cherchons-nous notre salut dans notre travail, dans nos possessions, dans nos petits pouvoirs ? Ou acceptons-nous que notre salut nous soit offert par un autre, par cet enfant nouveau-né que Marie présente au monde ? Sommes-nous, comme les mages, émerveillés, réjouis d’une grande joie ? Ou sommes-nous, comme Hérode, remplis d’inquiétude ? Notre monde ne manque pas d’Hérode qui veulent faire mourir ce nouveau-né qui dérange trop. Pas de place pour lui dans l’espace public ; qu’il soit enfermé dans des espaces privés, là où personne ne le voit. Qu’on ne parle pas de lui en public, qu’on ne s’exprime pas à son sujet, ni en son nom en public. Gare au prosélytisme ! Evacuons la crèche, évacuons l’espérance qu’elle représente. Heureusement qu’il y a eu les mages jadis, comme il y a des mages aujourd’hui qui cherchent Dieu et son amour, et savent se réjouir des signes pauvres qui annoncent cette grande joie : l’homme est appelé à la vie par Dieu et Dieu s’engage en faveur de cette vie, Dieu s’engage en faveur du salut des hommes. La crèche, comme la croix d’ailleurs, dira pour toujours cette présence de Dieu à notre monde. La crèche, comme la croix, dira toujours l’amour de Dieu pour les hommes et son attention particulière aux petits. Remarquez la pédagogie de Dieu qui se révèle d’abord aux petits, à travers les bergers puis aux sages et aux savants, à travers ces mages venus de loin. Notre monde a plus que jamais besoin de chercheurs de Dieu, d’hommes et de femmes qui acceptent de se mettre en route, à la suite d’une étoile, à la suite de la lumière. En reconnaissant en Jésus celui qu’ils ont cherché, les mages nous indiquent où se trouve la vraie lumière, où se trouve le vrai sens de notre vie : en Jésus, et en lui seul.
 
Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Lorsque nous venons à la crèche, ne regardons pas d’abord un décor, une œuvre d’art, mais apprenons toujours à trouver là celui qui est notre vraie lumière, celui qui est venu donner espoir et vie aux hommes. Ce qu’il a fait jadis, il le refait toujours et encore pour nous. Son amour n’a pas de limite, sa présence au monde n’est pas pour un temps donné, elle est pour toujours, pour tous les peuples, pour tous les temps. Devant l’enfant de la crèche, reconnaissons Jésus, le Sauveur de tous les hommes. Et réjouissons-nous, comme les mages, de trouver en lui celui qui comble notre espoir. Amen.

(Giotto, L'adoration des mages, fresque de la Chapelle des Scrovegni, Padoue)

dimanche 1 janvier 2017

Sainte Marie, Mère de Dieu - 01er janvier 2017

Marie, compagne pour l'année nouvelle.




Marie retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Y a-t-il, spirituellement, meilleure compagne pour commencer une année nouvelle que la Vierge Marie ? Elle qui a dit « oui » à Dieu sans compter et sans rechigner nous est donnée comme exemple au premier jour de l’an neuf. Chaque nouvel an, l’Eglise fête Marie dans sa maternité divine et nous donne à entendre cet évangile de la visite des bergers à la crèche. 
 
La fête de Noël vient de nous rappeler avec faste que Marie était la Mère de Jésus. Mais de ce Jésus, nous disons qu’il est homme et Dieu. Ainsi Marie devient la Mère de Dieu, enfantant elle-même celui qui l’a appelée à la vie et qu’elle offre maintenant au monde. Commencer l’année avec elle, c’est commencer un chemin spirituel qui nous conduira à entrer dans la volonté de Dieu pour nous, sans compter, sans rechigner. Marie ne comprend sans doute pas tout ce qui arrive depuis qu’elle a mis au monde son fils premier-né, ni tout ce que les bergers ont bien pu lui raconter. Mais elle fait choix de ne rien ignorer de ce qui se passe, de ne rien oublier. L’évangéliste Luc dit sobrement qu’elle retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Rappelons ici, une fois de plus, que le cœur, pour l’homme de la Bible, c’est le lieu des grandes décisions. Je réfléchis avec mon cœur, lieu de mon intimité avec Dieu lui-même. Ainsi, toutes mes décisions sont marquées du sceau de Dieu. 
 
Ce que fait Marie, nous sommes invités à le faire pareillement. Nous sommes invités à accueillir le Christ dans notre vie ; nous sommes invités à nous réjouir avec Marie de cette naissance. Nous sommes pareillement invités par elle à garder au cœur le souvenir des merveilles de Dieu. Je conçois qu’il puisse y avoir quelques difficultés, dans un monde bouleversé, soumis à la violence aveugle, de reconnaître les merveilles de Dieu pour les hommes. D’autant plus que certains hommes se servent du nom de Dieu pour commettre le Mal. Malgré tout, apprenons de Marie à voir le bien que Dieu nous fait. Apprenons d’elle à ne désespérer ni de Dieu, ni des hommes. Souvenons-nous qu’elle a dû fuir en Egypte avec son nouveau-né parce qu’Hérode avait choisi de ne pas accueillir cette bonne nouvelle avec le même enthousiasme que les bergers qui se sont pressés à la crèche. Et pourtant, elle a fidèlement accompli ce que Dieu attendait d’elle. Si une future mère, jetée sur les routes par l’orgueil d’un prince qui veut connaître l’étendue de son pouvoir est capable de reconnaître les merveilles de Dieu, si une jeune femme sur le point d’accoucher, et pourtant rejetée de partout et obligée d’accoucher dans une étable est capable encore de voir l’œuvre de Dieu, comment pourrions-nous ne pas apprendre d’elle à voir Dieu à l’œuvre, même dans les jours sombres de notre histoire ? Peut-être est-ce justement un signe de Dieu que ce premier jour de l’année nouvelle, jour où l’Eglise célèbre la maternité de Marie, soit aussi la journée mondiale de la paix ! Quel plus beau signe de paix que celui d’une jeune femme qui devient Mère ? Quel plus beau geste d’espérance que celui qui consiste à donner la vie ? La paix ne commence-t-elle pas par-là, par la capacité de l’homme à refaire la vie, à semer l’espérance d’un monde meilleur dont les enfants sont le signe ? 
 
Peut-être pouvons-nous trouver un autre signe de Dieu dans cette tradition d’échanger des vœux en ce premier de l’an. Reconnaissons-le : les vœux que nous formulons à ceux qui nous sont proches, sont toujours des vœux positifs : santé, prospérité, paix, bonheur… Ne sont-ils pas l’expression verbale de notre désir secret d’un monde plus juste, plus humain ? Nous pouvons nous contenter de les formuler, laissant à Dieu ou à je ne sais qu’elle force, le pouvoir de les réaliser. Mais nous pouvons aussi formuler ces vœux et travailler à leur réalisation en étant, dans notre propre vie, porteur de paix, de bonheur, veillant sur les autres, attentifs au bien commun, refusant les compromissions pour ne nuire à personne. Dans ce choix de vie fondamental, Dieu est présent, son esprit est à l’œuvre ; et nos vœux deviennent alors des bénédictions à l’exemple de celle que nous avons entendue en première lecture. 
 
Avec Marie, Mère de Dieu, Mère de tous les hommes, entrons dans cette année nouvelle avec joie et espérance. Entrainons-nous à savoir lire les signes de la présence de Dieu. Entrons-y aussi avec la ferme résolution de tout faire au mieux pour le bien commun. Ainsi nous participerons à la construction de ce monde voulu par Dieu, monde de paix pour tous les hommes. Amen.

(Dessin de Monsieur Leiterer)