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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







dimanche 30 avril 2017

03ème dimanche de Pâques A - 30 avril 2017

Il s'agit de Jésus le Nazaréen.





           Il y aura mis le temps, mais au final, il a tout compris et il ne cesse de le proclamer depuis. Il, c’est Pierre bien entendu, celui qui avait renié, celui qui n’avait pas toujours compris ce que Jésus voulait dire. Et ce qu’il a compris, c’est qu’au final, dans toute cette histoire, celui qui compte, c’est Jésus le Nazaréen et lui seul. Tout le reste, c’est de la littérature. Tous les autres, Pierre compris, ne sont que des serviteurs de Jésus, des proclamateurs de son mystère. C’est donc bien toujours à lui, Jésus, qu’il faut revenir. En toute chose, en tout temps. 
 
            Dans la force de l’Esprit Saint reçu au jour de la Pentecôte, Pierre annonce Jésus, le Nazaréen, en n’ayant même pas peur de rappeler aux hommes qu’ils l’ont supprimé. Et il le fait sans haine ; c’est un fait, désormais historique, et les hommes devront l’assumer non comme une tache dans leur histoire, mais comme ce moment qui aura permis à Dieu de libérer toute sa puissance de vie en ressuscitant Jésus d’entre les morts. Puisque Dieu lui-même ne reproche pas aux hommes la mort de son Fils, puisque Dieu lui-même fait de ce Fils mort le chemin vers la vie éternelle pour tous les hommes, Pierre ne peut pas davantage condamner ses coreligionnaires ; il ne peut qu’encourager ses contemporains à croire en Jésus, il ne peut que leur annoncer le salut. Au jour de la Pentecôte, comme dans la lettre que nous entendons en seconde lecture, c’est bien vers Jésus qu’il tourne le cœur des hommes, ce Jésus grâce à qui nous pouvons croire en Dieu. 
 
            Ce qui me surprend, c’est que la liturgie met ces affirmations fortes de Pierre en rapport avec l’évangile des disciples d’Emmaüs. Pierre n’y apparaît qu’à la fin, comme témoin de la résurrection. Mais ce n’est pas lui qui guidé Cléophas et son compagnon de tristesse et de désespoir vers Jésus. C’est Jésus lui-même qui se révèle lentement et patiemment à eux, comme il l’a fait pour d’autres. Il le fait au moyen de deux éléments : le pain partagé qui sera déterminant pour ces deux hommes, et la parole partagée qui aura préparé leur cœur à cette reconnaissance. C’est comme si Jésus formait à distance Pierre et les autres disciples à qui cette histoire sera rapportée. Ils n’auront pas à prouver la résurrection, mais à l’annoncer. Ils n’auront pas à l’expliquer, mais à rappeler, dans toute l’Ecriture, ce qui le concernait. Car ce Jésus, si son histoire est récente pour Pierre et ses compagnons, est présent dans le projet de Dieu depuis le commencement du monde. Je pourrais longtemps désirer savoir ce que Jésus a dit à Cléophas et à l’autre disciple, en vain. Pourtant, en ouvrant les Ecritures à mon tour, en les relisant à la lumière de Pâques, je peux comprendre ce qu’il leur a dit, et je peux refaire le chemin d’Emmaüs. Je deviens alors ce second disciple qui n’a pas de nom, parce qu’il prendra alors mon nom. Ce deuxième disciple, c’est chaque homme, chaque femme, qui prendra le temps d’ouvrir les Ecritures pour y découvrir le projet d’amour de Dieu pour les hommes. Par la lecture amoureuse de la Parole, notre cœur deviendra brûlant en nous, brûlant de cet amour que Dieu communique, brûlant aussi du désir de connaître réellement celui qui y est ainsi annoncé. Et nous serons alors conduit naturellement à l’Eucharistie dans laquelle Jésus se donne encore et toujours aux hommes, dans le pain rompu et la coupe partagée. Ainsi, en chaque eucharistie, c’est bien la rencontre d’Emmaüs qui se rejoue ; en chaque eucharistie, c’est bien Jésus qui est remis au cœur brûlant de nos vies. En chaque eucharistie, il nous est redit ce qu’affirmait Pierre au jour de la Pentecôte : il s’agit de Jésus le Nazaréen. Vous pourrez triturer les Ecritures dans n’importe quel sens, c’est à Jésus que vous viendrez. Vous pouvez partager le pain en autant de morceau que vous voulez, c’est toujours Jésus qui sera révélé, présent, vivant au milieu de nous. Et lorsque vous croiserez un disciple de Jésus, vous le saurez authentique si c’est vers Jésus qu’il vous mène, et non vers lui. 
 
            Pierre avait donc tout dit, et il nous suffit de le répéter. Pierre avait tout dit, et nous devons le redire à notre tour : il s’agit de Jésus le Nazaréen, celui que Dieu a fait chemin de vie en le ressuscitant d’entre les morts. Le proclamer, à temps et à contretemps, c’est assurer le salut aux hommes de bonne volonté. C’est la seule mission de l’Eglise ; c’est la mission de tout baptisé. Il s’agit de Jésus le Nazaréen, et nous ne saurions le taire. Il s’agit de Jésus le Nazaréen, et il nous faut l’annoncer. Tout le reste, ce sera son œuvre à lui, Jésus, lorsque l’ayant découvert par notre annonce, le cœur des hommes sera prêt à le laisser agir. Oui, il s’agit de Jésus le Nazaréen, le même hier, aujourd’hui et dans les siècles des siècles. Amen.

samedi 22 avril 2017

02ème dimanche de Pâques A - 23 avril 2017

A la suite de Jésus, l'Eglise !






N’est-ce pas un beau jour, que ce dimanche qui, après une semaine passée à célébrer l’actualité de la résurrection, nous rassemble pour prolonger encore la joie de Pâques ? Et nous doublons cette joie en accueillant dans la communauté croyante, Rémi qui recevra dans un instant le baptême en cette chapelle du collège saint André. Au fond, c’est un seul et même mystère qui est célébré, puisque par le baptême, nous participons à la mort et à la résurrection de Jésus, et nous lui sommes configurés pour vivre pleinement de sa vie. Oui, aujourd’hui, c’est Pâques pour Rémi qui, avec le Christ, va passer la mort pour vivre de la vie éternelle. 
 
La liturgie de ce deuxième dimanche de Pâques nous propose alors quelques extraits significatifs de la Parole de Dieu pour nous parler de cette Eglise à laquelle nous appartenons : un portrait de la jeune communauté croyante, une réaffirmation de ce que Dieu réalise pour les hommes en Jésus, mort et ressuscité, et la figure de Thomas, l’apôtre à la suite duquel nous sommes invités à croire sur parole, sans preuve matérielle. A lire trop vite, on pourrait croire qu’il n’y a là qu’un idéal proposé, un rêve impossible à atteindre. N’est-ce pas, si les croyants partageaient tout comme ceux décrits dans la première lecture, cela se saurait ! Si les chrétiens laissaient vraiment le Ressuscité agir en eux, cela se verrait ! Du coup, les chrétiens eux-mêmes ont quelquefois honte de se dire chrétiens, quelquefois honte d’événements douloureux, passés ou récents, de l’histoire de l’Eglise. Ce n’est pas vraiment la fierté qui étouffera les chrétiens en ce vingt-et-unième siècle. Ils sont un peu comme ces Apôtres, au soir de Pâques, enfermés, repliés sur eux-mêmes. La foi, c’est privé, n’arrête-t-on pas de nous chanter sur tous les tons, plus particulièrement durant ces dernières semaines de campagne électorale. Sans oublier tous ces candidats qui, sous couvert de paix sociale et de liberté plus grande, se verraient bien faire un sort à la religion en générale, certains visant plus particulièrement les musulmans, tandis que d’autres professent un anticléricalisme d’un autre temps. Qu’avons-nous besoin de Dieu ? Qu’avons-nous besoin d’une Eglise pour éclairer nos consciences ? Il n’est pas simple de se dire croyant au milieu de notre monde occidental. Nous consentons à plaindre nos frères chrétiens d’Orient qui voudraient bien pouvoir proclamer leur foi librement mais ne le peuvent pas, alors que nous qui le pouvons, nous n’en avons pas toujours le désir ! Et nous oublions de vivre comme Dieu nous le demande ; et nous oublions de faire vivre l’Eglise qui ne peut plus être signe au milieu du monde. L’évangile de ce dimanche, en nous faisant méditer la figure de Thomas, nous montre bien qu’il n’a jamais été simple ou évident de se dire croyant. Les obstacles, de tous temps, ne manquaient pas, à commencer par notre propre peur. Mais en nous faisant méditer en même temps la vie de la première Eglise, elle nous dit aussi que cela est possible, que cela vaut la peine d’essayer.  
 
Aujourd’hui, ce n’est ni plus facile, ni plus difficile de croire en ce Ressuscité. Nous avons deux mille ans d’histoire, deux mille ans où des hommes et des femmes ont essayé de vivre de l’esprit du Ressuscité. Tout n’est pas rose dans cette histoire, mais tout est loin d’être noir. L’histoire de l’Eglise, c’est notre histoire parce que l’Eglise, c’est nous tous. Ce n’est pas que le pape et les évêques : c’est vous et moi. Et c’est ce qui fait la beauté de notre Eglise : tous ces visages différents qui la composent, ces hommes et ces femmes qui cherchent Dieu avec sincérité, ces hommes et ces femmes qui quelquefois doutent, et souvent se trompent. Nous sommes cette Eglise qui doute, cette Eglise qui hésite, cette Eglise qui se trompe ; mais nous sommes aussi cette Eglise qui est belle parce qu’elle cherche à devenir toujours plus évangélique, cette Eglise qui est belle parce qu’elle sert les petits et les pauvres à travers le monde, cette Eglise qui est belle parce qu’elle aime et veut partager cet amour avec tous les hommes. 
 
Tout à l’heure, nous allons redire notre foi devant Rémi ; il va nous écouter d’abord, puis il proclamera lui-même sa foi, la foi des chrétiens en Dieu Père, Fils et Esprit Saint, la foi de l’Eglise qui va l’accueillir comme un de ses fils. Lui et nous, nous redirons tous que cette Eglise est chemin vers le salut, route de bonheur à la rencontre de notre Dieu. Nous redirons que nous sommes cette Eglise. Alors, toi qui crois en Jésus mais qui a un peu de mal avec son Eglise, quand tu trouveras l’Eglise un peu rétrograde, en retard sur son temps, demande-toi ce que TU fais pour que son message d’amour soit plus actuel. Lorsque tu trouveras l’Eglise un peu frileuse sur des questions actuelles, demande-toi ce que TU fais pour la rendre plus courageuse, plus présente au monde de ce temps. Lorsque tu trouveras que l'Eglise est branlante, tout juste bonne à être démolie, rangée dans les curiosités de l’histoire, demande-toi ce que TU fais pour la rendre plus solide, plus belle. Lorsque tu trouveras que l’Eglise semble exclure, demande-toi ce que TU fais pour mieux accueillir l’étranger, pour mieux pardonner à celui qui t’a fait du mal. Lorsque tu trouveras que l’Eglise n’est pas parfaite, souviens-toi que tu ne l’es pas non plus, toi qui la composes et la fais vivre ! Mais souviens-toi aussi que tu portes en toi la force nécessaire pour faire de toi et de l’Eglise quelque chose qui ressemble au visage de notre Dieu, quelque chose qui permette à tout homme de vivre debout, en ressuscité, en homme libre. Une Eglise plus belle, un monde plus humain, c’est possible, si chacun de nous s’y met.  Les premiers Apôtres ont commencé ; il nous revient de poursuivre avec sincérité, humilité et détermination. AMEN.

vendredi 14 avril 2017

Nuit de Pâques - 15 avril 2017

Circulez, y'a rien à voir, mais tout à croire !






Nous l’avions pressenti hier, avec le prophète Isaïe : l’affaire Jésus ne pouvait pas s’achever aussi brutalement. Ce que Dieu avait annoncé (mon serviteur réussira), il l’a réalisé en Jésus. C’est ce que proclame la foi chrétienne. Jésus, le Fils unique du Père, né avant tous les siècles, est le premier ressuscité d’entre les morts. Et la longue suite de lectures que nous venons d’entendre nous a fait parcourir ces promesses de Dieu parvenues à leur achèvement en cette nuit. Cette résurrection n’est que le dernier acte d’une longue histoire d’amour entre Dieu et les hommes, histoire commencée dès la création du monde et poursuivie jusqu’à ce jour où nous sommes. En cette nuit, Jésus a vaincu la mort. 
 
Pourtant, reconnaissons-le, rien n’est moins cru parmi les hommes de notre temps. Même chez ceux qui ont reçu le baptême, et qui donc ont été unis au Christ Jésus, unis à sa mort et à sa résurrection, la foi en la résurrection cède quelquefois le pas à la croyance en la réincarnation au motif qu’il est plus facile de croire que ma vie n’est qu’une succession de vies en attendant le bonheur sans fin plutôt que de croire que ma vie a été rachetée à grand prix par Jésus sur la croix. Comprenez, moralement, c’est moins traumatisant que de devoir accepter qu’un innocent soit mort pour les coupables que nous sommes. Même si cet innocent est allé librement jusqu’au don ultime comme preuve de son amour. Ce qui manque à beaucoup de nos contemporains, c’est une preuve que cette histoire est bien vraie ! Or en matière de preuve, il n’y a que le vide ! 
 
Nous venons d’entendre l’évangile selon Matthieu. Nous avons suivi ces femmes qui se rendaient au tombeau à l’heure où le jour commençait à poindre. Elles sont allées regarder le sépulcre. Et qu’ont-elles vu ? Des gardes qui devinrent comme morts et l’ange du Seigneur descendu du ciel. Il leur annonce que Jésus n’est pas ici, car il est ressuscité comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait puis, vite, allez dire à ses disciples : ‘Il est ressuscité d’entre les morts’… Il les invite à voir du vide, et à circuler. Parce qu’il n’y a rien à voir, mais tout à croire ! Et c’est en circulant, en repartant vers les Apôtres, que Jésus vint à leur rencontre et les conforte dans la mission qu’elles ont reçu de l’ange : Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. Jésus, le Ressuscité, est avec ceux qui risquent une parole nouvelle ; il va à la rencontre de celles et ceux qui témoignent de lui, de celles et de ceux qui osent croire que l’impossible est devenu possible. La mort est morte, la vie a vaincu la mort. Et voici que la vie de ces femmes et de ces hommes va être bouleversé, profondément. Les Actes des Apôtres que nous lirons dès demain matin en témoignent à chaque ligne. 
 
En relisant la longue histoire sainte, nous avons relu notre histoire. De promesse en échec, de pardon en alliance nouvelle, nous avons compris que Dieu ne se résolvait pas à la mort du pécheur. Son amour est miséricordieux et toujours accueillant envers celui qui se tourne vers lui. La Semaine Sainte qui s’achève sur cette note joyeuse et inespérée nous a permis de revivre, avec Jésus, le cœur de notre foi. Ce soir, le Christ est ressuscité pour nous partager sa vie et non nous reprocher sa mort. Désormais, avec lui, vivons. De lui, témoignons. En lui, croyons. Et permettons à la foi de naître dans le cœur de tous les hommes par une vie à la hauteur de la vie de Dieu.  Les femmes n’avaient que le vide du tombeau et la parole de l’ange. Nous n’avons toujours que le tombeau vide et la parole de l’ange ; mais cette parole a été relayée fidèlement, à travers le temps et l’histoire, par des hommes et des femmes qui ont cru et vécu de cette foi ; ainsi elle est parvenue jusqu’à nous. Alors désormais, circulons, y’a rien à voir, y’a tout à croire, y’a tout à vivre. Amen.


(Dessin de Mr Leiterer)

jeudi 13 avril 2017

Vendredi Saint - 14 avril 2017

Mon serviteur réussira !






Depuis dimanche, les petits détails retiennent mon attention : ce furent d’abord l’ânesse et son ânon qui nous ont évangélisé dimanche ; hier au soir, c’est le repas même auquel Jésus nous a invité qui a retenu notre attention. En ce vendredi saint, le petit détail qui change tout, c’est le premier verset entendu du prophète Isaïe. Souvenez-vous… 
 
Mon Serviteur réussira, dit le Seigneur. Il montera, il s’élèvera, il sera exalté ! Cette affirmation de Dieu au prophète Isaïe, l’Eglise l’a toujours appliquée au Christ, au Christ mourant en croix. Elle est une première annonce de la résurrection au moment même où nous rappelons la mort de Jésus. La liturgie de ce jour si particulier semble nous dire, avant même que nous ne lisions la Passion, que l’histoire que nous venons de revivre ne saurait s’arrêter là, au seuil de la tombe. L’annonce prophétique est une promesse que Dieu va réaliser, c’est sûr ! 
 
Mais n’allons pas trop vite à la joie de Pâques. Pour l’heure, Jésus est mort et c’est bien à cause de nous qu’il est mort. Ô bien sûr, ni vous, ni moi n’étions là, le jour où Jésus fut crucifié. Nous n’avons pas crié avec la foule, nous n’avons pas fui avec les disciples, nous n’étions ni Judas qui trahit, ni Pierre qui renie, ni Pilate qui condamne. Pourtant, c’est bien à cause de nous, à cause des hommes, ceux de son époque, ceux des temps passés et ceux des temps à venir, que Jésus est mort. Mort à cause du péché des hommes. Mort à cause de notre capacité à faire le mal. Mort à cause de nos refus de Dieu. Mort à cause de l’amour que Dieu nous porte même lorsque nous vivons loin de lui. Mort parce que Dieu ne saurait se résoudre à voir mourir l’homme. Mort parce que, pour Dieu, l’homme est fait pour vivre. Et si l’homme préfère la mort, alors Dieu va affronter cette mort pour que l’homme puisse vivre ! 
 
C’est surprenant cette capacité qu’a Dieu de s’appuyer même sur nos erreurs et nos péchés, c’est à dire sur nos refus de Dieu, pour quand même réaliser son projet d’amour. C’est comme s’il nous disait : vous ne voulez pas m’écouter ? Qu’à cela ne tienne ! Je vous enverrai des prophètes, choisis au milieu de vous, pour vous dire ma parole. Vous ne voulez pas écouter les prophètes ? Qu’à cela ne tienne ! Je viendrai personnellement, en mon Fils, pour vous parler comme un Père parle à ses enfants, comme un Frère parle aux siens. Vous le rejetez ? Qu’à cela ne tienne ! S’il doit mourir pour que vous ouvriez les yeux, je l’accompagnerai. Je mourrai avec lui sur la croix. J’irai jusqu’au bout. Mais je prendrai avec moi votre péché, je me chargerai de votre mal, celui qui vous ronge de l’intérieur et vous empêche d’être vraiment libre. Je combattrai ce mal, et je vaincrai, parce que je suis Dieu ! Je vaincrai et vous croirez ! 
 
Oui, Jésus meurt parce qu’il est le seul Juste, le seul à être totalement et parfaitement Dieu tout en étant totalement et parfaitement homme. Jésus meurt, parce que Juste, il pouvait prendre sur lui le péché des hommes, péché qu’il n’a pas commis, qu’il n’a jamais commis, sûr que Dieu, son Père, ne laisserait pas commettre une nouvelle injustice. Et si aujourd’hui, les hommes semblent avoir gagné, si aujourd’hui le mal semble avoir triomphé, il ne faut pas que les ténèbres crient victoire trop vite. En Dieu, le Vivant, la mort n’est pas la fin. En Dieu, source infinie de vie, la mort n’est pas un obstacle, ni un frein à la vie. Tant que Dieu sera Vie, tant que Dieu sera amour, la mort ne saurait triompher définitivement. 
 
Aujourd’hui, c’est le jour de victoire de la mort. Aujourd’hui, le Mal semble avoir le dessus. Qu’il savoure ce moment ! Que ceux qui croient que Dieu est définitivement hors jeu parce que son Fils est au tombeau se hâtent de faire la fête. Car demain est un autre jour. Demain sera le jour de Dieu, et nous verrons bien comment se poursuivra cette histoire.  Et nous verrons bien si la vie est perdue. Acceptons aujourd’hui de garder le silence. Acceptons aujourd’hui de descendre à la tombe.  Acceptons aujourd’hui que Dieu soit mort. Mais gardons la foi, tenons ferme dans l’espérance. Celui qui est mort est celui qui a promis d’être avec nous, tous les jours, jusqu’à la fin, jusqu’à son retour. Attendons dans le silence le Maître de la Vie. Il va venir et nous vivrons. Et nous exulterons à notre tour. Oui le serviteur de Dieu réussira, il sera exalté, parce qu’en lui est la vie du monde ; en lui est notre avenir ! AMEN.


(Dessin de Mr Leiterer)

Jeudi Saint - 13 Avril 2017

Invités à un repas.







Les détails, tout est dans les détails, en cette semaine sainte. Dimanche, c’était l’ânesse et son ânon qui nous interpellaient ; aujourd’hui, c’est le repas auquel nous sommes invités qui doit faire sens pour nous. Car ce repas n’est pas n’importe quel repas. Il nous renvoie d’abord à ce fameux repas que nos frères ainés dans la foi avaient partagé au moment où Dieu venait les libérer. Souvenez-vous… 
 
Il y a longtemps, du temps où il avait décidé de libérer son peuple d’Egypte, Dieu invita les Juifs à un repas rapide, pris sur le pouce, la ceinture aux reins, le bâton à la main. Un repas vite fait : viandes rôties, pains non levés, herbes amères, pour marquer le début d’une ère nouvelle : le temps de la Pâque, le temps du passage de Dieu, le temps de la libération. Pressés de sortir de ce lieu d’esclavage qu’était l’Egypte, les Juifs n’avaient pas le temps de déployer porcelaine et cristal pour marquer ce grand jour. La libération se fera à la sauvette, et le repas de Dieu se réduira presque à un sandwich. Ils auront tout le temps de déployer les fastes lorsqu’ils célèbreront le souvenir de cette nuit, une fois libérés. Pour l’heure, il s’agit de se tenir prêt. Lorsque Dieu passera pour libérer son peuple, il faudra s’engouffrer dans cette brèche qu’il ouvrira, de peur que quelqu’un d’autre ne la referme. Il faudra être prêt à suivre le Libérateur. Il n’est plus temps de s’installer : Dieu attend déjà sur la route, au-dehors, au-devant…
 
Il en va de même pour nous ce soir. A table ! semble être le mot d’ordre de cette liturgie du Jeudi Saint. La raison profonde de notre présence, c’est bien l’appel du Christ à venir nous asseoir à sa table pour le repas d’adieu qu’il donne avant sa mort. Un de ces moments graves où il n’est plus temps de plaisanter. Saint Paul rappelle aux chrétiens de Corinthe le sérieux et les exigences de ce repas. Un repas simple et rapide (du pain et du vin) qui proclame la mort et la résurrection de Jésus dans l’attente de son retour dans la gloire. Un repas rapide qui nous interdit de nous installer, qui nous pousse à nous tourner vers nos frères, à l’image du Christ lavant les pieds de ses disciples. Ce geste de Jésus au soir du Jeudi Saint révèle le sens profond de la mort / résurrection de Jésus et de l’Eucharistie qui la commémore. Ce sens dévoilé, c’est le don de toute la vie pour le service des autres, pour le salut du monde. L’Eucharistie bien vécue est celle qui nous ouvre aux autres par le partage et le service. S’asseoir ensemble à la même table signifie bien porter le souci de tous ceux qui sont autour de nous et de ceux qui n’ont pu venir. La messe ne nous replie pas sur nous-mêmes, jamais. 
 
Ce repas que nous allons partager dans un instant est un repas rapide, un repas offert et non mérité. Ce n’est pas à cause de notre sainteté légendaire que nous sommes accueillis par le Christ, mais parce que le Christ a voulu que sa table soit ouverte à tous, surtout aux pécheurs. Il ne saurait y avoir d’exclus de la table de l’amour ! Les mets consommés (pain et vin devenus corps et sang du Christ) sont ceux-là mêmes qui nous donneront la force de vivre de la Bonne Nouvelle. Car il ne s’agit pas seulement de manger pour vivre ; il s’agit de manger pour agir ; il s’agit de manger pour témoigner. Témoigner que Dieu ouvre les bras à celles et ceux qui s’approchent de lui ; témoigner que l’homme est plus important que la loi et donc qu’aucune loi ne mérite qu’on lui sacrifie ne serait-ce qu’un homme ; témoigner que le pardon finit par vaincre toutes les violences ; témoigner que la miséricorde est la clé du bonheur ; témoigner que la grandeur de l’homme consiste à se courber pour être à la hauteur des petits, et que le service est l’unique façon d’être grand devant Dieu ; témoigner que Dieu ne demeure dans aucune église ni cathédrale, mais qu’il marche sur la terre des hommes ; témoigner enfin qu’il n’y a pas de pain ni de richesses qui ne doivent être partagés ! 
 
A ceux qui pensent que c’est là chose impossible à vivre, il faut rappeler que ce pain et ce vin offerts sont signes de la vie du Christ donnée, déchiquetée, écrasée afin d’éveiller la terre à un nouvel esprit.  Quand le Christ nous invite, en chaque eucharistie, à manger son corps et boire son sang, il nous invite d’abord à accueillir sa façon de vivre, à accueillir sa Bonne Nouvelle. Il nous nourrit de sa propre vie pour que nous soyons forts, pour que soyons des Christ à notre tour. En communiant, nous proclamons que sa mort n’a pas été inutile puisqu’aujourd’hui encore, sa vie se propage en nous et nous met en mouvement. Dans ce repas simple et rapide qui nous est toujours offert, laissons-nous configurer au Christ pour, comme saint Augustin aimait à le rappeler, devenir vraiment ce que nous recevons : le corps du Christ. Amen.

 
(Dessin de Mr Leiterer)

dimanche 9 avril 2017

Dimanche des Rameaux A - 09 avril 2017

Quand un âne nous apprend l'évangile !





            Chaque année, nous sommes invités à vivre la Semaine Sainte qui, du dimanche des Rameaux où nous sommes à la nuit de Pâques, nous fait vivre le cœur de la foi chrétienne ; nous accompagnons ainsi Jésus dans les derniers jours de sa vie terrestre. Cette semaine si intense porte pourtant en elle un risque pour nous : celui d’être suivie sans être vraiment vécue. En effet, aucune autre semaine ne comporte autant de célébrations fortes en symboles et en sens. Et pour peu que ce ne soit pas notre première Semaine Sainte, le souvenir des années passées peut nous rendre insensible à des petits détails que nous jugeons vite sans importance, et pourtant. Prenons Matthieu dont nous avons entendu l’entrée de Jésus à Jérusalem. Il est le seul à signaler que les disciples trouverons une ânesse attachée et son petit avec elle. Les autres évangélistes parlent juste d’un ânon, que personne n’avait encore monté. Et alors, me direz-vous ? Alors ? Ben sur lequel monte Jésus ? Il ne peut pas monter sur les deux quand même ! Pourquoi vouloir alors les deux ? Et pourquoi un âne ? Un cheval n’aurait-il pas été plus convenant pour le Messie ? En ce dimanche des Rameaux, laissons-nous donc évangéliser par un âne ! 
 
            Pourquoi un âne ? L’explication la plus communément admise tient au caractère de l’animal. Il va où il veut et c’est lui qui guide semble-t-il. En montant sur un âne, Jésus manifeste qu’il ne tient pas les rennes de sa vie. Sa vie, il l’a déjà remise à Dieu ; c’est lui qui conduit les événements. L’âne serait donc l’instrument de Dieu pour conduire son Fils là où Dieu le veut, au rythme que Dieu veut, au moment que Dieu veut. L’heure vient, et elle est proche, où le Fils de l’homme va être livré. Même la porte par laquelle il va entrer à Jérusalem, ce n’est pas lui qui la choisit. L’âne, avec Jésus monté dessus, va son chemin. Jésus, au moment où la foule l’acclame, est l’homme obéissant à Dieu, en toute chose. Il s’en remet à lui seul. Et c’est l’âne qui incarne cette obéissance ! De lui, apprenons à aller sur les routes où Dieu nous attend, au moment où Dieu nous attend, au rythme que Dieu attend. 
 
            Chez Matthieu donc, les disciples vont chercher une ânesse et un ânon que personne n’a encore monté. Mais on ne sait sur lequel Jésus est monté. Faisons donc pour lui le choix de l’ânon, conforme aux textes de Marc, de Luc et de Jean. Pourquoi l’ânon ? N’ayant été monté par personne, il symbolise la Nouvelle Alliance que Jésus va inaugurer dans son sacrifice sur la croix. Avec cet ânon, qu’il est le premier à monter, Jésus commence quelque chose de neuf. L’ânesse les accompagne ; elle symbolise la première alliance, non rejetée, mais dépassée désormais par celle que Jésus va établir. Il n’est pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir dans une nouvelle alliance. Et nous chrétiens, dépositaires de cette Nouvelle Alliance, nous ne pouvons pas faire abstraction de la Première Alliance : elle explique la nouvelle, permet de mieux la comprendre. Elle est cette ânesse qui a donné vie à son ânon ! Jésus ne pouvait donc monter que l’ânon, annonçant une nouvelle vie qui commence avec lui. C’est toujours une vie d’obéissance, de confiance en Dieu, mais avec des règles nouvelles. Jésus précisera ces règles lors de son dernier repas avec ses disciples. 
 
            Vous comprenez donc aussi pourquoi Jésus ne peut pas monter un cheval. Un cheval est fougueux, un cheval est symbole de la force guerrière. Or Jésus n’est pas un combattant militaire, il n’est pas un chevalier en armure qui va combattre l’ennemi pour le bouter hors de Palestine. Il est ce Fils obéissant qui marche vers sa mort pour entraîner les hommes sur les chemins d’une vie nouvelle. Les acclamations de la foule ne le feront pas changer d’avis. Elle a beau l’acclamer comme le Messie qui vient ; elle n’a pas encore compris quel type de Messie il est. Pourtant, tout est dit par l’ânon, tout est dit par cet équipage curieux, mais nouveau. 
 
            En ce dimanche des Rameaux, nous avons acclamé Jésus, le Fils de David ; nous avons suivi celui qui vient au nom du Seigneur ! Apprenons de ce que nous avons vu l’humilité de Jésus qui monte un ânon ; apprenons de cet ânon à nous laisser conduire, simplement, là où Dieu nous veut, pour notre vie et notre joie. Amen.      

(Dessin de Mr Leiterer)



samedi 1 avril 2017

05ème dimanche de Carême A - 02 avril 2017

Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter.





Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter. Cette parole de Dieu n’est pas donné par Jésus, mais par son prophète Ezéchiel. Celui-ci commence son ministère à un moment crucial de l’histoire d’Israël, un peu avant la prise de Jérusalem et la ruine du Temple. Autant dire que l’espérance est déjà morte ; les places fortes d’Israël sont tombées, une partie de la population déportée, une autre exilée. La situation du peuple est difficile, mais cette parole permet de retrouver un début d’espérance, elle laisse entrevoir un avenir malgré le présent sombre. 
 
Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter. Il faudra du temps encore avant que cette promesse ne soit réalisée. Presque cinq siècles ! Pour nous chrétiens, seul Jésus de Nazareth, Fils de Dieu fait homme, parviendra à la réaliser dans sa propre vie de manière définitive. Il indiquera la voie à tous les hommes qui cherchent un sens à leur vie, qui s’interrogent sur le pourquoi de la mort et qui veulent trouver une issue à cette énigme qui fait souffrir les hommes. Lorsque nous le rencontrons aujourd’hui, il pose un geste plus que prophétique ; il va révéler aux hommes que le projet d’amour de Dieu pour les hommes est bien un projet de vie ; il va révéler aux hommes la puissance de l’amour de Dieu pour nous ; il va révéler aux hommes que la mort ne fait pas partie de ce projet d’amour. Il fallait la mort de Lazare pour que cette « leçon » soit donnée aux hommes, d’où le retard de Jésus à l’appel de Marthe et Marie. Il fallait la mort de Lazare pour que les hommes comprennent aussi la compassion de Jésus pour tous ces hommes qui souffrent. La mort de son ami et la détresse des sœurs le touchent au plus profond ; Jésus fut pris d’émotion, il fut bouleversé… il se mit à pleurer. Dieu fait homme assume totalement l’aventure humaine ; Dieu fait homme partage les sentiments et les souffrances des hommes. Sa divinité n’en fait pas un surhomme ; sa divinité ne l’éloigne pas des hommes, bien au contraire. 
 
Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter. Cette annonce faite par Ezéchiel est donc assumée et réalisée par Jésus, d’abord pour son ami Lazare, ensuite pour que la foi des hommes soit éveillée, stimulée et enfin pour que la gloire de Dieu soit reconnue. Lazare, viens dehors ! Ces simples mots suffisent, avec la confiance de Marthe et de Marie en celui qu’elles reconnaissent comme le Christ. Et Lazare sort de son tombeau ! Jésus manifeste ainsi, à tous ceux qui connaissent les annonces prophétiques qu’il est bien celui que Dieu envoie. Les morts qui ressuscitent ne font-ils pas partie des signes de la présence du Messie au milieu des hommes ? Comment se fait-il que les hommes alors ne le reconnaissent pas tous quand ce signe se réalise ? Est-ce que, comme lors de la guérison de l’aveugle-né, il y aurait là une inversion des rôles ? Les morts sortent des tombeaux, mais les vivants semblent y être plongés et enfermés ! Bien sûr, Jean signale que beaucoup de Juifs, qui avaient vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui. Mais pour combien de temps ? N’oublions pas que Jésus marche vers Jérusalem, lieu de son procès, de sa condamnation et de sa mort ! 
 
Je vais ouvrir  vos tombeaux et je vous en ferai remonter. Cette prophétie d’Ezéchiel, accomplie par Jésus, veut aujourd’hui encore stimuler notre foi et relancer notre espérance. Jésus vient nous sortir de nos tombeaux, il vient nous ouvrir à la vie en plénitude, la vie qui ne finit pas. Ce qu’il fit pour Lazare n’est qu’une pâle copie de ce qu’il réalise en nous par notre baptême : il nous fait vivre pour toujours en Dieu. Ce n’est pas une promesse, c’est une réalité. Laissons-là nos bandelettes, laissons les suaires de nos doutes : Jésus éveille notre foi, Jésus réveille notre espérance, Jésus nous entraîne à la vie. Osons donc vivre, et vivre en grand, avec lui, pour toujours. Amen.       

(Dessin de Mr Leiterer)