Bienvenue sur ce blog !

Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







dimanche 31 janvier 2016

04ème dimanche ordinaire C - 31 Janvier 2016

Et si tout n'était qu'une question d'amour ?



Et si tout n'était qu'une histoire d'amour finalement ? Si tout ce que nous faisions, tout ce que nous célébrions n'était que cela : une histoire d'amour ? Serait-ce tellement grave ? Du tout, ce serait même la chose la plus merveilleuse qui soit. Parce qu'il n'y a rien de plus beau que l'amour ! Lorsque Paul écrit aux Corinthiens, n'est-ce pas cela qu'il vient leur dire lorsqu'il affirme : L'amour ne passera jamais ?
 
Qui n'a jamais entendu ce chant à l'amour que Paul nous livre et que nous avons entendu en seconde lecture ? C'est un des textes plébiscité pour la célébration des noces. Il nous donne de l'amour une vision absolue. Il ne manquera plus que saint Augustin pour affirmer après : Aime et fais ce que tu veux ! Paul a bien conscience que rien n'est plus grand que l'amour. Mais entendons-nous bien : cet amour dont il parle, c'est d'abord l'amour que Dieu nous porte. Seul l'amour de Dieu prend patience, rend service, ne jalouse pas, ne se vante pas, ne se gonfle pas d'orgueil, ne fait rien d'inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s'emporte pas, n'entretient pas de rancune, ne se réjouit pas de ce qui est injuste; seul l'amour de Dieu supporte tout, fait confiance en tout, espère tout, endure tout. Seul l'amour de Dieu pour nous ne passera jamais. Cela a un côté rassurant de se savoir aimé ainsi, parfaitement, gratuitement. C'est réconfortant même. Mais une fois que l'on a affirmé que l'amour de Dieu est tel pour nous, que faisons-nous de cela ? Ces paroles ne sont-elles qu'un beau texte de plus à méditer en temps difficile, pour se souvenir à quel point nous sommes aimés ? Paul ne veut-il parler que de l'amour de Dieu pour nous ? Que nenni : le début du texte entendu vient nous le rappeler. Ce qu'écrit Paul, ce n'est pas qu'un beau texte de plus ; c'est le chemin par excellence.
 
Voici donc que ce que nous pouvons entendre comme la description de l'amour de Dieu pour nous devient l'amour dont nous sommes appelés à aimer à notre tour. Paul va même plus loin en affirmant que toutes nos belles actions, tous nos sentiments les plus nobles ne sont rien s'il manque l'amour. Pire encore : l'homme n'est rien sans l'amour. S'il me manque l'amour, je ne suis rien. Ce n'est pas une façon de parler qu'il faudrait réinterpréter à la lumière de je ne sais quelle autre parole de Paul, voire du Christ lui-même. Non, c'est la stricte réalité : sans amour, l'homme n'est rien ; sans amour, tout ce qu'il fait ne sert à rien. Nous n'y échapperons pas, car Paul se situe bien dans la ligne de l'enseignement constant de Jésus. Faut-il rappeler ici que le seul commandement de Jésus, c'est bien aimez-vous les uns les autres ? Faut-il rappeler, selon la parole de Jésus lui-même, que c'est à l'amour que nous aurons les uns pour les autres que le monde saura que nous sommes les disciples de Jésus ? Peut-on dire mieux que le Christ, mieux que Paul, que l'amour n'est pas une option pour les jours où nous n'aurions pas autre chose à faire ?
 
Tout n'est qu'une question d'amour. Et l'amour doit toujours et encore rester premier. Avant d'apprendre des règles morales, il nous faut apprendre à aimer. Avant de vouloir défendre une certaine idée de la famille, il nous faut aimer. Avant de parler de Jésus, il nous faut aimer, comme lui. Parce qu'on ne comprend rien à l'art de vivre chrétien si l'on n'aime pas. On ne comprend rien à Jésus si l'on n'aime pas. On ne peut pas annoncer Jésus si l'on n'aime pas. Et il ne s'agit pas seulement d'aimer Dieu et Jésus ; il s'agit d'aimer le frère, celui que Dieu met sur notre route. Cela ne sert à rien d'aimer Jésus si je n'aime pas celui à qui je dois en parler. Cela ne sert à rien d'aimer Jésus, si tous ceux qu'il met sur ma route, m'indiffèrent.
 
L'amour ne passera jamais, écrit Paul. N'entendons pas ces mots comme : l'amour ne passera jamais par moi, ou encore comme : je ne digère pas l'amour, ça ne passe pas ! L'affirmation de Paul signifie bien que jamais l'amour ne cessera d'exister, jamais nous n'aurons fini d'aimer. Toute notre vie vient de l'amour, se passe dans l'amour et va vers l'amour. L'amour ne passera jamais parce que, selon la parole de l'évangéliste Jean, Dieu est amour. Dieu ne peut cesser d'exister ; Dieu ne peut cesser d'aimer ; Dieu ne peut cesser de nous inviter à aimer. L'idéal d'amour qui est en Dieu doit devenir notre idéal, peut devenir notre idéal, parce que Jésus, Fils de Dieu fait l'un de nous, nous a ouvert la voie à l'amour véritable. Ce qu'il a fait pour nous, il nous dit de le faire pour les autres. et déjà il le fait avec nous. Apprenons de Jésus à aimer d'un amour qui ne passera jamais. Amen.
 

dimanche 24 janvier 2016

03ème dimanche ordinaire C - 24 janvier 2016

Une parole pour notre temps.




Nul besoin d'être grand théologien pour comprendre, qu'en ce dimanche, notre attention est tournée vers la Parole de Dieu. L'Evangile, tout comme la première lecture, sans oublier le psaume, nous permettent une approche de cette Parole de Dieu qui doit devenir pour nous parole pour aujourd'hui.
 
Ne nous y trompons pas : lorsque le peuple se rassemble après le temps de l'exil, et que l'on apporte le livre de la Loi  pour en faire lecture, ce n'est pas dans le but de lire une ancienne parole, ni même de se souvenir d'un passé glorieux que l'on regretterait aujourd'hui. Ce qui est en jeu, c'est bien la réception pour aujourd'hui, d'une vieille parole certes, mais s'une parole qui peut encore, au temps où elle est lue, faire sens. certes, c'est un texte transmis par les générations passées, mais ce texte devient parole parce qu'il est reçu dans la foi. il faut lire le passage du livre de Néhémie en entier pour comprendre ce que cette proclamation a de singulier, de bouleversant même pour celles et ceux qui écoutent. Quelle communauté ne rêverait pas d'une pareille écoute, d'une pareille prise de conscience aujourd'hui ?
 
La démarche de l'évangéliste Luc n'est pas différente, des siècles plus tard. quand il se met à écrire son Evangile, ce n'est pas d'abord pour raconter une belle histoire, fut-elle l'histoire de Jésus. Il écrit pour conforter dans la foi son ami Théophile. Et il ne le fait pas à partir de rien. Il a recueilli avec précisions des informations concernant tout ce qui s'était passé depuis le début pour en faire un exposé suivi permettant à Théophile de comprendre la solidité des enseignements entendus. Ce qu'il écrit et transmet n'est pas un texte dicté par le ciel, mais le fruit d'un long travail d'écoute, de recherche et de transmission d'une expérience vécue, expérience qui fait sens dans la vie de ceux qui l'ont reçue. Cette histoire-là n'est pas une histoire à dormir debout ; ce n'est pas un conte pour enfant sage ; c'est une parole de vie, une parole qui construit, une parole qui fait grandir. Ce que Théophile a déjà entendu par d'autres, son ami Luc va le reprendre pour lui en démonter la pertinence, la richesse et la solidité.
 
Parole reçue à travers d'autres, elle va devenir la parole transmise par Luc, non pas à la manière d'un perroquet qui répète ce qu'il a entendu, mais à la manière d'un témoin qui s'est renseigné, a vérifié et est parvenu à la conclusion de la véracité de ce qu'il rapporte à son tour. Cette démarche en dit long sur ce qui devrait être notre démarche aujourd'hui lorsque nous voulons témoigner de notre foi. Nous n'avons pas a répéter des formules toutes faites, apprises par cœur, mais à faire la rencontre de quelqu'un que nous voulons ensuite présenter à d'autres. ce n'est pas une énième discours sur Jésus que Luc va rédiger, mais bien une présentation de Jésus lui-même. Son but, lorsqu'il livre son Evangile, c'est bien que le lecteur puisse faire une rencontre décisive : celle de Jésus, que Luc tient déjà pour son Maître et Seigneur. Ce que Luc veut faire, c'est transmettre une expérience de foi, une connaissance approfondie et documentée de Jésus, mort et ressuscité pour notre vie.
 
La liturgie, faisant l'impasse aujourd'hui sur les origines de Jésus que nous avons pu méditer durant le temps de Noël, ainsi que sur la figure de Jean le Baptiste que nous avons rencontré durant le temps de l'Avent, fait suivre les 4 premiers versets de l'Evangile par un enseignement de Jésus, chez lui, à Nazareth, le jour du sabbat. Et voyez comment Luc nous permet de comprendre que ce Jésus est important pour nous, que sa Parole est pour notre vie. Ce qu'il nous rapporte de Jésus, là à Nazareth, ce n'est pas une parole de Jésus sur lui. Jésus n'est pas un fanfaron qui n'aime parler que de lui, de ce qu'il va faire pour mettre fin à la crise, des recettes qu'il va mettre en œuvre avec plus de succès que ses opposants pour convaincre et vaincre. Non, ce que rapporte Luc, c'est ce que lit Jésus, au sujet d'un autre dont il dit qu'il agit en lui. Ce que dit Jésus, ce que fait Jésus, est digne d'intérêt pour nous, parce que ce n'est pas sa parole ni son action qu'il met en avant, mais bien la parole et l'œuvre de l'Esprit de Dieu en lui. C'est la docilité de Jésus à l'œuvre de l'Esprit Saint qui le rend digne d'intérêt pour nous. Cet homme n'est pas comme les autres qui parlent sans cesse de Dieu ; cet homme vit de Dieu ; cet homme vit en Dieu. C'est bien pour cela que les foules se déplaceront pour l'entendre ; c'est bien pour cela qu'aujourd'hui encore nous croyons en lui, nous l'écoutons et nous le suivons. Jésus nous dit à nous, comme il l'a dit jadis : Aujourd'hui s'accomplit ce passage de l'Ecriture que vous venez d'entendre. Et qu'a-t-il donné à entendre ? Tout simplement ceci : il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu'ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. En un mot, il dit aux hommes que quelqu'un porte le souci d'eux et qu'il est là pour le leur faire découvrir. Jésus ne roule pas pour lui, il roule pour Dieu ; il roule pour le peuple vers qui il est envoyé.
 
C'est pour cela que sa parole fait sens : parce que c'est une parole pour ceux qui l'entendent que ce soit hier à la synagogue de Nazareth ou que vous l'entendiez aujourd'hui. C'est une parole pour toute éternité, parce que pour toute éternité Dieu veut prendre soin de son peuple. C'est une parole pour toute éternité, parce que pour toute éternité Dieu veut sauver son peuple. Dieu veut te sauver et il vient aujourd'hui, par Jésus, te dire : je prends soin de toi, j'ai souci de toi. Si cela n'est pas une bonne nouvelle pour vous, ici et maintenant, si cela n'est pas une parole qui vous met en route, qui vous donne envie, je ne sais pas ce qu'il vous faut. Je n'ai qu'une certitude : cette parole est vraie, elle est signée de la vie même de Jésus, celui que Dieu a envoyé dans le monde. Veux-tu mieux le connaître ? Fais comme Théophile, prends l'Evangile selon le témoignage de Luc et lis. Amen. 

samedi 16 janvier 2016

02ème dimanche ordinaire C - 17 janvier 2016

Tout ce qu'il vous dira, faites-le !




Fermez les yeux, vous ne risquez rien ; les servants ne viendront pas vous détrousser. Fermez les yeux, je vous dirai quand viendra le moment de les ré-ouvrir. Oubliez un instant que nous sommes en 2016 et revenez en arrière. Imaginez-vous en l’an 30 de notre ère, sous le règne de l’empereur Tibère. Vous vivez dans la lointaine province de Palestine. Imaginez-vous soldat, paysan, marchand, citoyen romain ou juif vivant sous l’occupation. Qu’importe ! Maintenant, imaginez que vous soyez à un mariage. Tout se passe bien, jusqu’au moment où quelqu’un constate qu’il n’y a plus de vin. Rassurez-vous si c’est vous qui avez organisé le mariage : personne n’ira le crier sur les toits. Seuls les serviteurs sont au courant ; forcément ! Imaginez maintenant que vous soyez l’un de ces serviteurs justement. Vous connaissez le danger qui guette la fête et vous entendez une femme vous dire : Tout ce qu’il vous dira, faites-le ! Que décidez-vous ? Que faites-vous ? 
 
Première réaction possible : que nous veut-elle ? Qui est-elle pour nous commander ? Après tout, elle n’est qu’une invitée parmi d’autres ? Et d’abord, comment sait-elle ? Et qui est ce « il » dont elle parle ? Encore un invité ? Serait-il négociant en vin ? En ce cas, nous le servirons. Sinon, à quoi bon ? La fête est fichue ; ce sera la honte pour cette famille, pour ce jeune couple qui décidément commence mal sa vie. 
 
Seconde réaction possible : celle des serviteurs de l’histoire. Vous obéissez ; vous faites ce que cet homme, Jésus, vous dit. Vous puisez l’eau, vous en portez au maître du repas, sans doute un peu anxieux. Et vous vous étonnez lorsqu’il apprécie ce vin nouveau. Vous savez, vous, qu’à l’origine, ce n’est que de l’eau. Vous savez, vous, que c’est ce Jésus qui vous a dit d’en puiser et d’en remplir les jarres prévues pour la purification. Vous savez, mais ne pouvez expliquer ce qui s’est passé. Comment cela se fait-il ? 
 
Gardez les yeux fermés encore un instant et restez encore un instant bloqué au début de ce que nous appelons aujourd’hui l’ère chrétienne. A ce qui s’est passé, vous n’avez pas de réponse ; vous ne savez pas qui est vraiment Jésus ; vous ne connaissez pas sa puissance et sa relation particulière à Dieu qu’il appellera un jour son Père. Vous ne savez pas qu’il est venu lui-même purifier son peuple ; les vieilles jarres de la purification peuvent bien servir au vin désormais, elles n’auront plus d’autre utilité. Vous ne savez pas encore, bien que vous le deviniez peut-être déjà à partir de ce signe, qu’il est venu pour donner aux hommes la joie de Dieu, la joie qui ne finit pas, dont ce vin nouveau est le signe. Vous ne savez pas davantage que le vrai vin nouveau que Jésus vient offrir aux hommes, c’est son propre sang, versé pour la vie du monde. Vous savez juste ce qu’en dit Jean dans ce passage de son évangile. Jésus était un des invités à ce repas de noces où le vin a commencé à manquer. Vous savez que sa mère l’a interpelé ; qu’elle s’est fait remettre à sa place, mais qu’elle ne s’est pas démontée pour autant. Vous lui avez obéi et la fête s’est poursuivie longtemps. 
 
Maintenant ouvrez les yeux. Nous voici de retour en ce 17 janvier 2016. Ce premier signe de Jésus vient de nous être relu ; mais il est relu déjà à la lumière de Pâques. Nous savons que Jésus, ce n’est pas qu’un obscur invité parmi d’autres. Nous savons qu’il est le Fils bien-aimé du Père, en qui Dieu lui-même trouve sa joie. La fête du baptême du Seigneur, célébrée dimanche dernier, nous le rappelait. Nous savons beaucoup de chose, pour ne pas dire tout, de la vie et l’œuvre de Jésus. Nous connaissons sa prédication et son invitation à aimer comme lui nous aime. Mais entendons-nous encore Marie, sa Mère et notre mère, nous dire : Faites tout ce qu’il vous dira ? Avons-nous la disponibilité des serviteurs de jadis et leur confiance absolue ? Un jeune prêtre interrogeait en ces termes sur son blog : Si en entrant dans l’église, nous avions trouvé l’eau de nos bénitiers changée en vin, serions-nous repartis pour trouver ailleurs cette eau qui purifie et que nous cherchions, ou aurions-nous accueilli avec joie ce signe nouveau, cette invitation à ne pas nous enfermer dans nos rites et dans nos pratiques ? Sans doute aurions-nous pensé que le sacristain était tête en l’air ce matin, mais jamais nous n’aurions cru que Jésus était passé par là et que son désir de nous offrir une fête qui ne finit pas se manifestait ainsi. Nous mesurons ainsi ce qu’il faut de confiance, de courage, et peut-être même d’inconscience, pour obéir à cette parole : Tout ce qu’il vous dira, faites-le ! Aucune autre parole ne nous sera donnée ; aucune autre parole n’est utile à qui veut suivre le Christ ! Dans l’ordinaire de notre vie, c’est la seule consigne qui peut nous mener à la joie parfaite. Nous pouvons y donner suite parce qu’elle vient de Marie justement. Elle n’est pas n’importe qui ; elle est la mère de Jésus. Elle est cette femme qui, la première, a fait tout ce que Dieu attendait d’elle, depuis l’annonciation et jusqu’à la résurrection. Elle n’a jamais fait valoir ses droits de mère ; elle s’est toujours comprise elle-même comme le disciple de celui à qui elle a donné le jour. En nous invitant à l’obéissance, elle ne nous invite pas à la servilité, mais à la vraie liberté de celui qui sait en qui il met sa confiance. 
 
Ecoutons-la et suivons-le ! Tel semble être le mot d’ordre de ce dimanche. Ecoutons-la et suivons-le ! Il n’y a pas d’autre chemin pour parvenir à la vraie vie ; il n’y a pas d’autre chemin pour connaître la vraie joie ; il n’y a pas d’autre chemin pour être véritablement disciple. Tout ce qu’il vous dira, faites-le. Tout est là, tout est dit ; il nous reste maintenant à le vivre. Amen.

samedi 9 janvier 2016

Baptême du Seigneur - 10 janvier 2016

Dieu manifeste sa miséricorde en envoyant Jésus.




Le temps a passé ; l’enfant de la crèche a grandi. Qui s’en souvient ? Lorsque nous retrouvons Jésus, ce n’est pas une dizaine d’année qui nous sépare de sa naissance, mais sans doute trois ! La liturgie ne nous laisse guère le temps de nous attarder à la crèche. Ce Jésus, n’est pas venu pour rester couché dans une mangeoire ; il est venu sauver les hommes. 
 
Lorsque nous le retrouvons, Jésus a déjà été baptisé par Jean. Il s’est retiré pour prier Dieu. Et tout ce qui importe pour nous se joue là, dans ce moment d’intimité avec Dieu. En fait, tout n’est qu’intimité entre Jésus, l’Esprit Saint et la voix venant du ciel. Chez Luc, il n’y a pas de grand étonnement de Jean lorsque Jésus vient pour être baptisé ; la voix ne se manifeste pas devant tous, quand Jésus sort de l’eau. Non, tout cela se fait dans l’intimité de ce temps de prière : Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : ‘Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie’. Aucune invitation faite à tous pour l’écouter. Non, ce temps, cette révélation de Jésus à lui-même est un acte personnel, intime. Dieu, Père et Esprit Saint se manifeste au Fils, le manifestant ainsi à lui-même : toi, tu es mon Fils bien aimé.  Si Jésus avait pu avoir quelque doute quant à sa mission, parce qu’en grandissant le souvenir de sa naissance merveilleuse se serait estompé, voilà que le doute n’est plus permis. Non seulement Dieu l’appelle, mais Dieu encore le reconnaît comme son Fils, celui qu’il envoie dans le monde. 
 
C’est là, dans cette intimité, que se cache la miséricorde de Dieu. Dans le secret d’une vie, Dieu se manifeste, se révèle et révèle l’homme à lui-même. Désormais liés, Dieu et l’homme ne font plus qu’un, par une grâce venant de Dieu lui-même. Ce qui est vrai de Jésus, l’est de nous. Nous sommes, par notre baptême, révélés à nous-mêmes comme fils du Père, frère de Jésus, appelés à vivre sous l’impulsion de l’Esprit Saint, non pas à cause de la justice de nos propres actes, mais par sa miséricorde. Notre filiation divine est à l’initiative de Dieu ! Notre salut est à l’initiative de Dieu ! Dieu n’a pas attendu que nous soyons bons pour nous adopter ; Dieu n’a pas attendu que nous soyons saints pour nous sauver. S’il avait attendu, je crains fort que c’est nous qui attendrions encore notre adoption et notre salut ! En envoyant son Fils dans le monde au temps fixé par lui seul, indépendamment de la fidélité de l’homme à son Alliance, Dieu manifeste sa miséricorde et sa consolation au peuple de pécheurs que nous sommes, pour nous faire entrer, par sa seule volonté, dans sa vie marquée du sceau de l’éternité. Nous n’avons qu’à accueillir cette miséricorde et à en vivre désormais, en la partageant autour de nous. La miséricorde de Dieu en notre faveur n’est pas un don à garder pour nous, même si ce don est fait dans l’intime de notre vie ; au contraire, entraînés par la miséricorde que Dieu nous fait, nous avons à devenir des instruments de sa miséricorde afin qu’elle soit connue de tous, en tous lieux, en tous temps. Ce que nous avons obtenu par grâce, nous devons nous en montrer digne par notre vie. En ce jubilé de la miséricorde, il me semble bon de le rappeler. 
 
Puisque le salut nous est offert gratuitement par Dieu, puisque c’est la miséricorde de Dieu qui fait de nous ses fils, la liturgie a bien raison de nous faire prier ainsi au terme de notre célébration en ce jour de fête : Nourris de ton eucharistie et sûrs de ta bonté, nous te prions, Seigneur : accorde à ceux qui sauront écouter ton Fils unique de mériter le nom de Fils de Dieu, et de l’être vraiment. Ainsi notre désir de vivre avec Dieu rejoindra le désir de Dieu de nous sauver, et nous ne ferons plus qu’un avec lui, pour toute éternité. Amen. ^
 
(Dessin de Jean-Yves DECOTTIGNIES, in Mille dimanches et fêtes, Année C, éd. Les Presses d'Ile de France)

samedi 2 janvier 2016

Epiphanie - 03 janvier 2016

une fête avec un message simple : Dieu est pour tous les hommes !





J’aime l’Epiphanie. Savez-vous pourquoi ? Parce que tout est simple aujourd’hui. Il n’y a pas à se creuser la tête pour comprendre le sens de la fête. C’est un mystère immédiatement accessible. Tout est dit dans la prière que l’Eglise fait monter vers Dieu. 
 
Cela commence avec la prière d’ouverture de cette messe : Aujourd’hui, Seigneur, tu as révélé ton Fils unique aux nations, grâce à l’étoile qui les guidait. On pouvait difficilement faire plus simple. En une phrase, nous apprenons que tous les peuples sont concernés par Jésus et que ces mêmes peuples sont attirés vers lui : une étoile les guidait. La foi ne tombe pas du ciel ; elle est le résultat d’un double désir : le désir de Dieu de se faire connaître aux hommes, et le désir des hommes de se mettre en route, à la suite d’un signe. Ce signe peut être très variable : un échange avec quelqu’un, une lecture, une rencontre, une étoile dans le ciel… Qu’importe, mais quelque chose, un jour, met l’homme en route, à la recherche de Dieu. Cette mise en route est une première étape nécessaire. Elle sera renforcée par l’écoute des Ecritures. Les mages, passant chez Hérode, se font préciser le lieu probable de la naissance à partir des Ecritures : les grands prêtres et les scribes répondirent : A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. Nous ne pourrons jamais faire l’économie de l’Ecriture, même et surtout quand elle n’est pas à l’origine de notre mise en route. Elle vérifiera notre désir et le renforcera. 
 
La liturgie continuera d’éclairer le sens de la fête avec la préface, en particulier. Nous entendrons aujourd’hui celle tirée du Missel des Messes de la Vierge Marie, plus précisément celle de la messe à Marie à l’Epiphanie du Seigneur. Elle est de toute beauté : Quand ton humble servante, le Vierge Marie, portait dans ses bras Jésus, son enfant, tu as attiré tous les peuples à la foi de l’Evangile : prémices de l’Eglise venue d’Israël, les bergers de Bethléem, enveloppés de ta clarté et avertis en songe par la voix des anges, reconnaissent dans cet enfant le Christ Sauveur. Premiers représentants de l’Eglise issue des nations, les mages venus d’Orient, poussés par ta grâce et guidés par l’étoile, entrent dans une pauvre maison et, dans l’enfant qu’ils trouvent avec Marie sa Mère, ils adorent leur Dieu, acclament leur Roi et reconnaissent leur Rédempteur. Nous comprenons l’unité du temps de Noël : Noël et l’Epiphanie, c’est une même fête au point que nous pouvons dire, avec nos frères orthodoxes : c’est aujourd’hui Noël. Les bergers et les mages sont chacun les représentants d’une partie des peuples de la terre qui s’unissent dans l’Eglise : Israël pour les bergers, les autres peuples pour les mages. Et les gens venus d’Israël comme les gens venus des nations lointaines, viennent reconnaître en l’Enfant celui qui les sauve. Nous comprenons pourquoi l’oraison de cette fête commençait, comme celle de Noël, par aujourd’hui : c’est une même réalité qui est célébrée et qui, si elle a eu lieu jadis, reste valable pour nous. Nous ne sommes pas dans le souvenir, mais dans l’actualisation, dans la commémoration de ce mystère unique d’un Dieu qui se révèle à tous les hommes, donc à nous aujourd’hui. Dieu ne s’est pas seulement révélé autrefois, à ceux qui avaient la chance de vivre alors ; il se révèle toujours et encore aux hommes, à tous les hommes, sans distinction d’origine, de culture, de religion. Dieu se révèle à tous, à travers le temps et l’histoire, parce qu’il veut faire de tous les peuples un seul corps, en son Fils Jésus. C’est bien ce qu’annonçait Paul aux Ephésiens : ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile. Et c’est bien par la grâce de Dieu que cela est possible. Ce ne sont pas les hommes qui ont décidés cela ; c’est Dieu qui a choisi de faire aux hommes le cadeau de cette unité, le cadeau de cette fraternité en Jésus. Pour reprendre un discours contemporain, il n’y a pas à chercher dans une loi les valeurs qui unissent les hommes ; elles sont données par Dieu, n’en déplaise aux laïcistes de tous bords. Personne ne peut donc s’appuyer sur Dieu pour justifier ce qui sépare les hommes, ni pour mettre en place des lois qui créent des sous-catégories parmi les hommes. Encore une fois, le message de Dieu est simple : Dieu veut tous les hommes unis en Jésus Christ ! Dieu est pour tous les hommes ! 
 
C’est la bénédiction solennelle qui achèvera de préciser en quoi cette fête nous concerne et ce qu’elle nous apporte. Elle le fera en trois points. Premièrement, puisque par la révélation de Jésus à tous les hommes, nous sommes entrés dans la lumière de Dieu, cette fête nous obtient un surcroît de foi, d’espérance et de charité. Et la bénédiction demandera à Dieu de les faire grandir encore et surtout de leur permettre de donner leurs fruits. Si tous les peuples de la terre sont concernés par la révélation de Dieu, je ne peux plus me contenter de mon cercle étroit de relations. Ma charité surtout doit prendre en compte tous les hommes de la terre que Dieu appelle. Je ne peux donc rester indifférent à la misère des hommes. Deuxièmement, puisque le Christ est la lumière qui dissipe les ténèbres, nous sommes invités à marcher à sa suite et surtout à être lumière pour guider les frères sur leurs chemins. Je ne peux me taire, ni cacher cette révélation de Dieu à tous les hommes. Croyants au Christ, nous avons à témoigner de lui devant tous les hommes pour qu’eux aussi parviennent à la lumière, à la connaissance du Christ. Troisièmement, puisque notre marche est orientée vers le Royaume, nous avons la certitude de voir un jour celui que les mages ont cherché et trouvé. Nous verrons nous aussi le Christ face à face et nous vivrons dans sa lumière pour toute éternité. Si cette fête nous rappelle le projet de Dieu d’être connu de tout homme, elle nous rappelle aussi notre destinée : nous sommes faits pour vivre avec Dieu et le contempler face à face dans son Royaume. Sans doute est-ce là cet autre chemin qu’il nous faudra prendre pour rentrer chez nous : non plus le chemin des hommes, mais le chemin qui mène à Dieu pour toujours. 
 
Dans cette attente, vivons notre foi, ouverts à tous les hommes et proclamons sans fin que Dieu est Dieu pour tous, qu’il est venu en Jésus pour tous et qu’il nous attend tous, unis dans son Royaume d’amour et de paix. Ne compliquons pas une fête au message si simple, mais si riche de sens. Amen.
 
(Dessin extrait de la revue L'image de notre paroisse n° 205, janvier 2004, éd. Marguerite)