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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







vendredi 27 juin 2014

Fêtes des Apôtres Pierre & Paul - 29 juin 2014

Des hommes différents au service d'une même foi.




Qui a eu cette idée folle de réunir en une même célébration deux Apôtres aussi dissemblables que Pierre et Paul ? Avouez que c’est une chose surprenante ; c’est comme une alliance entre l’eau et le feu, entre l’impétuosité et la raison pure. Deux personnalités différentes, voire opposées si ce n’est en ce qui concerne leur amour du Christ. C’est lui qui fait leur unité, c’est lui qui fait leur force. 
 
Commençons par Pierre. Pour le définir, il faudrait relever sa propension à parler trop vite, à réfléchir trop peu. Cela lui vaut de se faire traiter de satan par Jésus lui-même, lorsqu’ayant annoncé sa mort prochaine, Pierre l’assure que lui vivant, cela n’arrivera pas ! Cela lui vaut de renier Jésus, trois fois, alors qu’il s’était engagé à ne pas abandonner son Maître ! Mais il est aussi l’homme de la confiance, qui sur une parole de Jésus, remet ses filets à l’eau au petit matin après une pèche infructueuse. Il reste l’homme de la confiance, après son reniement, lorsque croisant le regard de Jésus que l’on emmène, il se met à pleurer amèrement.  Sans doute est-ce pour cela qu’il s’est vu établir comme gardien de cette Eglise que Jésus lui confie. 
 
Paul est plus réfléchi que Pierre, assurément. Il l’a toujours été. Avant sa conversion, sa réflexion l’avait amené à comprendre le danger que pouvait représenter cette communauté atypique qui ne cessait de proclamer que Jésus était vivant alors même que les chefs des prêtres l’avaient fait condamner à la croix. Après sa conversion, il sera tout aussi réfléchi quand il expliquera en quoi la résurrection du Christ et la proclamation de sa résurrection sont non seulement une grande joie, mais aussi une grande chance pour Israël d’abord, pour tous les hommes, sans distinction de race, de religion ou de culture après. Il explique la foi chrétienne avec tant d’assurance et tant de clarté que l’on comprend son titre d’Apôtre alors même qu’il n’a pas connu Jésus de son vivant et n’a donc pas entendu son enseignement. Tout ce qu’il sait de Jésus, c’est ce qu’il en a entendu dire. Mesurez-vous quelle intelligence il faut pour passer de on dit à une certitude absolue qui rend capable de fixer les choses de la foi dans un discours cohérent ? 
 
Ces deux saints si différents sont animés par un même amour du Christ. Pierre serait l’Obélix de la foi chrétienne : il est tombé dedans quand Jésus l’a appelé ; son impétuosité a fait le reste ; il a suivi Jésus, assumant ses paroles hâtives, ses gestes guère plus réfléchis (c’est lui qui tranche l’oreille d’un serviteur au moment de l’arrestation de Jésus, comme s’il pouvait ainsi tout arrêter !). Paul a appris à passer de la haine du Christ qui lui fait pourchasser les adeptes de cette doctrine nouvelle à l’amour total et inconditionnel, cet amour qui lui fait braver tous les dangers qui se dressent sur sa route dès lors qu’il part évangéliser. Oui, Pierre et Paul aiment tous deux profondément et sincèrement le Christ, même si leur rapport au divin Maître est différent. C’est certainement la préface que nous entendrons tout à l’heure qui souligne le mieux à la fois ce qui oppose ces deux-là et celui qui les rapproche au point que l’Eglise les célèbre ensemble en ce jour. Tu nous donnes de fêter en ce jour les deux Apôtres Pierre et Paul : celui qui fut le premier à confesser la foi, et celui qui l’a mise en lumière ; Pierre qui constitua l’Eglise en s’adressant d’abord aux fils d’Israël, et Paul qui fit connaître aux nations l’évangile du salut ; l’un et l’autre ont travaillé, chacun selon sa grâce, à rassembler l’unique famille du Christ… La prière de l’Eglise ne nie pas les difficultés qui ont pu surgir entre ces deux. Vous pouvez entendre en arrière fond de cette préface les passages difficiles des Actes des Apôtres qui auraient pu conduire à la rupture au sein de la communauté chrétienne lorsque Paul a commencé à se tourner vers les païens sans leur demander de devenir fils d’Abraham par la circoncision. Il a fallu toute la sagesse des Apôtres et la force de l’Esprit Saint pour arriver à un compromis permettant à tous de se reconnaître d’une même Eglise et de travailler ensemble, chacun selon son charisme, à faire connaître l’Evangile du salut.
 
Pierre et Paul ont eu des chemins différents, mais un même amour et un même destin : chacun a donné sa vie pour le Christ. Si l’Eglise les célèbre ensemble, c’est peut-être pour nous faire comprendre qu’aujourd’hui encore l’évangile doit être adressé ad intra comme le fait Pierre ( qui se tourne vers ceux qui croient déjà et qui sans cesse doivent manifester leur fidélité au Christ)  et ad extra comme le fera Paul (qui va vers ceux qui ne connaissent pas encore Jésus et qui ont soif de sa Parole de vie). Peut-être veut-elle aussi nous faire comprendre que l’Eglise a besoin de gens impétueux comme Pierre et de gens réfléchis comme Paul. Si ces deux-là ont pu s’entendre et trouver leur mission, alors chacun peut trouver sa place et sa mission dans la communauté croyante. 
 
En ce jour où nous vénérons ensemble Pierre et Paul, demandons au Seigneur la grâce d’une fidélité parfaite à leur enseignement : ainsi nous pourrons poursuivre l’annonce du Christ à tous les hommes et faire vivre cette Eglise dont ils sont les promoteurs et les hérauts. Amen.  

(Icône des Saints Pierre et Paul)

samedi 21 juin 2014

Fête du corps et du Sang du Christ - 22 juin 2014

Nous sommes le Corps du Christ.




Bonne fête à chacun et à chacune ! Je ne trouve pas de meilleur moyen de commencer à parler de la fête du Corps et du Sang du Christ qu’en vous souhaitant à chacun une bonne fête. Ce souhait m’est inspiré par Paul dans sa première lettre aux Corinthiens dont nous avons entendu un extrait en seconde lecture. Ecoutez bien ce qu’il nous dit : Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain. Nous sommes un seul corps, nous dit-il parce que nous avons part au même pain ; et ce pain, c’est le Christ !
 
C’est saint Jean, dans son Evangile, qui nous permet de comprendre cet audacieux rapprochement entre le pain et le Christ. Jésus lui-même n’invite-t-il pas ses auditeurs  à manger son corps et boire son sang pour avoir la vie ? Il faut nous souvenir ici qu’en saint Jean, il n’y a pas d’institution de l’Eucharistie rapportée comme chez les trois autres évangélistes. Saint Jean nous livre en lieu et place ce discours de Jésus sur la Pain de Vie. Il permet au Christ de faire comprendre à ses auditeurs qu’il est la source de la vie véritable et qu’il est indispensable de croire en lui pour avoir accès à cette vie, comme le pain peut être indispensable à notre survie. Il faut véritablement communier au Christ, boire ses paroles pour les faire nôtre et pouvoir ainsi vivre d’elles. Il fait comprendre ainsi ce qu’avait déjà transmis Moïse à son peuple jadis : l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. Jésus est bien celui qui vient de Dieu et qui nous transmet tout ce que Dieu veut nous faire savoir.
 
Fidèle à sa mission, l’Eglise ne cesse de nous communiquer les dons de Dieu, en particulier le don de l’Eucharistie, en conformité avec la demande du Christ : Faites cela en mémoire de moi. Nous pouvons ainsi communier au Christ, ne faire plus qu’un avec lui, et avoir accès par lui, à la vie éternelle. Y a-t-il meilleure raison que celle-là de vouloir suivre le Christ : avoir part avec lui à cette vie qu’il a inaugurée pour nous dans sa Pâque ? Comment se fait-il alors que nous soyons de moins en moins nombreux, en Occident en tous les cas, à prendre part à ce rassemblement auquel Dieu lui-même nous invite ? Comment se fait-il que nous honorions de moins en moins l’invitation à partager la table où Dieu lui-même nous sert ? Avons-nous un pain plus puissant que le Christ ? Avons-nous un pain plus nourrissant que le Christ ? Ou pensons-nous obtenir la vie éternelle par des crèmes, des soins, de nouveaux miracles de la médecine ? Retrouvons le sens des  réalités ; retrouvons le sens de la foi. Dieu seul sauve ; le Christ seul nous donne sa vie pour que nous puissions vivre éternellement en Dieu, avec Dieu et pour Dieu. Et l’Eucharistie est le lieu où nous recevons le pain de la vie, le lieu où nous communions au corps du Christ, à la vie du Christ. Tout est là, tout est offert, tout est à prendre. Il faut juste venir et croire. 
 
Puissions-nous comprendre toujours mieux ce repas auquel nous sommes invités chaque dimanche ! Puissions-nous garder le goût d’y participer et donner aux autres le goût d’y revenir. Ainsi nous serons toujours plus le Corps du Christ, livré au monde pour son salut. Amen.  
 
(Dessin de Jean-François KIEFFER, in Mille images d'Eglise, éd. Les Presses d'Ile de France)

vendredi 13 juin 2014

Très Sainte Trinité - 15 juin 2014

Pourquoi célébrer la Trinité ?




Pourquoi nous compliquer la vie et la foi avec cette fête de la Trinité ? Car enfin, n’avons-nous pas assez de fêtes au calendrier ? Nous sortons à peine d’une longue période festive (le temps pascal) ; pourquoi célébrer un mystère si difficile à expliquer ? J’y vois trois raisons. 
 
Première raison : la Trinité est une fête proprement chrétienne. Ce n’est ni une fête juive, ni une ancienne fête païenne christianisée. C’est une vraie fête de notre foi. Et elle dit le plus grand mystère de notre foi : un Dieu unique en trois personnes. Non pas trois dieux qui n’en feraient qu’un, mais un Dieu unique qui se révèle à nous comme relation d’amour entre un Père et son Fils dans l’unité de l’Esprit Saint. Le Dieu de Jésus Christ, le Dieu auquel nous croyons, est d’abord Dieu d’Alliance, Dieu qui entre en relation. Parce qu’il est amour. L’amour ne naît pas de la solitude ! Dieu est nécessairement trinitaire parce qu’il est Amour et source de tout amour. Cela ne s’explique pas ; cela se vit dans une communion vraie à Dieu. Nous ne pouvons pas comprendre la Trinité si nous ne voulons pas entrer en relation avec Dieu, si nous préférons que Dieu reste hors de notre vie. 
 
Deuxième raison de célébrer la Trinité  aujourd’hui : cette fête nous parle de Dieu. Certes, ce n’est pas la seule. Mais elle tient un discours original sur Dieu. Elle nous empêche d’enfermer Dieu dans nos petites catégories ;  elle nous empêche d’étiqueter Dieu une fois pour toutes. Regardez Moïse : au fur et à mesure qu’il progresse avec son peuple dans le désert, il découvre Dieu, toujours différent, qui se révèle à lui. Il découvre la miséricorde de Dieu à l’œuvre, même lorsque le peuple se détourne de lui. Je suis YHWH, le Seigneur, le Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité. Ecoutez le cantique de Daniel que nous avions chanté comme psaume : il proclame la gloire éternelle de Dieu ! Relisez l’évangile de saint Jean : Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique ! Ce n’est pas une image de Dieu qui nous est proposée, mais de multiples facettes de ce Dieu unique et vrai auquel nous accordons foi et confiance. La seule constante, c’est ce désir exprimé de Dieu d’entrer en relation avec l’humain, avec nous. 
 
Ceci nous amène à la troisième raison de célébrer la Trinité aujourd’hui : si elle nous parle de Dieu, cette fête nous parle aussi de l’homme, de nous. Cela aurait-il quelque importance que Dieu veuille entrer en relation avec nous, si nous n’étions pas ouverts à son amour, réceptifs à son désir profond ? Célébrer la Trinité, c’est croire aussi que l’homme peut authentiquement rencontrer Dieu, dans une relation vraie, une relation d’amitié forte qui construit notre existence, qui lui donne sens. Le Dieu auquel nous croyons nous concerne. Il est et veut devenir notre intime. Il est et veut devenir notre salut ;  n’a-t-il pas envoyé son Fils pour nous sauver ? N’a-t-il pas transmis son Esprit Saint pour que nous comprenions tout ce que ce Fils a fait pour nous ? Tout ce que Dieu fait, il le fait pour nous, pas pour lui. Tout ce que Dieu est, il nous le communique pour que nous ne manquions jamais de sa grâce. Le Dieu Un se communique à nous en trois personnes pour que nous comprenions bien de quel amour nous sommes aimés. Si le Dieu auquel nous croyons est amour et agit pour nous par amour, alors l’homme est aussi un être d’amour, fait pour aimer et être aimé, puisqu’il est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. 
 
En célébrant la Trinité aujourd’hui, nous proclamons notre désir de vivre avec un tel Dieu, de vivre de cet amour que sans cesse il nous offre. La fête de la Trinité est ainsi une occasion de plus de célébrer l’amour : l’amour qui nous est offert par Dieu, l’amour que nous devons rendre à Dieu, l’amour que nous devons partager entre nous. En ces temps de crise, il me semble qu’il n’y a rien de plus urgent que cela. Vive la Trinité et vive l’amour qu’elle nous offre. Amen.  
 
(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)

samedi 7 juin 2014

Pentecôte - Messe du jour - 08 juin 2014

Un dimanche pour accueillir l'Esprit Saint.




Que célébrons-nous aujourd’hui avec cette fête de la Pentecôte ? La fin du temps pascal ? Le don de l’Esprit Saint ? Ce jour est à la fois tout cela parce qu’il est un jour charnière. Il clôt le temps pascal certes, mais le prolonge en même temps en ouvrant le temps de l’Eglise. Aujourd’hui, l’affaire Jésus, dont certains pensaient qu’elle s’était achevée avec la mort de Jésus, mais dont nous percevions bien qu’elle se poursuivait au-delà de Pâques,  devient l’affaire de tous ceux qui se reconnaîtront ses disciples. Ce dimanche leur est donné pour accueillir l’Esprit Saint. Mais que signifie « accueillir l’Esprit Saint » ? 
 
La première lecture nous en donne un exemple en nous rapportant ce qui s’est passé le jour de la Pentecôte. Les Apôtres, rassemblés, sont saisis par l’Esprit. Dès lors, ils s’exprimaient selon le don de l’Esprit. Ils deviennent capables d’annoncer la Bonne Nouvelle, sans peur ni crainte, de telle sorte que tous ceux qui étaient à Jérusalem les entendaient proclamer dans leurs langues les merveilles de Dieu. En accueillant l’Esprit Saint, ils se rendent dociles à l’œuvre de Dieu dans leur vie, ils se rendent capables de partir en mission. Ils deviennent des témoins du Ressuscité, chargés de propager cette Bonne Nouvelle. C’est la fin de l’enfermement, du repli sur soi de la première communauté croyante. Accueillir l’Esprit Saint, c’est accepter de laisser la conduite de sa vie au Christ. Pour parler comme Paul, c’est laisser le Christ vivre en nous.  
 
Dans sa première lettre aux Corinthiens, Paul précise encore ce que signifie « accueillir l’Esprit Saint » lorsqu’il nous précise ce que nous devenons capables de faire grâce à l’Esprit. Nous devenons capables d’abord de  comprendre mieux qui est Jésus, capables de discerner derrière l’homme Jésus, le Christ vivant, envoyé par le Père pour nous sauver. Sans l’Esprit Saint, personne n’est capable de dire : Jésus est le Seigneur ! Nous vérifions là ce que Jésus lui-même enseignait à ses disciples au soir de sa mort : l’Esprit vous enseignera tout, il vous fera comprendre toutes mes paroles. Accueillir l’Esprit Saint, c’est accueillir celui qui sera notre « catéchiste », nous introduisant à une compréhension juste et une connaissance vraie de Jésus. Ensuite, l’Esprit Saint nous permet de vivre ensemble, comme les membres différents d’un même corps. Nous ne le savons que trop bien : vivre ensemble, selon les enseignements du Christ, d’un amour plus fort que tout, d’un amour signe de notre attachement au Christ, est tout sauf simple. C’est l’Esprit, l’Esprit promis et donné par le Christ Ressuscité, qui nous permet de dépasser nos différences, de surmonter nos oppositions, de vaincre nos peurs et nos jalousies pour faire communauté. Celui qui nous unit dans la foi est plus grand et plus fort que ce qui nous oppose en humanité. Accueillir l’Esprit Saint, c’est se rendre capable de vivre selon l’enseignement du Christ. 
 
Enfin, il nous faudrait ici relire le beau texte de la séquence de la Pentecôte et le méditer pour comprendre encore mieux ce que signifie « accueillir l’Esprit ». Il est vraiment dommage qu’en certains endroits il ne soit plus chanté après l’épître. Ce beau chant nous fait comprendre que l’Esprit Saint est à la source de notre amour pour Dieu : Viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous tes fidèles. Il est celui qui nous fait pleinement homme, tel que Dieu nous a voulu : Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti. Il est celui qui nous fait espérer un pardon toujours possible : Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé. Il est celui qui rend la vie avec les autres possible et belle : Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé. Il est celui qui nous donne tout de la part de Dieu : A tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés, donne mérite et vertu, donne le salut final. 
 
Devant tant de prodigalité de la part de Dieu, comment ne pas croire qu’il veut le meilleur pour nous, qu’il veut notre bonheur et notre vie ? Le Christ nous a obtenu tout cela dans sa mort et sa résurrection ; l’Esprit Saint nous permet d’en vivre au quotidien, jusqu’au jour où nous serons appelés à partager la gloire de notre Dieu. Comment ne pas désirer l’accueillir, dès aujourd’hui, puisqu’il nous est donné largement ? Ouvrons notre cœur, ouvrons toute notre vie à la puissance de l’Esprit Saint ; qu’une nouvelle Pentecôte soit possible et renouvelle notre terre. Amen.

(Dessin de Jean-Yves DECOTTIGNIES, in Mille dimanches et fêtes, Année A, éd. Les Presses d'Ile de France)

Pentecôte - Messe de la Veille au soir - 07 juin 2014

Comment Dieu tourne le coeur des hommes vers lui.




Comme nous l’avons fait au cours de la nuit pascale, nous avons relu, en cette veille de la Pentecôte, l’histoire du salut, l’histoire des alliances sans cesse répétées entre Dieu et les hommes. Si au début du temps pascal, toutes les lectures nous tournent vers la figure du Christ Sauveur, en cette nuit, nous venons d’entendre comment Dieu, lentement mais sûrement, par la puissance de son Esprit Saint, tourne le cœur des hommes vers lui.
La première lecture entendue (l’histoire de Babel) a de quoi surprendre le lecteur non averti. En effet, il semble que tout va bien. Pour une des rares fois dans l’histoire de l’humanité, les hommes s’entendent ; ils parlent tous la même langue. N’est-ce pas le rêve ? Pourtant, que lisons-nous ? Que Dieu lui-même vient semer le trouble. Pour le lecteur trop hâtif, Dieu ressemble à un enfant gâté qui vient semer la discorde pour se préserver. Or c’est tout le contraire qu’il faut comprendre. L’intervention de Dieu, qui vient rétablir la diversité des langues qui existaient après l’alliance avec Noé, pose un acte sauveur. Il sauve l’humanité de la folie de la tyrannie. Parler une seule langue, marcher au même pas, n’avoir qu’une seule pensée : voilà bien les leviers du pouvoir tyrannique. De plus, avec la construction de cette tour qui devait monter jusqu’au ciel, les hommes sont repris par ce désir, toujours mal maîtrisé, d’être leur propre Dieu : une tour dont le sommet soit dans les cieux, n’est pas faite pour rencontrer Dieu, mais pour prendre sa place ! L’homme veut construire sa gloire et sa renommée contre Dieu. En attendant de donner une réponse définitive au désordre de Babel, Dieu disperse les hommes. Sa réponse définitive sera donnée au jour de Pentecôte, comme nous l’entendrons demain matin : dans la nouvelle alliance, les hommes n’auront pas une seule langue, mais chacun, dans sa langue, entendra les merveilles de Dieu.
Dispersant les hommes à la surface de la terre, mettant la confusion dans leur langage, Dieu va devoir se choisir un peuple particulier, un peuple qu’il établira lumière pour les nations. Un peuple grâce auquel il montrera aux autres les avantages de l’alliance qu’il propose à tous. C’est le temps de Moïse, le temps du don de la Loi qui permet à un groupe particulier de devenir le peuple de Dieu : Tout ce qu’a dit le Seigneur, nous le ferons ! Belle promesse, maintes fois oubliée, maintes fois bafouée. Seule la patience de Dieu pourra vaincre les réticences de l’homme ; seule l’amitié vraie entre Dieu et Moïse sera signe de cette alliance possible, de cette vie plus grande possible.
Quand le péché domine le cœur de l’homme, Dieu se fait lointain ; non pas qu’il abandonne l’homme, mais parce que l’homme s’éloigne de Dieu. La patience de Dieu est mise à rude épreuve. Et pourtant, par ses prophètes, il annonce le retour en grâce, il annonce ce jour où les hommes reviendront à la vie véritable. Par l’Esprit, les ossements desséchés revivent. Dieu le promet : Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez ! La nouvelle alliance se précise. Les promesses de Dieu ne sont pas des paroles en l’air. La Pentecôte sera la réalisation parfaite de cet oracle du prophète Ezéchiel. Par l’Esprit Saint, Dieu nous fait revivre ; par l’Esprit Saint, Dieu nous fait revenir à lui. Par l’Esprit Saint qui nous fait invoquer le nom du Seigneur, Dieu nous sauve. Le prophète Joël nous l’a redit dans cet autre oracle : Je répandrai mon esprit sur toute créature… Alors, tous ceux qui invoqueront le Nom du Seigneur seront sauvés.
Cette promesse, renouvelée de prophète en prophète, Jésus la reprend à son compte : il va la mener à son achèvement. L’Esprit Saint sera donné quand le Christ sera glorifié par le Père. Pâques et Pentecôte sont irrémédiablement liées. Sur la croix, le Christ remet son esprit au Père ; il meurt et retourne chez son Père. C’est cet Esprit qui est donné, partagé aux disciples, après sa résurrection, au soir de Pâques dans l’Evangile de Jean. C’est cet Esprit qui est donné à tous au jour de la Pentecôte dans les Actes des Apôtres. C’est cet Esprit dont nous vivons encore aujourd’hui ; c’est cet Esprit qui nous entraîne sur les chemins du salut, à la suite du Christ ressuscité.
Ayant lui-même été saisi par l’Esprit du Ressuscité, Paul peut témoigner de l’œuvre de l’Esprit en nous : il vient au secours de notre faiblesse… il intervient pour nous… Et Dieu, qui voit le fond des cœurs, connaît les intentions de l’Esprit : il sait qu’en intervenant pour les fidèles, l’Esprit veut ce que Dieu veut. Si c’est bien le Christ qui nous obtient le salut par son sacrifice sur la croix, c’est l’Esprit qui nous permet de comprendre cette œuvre de salut en vérité et qui nous permet d’y consentir pour notre propre vie. Nous pouvons répondre à cette Alliance nouvelle que Dieu nous propose dans le sang de son Fils grâce à l’Esprit qui nous donne l’intelligence de cette œuvre de salut. Avec le Christ, Dieu nous a tout donné puisqu’il s’est donné lui-même ; avec l’Esprit, il nous donne la possibilité de faire le choix de Dieu, le choix de la fidélité à cette œuvre de salut. Dans l’Esprit, l’homme peut répondre à Dieu et consentir à l’Alliance nouvelle.
Demander l’Esprit Saint et l’accueillir, ce n’est pas demander et accueillir un truc en plus : c’est consentir à l’œuvre de Dieu en nous, c’est consentir à être sauvé par le Christ. Demandons à Dieu, sans nous lasser, la grâce de son Esprit Saint, pour qu’il agisse en nous et nous sauve. Amen.
 
(Logo du pèlerinage international des servants d'autel à Rome en 2006)