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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







dimanche 25 juin 2017

12ème dimanche ordinaire A - 25 juin 2017

Rendre grâce à Dieu.
(Homélie donnée à l'occasion de mon jubilé d'argent dans ma paroisse d'origine)






C’est bien que vous soyez devenus prêtre, l’Eglise en a besoin ; mais mon fils fera quelque chose de plus intelligent de sa vie. Ces paroles ont été prononcées il y a vingt-cinq ans, dans cette église, à la fin de ma première messe. Peut-être portent-elles la responsabilité de ma tendresse particulière pour le prophète Jérémie, ce prophète à qui Dieu demande toujours d’être en contradiction avec l’esprit du monde, l’esprit de son temps. En cette messe d’action de grâce à l’occasion de mon jubilé d’argent, ma première action de grâce va à cette personne, car elle m’a donné, avec ces mots, le courage d’être ce que je suis, et de l’être pleinement. Prêtre, je le suis devenu en réponse à un appel ; prêtre, je le suis resté, conscient de réussir pleinement ma vie, puisque c’est là que le Christ me voulait. Ce que la liturgie de ce dimanche ne cesse de proclamer à travers chaque lecture, je l’ai expérimenté dans ma propre vie. Dieu a été à mes côtés tel un guerrier redoutable. J’ai cette conscience d’avoir été protégé, porté, désiré et d’être toujours et encore, malgré mes faiblesses et mes échecs, profondément aimé. Il n’y a pas de plus beau motif de rendre grâce aujourd’hui, pour moi et pour chacun de nous : nous sommes tous profondément aimés de Dieu. 
 
Paul développe la grandeur de l’amour de Dieu pour nous dans l’extrait de la lettre aux Romains que nous avons entendu. Il est dommage que trop souvent, nous n’entendions ou ne réagissions qu’à la première partie de l’extrait. Il a donné naissance à toute la réflexion de l’Eglise sur le péché des origines. Mais ce texte contient plus que cela, plus grand que cela. Il contient la trace de la grâce originelle, cette grâce venue du Christ, de son sacrifice consenti pour notre vie. Nous avons cette certitude que le péché, originel ou actuel, n’aura jamais le dernier mot. Le dernier mot de l’Histoire sera la grâce que Dieu offre à tous et à chacun. Le dernier mot de l’Histoire, ce sera un geste d’amour offert, n’attendant en retour que notre oui, notre accueil libre et consentant à cet amour. Rien n’a plus d’importance que cela. Rien ne doit davantage être proclamé que cela. L’amour dont Dieu nous aime, sans que nous ayons fait quoi que ce soit pour le mériter. Il nous aime simplement parce qu’il est Dieu, parce que c’est lui, parce que c’est nous. Le jour où cela cessera d’être vrai, il nous faudra changer de Dieu, ou chercher Dieu à frais nouveaux. Parce que si Dieu n’est pas Amour, il n’est pas Dieu, il n’est rien, et nous ne serions être obligés en rien vis-à-vis de lui. 
 
Jésus ne nous assure-t-il pas lui-même de cet amour de Dieu pour nous lorsqu’il nous affirme que les cheveux de notre tête sont tous comptés et que nous valons bien plus qu’une multitude de moineaux ? Oui, nous avons du prix aux yeux de Dieu ; nous comptons pour lui ! En cette célébration qui marque aussi la fin de votre année pastorale, voilà une parole forte, une parole qui donne du prix à ce que vous êtes, à ce que vous vivez que ce soit en paroisse, en famille, au travail, à l’école. Ce que vous faites, ce que vous vivez, cela compte pour Dieu. Et cela compte d’autant plus si c’est marqué du sceau de son amour. Tout ce que nous vivons, tout ce que nous faisons, si nous le faisons dans la puissance de l’Esprit et la certitude de l’amour de Dieu pour nous, prend encore plus d’importance parce que cela permet à d’autres, à ceux qui nous entourent, de sentir quelque chose de cet amour de Dieu tous. Lorsque nous rendons grâce à Dieu pour une fin d’année pastorale, ou pour vingt-cinq années de sacerdoce, ayons à cœur  de rendre grâce d’abord pour tout ce que ce temps nous aura permis de vivre en amour ; rendons grâce pour tout l’amour que Dieu aura déversé sur nous ; rendons grâce pour tout l’amour de Dieu que nous aurons transmis à d’autres ; rendons grâce pour tout l’amour de Dieu que d’autres nous aurons permis de vivre. 
 
N’est-ce pas d’ailleurs le sens de chacune de nos célébrations ? Le mot  « eucharistie » signifie bien rendre grâce, qui est bien plus fort que dire merci. Lorsque le prêtre dit la prière eucharistique, il la commence par une préface, qui dit le motif pour lequel nous rendons grâce à Dieu. Et ce motif est toujours lié à ce que Dieu fait pour nous en Jésus, mort et ressuscité. C’est ainsi pour chaque préface, quel que soit le temps de l’année, quelle que soit la fête, quel que soit le motif qui nous rassemble. Nous ne rendons pas grâce pour nous, mais bien pour l’œuvre d’amour, œuvre de salut, que Dieu fait pour nous en Jésus. Voilà qui doit nous inciter à la modestie et à l’humilité. Dieu fait infiniment plus pour nous que ce que toutes nos actions pastorales pourraient bien faire pour lui. D’ailleurs, en vingt-cinq ans de sacerdoce, j’ai acquis la certitude que je ne peux rien faire pour Dieu. Je ne peux que me tenir près de lui et accueillir les grâces qu’il veut me confier jour après jour, comme jadis il a donné la manne, jour après jour, à chaque jour sa mesure. 
 
Une messe d’action de grâce, que ce soit pour un jubilé ou pour une fin d’année pastorale, n’est jamais la fin de quelque chose. C’est une étape, un moment pour nous asseoir et mesurer le chemin parcouru, pour ensuite mieux repartir, mieux recommencer à Le suivre, lui qui veille sur nous sans se lasser, lui qui nous aime sans se décourager. Rendons grâce à Dieu avec ce désir chevillé au cœur de marcher encore mieux avec lui, de vivre toujours plus par lui, avec lui, et en lui. Alors il recevra tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles. Amen.

(Photo prise pendant la messe de Jubilé)

dimanche 18 juin 2017

Fête du Corps et du Sang du Christ A - 18 juin 2017

Le Christ, mort et ressuscité, notre salut.





Avez-vous été sensibles à la formulation de l’oraison qui a permis au prêtre de collecter toutes nos prières individuelles en début de célébration ? C’est la seule, me semble-t-il, qui s’adresse directement au Christ ; toutes nos autres prières s’adressent au Père, par le Fils. C’est dire combien la fête qui nous rassemble est christique ; c’est dire aussi combien il faudrait la nommer de son vrai nom : Fête du Corps et du Sang du Christ, et non de ce raccourci traditionnel : Fête-Dieu ! 
 
Réécoutons donc cette prière : Seigneur Jésus Christ, dans cet admirable sacrement, tu nous as laissé le mémorial de ta passion ; donne-nous de vénérer d’un si grand amour le mystère de ton corps et de ton sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de ta rédemption. En une phrase, elle nous donne tout le sens de cette fête, qu’elle resitue bien dans l’axe du sacrifice du Christ. Si durant la Semaine Sainte nous revivons les derniers instants du Christ en l’accompagnant vers la croix, la fête de ce jour, située après le temps pascal, nous permet de célébrer ce sacrifice dans la joie. Car nous avons compris que, ce qui semblait au Vendredi Saint une malédiction, était en fait la mise en œuvre du projet de salut de Dieu pour tous les hommes, comme Jésus ressuscité lui-même le dira aux disciples sur la route d’Emmaüs : ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? La fête de ce jour nous permet aussi de mieux faire le lien entre le don de Jésus sur la croix et le don qu’il nous a laissé la veille de sa mort, au cours du dernier repas qu’il a partagé avec ses Apôtres. L’Eucharistie qui nous rassemble nous permet d’actualiser ce don, et de lier définitivement le dernier repas de Jésus, sa mort sur la croix et la permanence de ce sacrifice, à travers le temps et l’histoire. Le Christ s’est livré une fois pour toutes afin que tous les hommes soient sauvés. Il est mort une fois pour toutes afin que tous les hommes puissent vivre de l’amour de Dieu. Et l’Eglise, en célébrant l’Eucharistie, mémorial de la Passion, permet, à travers les âges, aux hommes de se rendre participant de ce grand mystère. Il n’est pas nécessaire d’avoir vécu au temps du Christ pour être sauvé ; mais il est nécessaire d’entrer dans ce grand mystère et de reconnaître, dans le pain et le vin partagés, le Corps livré et le Sang versé du Christ pour la multitude. Le fruit de la rédemption du Christ, c’est notre vie, c’est notre salut. 
 
La préface de la fête de ce jour poursuivra ce que la prière d’ouverture nous a permis de découvrir et de croire. Elle rappelle d’abord le dernier repas du Christ laissé en mémorial. Dans le dernier repas qu’il a pris avec ses Apôtres, afin que toutes les générations fassent mémoire du salut par la croix, il s’est offert à toi, comme l’Agneau sans péché, et tu as accueilli son sacrifice de louange. L’Eucharistie n’est donc pas le repas du club des amis de Jésus, mais bien ce lieu où les amis de Jésus célèbrent sa mort et sa résurrection. Ils rappellent à jamais que Jésus s’est offert en victime innocente pour les pécheurs que nous sommes. Puis la préface poursuit : Quand tes fidèles communient à ce sacrement, tu les sanctifies pour que tous les hommes, habitant le même univers, soient éclairés par la même foi et réunis par la même charité. Voici donc énoncés les bénéfices, pour les hommes, de ce sacrement. Par la communion, ils sont sanctifiés (rendus saints), éclairés par la même foi et réunis par la même charité. Les disciples du Christ ne communient donc pas parce qu’ils seraient meilleurs que les autres, mais pour recevoir de ce pain et de ce vin la sainteté de Dieu. Le Corps et le Sang du Christ nous libèrent de nos péchés, nous donnent la force de vivre dans l’amour (la charité) et la capacité à devenir toujours plus et toujours mieux disciples de Jésus qui se livre pour nous. Nous recevons de notre communion à l’autel un surcroit de foi. Il est heureux que nous ayons ainsi cette fête pour nous remettre tout ceci en mémoire et nous permettre de célébrer avec allégresse le don du salut. Nous avons là un avant-goût de la vie éternelle comme le chante encore la préface : Nous venons à la table d’un si grand mystère nous imprégner de ta grâce et connaître déjà la vie du Royaume. Ce que nous avons pu pressentir le Jeudi Saint, ce que nous n’osions plus espérer au soir du Vendredi Saint, ce que la fête de Pâques nous annonçait, voilà que nous pouvons désormais le célébrer chaque dimanche dans la joie. 
 
Finalement, la fête du Corps et du Sang du Christ nous redit combien nous sommes aimés, pourquoi nous sommes sauvés et à qui nous devons notre salut. Elle nous rappelle que notre vie est un don de la grâce de Dieu, comme a pu l’éprouver jadis le peuple marchant dans le désert et recevant de Dieu, chaque jour, la manne qui le rassasiait et lui redonnait des forces. Ce que le don de la manne annonçait, Jésus le réalise toujours et encore. Il est désormais et pour toujours le don parfait de Dieu à tous les hommes. Il est désormais et pour toujours la vie pour tous les hommes qui reconnaissent dans le pain et le vin partagé sa présence amoureuse au monde de ce temps. Comme cette fête nous y invite, venez, adorons-le ! Amen.

(Sainte Cène, Photo prise en l'église de Baïa Sprie, Roumanie)

samedi 10 juin 2017

Trinité A - 11 juin 2017

Le signe de la croix, un geste pour notre vie.








Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Ce geste millénaire est le signe de notre foi. Dès nos premiers pas dans la vie chrétienne, il est donné, offert comme un rappel de l’amour de Dieu à chacun de nous. Au baptême, il est fait sur le seuil de la porte de l’église, pour signifier que nous n’entrons en ce lieu que marqués par ce signe, revêtus de ce Dieu Père, Fils et Esprit que nous adorons. Il ouvre chacune de nos célébrations pour nous rappeler que nous sommes rassemblés par le Père, autour de son Fils dans l’amour de l’Esprit Saint. Un geste mille fois refait dans une vie et qui nous dit ce mystère de la Trinité que nous célébrons aujourd’hui.

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Nous sentons, à faire ce geste, que ce n’est pas là d’abord le résultat d’une réflexion de théologien, mais bien le geste fondateur d’un Dieu qui a tout donné par amour. L’évangéliste Jean nous le redisait dans l’Evangile que je viens de proclamer : Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. Tout le mystère de la Trinité tient en cette phrase : Dieu a donné son Fils par amour. Le Père a accepté l’offrande de son Fils Jésus, offrande réalisée dans un Esprit d’amour pour tous les hommes. Ce mystère que nous essayons d’approcher est d’abord celui de l’amour. Si nous croyons en un Dieu unique qui est Père et Fils et Esprit Saint, c’est parce que nous croyons que Dieu, tout comme l’humanité, existe pour aimer. Hors l’amour, pas de Dieu. Hors l’amour, pas d’humanité. Le mystère de la Trinité nous affirme avec force que Dieu n’est pas un solitaire, mais un être de relation puisqu’en lui-même il est relation d’amour entre le Père et le Fils par l’Esprit. Et nous, qui sommes créés à son image et à sa ressemblance, nous qui sommes ses fils et ses filles par adoption, nous sommes des êtres de relation, fait pour manifester aux autres l’amour extraordinaire dont nous avons bénéficié au moment de notre baptême. 
 
Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Ce geste devrait devenir pour nous quotidien, même si nous ne franchissons pas les portes d’une église. Parce que ce geste nous engage dans une relation faite d’amour. Il devrait marquer notre corps et notre journée pour nous rappeler que nous nous devons d’aimer comme Dieu a aimé. Il devrait manifester notre volonté de vivre avec et pour les autres, à l’exemple du Christ, donné par son Père par amour pour nous. Nous n’avons pas mérité un tel Sauveur : il nous a été offert. Puissions-nous au moins, par notre vie, nous montrer dignes du salut offert, fiers d’être au nombre de ses amis. 
 
Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Que par la célébration de cette eucharistie, le Dieu unique et vrai, Père de tous les hommes, nous redise son amour et sa proximité. Que le Fils unique Jésus Christ renouvelle l’offrande de sa vie pour notre salut. Que l’Esprit Saint fasse vivre en nous les dons de la grâce, pour que nous devenions des témoins authentiques du Dieu Trinité. AMEN.

(La Trinité, Psautier du Landgrave)

samedi 3 juin 2017

Pentecôte - 04 juin 2017

Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d'eux entendait
dans son propre dialecte ceux qui parlaient.






Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient. Cette phrase pourtant anodine exprime à elle seule toute la puissance de l’Esprit Saint et toute la nouveauté de cet événement du don de l’Esprit Saint. Pour bien comprendre, il nous faut revenir en arrière, à l’époque où, selon le livre de la Genèse, toute la terre avait la même langue et les mêmes mots (Gn 11, 1). Temps sans doute béni pour ceux qui n’aiment pas les langues étrangères. Temps maudit pourtant où l’homme se laisse aller à la tentation d’assurer l’unité de l’humanité par un impérialisme politico-religieux. Dieu va déjouer les plans des hommes en les dispersant à la surface du monde. Désormais l’homme devra trouver des terrains d’entente avec ceux qu’il ne comprend plus, ceux qui sont différents de lui, ceux qui parlent une autre langue. A bas l’uniformité ; vive la diversité ! Vive les chemins d’unité ! 
 
Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient. Cet événement de la Pentecôte marque le renversement de cette situation créée par l’épisode de Babel. Les hommes ne parlent toujours pas la même langue et pourtant chacun peut entendre les merveilles de Dieu dans son propre dialecte. Et ils sont nombreux ; et ils sont divers : ils sont Parthes, Mèdes et Elamites, ils viennent de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphile, de l’Egypte et des contrées de Lybie, ils sont Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes. Une belle diversité, une belle représentation de l’humanité dans sa diversité. Et pourtant, chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient. C’est dire que la force de l’Esprit Saint n’abolit pas la frontière des langues, elle la dépasse. La diversité du genre humain est respectée. L’Esprit parle au cœur de chacun, car chacun est concerné par l’appel de Dieu à une vie autre. Et l’Esprit ne demande pas à l’un de devenir comme l’autre. Il invite tout homme à se laisser guider par Dieu. La seule normalité dans la vie de foi, c’est la vie sous la conduite de l’Esprit de Dieu et non l’acceptation plus ou moins forcée de règles de vie appartenant à telle ou telle société humaine au détriment de celles des autres. L’Esprit dit à chacun : tu es appelé à vivre selon l’Esprit de Dieu dans ton quotidien, avec ce que tu es, avec ce que tu deviendras, avec le pire et le meilleur qui sommeille en toi. Tu es une personne particulière, qui a du prix aux yeux de Dieu et non un numéro perdu dans une foule anonyme. Ta richesse, c’est ta différence. 
 
Oui, ils étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient. Aujourd’hui encore, nous sommes appelés à nous laisser surprendre par l’Esprit de Dieu, à recevoir son message dans notre propre langue, et à accepter qu’il puisse s’adresser à un autre que moi, différemment, d’une manière que je ne comprends pas. Vivre de l’Esprit de Pentecôte, c’est recevoir la différence de l’autre comme une grâce et non comme une atteinte à ma manière de vivre et de croire. Vivre de l’Esprit de Pentecôte, c’est regarder l’autre, l’étranger, comme un frère à aimer, même s’il n’entre pas dans les critères que je me suis fixé, même s’il ne correspond pas à ce que j’en attendais. Vivre de l’Esprit de Pentecôte, c’est vivre l’unité dans la richesse de la diversité de nos vies. C’est croire qu’un avenir commun est possible, malgré ou grâce à cette diversité et que celui qui m’est différent, ne m’est ni un ennemi, ni un indifférent. 
 
Saint Paul l’exprime de fort belle manière lorsqu’il prend la comparaison du corps pour exprimer sa foi en l’Eglise une mais diverse. Poursuivons juste de trois versets l’extrait de la première lettre aux Corinthiens entendu en ce dimanche : Aussi bien le corps n’est-il pas un seul membre mais plusieurs. Si le pied disait : « Parce que je ne suis pas la main, je ne suis pas du corps », il n’en serait pas moins du corps pour cela. Et si l’oreille disait : « Parce que je ne suis pas l’œil, je ne suis pas du corps », elle n’en serait pas moins du corps pour cela. Si tout le corps était œil, où serait l’ouïe ? Si tout le corps était oreille, où serait l’odorat ? (1 Co 12, 14-16). Oui, de même que le corps a besoin de tous ces membres aux fonctions variés, de même l’Eglise a-t-elle besoin d’une variété de membres aux fonctions diverses mais complémentaires. De même l’humanité a-t-elle besoin de ces différences et de ces richesses. 
 
Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient. Ne minimisons pas l’importance de cette fête en la reléguant au rang de simple souvenir d’un temps passé. Ne sous-estimons pas la puissance de l’Esprit de Dieu. Aujourd’hui encore, il peut faire toute chose nouvelle ; aujourd’hui encore, il construit l’unité de son peuple, de son Eglise, dans la diversité des cultures qui la traversent, dans la diversité des personnes qui la composent. Ne demandons pas un retour à l’uniformité, mais prions pour que nous devenions capable d’accepter l’autre comme il est, sans vouloir le changer et le faire entrer dans nos critères à nous. Laissons-nous toucher par l’Esprit de Dieu : qu’il poursuive en nous, et à travers nous, l’œuvre commencée par les Apôtres. Que de plus en plus de nos contemporains puissent entendre les merveilles de Dieu, chacun dans son propre dialecte. AMEN.

(Image réalisée sur festisite.com)