Bienvenue sur ce blog !

Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







CARÊME

Je vous renvoie, pour cette année 2013, au site du lapin bleu (voir les liens) qui vous propose un dessin par jour à compléter. Bon carême.

Année 2012

Premier pas : Mercredi des Cendres

Aimer mieux.

Au début de ce carême nouveau, je voudrais nous inviter à sortir du réflexe : carême = efforts à faire. Le carême n'est pas fait pour nous faire transpirer à la suite de Jésus, mais pour onus permettre de mieux marcher avec lui. La trilogie "Jeûne, Charité, Prière" n'est pas un parcours du combattant, mais un moyen pour aimer mieux. Aimer mieux Dieu (par la prière), aimer mieux nos frères et soeurs en humanité (par la Charité), nous aimer mieux nous-mêmes (par le jeûne). En nous désencombrant de ce qui est futile voire inutile (sens du jeûne), en vivant mieux ave celles et ceux qui nous entourent (sens de la Charité), en nous rapprochant de Dieu et en nous mettant à son écoute (sens de la prière), nous retrouverons le goût de cette vie plus grande à laquelle Dieu nous appelle. Joyeux Carême à toutes et à tous !


Deuxième pas : Jeudi après Cendres

Poser un choix fondamental et fondateur

A ceux qui pensent que le Carême vient juste de commencer et qu'il y a bien le temps de s'y mettre puisqu'il dure quarante jours, la liturgie de ce jeudi rappelle que c'est dès maintenant qu'il faut se mettre en route. Il faut même commencer par  poser un choix fondamental et fondateur. Fondamental parce que c'est le choix de la vie ou de la mort, le choix de vivre avec Dieu ou sans Dieu. Fondateur parce que ce choix me dira qui je suis en vérité. Si je choisis de vivre sans Dieu, je choisis d'être comme mort pour toujours. Si je choisis Dieu, je deviendrai toujours plus ce que je suis déjà : fils de Dieu. Ce choix fonde véritablement toute mon existence. Il n'est pas possible de le retarder ; c'est dès aujourd'hui que je dois me prononcer.


Troisième pas : Vendredi après Cendres

Non aux "faces de Carême"

Provocateur ? Sans doute, mais libérateur. Dans mon enfance, j'ai tellement entendu parler "d'efforts de Carême" à faire, que ce temps devenait un temps triste, un temps craint même : et si je ne faisais pas assez d'efforts ! Nous sommes nombreux à avoir été élevés dans ce "christianisme qui sent la sueur". Or la liturgie de ce jour nous parle du jeûne, par exemple, non comme d'un acte forcené de privations plus ou moins volontaires, mais comme d'un acte qui permet des rencontres vraies, un acte qui remet l'autre au coeur de ma vie : Quel est donc le jeûne qui me plaît ? N'est-ce pas faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N'est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, recueillir chez toi le malheureux sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? (Isaïe 58) Le Carême ne doit pas nous attrister, mais nous rendre la vraie joie, la vraie liberté en nous permettant de nous désencombrer. Comment pourrions-nous nous préparer à la joie de Pâques si nous nous enfonçons dans la tristesse durant les quarante jours qui précèdent ?


Quatrième pas : Samedi après Cendres

Construire une vraie fraternité

Parce que personne n'est chrétien tout seul, personne ne pourra ignorer l'autre qui passe dans sa vie. L'autre, c'est d'abord le Tout Autre, Dieu lui-même. Le passage du prophète Isaïe (58, 9b-14) que nous lisons aujourd'hui, nous invite pour cela à redonner tout son sens au jour du Seigneur. Il n'est pas un jour comme les autres, il n'est pas un jour consacré au commerce ou au profit. Il est LE jour par excellence qui me permet de dire que Dieu lui-même guide toute ma vie et l'unifie. Mais l'autre, c'est aussi celui ou celle, connu ou inconnu, qui traverse ma journée. La vraie fraternité se construit lorsque je refuse les étiquettes, lorsque je suis attentif à chacun et prêt à donner de mon temps pour tous. La vraie fraternité refuse de juger l'autre, refuse de suivre l'opinion commune, pour aller à la rencontre de l'autre en vérité. Jésus n'a exclu personne : pourquoi le ferions-nous ?


Cinquième pas : Lundi 1ère semaine de Carême

Grandir en sainteté

Soyez saints , car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint. Ainsi parle le Seigneur à Moïse dans le Lévitique. Une invitation qui reste vraie pour nous aujourd'hui. J'entends bien ceux qui disent que cela est impossible, trop difficile. Pourtant, elle n'est pas quelque chose à réaliser, mais quelque chose à accueillir ! La sainteté est un don que Dieu nous fait. Et pour accueillir ce don, il suffit d'écouter Dieu et de vivre selon sa Parole. Le passage du Lévitique (19, 1-2,11-18) et l'évangile de Matthieu (25, 31-46) nous indiquent la voie pour vivre cette sainteté que Dieu nous offre : mettre l'autre au coeur de notre vie. Il ne s'agit pas de faire des choses exceptionnelles ou extraordinaires, mais simplement d'être attentifs aux autres et justes et bons en toutes choses : respecter Dieu, respecter le frère, partager, nourrir, vêtir, visiter, ne pas exploiter, ne pas opprimer, ne pas mentir, ne pas insulter, ne pas calomnier, ne discriminer personne, ne pas faire à d'autres ce que nous ne voudrions pas qu'on nous fasse.   Bref, comme le dit encore le Lévitique : Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! Tout est dit : la sainteté passe par l'amour. Sans amour, pas de sainteté possible.


Sixième pas : Mardi 1ère semaine de Carême

Une attention renouvelée à la Parole de Dieu

Se retirer au désert à la suite du Christ, ce n'est pas s'évader du monde, ni ne rien faire. Se retirer au désert, c'est faire le choix d'une rencontre, c'est faire le choix d'un coeur à coeur avec Dieu. L'activité principale consistera donc à écouter Dieu nous parler, à croire en sa Parole. C'est une parole efficace qui fait ce qu'elle dit. Elle est un trésor inépuisable. Nous pouvons donc appuyer notre vie sur elle, sans crainte.
Mais écouter la Parole de Dieu et conformer notre vie à cette Parole nous apprend aussi la valeur de notre parole, le sens de la parole donnée et le prix du silence ! Combien de fois parlons-nous pour ne rien dire ? Combien de fois bafouons-nous la parole donnée ? Le respect de la Parole de Dieu passe aussi par l'usage que nous faisons de notre propre parole !


Septième pas : Mercredi 1ère semaine de Carême


S'ouvrir à la miséricorde de Dieu

Voilà un pas fondamental à faire. La miséricorde de Dieu est toujours offerte; encore faut-il l'accepter ! Regardez Jonas dont nous parle la lecture de ce jour. Dans un premier temps, il fuit la mission que Dieu lui confie parce qu'il ne sait pas s'ouvrir à cette miséricorde, parce qu'il refuse que la miséricorde de Dieu s'adresse à tous. Les Ninivites, au contraire, dès la proclamation de la destruction de leur ville dans les trois jours à venir, se convertissent, changent leur manière de vivre : Qui sait si Dieu ne se ravisera pas, s'il ne reviendra pas de l'ardeur de sa colère ? Et alors nous ne périrons pas !
Les contemporains de Jésus ne sont pas plus ouverts à la miséricorde de Dieu que ne l'était d'abord Jonas. Sans doute est-ce pour cela qu'ils n'auront pas d'autre signe que celui-là. C'est le même appel à la conversion qui leur est adressé, mais ils y semblent sourds.
S'ouvrir à la miséricorde, c'est choisir de marcher humblement à la suite du Christ, à la rencontre de Dieu, car il ne rejette pas le coeur qui se tourne vers lui, comme le chante le psalmiste en ce mercredi. Tournons-nous humblement vers Dieu et nous vivrons !


Huitième pas : Jeudi 1ère semaine de Carême

Lutter contre le Mal

Comment lutter efficacement contre le Mal ? Voilà une question qui a occupé pas mal de monde. Certains répondent au Mal par le Mal : oeil pour oeil, dent pour dent. Les poings ont longtemps servi (et risquent de servir encore longtemps) à certains pour résoudre les conflits. Mais une autre voie est possible. Esther nous l'apprend aujourd'hui dans la lecture de ce jour : la voie de la prière. Lutter contre le Mal par la prière, ce n'est pas faire preuve de faiblesse, ni fuir devant le Mal. Au contraire, c'est l'affronter pleinement, avec l'aide de Dieu. C'est croire que les petits maux ont quelque chose à voir avec le Mal et que l'aide de Dieu n'est jamais superflue. N'a-t-il pas, en Jésus crucifié, mis un terme au règne du Mal et de la Mort ? Lutter contre le Mal par la prière, c'est oser demander à Dieu de lutter avec nous pour que nous obtenions notre part à la victoire du Christ. C'est commencer à construire un monde selon le coeur de Dieu, un monde dans lequel l'amour des autres, y compris des ennemis, est une réalité ; un monde sur lequel le Mal n'aura plus d'emprise. Cela vaut le coup d'essayer, non ?


Neuvième pas : Vendredi 1ère semaine de Carême

Tendre vers la perfection

La conduite du Seigneur est étrange, dit le prophète Ezéchiel (18, 21-28). Il ne le fait que pour mieux souligner l'étrangeté de notre conduite et nous appeler à être responsables de nos actes. De tous nos actes, jusqu'au bout. Ainsi, n'est-il pas heureux que si un méchant se convertit, il puisse être sauvé ? S'il en est bien ainsi, n'est-il pas logique, qu'à l'inverse, un homme bon qui consent finalement au Mal soit condamné, même s'il n'y a consenti qu'une seule fois ? Même si cela semble sévère...?
Dans l'Evangile, lorsque Jésus réinterprète la Loi, il ne la change pas, il la pousse au bout de la perfection. Son désir, c'est que nous nous libérions totalement du Mal, que toujours nous privilégions l'amour de l'autre. Vivre selon l'Evangile du Christ, c'est emprunter ce chemin de perfection. C'est possible parce que Dieu lui-même nous offre cette possibilité. La perfection de l'amour n'est pas le résultat de nos efforts et de nos luttes, mais un don à accueillir. Dieu seul est parfait en amour parce qu'il est l'Amour. En nous approchant de lui, en nous "fondant" en lui, nous pourrons vivre cette même perfection, parce que nous vivrons totalement et uniquement de Dieu.


Dixième pas : Samedi 1ère semaine de Carême

Aimer comme Dieu aime

C'est vite dit, mais pas aussi vite fait. Le problème avec ce pas, c'est qu'il pourrait nous conduire à ne considérer la foi que dans sa dimension morale : Dieu m'aime malgré mes limites, je dois donc aimer moi-aussi, absolument. Or, ceci ne peut mener qu'à une impasse si je cherche comment je dois faire. Nous ne saurons jamais aimer comme Dieu aime, si Dieu nous reste extérieur, comme étranger. Le secret de l'amour véritable se trouve en Dieu, puisqu'il est la source de l'Amour. Aimer comme Dieu aime est la suite logique du pas que nous avons fait hier : je ne peux aimer comme Dieu que si Dieu a bien fait sa demeure en moi et que c'est bien lui qui aime à travers moi. Pour parler comme Saint Paul : Ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi.  Ce n'est qu'à cette condition que nous aimerons comme Dieu aime ; ce n'est qu'à cette condition que nous pourrons aimer nos ennemis de la même manière que nous aimons nos frères. Il n'y a que Dieu qui puisse aimer ainsi ; Dieu et... nous, s'il vit en nous et agit à travers nous. Ouvrons-nous à l'amour de Dieu, vivons de lui afin qu'il puisse vivre en nous.


Onzième pas : Lundi 2ème semaine de Carême

S'exercer au pardon

Pardonnez et vous serez pardonnés, nous dit Jésus aujourd'hui dans l'Evangile (Lc 6, 36-38). Un rappel à vivre une logique, un appel à être cohérent. Tu veux être pardonné ; apprends à pardonner toi aussi. Se pose alors la question  : qu'est-ce qui est premier ? Le pardon reçu ou le pardon donné ? Sans doute le pardon reçu, puisque avant même que nous en soyons conscients, Dieu nous a pardonné nos péchés. C'est dans sa nature de pardonner à l'homme ; c'est pour mieux nous pardonner qu'il a accepté de livrer son Fils sur la croix. Le pardon de Dieu offert à tous les hommes est toujours premier. Aimés et pardonnés à si grand prix, nous pouvons comprendre alors l'appel de Jésus à pardonner à notre tour. Comment ne pas faire ce don du pardon à ceux qui nous ont offensés alors que nous-mêmes avons été rachetés sans rien demander, sans rien mériter ? Le temps du Carême est LE temps favorable pour accueillir le pardon de Dieu et pour offrir notre pardon à ceux qui l'attendent. Ne nous privons de cette grâce ; ne nous privons pas de faire grâce.


Douzième pas : Mardi 2ème semaine de Carême

Être cohérent dans ses choix de vie

Le jugement de Jésus sur les pharisiens et les scribes est sévère : ils disent, mais ils ne font pas. Jésus reconnaît la justesse de leur enseignement, puisqu'il invite ses auditeurs à accomplir ce que disent les pharisiens et les scribes ; mais il condamne leur absence de cohérence. N'est-ce pas : ils savent ce qui est juste et bon, mais ils ne le font pas ! Ils en chargent les autres. Ce reproche sonne comme un avertissement pour chacun. Mais avant d'être un reproche, il est une invitation à (re)trouver une cohérence de vie. Nous ne pouvons pas dire une chose et faire son contraire. En matière de foi, il ne suffit pas de réciter des prières ou d'accomplir toute sorte d'exercice de piété ; il faut que notre vie, nos actes, suivent. Le croyant est un être unifié par sa foi. Ce qu'il confesse, il le vit. Si ce n'est pas ou plus le cas, ce Carême nous est offert pour retrouver cette cohérence de vie. A bon entendeur...


Treizième pas : Mercredi 2ème semaine de Carême

Développer un vrai sens du service

Un humoriste alsacien disait que nous étions un peuple "de chasseurs de ruban" : nous ne faisions rien sans espérer une reconnaissance infinie de la République sous forme de ruban rouge ou bleu ou quelle qu'en soit la couleur. Ne saurions-nous nous mettre au service sans attendre d'éternelles reconnaissances ? La gratuité n'aurait-elle pas cours ? Le service désintéressé serait-il une illusion ?
Pourtant, c'est bien au service que Jésus nous invite aujourd'hui, lui qui s'est fait serviteur de tous en offrant sa vie pour sauver la nôtre ! Apprenons de lui comment servir véritablement nos frères et soeurs en humanité, malgré les difficultés, les moqueries et divers obstacles qui pourraient se dresser sur notre route.


Quatorzième pas : Jeudi 2ème semaine de Carême


Faire confiance à Dieu

Le prophète Jérémie a bien raison quand il nous invite à une confiance absolue en Dieu pour trouver le véritable bonheur et vivre une vie pleinement réussie. Et il sait de quoi il parle, l'ayant expérimenté. Il ne s'agit pas d'être béat, ni grenouille de bénitier, mais vraiment laisser à Dieu la place qui lui revient, vraiment croire qu'il veut notre bonheur, qu'il veut le meilleur pour nous et qu'il nous donne d'y parvenir. C'est croire en sa Parole comme seule source de vie pour nous.
Faire confiance à Dieu ne me détourne pas des autres, au contraire. La confiance que je place en Dieu me renverra toujours vers le frère dont je dois avoir le souci. Dans l'Evangile de ce jour Luc 16, 19-31), le riche aurait été plus attentif au pauvre Lazare s'il avait eu une véritable confiance en Dieu, s'il avait écouté sa Parole transmise par la Loi et les Prophètes. Vient le jour où c'est trop tard  ! C'est dès la vie présente qu'il faut faire confiance à Dieu et croire en sa Parole. C'est dès maintenant qu'il nous faut en vivre !

Quinzième pas : Vendredi 2ème semaine de Carême

Ne rejeter personne.

Nous ne vendons plus ceux qui nous dérangent en esclavage, comme cela fut fait pour Joseph par ses frères (Gn 37). Et c'est tant mieux ! Mais nous ne manquons pas d'imagination dès lors qu'il s'agit de mettre de côté celui ou celle qui dérange, qui n'est pas comme nous, qui nous invite à vivre autrement. Nous ne vendons plus, mais nous rejetons, nous excluons, nous calomnions, nous accusons, nous montrons du doigt... La campagne présidentielle, ces jours-ci, illustre parfaitement notre capacité à mettre de côté, à trouver toutes les bonnes raisons pour exclure... d'un côté comme de l'autre ! Nul ne semble y échapper.
La liturgie de ce jour nous rend attentif au fait que l'on commence par rejeter l'autre et on finit par rejeter Dieu lui-même. C'est un tout ; c'est un même réflexe. Pourquoi Dieu échapperait-il à ce mouvement, dès lors qu'il n'est pas comme on voudrait qu'il soit, dès lors qu'il nous dérange ou semble contredire notre manière de vivre ? L'Evangile de ce jour (Mt 21, 33-43,45-46) nous rappelle que Jésus est celui qui a été rejeté par tous, supprimé par ceux qu'il aurait pu déranger, supprimer par ceux qu'il était venu sauver. Mais il s'est montré plus fort que le Mal, et de rejeté, il est devenu la pierre d'angle de la communauté nouvelle sauvée en son sang.


Seizième pas : Samedi 2ème semaine de Carême

Comprendre à quel point Dieu nous aime.

Le Carême est le temps du pardon : pardon donné, pardon reçu. Pour bien vivre le temps du pardon, il faut revenir à l'essentiel : l'amour de Dieu pour nous. Il n'y a rien de plus grand en ce monde que l'amour que Dieu nous porte. Rien ne saurait nous séparer de cet amour, affirme Saint Paul. Aucun péché, si grand soit-il, ne saurait empêcher Dieu de nous aimer. Et même si nous nous coupions volontairement de lui, un peu à l'image du fils prodigue, il nous aimerait encore. Il est ce Père qui attend et espère le retour du fils qui s'est éloigné. Il est ce Père qui fait la fête au retour tant attendu. Il nous faut vraiment faire effort pour comprendre l'amour de Dieu pour nous ; il nous faut apprendre à accepter d'être autant aimé. Il n'y a que lui pour être capable de tant d'amour, malgré nos lâchetés, malgré nos trahisons, malgré nos reniements. C'est en nous laissant aimer de Dieu comme il veut nous aimer que nous arriverons à transformer notre vie. Là où nous ne pouvons plus rien, son amour peut encore quelque chose. Laissons-le agir en nous !


Dix-septième pas : Lundi 3ème semaine de Carême

Purifier notre regard

C'est nécessaire, c'est utile de purifier notre regard sur le monde, sur Dieu, sur nous-mêmes. En fait, il vaudrait mieux dire : laisser Dieu nous purifier, comme le suggère la prière d'ouverture de la messe de ce jour : Ne relâche pas ton amour, Seigneur, purifie ton Eglise... Je crois que cela passe d'abord par le regard. N'est-ce pas parce que nous portons tel regard sur quelqu'un ou quelque chose, que nous le jugeons favorablement ou non ? Purifier notre regard, c'est apprendre à regarder le monde, à regarder les autres, à nous regarder nous-mêmes, tels que Dieu lui-même regarde : avec un regard d'amour, avec un regard de pardon, avec un regard de justice.
En voyant les hommes comme Dieu les voient, n'y a-t-il pas plus de chance de mieux vivre avec eux ? N'est-ce pas ainsi que nous aurons le plus de chance de construire un monde nouveau, plus conforme à ce que Dieu en attend ?


Dix-huitième pas : Mardi 3ème semaine de Carême

Nous ajuster à Dieu

Purifier le regard ne sert à rien si tout notre agir n'est pas ajusté à Dieu. C'est donc nécessairement l'étape suivante de notre Carême : Que toute notre vie soit conforme à la Parole de Dieu, conforme au projet d'amour que Dieu porte pour nous. Il faut laisser le Christ et son Esprit agir en nous pour que nous soyons toujours plus ajusté à Dieu. Dans l'Evangile de ce jour (Mt 18, 21-35), le serviteur qui avait été grâcié par son maître, ne devait-il pas à son tour faire grâce à son débiteur ? Qui, en lisant cette parabole, n'est pas comme les compagnons de ce serviteur, profondément attristés ? S'il s'était ajusté à son maître, il aurait remis la dette d'autant plus facilement qu'elle était environ 600 000 fois moindre que la dette qu'il avait lui-même contractée et que son maître venait de lui remettre. Peut-on être ingrat à ce point ? Peut-on manquer autant de reconnaissance envers Dieu et ne pas agir envers les autres comme il agit envers nous ?


Dix-neuvième pas : Mercredi 3ème semaine de Carême


Garder au coeur le souvenir de ses merveilles !

N'est-ce pas ce que Moïse semble dire au peuple au moment où il réaffirme la Loi donnée par Dieu ? Il présente la Loi non comme quelque chose de contraignant, mais comme libératrice, comme source de vie. Le respect de la Loi garantit le bonheur et la vie du peuple. En invitant à ne pas oublier la Loi, il invite aussi à se souvenir de tout ce que Dieu a fait pour ce peuple qu'il a sorti d'Egypte à bras fort. La Loi fait partie de ces merveilles que Dieu réalise pour son peuple. On comprend alors que, des siècles plus tard, Jésus dise qu'il n'est pas venu supprimer la Loi mais l'accomplir en totalité. Il se situe bien dans la suite de toutes les merveilles que Dieu a déjà réalisé pour son peuple et qu'il vient porter à leur accomplissement. Il n'y aura pas de merveille plus grande que le don de ce Fils unique qui, dans sa fidélité à cette Loi de Dieu, va la porter à sa perfection, la réinterprétant pour élever l'humanité et la rendre plus proche encore de Dieu.
En gardant au coeur le souvenir des merveilles que Dieu fait pour nous, nous découvrons toujours plus l'immense amour dont il nous aime, et nous serons certainement amenés à l'aimer en retour. Il faudrait être bien ingrat pour ne pas aimer quelqu'un qui ne cesse de donner des preuves d'amour, qui veut notre bonheur et nous offre la vie, non ?


Vingtième pas : Jeudi 3ème semaine de Carême

Grandir dans la fidélité à Dieu

La fidélité est morte : on n'en parle plus (Jérémie 7, 28). Terrible constat pour le peuple que Dieu s'est choisi ; terrible constat pour ceux qui ont été sauvés par lui. La fidélité de Dieu à son Alliance est bien mal récompensée par les hommes ; quand tout va mal, ils s'en plaignent auprès de Dieu ; quand tout va bien à nouveau, ils se pressent de l'oublier ! Ils ne l'écoutent plus ! Dans l'Evangile, ce manque de fidélité à Dieu et à sa Parole va plus loin encore, puisque certains n'hésitent pas à accuser Jésus de travailler pour l'Adversaire de Dieu. Ils ne sont plus capables de reconnaître la Vérité ; ils appellent Mal ce qui est bon et bon ce qui est Mal. Jésus, par sa fidélité au projet d'amour de Dieu pour tous les hommes, va rétablir la vérité et condamner le Mal. Sur la croix, il l'affrontera pour mieux le détruire. C'est dans cette Alliance que nous entrons par notre baptême ; c'est à cette Alliance que nous devons rester fidèles, pour que toujours le Mal soit chassé de nos vies, chasé de notre monde. Sans fidélité à Dieu, pas de victoire sur le Mal possible !


Vingt-et-unième pas : Vendredi 3ème semaine de Carême

Sans l'amour, je ne suis rien !

Cette phrase de Paul dans son hymne à la charité pourrait être notre fil rouge aujourd'hui, alors que nous recevons de Jésus le "grand" commandement - Aimer Dieu et aimer les frères - (Mc 12, 28b-34) et que nous lisons un extrait du prophète Osée (14, 2-10). Le prophète Osée nous invite à revenir vers Dieu en lui demandant d'effacer le Mal que nous avons commis. Et Dieu entend notre prière, Dieu revient de sa colère et déploie des trésors d'amour pour nous rétablir dans notre dignité. Il nus faut accueillir vraiment l'amour dont Dieu nous aime pour renoncer définitivement au Mal. Celui qui se laisse aimer par Dieu n'est plus "apte" au Mal car celui-ci ne résiste pas à l'amour Dieu. L'amour de Dieu pour nous est le remède à nos égarements.
Nous pouvons alors entendre Jésus nous dire qu'aimer Dieu et aimer les frères, c'est un tout. Pour aimer les frères, il faut aimer Dieu ; pour aimer Dieu, il faut aimer les frères. Si Dieu m'aime malgré mes imperfections, comment ne pourrais-je pas aimer les autres, malgré leurs imperfections ? Et comment mieux dire à Dieu que je l'aime, sinon en aimant ceux qu'il met sur ma route ? N'est-ce pas en eux aussi qu'il se révèle à moi ? Tout ce que vous aurez fait (ou pas fait) à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'aurez fait (ou pas).


Vingt-deuxième pas : Samedi 3ème semaine de Carême

Poser un regard vrai sur sa propre vie

Miroir, ô mon beau miroir... Nous connaissons bien l'histoire de Blanche Neige et de sa marâtre qui interrogeait ainsi son miroir pour qu'il lui dise, non pas la réponse vraie à sa question, mais que c'était elle la plus belle. Ne sommes-nous pas ainsi dans nos relations mondaines, toujours à chercher la flatterie, les belles paroles en notre faveur, et pourquoi pas la récompense de nos soit-disant qualités ? Mais dans le secret de notre chambre, dans le secret de notre relation avec Dieu, ne devrions-nous pas être comme le publicain de l'Evangile ? Il sait poser un regard vrai sur sa vie. Devant Dieu, il se présente tel qu'il est, pécheur !
Ce Carême peut être l'occasion de poser un regard vrai sur notre vie. Qu'importe ce que les autres pensent de nous; regardons-nous en vérité ; regardons-nous avec nos limites, nos failles, nos manques, nos lâchetés et nos trahisons, et osons les offrir à Dieu. Il saura en faire quelque chose d'inattendu ; il nous rendra juste. Poser un regard vrai sur sa vie, c'est le commencement d'une démarche de réconciliation ! Le Carême sert à cela aussi ! Pensons-y !


Vingt-troisième pas : Lundi 4ème semaine de Carême - St Joseph

Entrer dans le projet de Dieu

Il y a peu de fêtes qui sont célébrées durant le temps du Carême ; aussi profitons de celle-ci. Elle n'est pas une pause dans notre démarche mais une invitation à imiter Joseph, le père nourricier de Jésus. Son histoire est tout, sauf banale. Il avait prévu de prendre Marie pour épouse, et voilà qu'il apprend que sa jeune promise est enceinte. Terrible nouvelle pour un homme fidèle à Dieu et à sa Loi. Il en connaît les conséquences et pourtant, il ne peut se résoudre à son application. Le Dieu qu'il sert va intervenir et lui révéler un dessein plus grand ; il va le faire entrer dans son projet d'amour pour tous les hommes. La suite, nous la connaissons, nous en vivons encore aujourd'hui.
De Joseph, apprenons à entrer dans le projet d'amour que Dieu porte pour nous. Cela concerne chaque baptisé, car Dieu ne se limite pas à appeler les hommes et les femmes qu'il met à part pour une vie religieuse. Celui ou celle qui s'engage dans une vie de famille, par exemple, répond aussi à une vocation, à un appel de Dieu. Il doit trouver quel est le projet que Dieu porte pour lui. Nous voulons tous être heureux, mener une vie bien remplie. Dieu aussi ; et il nous propose un chemin pour y parvenir. Il ne nous demande pas l'impossible et nous assure que nous y trouverons notre plein épanouissement. Entrons dans le projet que Dieu porte pour nous, et vivons ; pleinement !


Vingt-quatrième pas : Mardi 4ème semaine de Carême

Bouger pour Dieu

Pour un peuple qui a été mis en route par Dieu, la paralysie est sans doute la plus grande malédiction. Toute la foi d'Israël repose sur cet appel à se mettre en route ; depuis Abraham, celui qui croit en Dieu est sans cesse mis sur la route : Va vers le pays que je t'indiquerai. Ne pas pouvoir bouger seul, voilà qui vous disqualifie d'avance pour cette grande Alliance avec Dieu. Comment, dès lors, être sauvé de cette malédiction ? Il y avait bien à Jérusalem cette piscine, cette source d'eau, mais encore fallait-il pouvoir s'y rendre ! Quand la source est toute proche, il faudrait pouvoir se lever. Ou l'aide de quelqu'un...
Jésus est celui que Dieu envoie vers l'humanité malade. A son appel, nous pouvons, comme le paralysé, nous remettre en route. A son appel, nous pouvons prendre notre brancard et avancer seul à nouveau. Il est la source dans laquelle nous pouvons nous baigner pour être purifiés. Il est la source qui nous remettra en mouvement et nous permettra d'avancer et de marcher en présence du Seigneur.


Vingt-cinquième pas : Mercredi 4ème semaine de Carême

S'ouvrir à l'espérance

Lorsque nous lisons l'Ancien Testament, avons-nous bien conscience que ce peuple que Dieu s'est choisi a résisté à presque tout ? Exode, déportation, destruction du pays, invasions diverses successives ? Et que malgré tout ce Mal qu'il a vu déferler sur lui, il est resté fidèle à Dieu. Peut-être parce que sa foi s'accompagne d'une solide espérance en Dieu qui peut tout et qui fait tout pour lui. Pouvons-nous seulement croire sans espérer ?
Si le temps du Carême est un temps pour approfondir notre foi, il doit aussi être un temps d'espérance renouvelée. Car notre foi nous ouvre un avenir ; notre foi nous fait espérer que toutes les promesses de Dieu seront accomplies. Pour les chrétiens, c'est Jésus, mort et ressuscité pour nous, qui accomplit toutes les promesses de Dieu ; et il nous promet que nous vivrons pour toujours avec Dieu. C'est là notre espérance. Elle n'est pas seulement pour plus tard. Elle se réalise chaque jour pour nous. Dès maintenant, Dieu est avec nous ; dès maintenant, Dieu intervient pour nous ; et un jour, nous le verrons tel qu'il est. Approfondissons notre foi pour espérer mieux ; espérons davantage pour croire mieux.


Vingt-sixième pas : Jeudi 4ème semaine de Carême

Se libérer des faux visages de Dieu

La tentation est grande de se servir de Dieu pour oppresser les autres, pour imposer ses vues. Encore ces jours-ci, au nom d'une mauvaise image de Dieu, des hommes et des enfants sont morts chez nous. Il nous faut encore, au 21ème siècle, faire effort pour découvrir le vrai visage de Dieu et ce qu'il attend de nous. Dans l'Ancien Testament, Moïse est déjà confronté au même devoir : purifier sa vision de Dieu. Dieu est-il un dieu jaloux, colérique, un dieu qui punit, ou est-il ce Dieu lent à la colère, ce Dieu qui pardonne même lorsque l'homme s'éloigne de lui ? Bref, Dieu est-il plus proche de la Bête (du veau fabriqué par certains) ou plus proche de l'homme, de l'ami qui converse à coeur ouvert avec Moïse ?
Il faudra du temps à l'homme pour parvenir à une impression juste sur Dieu ; sans doute n'avons-nous pas fini de le découvrir. Mais en écoutant Jésus, nous pouvons approcher toujours mieux ce Dieu qui veut la vie de l'homme, de tout homme. Nous apprendrons de Jésus à ne pas nous servir de Dieu, mais à entrer toujours mieux dans sa volonté. Nous apprendrons de lui à faire ce que le Père attend de nous. Nous apprendrons de lui qui est vraiment Dieu.


Vingt-septième pas : Vendredi 4ème semaine de Carême

Connaître mieux Jésus

Vous me connaissez ? interroge Jésus dans l'Evangile de ce jour (Jn 7, 1-2.10.25-30). Voilà une question qui nous est renvoyée et nous devons prendre du temps pour y répondre. Tant de choses se disent de lui ; tant d'images circulent sur son compte. Entre ceux qui le reconnaissent comme Fils de Dieu et ceux qui ne le considèrent que comme un mythe, la gamme des réponses est large. Chaque croyant se doit d'affronter la question. Chaque croyant doit apprfondir sa connaissance de Jésus. Ce que nous pouvons dire de lui change et évolue à mesure que nous grandissons, à mesure que nous le fréquentons. Et c'est normal ! Pourquoi la foi serait-elle la seule chose qui ne bouge pas, qui ne grandit pas ? Je ne peux pas me contenter de la foi de ma première communion  ! Au fait, est-ce que je me souviens du dernier livre ou article lu sur Jésus ? Quand ai-je pris du temps avec d'autres pour parler de ma foi ?


Vingt-huitième pas : Samedi 4ème semaine de Carême


Ne pas hurler avec les loups !

Il n'y a rien de pire que l'instinct grégaire : il suffit qu'un seul loup hurle pour que tous s'y mettent. N'est-ce pas ce qui arrive à Jérémie ? Ses adversaires se sont unis pour le discréditer d'abord, pour chercher à l'éliminer ensuite. C'est aussi ce qui arrive peu à peu à Jésus : ses adversaires hurlent de plus en plus fort. Son sort est scellé : il faut l'arrêter, on ne peut plus l'écouter ! Le peuple ne doit plus l'écouter : trop dérangeant. Mais voilà : il y a des gens simples qui ne hurlent pas ; ils écoutent Jésus et reconnaissent que jamais un homme n'a parlé comme cet homme. Ce n'est pas encore aujourd'hui qu'il sera arrêté ! Même parmi les pharisiens, il s'en trouve un, Nicodème, pour ne pas hurler avec les autres. Il les invite même à reprendre leurs esprits, à prendre de la hauteur et à relire la Loi : Est-ce que notre Loi permet de condamner un homme sans l'entendre d'abord pour savoir ce qu'il a fait ? A ceux qui prônent une justice expéditive, à ceux qui, sans comprendre, sans savoir, se joignent aux plus forts sans vérifier s'ils ont tort ou raison, Nicodème vient redire : Plutôt que de hurler, écoutez-le d'abord ; faites preuve de justice.
Ce qui était vrai au temps de Jésus, l'est encore aujourd'hui. Certes, il est bien commode de se joindre au parti des forts pour mieux écraser le faible, pour isoler davantage encore celui qui n'est pas comme nous ou qui ne pense pas comme nous. Mais si le combat du faible, de l'étranger, de celui qui est différent... est juste, alors Dieu combattra à ses côtés, alors Dieu viendra prendre sa défense. Si je me mets à hurler avec les loups contre le faible, je hurlerai contre Dieu. Es-ce bien raisonnable ?


Vingt-neuvième pas : Lundi 5ème semaine de Carême. Annonciation du Seigneur

Creuser en nous le désir du salut

Un deuxième jour de fête vient comme suspendre notre Carême : l'Annonciation du Seigneur, reportée d'un jour puisque hier, c'était dimanche et que le dimanche de Carême s'impose à tout le reste. La fête n'est pas supprimée pour autant. Cela nous montre bien son importance. Ce qu'elle nous dit, outre le fait que nous pouvons, comme Marie, consentir au projet de Dieu pour nous, c'est que le Christ vient pour un projet de salut. La deuxième lecture de cette fête (He 10,4-10) nous redit que le Christ a offert toute sa vie à Dieu ; en cela, il est l'offrande parfaite, seule capable de remettre les péchés, seule offrande capable de sauver vraiment.
S'attacher au Christ, c'est donc autre chose qu'un folklore, autre chose qu'une tradition familiale. S'attacher au Christ, c'est porter en soi le désir d'être sauvé. S'attacher au Christ, c'est accepter de le suivre sur ce chemin d'offrande à Dieu pour entrer toujours plus parfaitement dans sa volonté. Il est heureux que cette fête vienne rythmer notre Carême : n'est-ce pas le temps favorable pour creuser en nous le désir du salut apporté par le Christ ?


Trentième pas : Mardi 5ème semaine de Carême

Se réconcilier avec Dieu

Nous n'y échapperons pas. A mesure que nous approchons des fêtes pascales, il nous faudra bien aller vers la Vérité, et reconnaître que nous ne sommes ni parfaits, ni totalement saints. Dans notre vie, nous croisons le Mal et nous faisons quelquefois le Mal ; bref, nous nous éloignons des autres, nous nous éloignons de Dieu. L'Eglise nous propose un remède qui nous permet de retrouver la pleine alliance avec Dieu : le Sacrement de la pénitence et de la réconciliation. Je sais qu'il a mauvaise presse ; mais c'est pourtant un merveilleux sacrement. Je rencontre un prêtre qui est là au nom du Christ pour me dire que Dieu m'aime, que j'ai du prix aux yeux de Dieu malgré le péché que j'aurai confessé. En entendant le prêtre me dire au nom de Dieu : Je te pardonne tous tes péchés, je peux avoir la certitude absolue qu'il en est bien ainsi. Ce n'est pas une vue de l'esprit ; ce n'est pas un vague sentiment qui m'envahit : non, Dieu m'a vraiment pardonné, le prêtre en atteste.
Le prêtre n'est pas là pour me juger mais pour m'aider à progresser sur la voie de sainteté. Il n'est pas là pour condamner mes actes, mais pour me dire l'immense amour de Dieu pour moi. Il est toujours possible de revenir à Dieu ; il est toujours possible de rencontrer un prêtre pour vivre ce moment privilégié où je relis ma vie à la lumière de la Parole de Dieu. Vraiment, il ne devrait pas y avoir de Carême sans cette démarche de réconciliation !


Trente-et-unième pas : Mercredi 5ème semaine de Carême


En Jésus, devenir libre !

Devenir libre : n'est-ce pas ce que nous cherchons tous ? Mais c'est quoi au juste, être libre ? Est-ce pouvoir faire ce que je veux, quand je veux ? Est-ce n'avoir aucune contrainte ? Est-ce n'être l'esclave de personne, comme l'affirment ceux qui s'opposent à Jésus ? La liberté dont parle Jésus est d'un ordre bien supérieur. La liberté dont parle Jésus est celle qui s'acquiert lorsque l'on refuse le Mal. Seul Jésus est véritablement libre puisqu'il n'est pas soumis au Mal, il ne cède pas au péché. Il est libre parce qu'il est vraiment, et en tout, Fils de ce Dieu qu'il nomme Père.
Il n'y a donc qu'en Jésus que nous devenons véritablement libres, parce qu'il est celui qui nous libère du péché et parce qu'il est celui qui nous fait véritablement fils. Par le baptême, nous sommes identifiés au Christ, mort et ressuscité, et nous pouvons désormais vivre de la liberté des fils de Dieu. C'est en entrant toujours plus dans cette filiation que nous partagerons avec le Christ la vraie liberté. Ce n'est qu'en entrant toujours plus dans cette filiation que nous serons libérés de toute forme de Mal. La vraie liberté, c'est celle que Dieu nous offre, en Jésus.

Trente-deuxième pas : Jeudi 5ème semaine de Carême


Accorder foi à la parole de Jésus

A mesure qu'approche la Semaine Sainte, nous sentons bien l'hostilité grandir autour de Jésus. Sa parole est remise en cause ; il est de plus en plus contredit. On peut même avoir l'impression que, quoi qu'il dise, sa parole n'est pas, n'est plus reçue. Alors comprenez le désir de lapidation qui s'empare des adversaires de Jésus lorsqu'il s'attribue LE nom de Dieu : Moi, JE SUIS. Ce nom que Dieu lui-même a utilisé jadis lorsqu'il s'est révélé à Moïse dans le buisson ardent ! Si je n'accepte pas que Jésus soit l'envoyé de Dieu, cette dernière parole sonne comme un blasphème. Il se prend pour Dieu !
Pourtant, il n'y a que dans la fidélité à la parole de Jésus que nous trouverons la vérité sur qui il prétend être, pour reprendre la question de ses adversaires. Il n'y a que dans la fidélité à sa parole que nous manifesterons que nous sommes à Dieu, du côté de Dieu. Peut-être ne comprenons-nous pas, comme ceux qui s'opposent à Jésus, toute la portée de ses paroles ! Mais plutôt que de les rejeter, plutôt que de dire que cela ne peut pas être vrai, faisons-lui confiance encore, faisons-lui confiance toujours. Ne nous arrêtons pas en chemin. Accompagnons-le jusqu'au bout : la vérité éclatera ! Forcément !

Trente-troisième pas : Vendredi 5ème semaine de Carême


Se reconnaître enfant de Dieu

Est-ce prétentieux de se dire fils de Dieu ? C'est le reproche fait à Jésus, reproche qui suscite chez ses adversaires un désir renouvelé de lapidation. Nul ne peut se faire l'égal de Dieu sans mourir. Et pourtant, Jésus cite l'Ecriture : Vous êtes des dieux. Une phrase sortie de la bouche même de Dieu. Alors ? Qui croire ? Ceux qui prétendent défendre la sainteté unique de Dieu en refusant à quiconque le droit de se reconnaître fils de Dieu ? Ou Jésus qui appelle Dieu son Père et nous invite à le prier de la même manière : Quand vous priez, dites : Père... Sommes-nous en tort lorsque nous reprenons les mots de la prière que Jésus a lui-même enseignée à ses disciples ?
Se reconnaître fils ou fille de Dieu, n'est-ce pas au contraire un acte d'humilité ? C'est reconnaître que je ne suis pas ma propre origine. Si j'existe, c'est parce que Dieu m'a voulu ; il a voulu vivre avec moi une alliance d'amour ! Se reconnaître enfant de Dieu, c'est accepter de tout recevoir de Dieu et d'avoir réellement besoin de lui, comme un enfant a besoin de ses parents. Se reconnaître enfant de Dieu, c'est grandir dans la fidélité à ce Père qui nous aime, en mettant en oeuvre ce qu'il nous a appris. Se reconnaître fils ou fille de Dieu, c'est renoncer à être dieu pour les autres, renoncer à les diriger, pour entrer avec eux dans une vraie relation de filiation vis-à-vis de Dieu et de fraternité avec les autres.


Trente-quatrième pas : Samedi 5ème semaine de Carême

Trouver quel est mon intérêt !

Les dés sont jetés ; Jésus doit mourir. La décision est prise. Et on a même trouvé une raison très noble : il vaut mieux qu'un seul homme meure pour le peuple et que l'ensemble de la nation ne périsse pas ! Certes, on peut spiritualiser la chose en disant que Caïphe prophétisait, que Jésus allait mourir afin de rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés ; il n'en reste pas moins qu'ils ont décidé la mort d'un innocent. C'est cruel à dire : mais il est bien de notre intérêt qu'il meure. Par sa mort, tous les hommes auront la vie ! Mais il faudra un peu de temps pour comprendre cela.
Aujourd'hui, des siècles plus tard, où est notre intérêt ? Jésus a donné sa vie une fois pour toutes, une fois pour tous les hommes à travers le temps et l'histoire. Alors quel est mon intérêt aujourd'hui à suivre Jésus, à vivre selon son commandement ? Quel est mon intérêt à l'accompagner au long de la Semaine Sainte à venir ?


Trente-cinquième pas : Lundi de la Semaine Sainte

Rester avec Jésus...

Les trois premiers jours de la Semaine Sainte nous préparent aux événements que nous venons de parcourir lors de la célébration du dimanche des Rameaux. Nous approchons de "l'heure" de Jésus et que fait-il ? Rien d'extraordinaire ! Il reste avec ses amis ; et il le fait au grand jour : une grande foule apprit que Jésus était là ! Il est avec ses amis, autour d'une table. Il se laisse approcher, il se laisse faire par celle qui lui verse du parfum sur les pieds. C'est un tableau presque bucolique que nous décrit saint Jean. Malgré la tension générée par ses adversaires, Jésus reste serein.
Et nous ? Où sommes-nous dans ce tableau ? Avec Jésus, calme et serein ? Avec Judas qui s'énerve pour un peu de parfum ? Avec les adversaires qui attendent leur heure, radicalisant leurs positions ? Durant cette semaine, il nous faudra nous prononcer, définitivement : pour ou contre Jésus. Nous ne pouvons plus rester neutres ; nous ne pouvons plus dire : pas concerné !


Trente-sixième pas : Mardi de la Semaine Sainte

... sans peur et sans honte...

L'heure approche et nous constatons que Jésus connaît bien ses disciples. Il sait que l'un va le trahir, un autre le renier.  Et pourtant, il leur manifeste encore son amour ; il soutient encore leur foi ; il les encourage pour qu'ils ne perdent pas pied au moment décisif. Combien vont le suivre encore ? Combien iront jusqu'au bout avec lui ? Judas s'enfonce dans la nuit au point de devenir nuit lui-même, selon la parole de saint Augustin. Et Pierre cessera bientôt de fanfaronner. Il reniera, par peur certainement, par honte peut-être !
Suivre Jésus, aujourd'hui encore, ne pose pas de problème quand tout va bien. Les disciples l'ont fait jadis, nous en faisons autant aujourd'hui. Mais quand l'horizon se bouche, quand le temps se gâte, qu'en est-il de notre fidélité ? Prenons-nous peur ? Avons-nous honte de nous dire catho ? chrétien ? A force de dire que la foi est du domaine strictement privé, la question peut se poser, légitimement. Aurions-nous renié le Christ définitivement ? L'aurions trahi, une fois pour toutes ?


Trente-septième pas : Mercredi de la Semaine Sainte

 
... dans une absolue fidélité !
 
Dernier jour du Carême ordinaire. Demain, nous entrons dans le Triduum, les trois jours saints pendant lesquels nous accompagnerons Jésus dans ses dernières heures terrestres. Tout est joué maintenant ; nous n'échapperons à rien. Judas vient proposer ses services aux adversaires de Jésus. C'est fini ! Jésus seul reste fidèle à sa mission. Il accomplira toutes les Ecritures, il accomplira toute la Loi. A commencer par le repas de la Pâque. Petit à petit, les pièces du puzzle se mettent en place.
Et nous ? Qu'en est-il de notre fidélité dans ces heures difficiles ? Les trois jours qui viennent sont-ils pour nous des jours comme les autres, à réserver aux gens particulièrement pieux ? Ou aurons-nous cet état d'esprit qui nous fait dire : c'est pour nous que le Christ va souffrir ; accompagnons-le par notre présence à ces offices si particuliers ! En Alsace, nous avons la chance d'avoir un jour férié durant ces trois jours : le Vendredi Saint. Le consacrons-nous à la prière et au jeûne ? Ou est-ce un jour de plus pour une consommation tout azimuth ? A qui va notre fidélité dans les trois jours qui viennent ?
 
 
Pour les trois derniers pas à faire, je vous renvoie à la page des dimanches sur laquelle seront publiées les homélies des jours saints, données cette année au Carmel de Marienthal.