Bienvenue sur ce blog !

Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







vendredi 28 septembre 2012

26ème dimanche ordinaire B - 30 septembre 2012

Ne les empêchez pas !


Moïse & Jésus : même combat ! C’est ce qui m’est venu spontanément à l’esprit lorsque j’ai découvert les textes de ce dimanche. En effet, en juxtaposant la première lecture et l’Evangile, je dois bien constater que ce sont les mêmes attitudes qui entraînent des paroles identiques.

A son époque, Moïse était, pendant longtemps, celui à qui Dieu parlait. Le seul, semble même nous dire les textes bibliques, à qui Dieu parlait à ce moment-là ! C’est Moïse qui a été choisi pour faire sortir le peuple d’Egypte ; c’est Moïse qui le conduit vers la Terre Promise ; c’est à Moïse qu’est donnée la Loi de Dieu ; c’est par Moïse que Dieu éduque patiemment son peuple. Ils sont nombreux les passages où ce peuple marque une certaine crainte devant Dieu et il est plutôt heureux, je crois, de laisser Moïse aller au devant de Dieu. Personne ne songe à lui disputer cette place-là. Quoi que fasse le peuple, Moïse est là, entre le peuple et Dieu. A tel point qu’un jour, Moïse en a ras-le-bol ! Il n’en peut plus de ce peuple qui tantôt geint, tantôt se révolte contre Dieu, tantôt s’en prend à Moïse. Et Dieu vient au secours de son serviteur et lui adjoint 70 anciens pour le seconder dans sa charge. Il parle avec Moïse et distribue une part d’Esprit Saint qui repose sur Moïse aux 70 anciens. Rien d’extraordinaire, me direz-vous ! Certes ! Mais voilà que deux des anciens n’étaient pas au lieu même où se tenait Moïse et les autres. Et pourtant ils ont reçu leur part. Josué, successeur de Moïse, s’en apercevant, veut que Moïse les fasse taire. Ils n’étaient pas là au moment de la distribution.

Des siècles plus tard, Jésus, nouveau Moïse partageant l’intimité de Dieu, proclame la Parole de Dieu, pose des signes, envoie ses disciples faire de même. Et voilà que l’un d’eux, Jean, vient dire à Jésus que d’autres, qui ne sont pas de leur groupe, posent des signes en son nom. Il veut les en empêcher. Après tout, ils ne sont pas disciples du Christ ! Que savent-ils de lui ? Comment peuvent-ils parler et agir en son nom ? Ils n’ont même pas été appelé à le suivre !

Serais-tu jaloux pour moi ?, interroge Moïse. Ne les empêchez pas, répond Jésus. Chacun, à son époque, a bien conscience que l’œuvre de Dieu est sans limite. Dieu peut agir dans le cœur des hommes, même en-dehors des limites du peuple qu’il s’est choisi. Dieu peut faire le bien par des hommes qui ne sont pas de son Eglise. Et nous touchons là du doigt un grand danger pour la vie spirituel : ce danger consiste à croire qu’il existe une race de purs, une caste de gens autorisée à parler et agir au nom de Dieu et que les autres n’ont qu’à bien se tenir. Cela fait un peu cours de récréation à l’école maternelle : tu n’es pas de mon groupe : tu ne peux pas jouer avec nous ! Sommes-nous donc propriétaires de Dieu ? Sommes-nous dépositaires de ses droits d’auteur sous prétexte que, par notre baptême, nous sommes ses héritiers ? N’y a-t-il que ceux qui appartiennent à une chapelle précise qui ont le droit d’agir et de parler au nom de Dieu ? Ou bien, formulé autrement, Dieu est-il prisonnier de son Eglise, de son peuple ? Dieu ne serait-il plus libre d’agir comme bon lui semble, de toucher le cœur de tous les hommes ? Ne les empêchez pas, dit Jésus ; qui n’est pas contre nous est pour nous. Il existe, heureusement, des non pratiquants qui sont capable de faire le bien, selon l’Evangile.

Ce qui est vrai à l’extérieur de l’Eglise est vrai aussi à l’intérieur de l’Eglise. Je m’explique. Il y a différents groupes pour faire « fonctionner la boutique », différentes charges à exercer : pour la liturgie, il faut une chorale, des instrumentistes, des servants, des lecteurs ; pour l’annonce de la Parole, des prêtres, des diacres, des catéchistes… Cela signifie-t-il qu’il n’y a que la chorale qui puisse chanter les louanges de Dieu et donc que je reste silencieux dans mon banc ? Qu’il n’y a que les prêtres ou les catéchistes qui peuvent parler de Dieu et que je reste chez moi plutôt que d’accompagner un groupe d’enfants vers un sacrement ? Quand Moïse et Jésus interviennent auprès de leurs proches, ils leur font comprendre que l’Esprit de Dieu est donné largement ; il ne se limite pas à un clan, une caste, une fonction. D’autres peuvent être appelés. Moïse rêve même d’un jour où tout le peuple serait peuple de prophètes. Et nous disons, lorsque nous célébrons un baptême, que nous sommes, à la suite du Christ, prêtre, prophète et roi. Chacun. Avec chacun une responsabilité à assumer. Chaque membre de l’Eglise se doit de chanter les louanges de Dieu parce qu’il participe au sacerdoce du Christ. Chaque membre de l’Eglise se doit d’annoncer les merveilles de Dieu parce qu’il participe à la mission prophétique du Christ. Chaque membre de l’Eglise se doit de gouverner sa vie selon l’Evangile du Christ parce qu’il participe à la royauté du Christ.

Nos paroisses vivent en ce moment leur rentrée ; vos prêtres feront probablement appel à vous. Souvenez-vous que vous avez reçu largement l’Esprit de Dieu. Aucun de vous n’a manqué la distribution des prix ! Chacun de vous a une place à tenir ; chacun de vous peut encore recevoir de Dieu la grâce d’accomplir la mission à laquelle il peut être appelé par la communauté et son pasteur. Ne soyez jaloux de personne et restez au service de tous. N’empêchez personne et ne vous empêchez pas non plus. C’est Dieu qui construit, nous ne sommes que ses instruments. Amen.

(Dessin de la Revue "Images pour notre paroisse, n° 201)

samedi 22 septembre 2012

25ème dimanche ordinaire B - 23 septembre 2012

Heureusement que Dieu est patient !


On aurait pu croire, au commencement du monde, puisque Dieu se félicitait lui-même de l’œuvre accomplie, que tout irait bien, que les hommes seraient gentils et heureux puisqu’ils étaient à l’image et à la ressemblance de Dieu. Mais voilà, le Mal s’est immiscé dans le cœur de l’homme ; il casse consciencieusement l’œuvre de Dieu. Sans doute était-ce inévitable, toute cette histoire d’Alliance étant trop neuve pour résister à l’épreuve du temps. Et puis, à ce moment-là, Dieu n’avait pas encore choisi un peuple particulier, un peuple qui serait à lui et qui serait signe pour le monde de la grandeur et de l’amour de Dieu.

On aurait pu croire, après Moïse et la sortie d’Egypte, que les choses s’arrangeraient. Dieu, en donnant sa Loi, en donnant une terre, se forgeait un peuple particulier. Il a choisi un peuple pour être, au milieu du monde, une lumière pour éclairer les nations, pour les guider vers la vérité, pour mener le cœur des hommes vers Dieu. Les peuples verraient la bonté de Dieu à l’œuvre dans ce peuple et ils se convertiraient. Mais voilà, ce peuple particulier avait la nuque raide ; il s’est souvent détourné de Dieu, le Mal a persisté au milieu d’Israël et ceux qui restaient fidèles à Dieu devenaient dérangeants. L’auteur du livre de la Sagesse a des mots durs pour décrire la situation : Ceux qui méditent le mal se disent en eux-mêmes : Attirons le juste dans un piège, car il nous contrarie. Dieu lui-même est mis à l’épreuve et sommé de prouver sa présence et sa puissance : Si ce juste est fils de Dieu, Dieu l’assistera, et le délivrera de ses adversaires. Peut-être cette situation est-elle due au fait que Dieu n’avait pas encore tout dit de sa tendresse, n’avait pas encore tout fait par amour pour son peuple ! Il n’avait pas encore envoyé son propre fils.

On aurait pu croire, au temps de Jésus, le fils unique de Dieu envoyé au milieu des hommes pour diriger le cœur de l’humanité vers Dieu son Père, que tout s’arrangerait, qu’enfin les choses rentreraient dans l’ordre, et que le Bien règnerait désormais en maître. Mais voilà, même parmi ceux qu’il a appelés, subsistent des traces de querelles, des sentiments trop humains pour être honnêtes : Qui était le plus grand entre eux ? Pourtant, cela fait un moment qu’ils le côtoient : ils auraient dû savoir, ils auraient dû comprendre que si quelqu’un veut être le premier, il devait être le dernier et le serviteur de tous. Peut-être ne l’ont-ils pas encore compris parce que Jésus lui-même n’avait pas encore tout donné, tout livré. Il n’était pas encore passé par la croix ; il venait juste de les instruire en disant : Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. Comment ses disciples auraient-ils pu comprendre ce qu’il venait de leur dire alors qu’ils avaient à peine reconnu en lui le Messie de Dieu ?

On aurait pu croire, après la mort et la résurrection de Jésus, que désormais le Mal n’aurait plus cours. Sur la croix, Jésus ne l’a-t-il pas crucifié avec lui pour le faire mourir une fois pour toutes. Et en ressuscitant, Jésus n’a-t-il pas affirmé avec force que la vie, la justice et le bien avaient le dernier mot ? Mais voilà, même parmi les disciples du Ressuscité, jalousie et rivalité existaient encore. Saint Jacques le souligne avec sévérité : Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes envieux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre. Vous n’obtenez rien parce que vous ne priez pas ; vous priez, mais vous ne recevez rien parce que votre prière est mauvaise : vous demandez des richesses pour satisfaire vos instincts. Pourtant, Dieu a tout donné, tout dit en son Fils Jésus, mort et ressuscité. Que faut-il donc pour que vienne le règne de Dieu ? Que faut-il donc pour que la justice et la vérité gouvernent nos vies ? Que faut-il pour que cesse le Mal ?

On pourrait croire qu’il n’y a pas d’issue, que Dieu lui-même a échoué. On aurait tort de le croire ! Au long des siècles, des hommes et des femmes se sont levés pour dire la tendresse et l’amour de Dieu aux hommes ; au long des siècles, des hommes et des femmes ont témoigné que le règne de Dieu pouvait advenir si nous lui restions fidèles, si sa Parole devenait le cœur de notre vie ; au long des siècles, des hommes et des femmes ont témoigné que la sainteté était un don de Dieu à accueillir et qu’elle transformerait notre existence, qu’elle transformerait notre monde. Saint Matthieu, que nous avons célébré vendredi, nous a ouvert à cette Parole ; Saint Vincent de Paul, que nous allons fêter cette semaine, a témoigné de l’amour de Dieu pour tous, y compris pour ceux que les hommes rejetaient parce qu’ils avaient fait le Mal. Ils ont contribué à changer nos vies, à changer notre monde. Et ils ne sont pas les seuls !

On aurait pu croire que… ! En fait, il n’y a qu’une chose qu’il nous faut croire : c’est que Dieu est plein d’amour. Il saura changer notre cœur, il saura transformer notre monde. Si nous voulons nous débarrasser du Mal, en nous et autour de nous, ouvrons-nous à son amour : et nous aimerons la justice, nous cultiverons la vérité, nous nous ferons serviteurs des autres et nous nous féliciterons de ce que Dieu est d’une infinie patience avec nous, toujours. Heureusement pour nous ! Amen.

(Photo d'une icône du Monastère de Toplou, Crête, reprenant toute l'histoire du salut)

vendredi 14 septembre 2012

24ème dimanche ordinaire B - 16 septembre 2012

Peut-on vraiment connaître quelqu'un ?


Peut-on vraiment connaître quelqu’un ? Ne vivons-nous pas sur l’illusion de tout savoir sur ceux que nous rencontrons ? Dans un monde où le paraître est plus important que l’être, la question me semble pertinente. Ce n’est pas une question nouvelle, certes ; mais peut-être qu’aujourd’hui elle mérite que nous y répondions.

Connaître quelqu’un : qu’est ce que cela peut signifier ? Si nous faisons le tour de nos connaissances, nous pourrons sans peine nous souvenir de leurs noms et prénoms ; avec un peu d’effort, nous pourrons peut-être avancer une date de naissance et décliner leur situation familiale : sont-ils mariés ? Ont-ils des enfants ? Mais cela suffit-il pour dire que nous les connaissons ? Connaître quelqu’un, c’est aussi savoir ce que l’on dit de lui. Par exemple, toutes ces personnalités dont nous parle la presse, les hommes et les femmes qui font la couverture des magazines. Nous en savons des choses : ce qu’on nous en dit, ce qu’on en lit. Mais cela suffit-il pour dire que  nous les connaissons ?

Lorsque nous rencontrons Jésus, sa première question aux disciples dans l’évangile que je viens de proclamer est bien : qu’est-ce que les autres disent de moi ? Comment me connaît-on ? Et les disciples ne font que redire ce qu’ils ont entendu. Jésus est reconnu comme quelqu’un de la trempe de Jean-Baptiste, d’Elie ou de l’un des prophètes ! Nous sentons bien à la deuxième question de Jésus que cela n’est pas suffisant. Nous ne pouvons pas nous contenter de ce que pensent les autres. A n’écouter que les autres, les connaissances que nous avons de quelqu’un ne sont que partielles, voire partiales. Connaître quelqu’un en vérité, c’est être en mesure de se déterminer soi-même, de se faire une opinion propre. Et pour ce faire, rien ne vaut la rencontre personnelle.

Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? Le Pour vous est aussi important que la question elle-même. Il ne nous est pas demandé de redire ce que les autres disent, ni de répéter une leçon de catéchisme, mais bien de se déterminer en fonction de ce que nous avons vu et entendu. La réponse de Pierre - Tu es le Messie - jaillit comme un cri du cœur. Elle reprend ce qu’il a lui-même constaté : avec Jésus, les aveugles voient, les sourds entendent, le peuple mange à sa faim, toutes choses que le Messie attendu et promis devait réaliser. Lui qui suit Jésus depuis le début, ne fait que proclamer haut et fort ce que proclament depuis longtemps les actes de Jésus. La parole de Pierre est une parole sûre parce qu’elle est née de l’expérience qu’il en a faite.

Pourtant, cela ne semble pas suffisant. Sa belle profession de foi est balayée par son incapacité à bien saisir la portée de ces propres paroles. Il a vu et entendu Jésus, il le reconnaît pour ce qu’il est : le Messie ; mais il est incapable de comprendre que ce Messie est différent de ce qu’il attend. Jésus est le Messie libérateur, mais pas à la manière des hommes. Jésus est le Messie Sauveur, mais pas à la manière Pierre. Et quand il l’annonce à ses disciples, Pierre le premier lui fait des reproches. Il est difficile pour des hommes d’entrer dans le projet de Dieu. Il est difficile pour des hommes de bien saisir le mystère de Jésus, Messie Sauveur parce que Messie souffrant, Messie libérateur parce que Messie mis à mort !

Cette page d’Evangile, vous l’aurez compris, est une charnière dans notre rencontre et notre connaissance de Jésus. Avant d’aller plus loin dans la fréquentation de Jésus, il nous faut désormais comprendre et accepter le destin de cet homme-Dieu, destin qui passe par la souffrance et la mort avant de mener à la gloire de la résurrection. Il ne sert à rien de parler de la résurrection si nous n’acceptons pas la souffrance et la mort de Jésus comme le passage obligé pour notre salut. Le chemin est exigeant pour nous ; il l’est d’abord pour Jésus. Même s’il sait qu’il ressuscitera, il ne lui sera pas facile de marcher sur la route commune à tous les hommes, celle qui passe par la souffrance et la mort.

Accepter le chemin que Jésus veut suivre, c’est apprendre à mieux le connaître, lui, le seul Sauveur des hommes. Accepter ce chemin, c’est aussi s’engager à l’emprunter à notre tour. C’est le seul chemin qui mène à la victoire sur la mort et le péché. Accepter de suivre ce chemin, c’est accepter de se déposséder, de soi, de ses connaissances, pour ne faire confiance qu’à Dieu. C’est le seul chemin pour connaître en vérité celui qui vient nous sauver. Il ne suffit pas d’écouter ce que les autres nous disent de Jésus pour le connaître ; il ne suffit pas de l’avoir fréquenté, même longtemps ; il faut avoir le courage de marcher avec lui, même et surtout lorsque le chemin devient difficile. C’est après le passage de la croix que nous pourrons dire : Jésus est notre Sauveur, parce qu’alors nous l’aurons expérimenté, nous l’aurons connu et reconnu.

Que cette Eucharistie nous permette de redire notre attachement à celui qui nous sauve par sa mort et sa résurrection ! Que cette Eucharistie soit notre force sur la route, à la suite de Jésus Christ. En écoutant sa Parole, en recevant son Pain, nous marcherons avec lui et nous connaîtrons véritablement celui qui nous ouvre à la vraie vie. AMEN.

(Dessin de Coolus, Blog du Lapin bleu)

samedi 8 septembre 2012

23ème dimanche ordinaire B - 09 septembre 2012

Effata ! Ouvre-toi !


Effata ! Ouvre-toi ! Cette parole de Jésus au sourd-muet est plus qu’une parole de guérison pour nous qui l’entendons aujourd’hui. Elle est une vraie parole de vie, un véritable art de vivre chrétien que nous nous devons de mettre en pratique. Les lectures que nous avons entendues ce matin nous précisent chacune en quoi consiste cet art de vivre.

Effata ! Ouvre-toi ! Certes, cette parole ne figure guère dans les paroles du prophète Isaïe. Et pourtant, c’est bien à une ouverture au Dieu qui vient rétablir la justice qu’il nous invite. Dieu n’en plus des injustices, Dieu n’en peut plus d’une humanité qui souffre ; il va venir se venger, il va exercer son droit de revanche. Un langage guerrier pour des actes de justice : les yeux des aveugles s’ouvriront, ainsi que les oreilles des sourds. Le boiteux bondira, et le muet criera de joie. L’eau jaillira dans les déserts. Telle est la vengeance du Seigneur ! Telle est son œuvre au milieu de nous.


L’humanité doit s’ouvrir ainsi à ce Dieu qui vient pour ne pas se méprendre sur la vengeance de Dieu. Il ne s’agit pas pour le croyant de se radicaliser ou d’exclure, mais de voir Dieu à l’œuvre, de laisser Dieu agir dans le cœur et dans la vie des hommes. La vengeance de Dieu, ce n’est pas une armée de croyants qui s’élèverait contre les non-croyants à force de combats sanglants. La vengeance de Dieu, c’est de faire triompher la justice et l’amour dans un monde qui s’en est privé. L’art de vivre de Dieu que le croyant doit imiter, c’est cela.

Effata ! Ouvre-toi ! C’est aussi ce que semble dire saint Jacques aux chrétiens qui n’agissent plus dans cet amour que Dieu nous propose de vivre. Ouvre-toi au Dieu qui ne sélectionne pas sur des critères de richesse ; ouvre-toi au Dieu qui t’invite à considérer le pauvre comme celui que Dieu préfère parce qu’il est celui qui a besoin de l’autre, besoin de toi, besoin de Dieu. Ne t’attache pas aux choses qui passent (gloire et richesse), mais attache-toi à ceux que Dieu a choisi pour manifester sa bonté envers tous. Si, d’un pauvre aux yeux du monde, il peut faire un riche dans son Royaume, alors mesure ce qu’il peut faire pour toi.


L’humanité doit s’ouvrir à ce Dieu qui ne juge pas sur l’apparence ou la possession de richesse. Le Dieu de Jésus Christ est bien le Dieu des béatitudes, le Dieu du Magnificat. Nous pourrons partager son bonheur si nous vivons cet esprit singulier qui renverse les valeurs communément admises pour entrer pleinement dans la manière de voir de Dieu. Respecter la dignité de chacun, qu’il soit pauvre ou riche, accueillir chacun pour ce qu’il est (un porteur du Christ) et non sur des critères extérieurs, voilà l’art de vivre qu’il nous faut entretenir.

Effata ! Ouvre-toi ! En prononçant ces mots pour le sourd-muet, Jésus l’introduit pleinement dans ce monde nouveau qu’il est venu inaugurer. Un monde d’où personne n’est exclu, un monde dans lequel le Mal n’a plus cours. En lui rendant l’ouïe, il le rend capable d’entendre les appels de Dieu à construire ce monde nouveau. En lui rendant la parole, il le rend capable de témoigner de ce Dieu qui tient les promesses faites jadis par les prophètes. Il est désormais comme les autres, entendant et parlant. Mais curieusement, Jésus lui impose le silence : n’étant pas encore passé par la croix, il ne peut être reconnu vraiment comme le Fils de Dieu.


Aujourd’hui, nous ne sommes plus soumis à cet interdit. Nous marchons à la suite de Jésus comme ce sourd-muet, mais nous marchons surtout à la suite du Christ, celui-là qui a affronté la mort et l’a vaincue. Ce monde nouveau qu’il annonçait par cette guérison, ce monde qui alors ne pouvait être révélé tant que subsistait un risque d’erreur quant à son interprétation, ce monde est désormais advenu. La mort et la résurrection du Christ nous ont fait entrer dans ce monde nouveau, libéré de tout Mal. Alors ouvrons-nous pleinement à ce monde, vivons comme Dieu nous le demande, et proclamons les merveilles qu’il a faites pour nous. Jésus Christ te le redit : Effata ! Ouvre-toi !

(Image de Jean-Yves DECOTTIGNIES, in Mille dimanches et fêtes, Année B, éd. Les Presses d'Ile de France)