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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 25 juin 2011

Fête du Corps et du Sang du Christ - 26 juin 2011

Souviens-toi !

Chaque année, lorsque revient cette fête du Corps et du Sang du Christ, la presse régionale se fait nostalgique d’un temps où ce jour était appelé Fête-Dieu, donnant lieu à de grandes manifestations publiques (procession, autels dressés dans les rues). Elle nous fait remémorer « comme c’était bien autrefois » et nous invite quelquefois à redécouvrir ces traditions dans tel ou tel village alsacien. Il y a alors le risque que beaucoup de ceux qui viennent, ne viennent que pour le folklore, pour voir quelque chose qu’ils ne voient pas chez eux. Pourtant, se souvenir du passé n’est pas toujours mauvais ; c’est même une attitude spirituelle qui peut être féconde.

Souviens-toi ! Ce sont là les mots de Moïse au peuple d’Israël lorsqu’il relit pour eux la longue marche au désert vers la terre promise. Ce peuple, que Moïse lui-même appelle un peuple à la nuque raide, a souvent pesté contre Moïse et contre Dieu. Quand il était en Egypte, il se plaignait que Dieu ne se souvienne plus de lui ; quand Dieu l’a libéré d’Egypte, il s’est plaint de devoir marcher dans le désert, regrettant les marmites pleines d’Egypte. Bref, jamais très content. Mais ne jetons pas la pierre : nous ne sommes sans doute pas meilleurs. Moïse invite à se souvenir de tout ce que Dieu a fait, à se souvenir que Dieu a veillé en tout temps et pour toutes choses sur son peuple. Il a donné la manne, il a donné l’eau, il a manifesté maintes fois sa patience, y compris lorsque le peuple s’était détourné de Dieu pour se prosterner devant un veau. Cette longue marche au désert dont le peuple doit se souvenir est la marche de sa purification, de son ajustement à la volonté et à la parole de Dieu lui-même.

Souviens-toi ! C’est aussi ce que semble dire Paul aux membres de la communauté de Corinthe. Le court passage que nous avons entendu s’inscrit dans une réponse de Paul à une question précise : est-il permis de manger la viande sacrifiée aux idoles. Pour Paul, il n’y a là pas de problème sauf si l’on vient à choquer la foi d’un petit ; il vaut alors mieux s’abstenir. Il en profite pour redire ce que signifie « communier ». Ce n’est pas simplement une participation à un acte religieux ; c’est un acte qui nous engage envers Dieu et les autres. En effet, nous ne communions pas à n’importe quoi ou n’importe qui. Nous communions au corps et au sang du Christ, c'est-à-dire à la personne même de Jésus. Nous nous unissons à lui de manière très intime, très profonde. Cette communion au Christ devient communion aux autres puisque la multitude que nous sommes est un seul corps. Je ne peux donc pas venir pour accomplir un acte solitaire : la communion est toujours profondément un acte communautaire, un acte qui me relie au Christ, un acte qui me relie à mes frères et sœurs chrétiens. Quand tu vas communier, souviens-toi de cela, souviens-toi que tu construits cette Eglise qui est le Corps unique du Christ.

Souviens-toi ! C’est ce que fait l’Eglise chaque fois qu’elle refait les gestes de Jésus, chaque fois qu’elle redit ses paroles sur le pain et le vin. Ce ne sont pas des gestes extérieurs qui sont faits, mais des gestes fondateurs qui nous raccrochent à ce Jésus qui s’est livré pour nous après avoir laissé à ses disciples le signe nouveau de sa présence. « Si Jésus n’avait pas dit sur le pain : ceci est mon corps, il n’aurait distribué que du pain. S’il n’avait pas dit sur la coupe de vin : ceci est mon sang, il aurait simplement offert à boire ». Mais voilà, Jésus s’est ainsi engagé lui-même et ce pain et ce vin, offerts aux disciples, sont devenus le signe nouveau de sa présence. Jésus s’est ainsi engagé lui-même, et pour nous qui refaisons ces gestes 2000 ans plus tard, c’est toujours la même présence de Jésus qui nous est offerte. Nous ne partageons pas que du pain, nous ne buvons pas que du vin ; nous nous unissons au Christ, mort et ressuscité. En communiant, nous faisons mémoire de tout ce que Dieu a fait, à travers le temps et l’histoire, et de ce qu’il continue de faire pour nous aujourd’hui. Il nous offre son Fils pour que nous ayons la vie. Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous.
Voilà le mystère que nous ne cessons de célébrer : celui d’un Dieu qui est entré dans l’histoire des hommes pour les sauver, pour leur faire partager sa propre vie. En célébrant la fête du Corps et du Sang du Christ, nous nous souvenons de ce don sans mesure que le Christ a fait par amour de nous et nous le rendons actuel, toujours à l’œuvre au milieu de nous. Quand tu viendras communier tout à l’heure, et que tu mangeras ce pain devenu corps et sang du Christ, souviens-toi de celui qui s’offre ainsi, souviens-toi pour qui il s’offre ainsi et à ton tour, offre-lui ta vie, sûr qu’il en prendra soin, toujours. Amen.

samedi 18 juin 2011

Très Sainte Trinité A - 19 juin 2011

Nous croyons en Dieu, Trinité d'amour.



Qui est Celui auquel nous croyons ? C’est la question que nous pouvons nous poser aujourd’hui, au moment où, sortis du temps pascal, nous célébrons le mystère de la Trinité, le mystère d’un Dieu Un en trois personnes. Et puisque trois semble le chiffre du jour, attardons-nous un instant sur les trois lectures de cette fête ; elles nous permettront d’entrer dans ce grand mystère. Ce qui nous est révélé, c’est que la « Trinité n’est pas une énigme à résoudre » (le Dieu des chrétiens, 3 en 1, comment ça marche ?), mais bien quelque chose à vivre. Ce que nous disons de notre Dieu, nous avons d’abord à le vivre. Je le rappelle de plus en plus quand des couples viennent pour le baptême de leur enfant. J’essaie de faire comprendre que nous ne préparons pas d’abord un événement précis (le baptême), mais bien une vie chrétienne, une vie baptismale. La Trinité nous ouvre à cet art de vivre chrétien.

« Baptisés au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, nous somme fils ou fille de Dieu, Créateur et Père de tous les hommes. » Cette relation filiale nous est révélée dès l’Ancien Testament. Il n’y a qu’à relire l’Exode pour constater à quel point Dieu s’occupe de son peuple comme un père s’occupe de ses enfants : il protège, il sauve, il veille, il pardonne, il est plein d’amour, toujours fidèle. Il donne la nourriture au temps voulu (souvenez-vous de la manne), il fait jaillir l’eau pour apaiser la soif (souvenez-vous de Massa et Mériba). En se montrant Père, Dieu dit tout son amour pour nous et nous invite à entrer dans cette relation d’amour particulière. Le Dieu de l’Ancien Testament n’est donc pas à opposer au Dieu du Nouveau Testament : c’est le même Dieu, le même Père qui déjà se révèle. Mais il n’est pas possible de le voir de face. Dieu se donne petit à petit et l’humanité doit chercher à toujours mieux le comprendre, à toujours mieux entrer dans son projet. C’est le sens du passage du Livre de l’Exode que nous avons entendu.
Nous sommes reconnus fils et filles de Dieu par notre baptême, appelés par lui à devenir saints parce qu’il est saint, comme il est saint. Nous vivons notre filiation divine lorsque nous acceptons de n’être pas notre propre Dieu, lorsque nous acceptons de nous ouvrir à cet Autre qui est à l’origine de notre vie. Une telle relation m’invite à toujours accueillir l’Amour, à reconnaître sa trace dans ce que je vis, dans les personnes que je rencontre.

« Baptisés au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, nous sommes « configurés » (identifiés) au Christ Sauveur. Nous devenons des autres Christ, participant à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi. Cette relation fraternelle nous est révélée dans l’incarnation du Fils unique. Jésus, fait homme, pour que nous puissions retrouver en nous la trace de Dieu. Toute la vie de Jésus, toutes ses paroles nous révèlent son intimité avec Dieu le Père. « Je ne dis rien de moi-même ! Tout ce que je vous ai dit, je l’ai entendu de mon Père. » Les évangiles du temps de Pâques nous ont déjà permis d’entrer dans cette relation unique entre un Père et son Fils. Toute la vie de Jésus est l’œuvre d’amour de Dieu pour nous. Nous ne pouvions qu’entendre l’amour de Dieu pour nous dans l’Ancien Testament. Voilà qu’en Jésus, nous pouvons le voir, au moins partiellement, à l’œuvre. « En regardant Jésus, sa vie et sa mort, je vois déjà le visage amoureux de Dieu ; et Jésus pourra dire : ‘Qui m’a vu a vu le Père' ».
En nous rappelant que son Père était aussi notre Père, en nous invitant à le prier ainsi, Jésus fait de nous ses frères et sœurs. Par mon attention à celles et à ceux qui m’entourent, par ma charité véritable, je manifeste cette fraternité avec le Christ, et en Christ. Reconnaître Jésus comme mon frère, c’est reconnaître chacun comme mon frère puisque selon le mot du Christ lui-même en saint Matthieu, « ce que nous aurons fait à l’un de ces petits qui sont les frères du Christ, c’est au Christ lui-même que nous l’aurons fait ! » La fraternité en Christ est à la base même de l’art de vivre chrétien que requiert notre baptême. Nous ne sommes pas meilleur que les autres qui ne sont pas chrétiens, mais nous devons tendre à toujours nous laisser guider par les paroles et les actes de notre Aîné ; nous devons parvenir à une telle communion avec lui que nous puissions dire comme saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi ! »

« Baptisés au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, Dieu nous « a marqués de l’Esprit afin que nous demeurions dans le Christ pour la vie éternelle. » L’Esprit Saint permet à Dieu de résider en nous et à nous de résider en Dieu. Saint Irénée écrivait : « l’Esprit est descendu dans le Fils de Dieu, devenu le Fils de l’homme, pour s’habituer avec lui à habiter le genre humain, à reposer parmi les hommes, à habiter l’œuvre de Dieu, pour opérer en ces hommes la volonté du Père, les renouveler de leur désuétude dans la nouveauté du Christ. » Le Christ a longuement évoqué l’œuvre de l’Esprit lors de son discours aux disciples au soir de sa mort. Il est le révélateur, celui qui permettra aux hommes de comprendre l’œuvre et les paroles du Christ. Avec l’Esprit, Dieu habite en moi. Je deviens temple de l’Esprit Saint, où Dieu trouve ses délices. L’Esprit est celui qui nous « adapte à Dieu », selon le beau mot d’Irénée. Il permet la rencontre en vérité de Dieu et de l’humanité. Il nous prépare à entendre Dieu, à le rencontrer, en travaillant notre cœur pour qu’il s’ouvre à Dieu et à sa parole.
L’Esprit Saint travaille en nous lorsque nous prenons le temps d’approfondir notre foi, de la partager avec d’autres, en Eglise, dans des groupes de prière ou de partage. Nous percevons l’Esprit à l’œuvre dans tous les gestes d’amour et de pardon que nous posons et dont nous nous sentions incapables au départ. L’Esprit est à l’œuvre partout où des hommes et des femmes de bonne volonté se rapprochent, mettent en commun leur énergie, leur savoir, pour permettre à tous de vivre dans un monde plus humain, plus fraternel, plus juste.

Pour finir, je voudrai vous dire que le sacrement qui nous rassemble en ce matin, l’Eucharistie, est celui qui nous permet d’approcher et de vivre chaque dimanche un rapport vrai à la Trinité que nous célébrons. La première partie de chaque eucharistie nous tourne vers le Père des miséricordes. Nous l’implorons, nous nous reconnaissons fils et filles, certes marqués par le péché, et nous lui demandons de renouveler pour nous son amour et son pardon. Puis nous nous mettons à l’école du Fils, scrutant les Ecritures, cherchant à comprendre ce que Dieu attend de nous, quelle est sa volonté, son projet d’amour pour nous aujourd’hui. Enfin, nous invoquons l’Esprit pour qu’il réalise à nouveau la présence du Fils unique au milieu de nous, en faisant du pain et du vin le Corps et le Sang du Sauveur. Cette communion à laquelle nous prenons part nous renvoie vers nos frères et sœurs pour que nous témoignions auprès d’eux de cet amour qui nous fait vivre, et de cette espérance qui sans cesse nous relance et nous fait progresser. En participant à l’Eucharistie, nous puisons à la source de la Trinité pour repartir plus fort et vivre de ce grand mystère. Nous ne le comprenons peut-être pas mieux, mais nous en vivons toujours plus. Pour la plus grande gloire de Dieu et un meilleur service des hommes. Amen.







(Photo publiée avec l'aimable autorisation de l'artiste Stéphane MORIT, grand Christ réalisé pour l' église de Huningue, Haut-Rhin)

vendredi 10 juin 2011

Pentecôte 2011 - 12 juin 2011

L'Eglise vit du souffle de l'Esprit Saint.




Et dire que certains pensaient qu’avec la mort de Jésus son histoire serait finie ! Et bien non, voici que l’histoire se poursuit… Bien loin de s’arrêter avec la mort de Jésus, l’histoire de celles et ceux qui croient en lui commencent vraiment en ce jour de Pentecôte. Mais reprenons les choses dans l’ordre, voulez-vous bien ?

Cette deuxième partie de l’histoire de Jésus commence à Pâques. Celui qui était mort, est vivant. Il apparaît à ses disciples et leur dit : Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. Voilà qui donne une certaine allure à la scène. Les Apôtres, apeurés, reçoivent l’Esprit Saint et, avec lui, la capacité de remettre les péchés, ou pas ! Ce don que fait Jésus n’est donc pas rien ; ce don que fait Jésus, ce n’est pas du vent, même s’il envoie sur eux son souffle pour manifester ce don. Le don de l’Esprit Saint doit produire quelque chose en celui qui le reçoit. Le don de l’Esprit Saint est donné pour une libération. Libération de la peur pour les Apôtres, libération du péché pour tous. La deuxième partie de l’histoire de Jésus commence fort : il n’est plus là, mais il laisse un don capable de transformer la vie des hommes.

Nous le vérifions dans la première lecture, lorsque Luc raconte, à son tour, l’événement de la Pentecôte. Les Apôtres sont réunis ; et voilà qu’un grand bruit pareil à celui d’un violent coup de vent se fait entendre ; et des langues de feu se posent sur chacun d’eux. Encore des signes qui ne sont pas du vent, des signes qui transforment les Apôtres. Ils n’ont plus peur, ils sortent du lieu où ils se tenaient et annoncent les merveilles de Dieu de telle sorte que tous ceux qui sont présents, malgré leurs langues différentes, entendent et comprennent la même chose. Et tout commence. Le livre des Actes des Apôtres que nous avons entendu en première lecture tout au long de ce temps de Pâques nous a montré ce dont ces Apôtres étaient devenus capables. Bravant le danger, les supplices, la peur, ils ont annoncé à tous la Bonne Nouvelle de Jésus, mort et ressuscité pour que les hommes aient la vie. L’Esprit Saint ne leur a pas été donné pour leur tenir chaud en hiver, ni pour qu’ils le gardent pour eux. L’Esprit Saint a été donné pour les sortir de chez eux, les sortir d’eux-mêmes afin que le monde puisse entendre et croire. L’Esprit Saint a été donné pour la mission, pour la vie de l’Eglise.

Comme l’écrira Paul, l’Esprit Saint fait l’unité de la communauté dans la diversité de ses membres. Par le baptême, nous recevons déjà ce don de Dieu, ce don du Christ, pour que nous devenions capables de vivre en fils et filles de Dieu. Chacun reçoit ce don, non pour lui-même, mais en vue du bien de tous. L’Esprit Saint nous permet de reconnaître Dieu comme Père, Jésus comme Seigneur. L’Esprit nous met à l’ouvrage là où Dieu nous attend, avec nos compétences, avec notre désir de servir et de faire vivre l’Eglise. Parce que l’Eglise vit de cet Esprit. Si nous l’étouffons en nous, nous participons à la mort de l’Eglise ; si nous le laissons agir en nous, si nous découvrons par lui ce que Dieu veut et que nous l’accomplissons, nous permettons à l’Eglise de vivre et de grandir.

Oui, cette histoire qui s’est poursuivie après la mort de Jésus, c’est encore notre histoire. Et nous sommes aujourd’hui ce corps unique du Christ, ce corps qui malgré le nombre de ses membres ne fait qu’un. Aujourd’hui, c’est notre fête à tous ; aujourd’hui, Dieu renouvelle pour nous le don de son Esprit Saint afin que nos peurs, nos timidités, nos réticences et nos doutes soient balayés, que nous devenions vraiment libres en Christ, et que nous usions de cette liberté pour le bien de nos frères et sœurs qui ne le connaissent pas encore ou qui le connaissent mal. Nous aussi, comme les Apôtres, nous sommes envoyés en mission ; nous aussi, comme les Apôtres, sommes invités à sortir de nous pour proclamer par notre vie et par nos mots, ce que Dieu réalise pour nous depuis le matin de Pâques, depuis que le Christ est vivant auprès de Dieu où il nous attend dans sa gloire. Laissons l’Esprit Saint agir et vivre en nous ; et nous vivrons, libres, en Christ, jusqu’à la fin des temps. Amen.



(Dessin de Coolus, blog du Lapin bleu)

vendredi 3 juin 2011

07ème dimanche de Pâques A - 05 juin 2011

L'Eglise vit de la force de la prière.

Jésus est parti. Et maintenant, que se passe-t-il ? Rien d’extraordinaire : les disciples attendent la réalisation des promesses de Jésus : le don de l’Esprit Saint, son retour dans la gloire. Ce dernier dimanche de Pâque est marqué par une attitude toute croyante qu’un mot semble résumer ; ce mot est présent dans chaque lecture entendue, soit directement, soit en filigrane : la prière.

Le livre des Actes est plutôt sobre mais clair : les Apôtres, après avoir vu Jésus s’en aller vers le ciel, retournèrent du Mont des Oliviers à Jérusalem qui n’est pas loin… d’un seul cœur, ils participaient fidèlement à la prière… Cette prière, c’est d’abord celle du sabbat ; les Apôtres sont Juifs, ils appartiennent au peuple que Dieu s’est choisi ; ils en respectent les principes, fidèlement. Sans doute peut-on voir aussi dans cette fidélité à la prière, le souvenir fort de Jésus lui-même, qu’ils ont vu si souvent en prière, même tard le soir ou tôt le matin, et le souvenir sans doute plus fort encore de l’enseignement de Jésus sur la prière et d’une promesse qu’il leur a faite un jour : là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. Au moment où ils se retrouvent seuls, dans l’attente du retour du Christ dans la gloire, dans l’attente aussi du don de l’Esprit Saint, comment ne pas vivre de cette simple présence de Jésus, dans la prière de son Eglise ? Ils sont tous là, les Apôtres de Jésus, augmentés de la famille de Jésus, les quelques femmes qui l’ont suivi et Marie, sa Mère. La prière est ce qui unit ces hommes et ses femmes ; la prière est au centre de leur mission, comme elle a été au cœur de la mission de Jésus, lui qui n’a rien fait sans son Père avec qui il ne faisait qu’un. C’est encore dans la prière que l’Eglise peut aujourd’hui trouver sa force et le courage de la mission quelquefois difficile dans un monde qui peut ne plus lui sembler favorable.

La jeune communauté expérimente ainsi ce que le psalmiste a si souvent vécu : seule la prière peut faire traverser sereinement l’épreuve, nous rendant sûrs que Dieu est toujours avec nous : le Seigneur est ma lumière et mon salut, qui pourrais-je craindre ? Le Seigneur est le rempart de ma vie, devant qui tremblerais-je ? Que la vie soit belle et facile ou que nos jours soient sombres et lourds à porter, nous pouvons toujours chercher la face de Dieu dans notre vie. La prière fidèle renforce notre désir d’habiter la maison du Seigneur tous les jours de notre vie. N’est-ce pas là le but de la prière des Apôtres : être en communion avec celui qui les a enseignés et leur a fait découvrir le Père ?

Dans la deuxième lecture, Pierre nous fait faire un pas de plus en demandant à tout croyant qui souffre du fait d’être chrétien de rendre gloire à Dieu à cause de ce nom de chrétien. Il n’y a rien de plus grand, ni de plus beau que d’être associé en tout au Christ, lui qui a livré sa vie pour nous. Nous sommes associés au Christ par notre prière fidèle et fervente ; mais nous lui sommes aussi associés lorsque nous souffrons d’être chrétiens. Jésus lui-même n’a-t-il pas proclamé bienheureux ceux qui sont persécutés à cause de son nom ? La foi, notre foi, est quelquefois mise à l’épreuve : c’est une occasion d’une plus grande proximité, d’une plus grande identification au Christ Sauveur. Si on nous fait souffrir à cause de notre foi, c’est parce que nous sommes en communion avec le Seigneur. Certains voudraient vivre sans Dieu ; ne pouvant le chasser, ils chassent ceux et celles qui croient en lui. Ce qu’ignorent les persécuteurs, c’est que l’union des idèles à Dieu les rend plus forts et leur donne déjà part à la victoire du Christ sur le Mal.

La page d’Evangile que nous avons entendu nous livre alors le témoignage de la prière de Jésus lui-même, au cours du dernier repas avec ses disciples, avant qu’il ne marche vers sa mort. Sa prière nous livre le secret de sa force : je suis venu d’auprès de toi… et moi je viens vers toi. Voici l’axe de la vie de Jésus : il est de Dieu et il retourne à Dieu. Tout ce qu’il a fait jusqu’à maintenant, il l’a fait au nom de ce Dieu d’auprès de qui il est venu ; tout ce qu’il va vivre encore dans les heures à venir, il le vivra pour s’en retourner auprès de ce Père qu’il n’a cessé de révéler aux hommes. Réécoutant cette prière de Jésus après Pâques, la résurrection de Jésus nous apparaît bien, dès lors, comme la réponse du Père à la prière de Jésus. Le croyant a raison de se tourner vers Dieu ; il est entendu, il est exaucé. De même que Jésus, au final, a été préservé du Mauvais, de même, le croyant qui se tourne vers Dieu peut-il être libéré du Mauvais.

Habiter la maison du Seigneur tous les jours de notre vie : n’est-ce pas un beau projet de vie pour quiconque connaît Jésus et croit en lui ? C’est une réalité possible pour celles et ceux qui vivent en communion avec lui, pour celles et ceux qui osent se tourner vers le Père et lui confier ce qui fait leur vie, dans une prière humble et désintéressée. Osons devenir un peuple en prière ; osons devenir des hommes et des femmes tournés vers Dieu en toutes choses. Osons confier à Dieu celles et ceux qui sont loin de lui, celles et ceux qui n’ont plus la force de se tourner vers lui. Nous n’y perdrons pas notre temps, nous serons vraiment l’Eglise qui intercède auprès de Dieu, nous y gagnerons notre bonheur et notre vie. Amen.




(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)

Ascension de notre Seigneur - 02 juin 2011

L'Eglise vit de l'espérance en la venue du Christ en gloire.



Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller au ciel. Cette affirmation des messagers de Dieu aux Apôtres est aujourd’hui pour nous. L’espérance du retour du Christ nous concerne. Elle est nôtre. Et quel meilleur jour que celui de l’Ascension pour réaffirmer cette espérance ?




Jésus est parti : c’était quand même prévisible depuis les événements qui se sont déroulés à Jérusalem à la veille de la Pâque qui a vu la condamnation et la crucifixion du Galiléen. Que l’on se place du côté des bourreaux ou du côté des amis de Jésus, cette histoire ne pouvait plus continuer comme avant. Du côté des bourreaux, l’histoire de Jésus prenait un terme avec sa mort. C’est définitif et radical. Du côté des amis de Jésus, si pendant un temps il en fut de même (la mort de Jésus met un terme à leur espérance), voilà que la nouvelle qui court depuis le matin de Pâques leur redonne espoir : l’histoire de Jésus ne s’arrête pas avec sa mort. Dieu l’a rendu à la vie ; Dieu nous l’a rendu ! Mais différemment ! Il est le même (c’est bien Jésus) et en même temps il n’est plus comme nous ; il vit désormais de la gloire qui était sienne depuis toute éternité ; il vit désormais dans la gloire de Dieu. Avec sa résurrection, c’est un nouveau mode de relation qui s’établit avec Jésus. La fête de l’Ascension ne fait que consacrer ce nouveau mode. Les Apôtres doivent désormais découvrir la présence de Jésus autrement que par sa réalité physique. Ils doivent vivre de cette promesse qu’il leur a faite : Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. Son retour vers le Père ne signifie pas qu’il les abandonne, bien au contraire.

Jésus est parti et nous attendons son retour. Cela fait 20 siècles que nous attendons. Qu’est devenue sa promesse ? Elle tient toujours. Nous vivons toujours de cette espérance qu’il reviendra dans la gloire. N’est-ce pas ce que nous chantons au cœur de chacune de nos eucharisties : Tu es venu, tu reviendras, Seigneur Jésus, nous t’attendons ; tu étais mort, tu es vivant, Seigneur Jésus sois notre vie. L’anamnèse que nous chantons nous fait réaffirmer notre espérance de voir le retour du Christ. Elle nous oblige aussi à témoigner de ce Christ, mort et ressuscité pour nous et pour tous les hommes. Elle nous oblige à participer à la venue de ce règne de Dieu, de ce retour du Christ. Notre espérance ne nous enferme pas dans une passivité, mais nous ouvre un champ d’action, nous ouvre à un monde à évangéliser pour qu’il soit en mesure de reconnaître le Christ quand il viendra dans sa gloire. Ce temps d’attente, temps de l’Eglise, doit permettre à chacun de rejoindre ce corps du Christ, puisque l’Eglise est l’accomplissement total du Christ.

Le Christ est parti et nous attendons son retour. Si l’impatience nous gagne, souvenons-nous que nous sommes les héritiers du Christ, appelés à partager sa gloire. Soyons heureux de pouvoir partager un jour cet héritage avec le plus grand nombre ; soyons heureux et empressés de le faire découvrir à d’autres pour qu’eux aussi vivent de cette espérance d’être un jour totalement avec Dieu, pour toute éternité. Amen.

(Photo: Fresque de l'Ascension, église de La Petite Pierre - Alsace)