Quel bel été nous avons eu ! Et je ne parle pas seulement de l’aspect météorologique. Les Jeux olympiques, passée la polémique autour de la cérémonie d’ouverture, nous ont fait vibrer au rythme des exploits de nos champions d’abord et de tant d’athlètes étrangers qui ont réussi de beaux exploits. Il m’est impossible de les relever tous ici, mais il est des images qu’il est impossible de ne pas partager.
Je vais commencer alors par un cocorico bien français. Comment ne pas évoquer Léon MARCHAND qui fut un inconnu pour presque tous et qui finit par être le chouchou des Français dès sa première course et première médaille d’or bien méritée puisqu’il laisse ses concurrents à six secondes derrière lui. Plus étonnant pour moi, son premier « secret » : ne pas nager contre les autres, mais d’abord contre soi pour garder le plaisir de se vaincre et de dépasser ses propres limites. Le sport, non pas comme une opposition, mais comme dépassement de soi. Qui n’a pas vu les images de son 200m papillon qui a fait interrompre une épreuve d’escrime et un match de tennis le temps de sa course ? Quand il découvre lui-même ces images, il nous fait partager son deuxième « secret » : une grande humilité !
Ancien gymnaste, je ne peux pas taire l’exploit de Simone BILES. Elle avait déclaré forfait aux JO de Tokyo, préférant prendre soin de sa santé mentale, plutôt que de participer aux épreuves. Fort critiquée dans son pays pour ce que certains ont appelé un « refus de l’obstacle », elle est revenue plus forte que jamais, remportant trois médailles en or et une en argent. Elle nous rappelle que le sport sans plaisir et sans attention à notre mental n’est que maltraitance de notre corps, et que l’être humain doit viser à son unification : il est corps, âme et esprit.
Que dire de Teddy RINER ? Outre ses victoires, il nous a montré un bel esprit de sagesse et de contrôle de soi lorsque son adversaire géorgien l’a bousculé après l’avoir fait chuter en réponse à l’ippon qui marquait la fin de leur combat. Teddy refusait l’escalade d’une violence totalement déplacée sur ce tapis où doit régner le plus grand respect de l’adversaire.
Il y a des médailles de bronze qui valent tout l’or du monde ! C’est ce que nous a montré Cindy NGAMBA, boxeuse, membre de l’équipe olympique des réfugiés. C’est la première médaille de l’histoire des Jeux pour cette équipe si particulière qui rassemble des athlètes ayant dû fuir leur pays pour leur propre sécurité. Malgré les épreuves de sa vie, elle continue de croire en elle et met à l’honneur tous ces réfugiés qui cherchent une vie meilleure loin de chez eux.
N’oublions pas le public qui tout au long des épreuves a encouragé et soutenu ces héros des temps modernes. Alors que beaucoup prédisaient un échec de ces Jeux, les Français ont su se montrer sous leur meilleur jour. De nombreux journalistes en ont témoigné. Ce peuple, connu pour être râleur et jamais content, a su se rassembler et partager la joie de ces Jeux, se montrant accueillant, gentil, attentif à tous les étrangers venus soutenir leurs athlètes. La presse étrangère a été unanime pour saluer la qualité de l’accueil reçu de la part des Français.
Pendant
quinze jours, nous avons su mettre de côté nos divisions, nos rancœurs, pour
communier à cet esprit olympique. Il reste encore les Jeux paralympiques, et
après ? Saurons-nous garder quelque chose de ce qui nous a réunis ou
retrouverons-nous nos vieilles habitudes de querelleurs ? Cette trêve
olympique nous a montré que nous étions tous capables du meilleur. Pourquoi
vouloir revenir au pire ? Et si nos champions, ceux évoqués ici et tous
les autres, nous apprenaient que la vie vaut plus que nos divisions et que la
joie partagée et l’unité célébrée, ce n’est pas mal non plus ? Notre vie
en serait transformée, nos relations renouvelées. C’est une belle manière de
vivre le climat évangélique que cet art de se dépasser, d’être humble,
respectueux de l’adversaire, tout en reconnaissant nos propres limites. La fin
des Jeux ne signifie pas nécessairement la fin de cet esprit olympique, très
proche de l’art de vivre que le Christ nous enseigne. Je vous propose de
relever le défi de continuer à vivre ainsi, pour transmettre la joie, le
plaisir de se dépasser sans se comparer aux autres, juste pour réussir notre
propre vie, avec les autres. Bonne nouvelle année scolaire à toutes et à tous,
dans l’esprit olympique et la joie du Christ vivant.
Chance pour les uns, malheur pour les autres : cette année, le Mercredi des Cendres, jour de jeûne et d’abstinence de viande, va éclipser, liturgiquement, Saint Valentin, patron des amoureux, dont le jour est marqué par une frénésie d’achats dont nos publicitaires ont le secret. Je laisse chacun libre de choisir sa manière d’exprimer son amour à sa personne bien-aimée, et aux chrétiens, le meilleur moyen d’exprimer leur amour à l’Autre, notre Bien-Aimé, Jésus le Christ. Je rappelle juste que l’Eglise nous en indique trois : le Jeûne, la Prière et la Charité. Ce qu’il ne faudrait pas manquer en ce jour, c’est justement de redire notre amour, que ce soit à un homme ou une femme, ou à Dieu. Que ce soit l’amour qui guide nos actions en ce premier jour de Carême, mais aussi dans les trente-neuf jours suivants qui constituent le temps de préparation à Pâques.
Ce qu’il y a d’intéressant, en matière d’amour, c’est qu’il ne s’impose pas. Il est donné librement ; il est accepté librement. Je ne peux pas dire à quelqu’un : Je t’aime, donc tu dois m’aimer en retour, puisque Dieu, la Source de tout amour véritable, ne le fait pas pour nous. Ne vous méprenez pas : j’aime que Dieu aime tout le monde ; et comme prêtre, j’aimerais que tout le monde aime Dieu, parce que beaucoup de conflits seraient réglés de cette manière. Et je sais pouvoir dire, sans me tromper, que Dieu nous aime tous, qu’il aime toute l’humanité, dans sa diversité d’origines, de religions, de genres, d’opinions, … Mais je sais aussi pouvoir dire que cet amour de Dieu pour chaque humain n’est pas conditionné par l’amour que nous lui rendrions en retour. Dieu aime tout le monde sans n’obliger personne. C’est la condition d’un amour véritable, d’un amour éternel.
Les récentes polémiques autour d’un établissement catholique nous obligent tous à une attention particulière envers tous ceux qui fréquentent nos établissements. L’Amour que je porte à Dieu, et que j’essaie de porter à mes semblables, m’oblige à ne pas les obliger justement. Le cours d’enseignement religieux, lors duquel nous faisons découvrir à tous la manière dont ceux qui se disent croyants vivent, croient, prient ne saurait être transformé en catéchèse qui demande de croire. Nos activités pastorales et nos célébrations lors desquelles les chrétiens chantent et prient le Dieu de Jésus Christ, ne sauraient être imposées à quiconque, fût-il chrétien ! Suivre le Christ ne peut être qu’une invitation ; elle doit le rester ! Proposer à tous nos élèves de découvrir le Christ et de vivre un temps spirituel, c’est une chose que nous avons le droit et le devoir de faire ; demander à tous nos élèves de participer à ces temps, parce que nous sommes une école catholique après tout, nous ne pouvons pas et nous ne devons pas le faire. Par Amour pour tous ceux que Dieu aime, nous proposerons. Par Amour pour tous ceux que Dieu aime, nous renoncerons à imposer. Dieu aimera les catholiques parce qu’ils auront témoigné authentiquement de lui, en parole et en actes, et non parce qu’ils auront obligé les autres à Le suivre, « parce qu’après tout cela ne peut pas leur faire de mal » ! L’Eglise catholique est la première à revendiquer pour elle, et à défendre pour tous, la liberté religieuse et sa compagne inséparable, la liberté de conscience. Elle peut s’énoncer ainsi : chacun doit avoir la possibilité de faire le choix de croire et de vivre sa foi ; personne ne saurait y être contraint ; personne ne saurait en être empêché. Le Concile Vatican II l’a rappelé dans sa Déclaration sur la liberté religieuse « Dignitatis humanae » : Ce Concile du Vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse. Cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être exempts de toute contrainte de la part tant des individus que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu’en matière religieuse nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience ni empêché d’agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d’autres. Il déclare, en outre, que le droit à la liberté religieuse a son fondement réel dans la dignité même de la personne humaine telle que l’ont fait connaître la Parole de Dieu et la raison elle-même (DH 2). En écrivant ces lignes, et en reprenant cette citation conciliaire, je garde en mémoire l’intelligence et le sens du service de nos équipes enseignantes et éducatives qui ne refuseront pas, même s’ils ne partagent pas nos convictions, d’encadrer les élèves qui souhaiteront participer à des manifestations pastorales ou cultuelles, et je les remercie d’assurer ainsi à leurs élèves le cadre sécurisé auquel ils ont droit.
L’école
catholique, ouverte à tous par choix pastoral et par vocation, est un lieu de
brassage culturel, religieux et social. Elle peut être un laboratoire efficace
de cette liberté religieuse conjuguée avec la liberté de conscience, au nom de
l’Amour que les croyants portent à Dieu et au nom de l’Amour que tous doivent
porter aux autres. Durant ce Carême, entraînons-nous à l’Amour qui ni n’oblige,
ni n’empêche, mais qui respecte chacun dans ce qu’il est et dans ce qu’il vit. Que ce soit bien l’Amour qui guide nos actions
tous les jours de notre vie. Bon Carême 2024 !
Dimanche, l’Eglise va entrer dans le temps de l’Avent : une nouvelle année liturgique commencera qui nous fera découvrir et suivre Jésus selon ce qu’en dit Marc dans son Evangile. Il ne connaît aucun récit de l’enfance de Jésus. Son évangile s’ouvre par la prédication de Jean le Baptiste, le cousin de Jésus. Quand il annonce la venue de celui qui est plus fort que lui, il parle de Jésus qui ne va pas tarder à commencer son propre ministère. Et c’est pour que nous puissions recevoir le message de Jésus que Jean invite à recevoir un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Le nom Jésus signifie : Le Seigneur sauve. Matthieu précise dans son évangile que Jésus est bien celui qui sauvera son peuple de ses péchés. Ce que l’Eglise nous invite à vivre est bien un temps de préparation de notre vie, de notre cœur, pour que le Christ qui vient y trouve sa place.
Quand je regarde notre monde, je ne peux m’empêcher de penser que nous ne sommes pas prêts, et que notre monde risque fort de n’être pas prêt à accueillir le Messie, que les prophètes appellent le Prince de la Paix. Tant de conflits déchirent notre monde et le rendent incapable d’entendre un message de Paix. La Paix, nous l’espérons, mais la désirons-nous vraiment ? Nous ne pouvons certes pas grand-chose pour les conflits qui traversent notre monde, j’en conviens ; encore que la force de notre prière en faveur de la Paix ne soit pas à sous-estimer ! Mais peut-être devons-nous, en plus de notre prière, à ceux qui connaissent de graves conflits, de ne pas commencer de petits conflits entre nous ! La Paix dans le monde commence par la Paix dans nos foyers, dans nos écoles, dans nos quartiers. Je reste sans voix devant les chiffres des enfants harcelés à l’école. Selon les sources, ce sont entre 5 et 10% des élèves qui sont harcelés ! Nous ne pouvons pas dire que c’est juste dans l’école publique et que cela ne nous concerne pas ! Pour tous ces élèves et pour les harceleurs, travaillons à la Paix ! Je reste sans voix devant les chiffres des incidents lors de la minute de silence après l’attentat d’Arras : quelque chose de notre vivre ensemble est rompu. Et nous ne pouvons pas dire que c’est juste dans l’école publique et que cela ne nous concerne pas ! Pour un monde de plus grand respect, travaillons à la Paix !
Dans l’Enseignement catholique d’Alsace, nous avons une chance et une clé pour travailler à la Paix, pour tisser du lien et donner sens au vivre ensemble. Il s’agit de l’heure d’enseignement religieux. Cette heure est obligatoire, pas d’abord parce que nous sommes écoles catholiques, mais parce que nous croyons que, dans un monde fracturé, il convient non pas d’ignorer ou marginaliser voire pointer du doigt les religions comme source de tous les maux, mais bien d’expliquer ce qu’elles apportent de positif à l’humanité. Et de grâce, ne parlons pas juste de vagues valeurs ! L’étymologie du mot ‘religion’ nous rappelle que le but des religions, c’est de relier les hommes, faire du lien ! Il n’y a rien de plus urgent quand on veut construire la Paix. Ne renonçons à cette heure pour aucun de nos élèves ; ne renonçons pas à cette prétention à vouloir faire du lien ! C’est en apprenant à mieux nous connaître, y compris au niveau de notre religion, que nous arriverons à mieux parler ensemble, à mieux vivre ensemble. En approfondissant ce que croient et vivent les hommes et femmes de religion différentes, nous comprendrons qu’ils partagent tous ce désir de vivre en Paix, et nous pourrons y travailler ensemble.
Que ce temps de l’Avent nous donne
de vivre en Paix en nous-mêmes d’abord, entre nous ensuite. Que Celui qui vient
à notre rencontre, Jésus, le Prince de la Paix, nous donne d’accueillir ce don
de Dieu fait à l’humanité dans sa diversité. Que la Paix ne soit pas un doux
rêve ; qu’elle devienne notre réalité ! Travaillons-y chacun, là où
nous sommes engagés. Que ce soit par conviction religieuse ou par humanisme,
construisons-la sans nous décourager. Bon temps de l’Avent !
Au cœur de cet été, j’ai eu la chance et la joie d’accompagner aux JMJ de Lisbonne, avec une équipe du SGEC, un groupe de jeunes enseignants de l’Enseignement catholique, venus de toutes les régions de France. Il semblait important de pouvoir faire cette proposition à nos jeunes professionnels qui veulent vivre davantage la dimension spirituelle de leur engagement au service de nos communautés éducatives. Le groupe était à l’image de l’ouverture que nous prônons pour nos établissements puisqu’il était constitué de jeunes catholiques, protestants et musulmans. Nous avons vécu un moment de fraternité véritable, dans le respect de chacun. Nos différences de pensée, d’engagement, de religion n’ont pas été des obstacles, mais une réelle chance, la profondeur des échanges entre nous en témoignaient. Nous avons tous vécu un temps intense et beau.
Lors des rencontres avec le Pape François, deux paroles nous ont tous marqués. La première, donnée lors de son discours d’accueil, où il nous faisait comprendre qu’il y avait de la place pour tous dans l’Eglise catholique. Il a insisté longuement sur cette affirmation faisant scander aux milliers de jeunes rassemblés dans le Parc Edouard VII : Todos, todos, todos, plusieurs fois. Si cela est vrai de l’Eglise, ce doit être encore plus vrai de nos établissements qui sont pour beaucoup un lieu de contact avec cette même Eglise. Il doit y avoir de la place dans nos établissements, pour tous ceux qui veulent vivre notre projet au service de l’homme, quelles que soient leurs convictions religieuses et leurs origines.
La deuxième parole a été donnée dans l’homélie du dimanche. Il nous interrogeait ainsi : Quand a-t-on le droit de regarder quelqu’un de haut ? Sa réponse est lumineuse : La seule fois où vous avez le droit de regarder quelqu’un de haut, c’est quand vous vous penchez vers lui pour le relever ! Nous retrouvons ici une image de l’Eglise qui lui est chère : celle de l’hôpital de campagne qui accueille et qui soigne tout un chacun. Et à ce moment-là, votre regard de haut n’est pas hautain, il est regard de compassion envers celui qui est tombé.
Il y a là, me semble-t-il, une leçon pour tous. Comment nous regardons-nous ? Regardons-nous certaines personnes de haut parce que nous nous sentons supérieurs ? Regardons-nous celles et ceux qui sont différents de nous, qui pensent autrement que nous, avec suffisance ? Ou sommes-nous encore capables de leur tendre la main et d’échanger, non pour les convaincre que nous avons raison, mais pour faire juste un bout de chemin avec eux ? Regardons-nous de haut les propositions pédagogiques qui peuvent être faites, en n’hésitant pas à critiquer vertement celles qui ne correspondent pas tout-à-fait à notre propre idéologie, cherchant même à en interdire la réalisation ? Nous penchons-nous vers les autres pour les reprendre, les corriger, les critiquer au regard de nos croyances ? Ou nous penchons-nous vers les autres parce que nous croyons qu’ils ont peut-être aussi quelque chose à nous apprendre et qu’ils peuvent nous faire grandir et ouvrir notre regard ?
Nos communautés éducatives ne sont-elles pas plus
belles quand elles savent ainsi se pencher vers l’autre, non pas avec un esprit
de supériorité (chez nous, tu vas apprendre à bien penser, sous-entendu comme
nous pensons), mais pour le relever, l’écouter, faire un bout de chemin avec
lui et le mener vers son excellence ? Voilà un beau défi que je vous
propose de relever au cours cette nouvelle année scolaire que je vous souhaite
belle et féconde. Que Dieu se penche vers vous et vous apprenne à regarder le
monde comme il le fait toujours : avec tendresse et miséricorde.
Les vacances qui s’achèvent auront permis aux chrétiens de nos communautés éducatives de vivre en famille et en paroisse l’entrée en Carême. Mais comment oublier que ce même jour, le Mercredi des Cendres donc, une enseignante d’un établissement catholique trouvait la mort après avoir été poignardée par l’un de ses élèves ? Comment oublier l’irruption du mal absolu dans la vie d’une classe, d’un établissement, d’une ville et du réseau de l’Enseignement catholique ? Ce n’est pas parce que cela a eu lieu à l’autre bout de la France que cela ne nous atteint pas. J’en suis d’autant plus touché que je prépare en ces mêmes jours une intervention pour nos amis lorrains sur le thème « Agir en frères ». Il n’y a rien de plus opposé à l’agir fraternel qu’un coup de couteau mortel ! Mais que pouvons-nous y faire ?
S’il est clair pour moi que nous n’arriverons sans doute jamais totalement à éviter des gestes de ce genre, nous pouvons déjà nous montrer attentifs les uns aux autres. Il y a tellement de moyens de « tuer » socialement quelqu’un : moqueries, paroles déplacées, gestes déplacés, harcèlement et cyberharcèlement… L’Enseignement catholique a mis un place un Plan de Protection des Publics Fragiles : le connaissons-nous ? Des établissements réfléchissent aux procédures internes à mettre en place quand des cas de harcèlement sont détectés : y sommes-nous sensibles ? Nous devons tous être vigilants, nous devons tous être éducateurs et apprendre à vivre et agir en frères, et ce quelle que soit notre religion. L’autre, celui qui comme moi tient son existence de Dieu, est un frère, une sœur à aimer, à respecter. J’invite volontiers les adultes et nos élèves les plus grands à relire dans le Livre de la Genèse (chapitre 4) l’histoire de Caïn et d’Abel, deux frères dont la jalousie de l’aîné entrainera la mort du cadet. Entendez la question de Dieu à Caïn après le meurtre d’Abel : Où est Abel ton frère ? Entendez aussi la réponse de Caïn : Suis-je le gardien de mon frère ? Et bien oui, toute la Bible nous l’apprend et Jésus plus encore dans son enseignement : Tout ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! (Mt 25, 40). Nous sommes le gardien de nos frères et sœurs que Dieu met sur notre route ; nous sommes responsables d’eux, responsables les uns des autres. Ou bien nous arriverons à vivre ensemble, en bonne intelligence et avec un minimum de respect, ou nous mourrons ensemble de n’avoir pas su voir que notre vie passe par la vie des autres, que notre bonheur passe par le bonheur des autres. Nous sommes liés les uns aux autres depuis que le Christ s’est lié à nous en venant dans notre monde ; nous sommes liés les uns aux autres depuis que le Christ a livré sa vie pour le salut de tous.
Le temps du Carême est un temps favorable pour redécouvrir la force d’une fraternité universelle qui va au-delà des liens du sang. Si les histoires de frères ou de sœurs dans la Bible sont toutes compliquées, c’est pour nous rappeler que la fraternité n’est ni simple, ni naturelle : elle est toujours à travailler. C’est pour cela que la Bible nous montre aussi, dans la plupart de ses histoires, que la réconciliation est possible : voyez Joseph, vendu comme esclave par ses frères jaloux de lui (Gn 37, 2-28), qui, ayant acquis un pouvoir presque identique à celui de pharaon, ne se venge pourtant pas de ses frères et leur offre son pardon (Gn 44, 4-11). Le jeûne, la prière et le partage, moyens privilégiés de la conversion au temps du Carême, nous permettront de retrouver le sens de l’essentiel : l’amour de Dieu pour nous que nous avons à vivre avec tous. Entendons encore l’avertissement de saint Jean dans sa première lettre (chapitre 4, versets 20-21) : Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. Que cette parole nous aide à vivre et à agir en frères dans nos communautés éducatives. Bon temps de Carême et belle montée vers Pâques.
Crise écologique, crise
financière, crise du COVID qui rebondit, crise de confiance dans l’Eglise,
crise énergétique : je pourrais continuer à aligner les raisons qui font
que certains décident de ne pas fêter Noël cette année. N’est-ce pas : comme
on ne peut pas faire comme les années passées, on ne fait rien plutôt que de
faire au rabais. Mais ne rien faire n’est-ce pas pire que de faire
autrement ?
Ne pas fêter Noël, et donc ne pas s’y préparer durant ce temps de l’Avent qui s’ouvre ce dimanche, reviendrait, pour moi, à abdiquer ma foi et mon espérance. Dieu s’est fait homme en Jésus Christ, c’est un fait que des millions d’hommes et de femmes partagent à travers le monde. Nous ne pouvons pas renoncer à fêter cela. Noël marque un renouveau dans l’histoire des hommes au sens où Dieu manifeste plus que jamais de l’intérêt pour ce que vivent les hommes. Faut-il rappeler qu’il vient en un peuple et en un pays en crise, occupé par l’envahisseur romain ? Sa naissance est source d’avenir, comme chaque naissance d’ailleurs. Pour les chrétiens, cette naissance est aussi source d’espérance : celui dont nous préparons la venue est celui qui sauvera le monde. Prenons le temps, durant cet Avent, de relire les prophéties d’Isaïe que nos liturgies dominicales nous feront proclamer. Ne perdons pas notre espérance en un monde plus fraternel que Dieu veut construire avec nous et par nous juste parce que nous devrons peut-être faire autrement.
La sobriété dont on nous parle tant ces dernières semaines n’a rien à voir avec l’abandon de l’esprit de fête. Peut-être même qu’elle nous fera redécouvrir la vraie dimension de Noël. Au-delà d’une débauche de cadeaux achetés à grands frais, peut-être retrouverons-nous le plaisir des choses simples. L’esprit de Noël, c’est le partage, la solidarité, l’accueil de celui que Dieu nous envoie comme un cadeau. Et cela nous rappelle que celles et ceux que je croise sont un cadeau que Dieu me fait, et donc que je suis, moi-aussi, un cadeau que Dieu fait aux autres. Nous avons du prix, de la valeur, non pas parce que nous savons faire de beaux et chers cadeaux, mais parce que nous sommes nous, tout simplement, avec nos qualités et nos défauts, mais nous absolument uniques. Nous ne sommes pas remplaçables par un autre, comme le serait un bol fêlé par un bol non fêlé. La sagesse populaire ne dit-elle pas « qu’un seul être vous manque et la terre est dépeuplée » ?
Prendre quatre semaines pour nous
préparer à fêter Noël, c’est faire preuve de confiance en l’avenir. La promesse
d’un monde meilleur est vraie ; la promesse d’un monde meilleur est
réalisable. Dieu l’a réalisé pour nous en Jésus, que les chrétiens
reconnaissent comme Christ et Seigneur. Cette promesse nous est confiée pour
qu’à notre tour nous entrions dans sa réalisation par tous les petits pas que
nous pouvons faire autour de nous pour construire ce monde plus fraternel. Une
seule chose est nécessaire : il faut le courage d’essayer. Essayons le
partage d’un sourire, d’une présence, de quelques « bredele » faits
avec amour. Et si nous sommes croyants, essayons le partage de notre foi et de
notre espérance. Si nous trouvons ces deux choses bonnes pour nous, pourquoi ne
pas les proposer autour de nous ? Bon temps de l’Avent et belles fêtes de
Noël.
Nous en avons tous fait l’expérience cet été : le climat est en crise. Il perd la tête. Les très fortes chaleurs, qui étaient l’apanage des pays tropicaux, ne connaissent plus de frontières. Et quand le climat fait sa crise, il entraîne d’autres maux : sècheresse, manque d’eau jusqu’à devoir rationner notre consommation, incendies en masse sur des surfaces de plus en plus étendues. Au 20 août 2022, 62 154 ha avaient brûlé en France, soit 621,54 km2. Pour ceux qui ont besoin d’images pour mieux se représenter les choses, cela représente la superficie de 88 000 terrains de foot ! Selon le média franceinfo, cela représente 13,1% du Bas-Rhin, soit 8 fois la surface de Strasbourg ; et 17,6 % du Haut-Rhin, soit 9,3 fois la surface de Colmar ! Et un principal responsable de tous ces dégâts : l’homme ! Après l’été que nous venons de vivre, les climato-sceptiques devront batailler pour nous expliquer qu’il n’y a pas de crise climatique, que l’homme et son mode de vie n’y sont pour rien. C’est peine perdue ; nous avons tous, à un degré ou à un autre, fait l’expérience très concrète de ce que les scientifiques nous annoncent depuis longtemps. La terre se réchauffe, et à ce rythme, des zones entières de notre planète seront inhabitables.
Ces réflexions et ces dérives du climat nous invitent à réfléchir à un autre climat, celui de nos établissements catholiques. Y fait-il bon vivre et travailler ? Quel climat avons-nous favorisé et favoriserons-nous à l’avenir ? Quand l’Eglise parle de la différence entre l’école catholique et les autres écoles, c’est sur ce point précis qu’elle appuie sa réflexion. Quand le Concile Vatican II, dans sa déclaration Gravissimum educationis définit l’école catholique, il affirme : « La présence de l’Église dans le domaine scolaire se manifeste à un titre particulier par l’école catholique. Tout autant que les autres écoles, celle-ci poursuit des fins culturelles et la formation humaine des jeunes. Ce qui lui appartient en propre, c’est de créer pour la communauté scolaire une atmosphère animée d’un esprit évangélique de liberté et de charité (…) » (GE n° 8). Ce que nous traduisons par un climat évangélique. Est-ce bien l’Evangile, dans toute sa richesse, qui donne le ton de ce qui est à vivre dans nos écoles ? Est-ce bien l’Evangile qui définit le climat de nos établissements ? Chefs d’établissement et agents pastoraux, est-ce bien ce climat évangélique que nous avons à cœur lorsque nous accueillons quelqu’un ? Enseignants et personnels éducatifs, est-ce bien l’Evangile qui nous guide et nous anime quand nous avons à nous prononcer sur un élève ? Familles et élèves, est-ce bien ce climat évangélique que nous recherchons prioritairement et que nous voulons contribuer à faire vivre ? Membres de nos communautés éducatives, est-ce bien ensemble que nous voulons permettre ce climat évangélique où chacun se sent respecté, écouté, mis en valeur, pour grandir dans notre humanité ?
A ceux qui penseraient qu’ils sont dispensés de vivre ce climat parce qu’ils ne partagent pas la foi chrétienne ou ne croient en rien, je rappelle que le climat évangélique est non négociable. Il n’est pas l’apanage des chrétiens, même si ces derniers doivent en porter le souci à cause de leur foi. Mais chacun, quelle que soit sa foi ou sa non foi, est appelé à vivre le respect de tous, l’ouverture à tous, la non-discrimination ; chacun, quelle que soit sa foi ou sa non foi, doit s’obliger à ne pas faire aux autres ce qu’il ne voudrait qu’on lui fasse ; chacun, quelle que soit sa foi ou sa non foi, est appelé à faire sien cet art de vivre que le Christ a rappelé tout au long de sa vie. Il nous dit que nous sommes tous frères ; il nous dit que nous sommes tous fils et filles d’un même Père ; il nous dit que nous sommes tous responsables des autres et du bonheur des autres. La fraternité n’a pas de religion, mais chaque religion la promeut. L’attention au bonheur des autres n’a pas de religion, mais chaque religion y invite. Le respect de tous n’a pas de religion, mais chaque religion demande à ses membres de le pratiquer. Et pour ceux qui ne reconnaissent aucune religion, je rappelle que la laïcité bien comprise fait de même !
En cette rentrée
2022, prenons l’engagement, là où nous sommes, de découvrir, d’approfondir et
de vivre ce climat évangélique qui doit caractériser nos écoles. Faisons le
choix de changer le monde par ce que nous avons de plus précieux : l’art
de vivre de celles et ceux qui veulent vraiment grandir en humanité, art de
vivre que le Christ a confirmé en s’offrant sur le bois de la croix. Oui,
il est bon, il est doux pour des frères de vivre ensemble et d'être unis !
(Ps 132,1). Bonne rentrée, dans un climat doux tout au long de cette année.
Nous avions l’espérance
d’un retour progressif à une vie normale après une crise sanitaire de plus de
deux ans ; les chiffres nous laissaient croire que tout irait mieux. Et
voilà qu’à l’Orient se fait entendre le bruit des bottes et des bombes, une
autre crise autrement plus grave, qui va impacter l’Europe au premier chef et
l’équilibre du monde au second. Est-ce donc à cela que nous sommes
destinés : passer d’une crise à une autre en spectateurs
impuissants ? Que deviennent nos grandes aspirations comme la liberté,
la paix, la fraternité ?
Ce mercredi 2 mars, les chrétiens entrent en Carême, en
quarantaine spirituelle. Il n’est pas question, là, de confinement ou
d’isolement, bien au contraire. Une quarantaine spirituelle pour guérir du Mal
qui ronge toujours et encore notre vie, pour devenir vraiment libres. Une
quarantaine spirituelle pour guérir de nos tentations de replis identitaires,
pour réapprendre à voir en tout homme un frère à respecter, un frère à aimer.
Une quarantaine spirituelle pour marcher à la suite du Christ vers ce Royaume
de paix où Dieu nous attend. Ce Royaume n’est pas que pour demain, quand
sonnera l’heure de notre grand passage. Ce Royaume, nous avons à le construire
dès maintenant, dès aujourd’hui. La liberté et la paix ici et maintenant, la
fraternité vécue au quotidien en sont des signes de réalisation.
Sur ce chemin sans cesse à refaire, sans cesse à
approfondir, le Christ reste notre guide et notre frère. Il nous dit la voie la
plus juste pour parvenir là où Dieu nous attend. Sur cette route, nul besoin de
bottes, nul besoin d’armes. Ceux qui marchent avec nous sont nos frères ;
ceux que nous rencontrerons sur le chemin sont appelés à le devenir. Avec le
Christ, nous sommes appelés à faire reculer la haine pour ne laisser place
qu’à l’Amour ; avec le Christ, nous sommes appelés à refuser le mensonge pour
faire rayonner la Vérité. Tout le contraire des nombreux discours qu’on nous
sert depuis quelques jours pour justifier cette crise politique qui se joue à
l’Est.
De crise en crise, nous voyons bien combien la paix, la
liberté et la fraternité sont fragiles ; notre propre société n’est-elle
pas devenue plus violente depuis deux ans ? L’impatience face aux crises
qui perdurent ou qui se suivent, l’exaspération devant les mensonges de ceux
qui nous gouvernent, la fatigue sans doute aussi, auront eu raison de nos bons
sentiments. Mais justement, ce ne sont pas de bons sentiments que nous devons
vivre, mais d’une réelle aspiration à la liberté, d’une réelle aspiration à la paix,
d’une réelle aspiration à la fraternité. Ce Carême, à la suite du Christ, doit
nous permettre d’ancrer solidement en nous ces signes du Royaume. N’attendons
pas que tous les hommes soient libres pour vivre libres de toute haine et de
tout mensonge. N’attendons pas que le monde soit en paix pour vivre une paix
véritable à l’échelle de nos familles, de nos quartiers et de nos écoles.
N’attendons pas la fin de toutes les guerres pour vivre une vraie fraternité
avec celles et ceux qui croisent notre route. A trop attendre, nous risquons de
passer à côté et de n’être jamais ni libres, ni en paix, ni fraternels.
Que le Christ qui
a donné sa vie pour que nous puissions vivre libres, en paix et en frères, nous
guide durant ces quarante jours. Au bout du chemin, il y a Pâques, la Vie
véritable plus forte que toutes les forces de Mort. Bon Carême, avec le Christ.
L’évaluation : c’est le mot à la tendance en ces jours. Evaluation des établissements, évaluation de nos élèves, évaluation au sein de l’Eglise. Difficile pour moi d’échapper à ce mot qui, je l’espère, va dépasser le simple cadre d’une tendance, d’une mode. Ce n’est pas tant le mot qui m’effraie que ce que l’on pourrait être tenté d’en faire. Je veux rester ici optimiste et me souvenir que, dans une autre vie, lorsque j’étais curé de paroisse il y a vingt ans, je proposais déjà à celles et à ceux qui travaillaient avec moi à la conduite de la pastorale, de faire, au mois de juin, une évaluation de ce que nous avions vécu, de ce qui pourrait être mieux fait encore, de ce qu’il faudrait abandonner. Je me souviens aussi des réticences de certains, parce que ce n’est jamais simple de jeter un regard en arrière. Pourquoi se soucier du passé, l’avenir est devant nous.
C’est vrai, l’avenir est devant nous ! Mais comment aller vers cet avenir, comment le construire mieux, sans prendre le temps de s’arrêter, de regarder honnêtement ce que nous vivons, ce que nous avons vécu pour en tirer des forces neuves, un désir nouveau, pour servir mieux, pour construire mieux. Il y a alors deux manières de faire, me semble-t-il. Lorsque j’étais moi-même écolier, j’avais l’impression que le système scolaire évaluait mes manques : c’est comme si les enseignants partaient d’un point idéal où je me devais d’être à l’âge qui était le mien (grâce à leur excellent enseignement). Et mes notes ne me disaient pas ce que je savais, mais le chemin qu’il restait à parcourir pour arriver à cet idéal décidé par je ne sais qui. Ce qui était évident pour moi, c’est que cet idéal fixé n’était pas toujours (selon les matières) le mien ! L’autre manière de faire est de tenir compte de la personne, des progrès qu’elle a accomplis, du chemin qui a été parcouru. Il ne s’agit pas de nous lamenter sur nos échecs, mais de repérer nos points forts pour les développer encore et voir à quoi ils nous appellent encore, autrement dit d’additionner les pas nouveaux réalisés. Dans le premier cas, on souligne les efforts qu’il reste à faire ; dans le second cas, on voit les progrès réalisés.
Et là, relisant la deuxième lecture de notre premier dimanche de l’Avent (1 Th 3, 12 – 4,2), je me rends compte que l’évaluation est une démarche authentiquement spirituelle. Paul écrit à ces frères pour les encourager à un art de vivre chrétien, conforme à la foi au Christ Sauveur. Dans ce passage, il formule d’abord des vœux : Que le Seigneur vous donne un amour de plus en plus intense et débordant… qu’il affermisse vos cœurs, les rendant irréprochables en sainteté. Ce dont il est question, ce n’est pas de se fatiguer à faire quelque chose, mais d’accueillir ce qui est donné : la capacité d’aimer et la sainteté. Puis il rappelle qu’il leur a enseigné ce que c’est que de vivre en chrétien, avant de leur donner une parole que je trouve sublime parce que rare : c’est ainsi que vous vous conduisez déjà. Faites donc de nouveaux progrès. Il leur dit qu’ils font déjà bien. Il ne leur parle pas d’efforts et de sueur, mais de persévérance et de confiance. Une évaluation bienveillante sans être naïve.
C’est ainsi que je suis entré dans
ce temps de l’Avent ; c’est ainsi que je vous invite à le vivre en cette
nouvelle année liturgique. Non pas comme un temps où je me dis que cette année,
je dois absolument faire mieux que l’an passé. Mais comme un temps pour me
réjouir de ce que le Seigneur m’a déjà donné de vivre depuis tant d’années, et un
temps pour réaliser que cela vaut la peine de poursuivre encore, de croire
encore en ce Dieu qui ne cesse de venir dans notre monde, de croire encore en
ce Dieu qui ne cesse de venir à ma rencontre pour me faire vivre de sa vie. Que
ce temps de l’Avent nous permette d’évaluer et d’apprécier l’amour de Dieu pour
nous ; qu’il renouvelle notre désir d’accueillir celui qui frappe à notre
porte pour partager notre vie. Préparons-nous, préparons notre vie à accueillir
encore Celui qui vient nous sauver, le Christ Rédempteur. Bon temps de l’Avent,
dans la célébration de tout ce que vous avez déjà vécu avec le Christ, dans la
joie de tout ce que vous pourrez encore vivre avec lui.
Les vacances sont
désormais terminées et nous avons repris le chemin de l’école avec plus ou
moins d’enthousiasme, plus ou moins rassurés par les mesures sanitaires qui
accompagnent encore cette rentrée. Je mesure toujours plus le fossé qui se
creuse entre les personnes et surtout l’incapacité à discuter sereinement. Je
le constate à la sortie des églises où je célèbre ; je l’entends aussi
chaque matin lorsque j’écoute les informations à la radio. Cette crise
sanitaire en a entraîné une autre dans son sillage, la crise de l’intelligence.
Certains mourront encore et de ce virus et de la bêtise qu’il génère. Nous
avons pu voir, lors des manifestations qui ont rythmées les samedis de nos
vacances, des gens chercher volontairement à être contaminés. Ceux que je connais
et qui ont eu à souffrir du COVID en ont été profondément choqués. Comment
peut-on vouloir tomber malade en sachant qu’il y a un risque avéré (pas
seulement en France, mais dans le monde entier) d’en être gravement affecté,
voire d’en mourir.
Ceux qui manifestent le plus
bruyamment, le font au nom de notre liberté. Mais que vaut ma liberté si elle
peut entraîner ma mort et celles de ceux qui me côtoient ? Suis-je libre
jusqu’à semer la maladie et possiblement la mort ? Je n’entends personne
crier à l’atteinte à la liberté lorsque, voulant voyager dans des pays d’Asie
ou d’Afrique, il leur est demandé d’être vacciné contre la fièvre jaune, par
exemple. Si un voyage de noces sous les tropiques vaut bien un vaccin, notre
vie quotidienne et le retour à une normalité dans nos relations sociales n’en
valent-ils pas autant ? L’exigence d’un vaccin serait légitime pour
assouvir nos plaisirs, mais totalement hors de propos pour assurer un quotidien
libre de tout danger grave ?
Puisque nous avons en charge l’école
catholique qui est en Alsace, nous devons insister pour que ceux qui la
fréquentent, retrouvent au moins le sens
de ce qui compte vraiment. L’éducation fait partie de notre cœur de métier.
Nous ne saurions nous contenter de dire : ainsi va le monde ! Même si
c’est difficile, il faut éduquer au sens du bien commun, à la vraie liberté qui
prend en compte l’autre et sa sécurité. Je ne peux qu’inviter les plus
réticents au nom de leur foi à relire, sur le site du Saint Siège, les
différentes communications du Pape François et de la Congrégation pour la
Doctrine de la Foi au sujet du vaccin et de cette crise qui continue de
bouleverser le quotidien des hommes et des femmes dans le monde entier. Il me
semble qu’en matière sanitaire, l’effort à faire est le même qu’au niveau de la
foi : il ne faut pas contraindre, mais éclairer les consciences. Le Dieu
que nous servons et annonçons est le Dieu de la Vie, le Dieu qui nous engage
pour la Vie. Certains diront : ben justement, je refuse le vaccin parce
qu’il serait fait à partir de cellules d’embryons avortés ; comme je ne peux
pas soutenir l’avortement, je refuse le vaccin. Est-ce à dire que les chrétiens
soutiennent la peine de mort parce qu’ils confessent un Christ ressuscité
certes, mais d’abord condamné et mis à mort par les hommes ? De plus,
seulement deux vaccins sur les quatre disponibles utilisent des « lignées
cellulaires non éthiques » dans leur production[1].
Notre souci premier doit rester le
droit à l’éducation et le combat contre toute forme d’obscurantisme. Notre
souci, cette année, doit être d’éviter que nos écoles deviennent des foyers
d’infection et de propagation d’une maladie que nous ne combattrons qu’ensemble.
Notre souci doit rester la vie et le bien de tous, avant d’être celui d’une
liberté égoïste. Liberté, liberté chérie… oui, je crois à l’importance de ce
mot écrit sur le fronton des bâtiments publics. Mais je sais aussi que je ne
saurais être libre seul ; je ne saurais être libre si ma liberté entrave
celle des autres. Bonne reprise à toutes et à tous, avec la liberté garantie de
pouvoir veiller sur les autres.
Au terme d’une année scolaire à nouveau marquée par le COVID (les nouvelles éditions des dictionnaires français en ont fait définitivement un masculin), nous nous apprêtons tous à quelques vacances bien méritées. Des vacances que je nous souhaite réelles, en présentiel et non virtuelles, parce que notre fatigue est réelle et que le repos réparateur se doit de l’être aussi. Au moment de rédiger ce billet, je n’ai pu m’empêcher de regarder à nouveau cette vidéo – que je vous conseille de visionner avant de poursuivre la lecture – (https://www.youtube.com/watch?v=_48gKagPaB0) qui nous permet, au-delà de l’humour, de réfléchir à notre vivre ensemble depuis qu’a éclaté cette crise sanitaire qui affecte notre quotidien depuis un an et demi. Je ne pense pas qu’il y ait quelque humain responsable qui ait vraiment envie de vivre une année supplémentaire avec la perspective d’un retour en confinement dès le mois de septembre.
Pourtant, c’est ce que nous annoncent les autorités sanitaires depuis l’assouplissement des mesures qui entravaient notre quotidien. En fait, à peine le changement des règles sanitaires était-ils annoncé que déjà les prophètes de malheur élevaient leur voix : la quatrième vague est pour septembre, cela ne fait aucun doute. Ils voudraient nous gâcher nos vacances, ils ne s’y prendraient pas autrement ! Il faut dire que les Français ne sont ni très disciplinés, ni très enclins à prendre la seule mesure qui s’impose : le vaccin. Il y aurait un plafond de verre qui nous empêcherait d’atteindre cette fameuse immunité collective qui nous protégerait tous. Il resterait des irréductibles opposants, qui résisteraient toujours et encore. Un rapide voyage sur les réseaux sociaux ne rassure guère quant à leur capacité à se convertir.
Au Vatican, le pape François n’y est pas allé par quatre chemins. La vaccination a été rendue obligatoire pour tous les employés de ce petit État. Que voulez-vous ? Fort de la Doctrine sociale de l’Eglise, le pape nous invite au respect du bien commun, c’est-à-dire du bien de tous. Dans un entretien avec la presse au mois de janvier, le pape disait : « il y a un négationnisme suicidaire que je ne saurais pas expliquer, mais aujourd’hui il faut se faire vacciner. Je crois que d’un point de vie éthique tout le monde doit se faire vacciner, c’est un choix éthique, parce qu’on met à risque sa santé, sa vie, mais aussi la vie des autres ». Et en bon chef, il a été le premier vacciné de son petit État.
Et
c’est là que je reviens avec mes sardines. J’aurais pu choisir les fourmis ou
les gnous, le résultat eut été le même. Tous ces animaux savent aller dans une
même direction. Pourquoi pas nous ? Je n’ai pas plus de réponse que le
pape François ou l’humoriste de la vidéo. Mais, comme responsable pastoral, je
ne peux que rappeler que le bien de tous est supérieur à mon bien individuel et
que s’il existe un chemin qui assure le bien du plus grand nombre, je me dois
de l’emprunter. Je ne peux pas me désolidariser de mes frères en humanité. Si
une sardine y arrive, pourquoi pas nous ? A propos des sardines,
savez-vous quel est le seul moment de sa vie où une sardine ne vas pas dans le
même sens que ses sœurs ? Quand l’homme la met en boîte ; il les
range tête-bêche pour mieux les serrer ! Il est urgent que nous égalions le
niveau intellectuel d’une sardine et que nous allions dans la même direction :
le bien de tous ! A ce prix, nous aurons tous de belles vacances,
reposantes et protégées. A ce prix surtout, nous pourrons espérer une vie scolaire
plus normale à la rentrée.
Bonnes vacances à tous les membres de
nos communautés éducatives !
Alors que de voix
nombreuses s’élèvent pour un nouveau confinement, voici que nous entrons en
Carême. Chouette, diront certains, joignons l’utile (le Carême) au désagréable
(le confinement). Nous pourrons vivre ce temps imposé par la rigueur de la loi
et la crainte du virus qui paralyse le monde depuis trop longtemps de manière
sainte : repliés chez nous, entièrement tournés vers Dieu. Quel
bonheur ! Eh bien non ! Trois fois non !
Comme je le rappelais
déjà dans ma lettre pastorale pour le Carême de l’an passé, le Carême est un
temps de préparation, de purification qui nous entraîne vers Pâques, vers la
vie en plénitude. Il est aussi, me semble-t-il, un événement communautaire. Le
Carême est un temps de l’Eglise, c'est-à-dire un temps de la communauté
croyante et pas uniquement des individus qui la composent. Dit autrement, si ce
temps me tourne vers Dieu, il me tourne aussi nécessairement vers mes frères en
humanité et pas seulement vers mes frères dans ma foi. Nous le sentons bien
dans l’Enseignement catholique lorsque chaque année, à cette période, nous
organisons divers temps de solidarité. Imaginer que ce temps puisse être, en
cas de re-confinement, juste un temps pour moi et mon Dieu, serait une erreur. Un
Carême qui serait vécu comme un auto-confinement, qui ne me tournerait plus
vers les plus pauvres, serait un Carême à demi-vécu pour ne pas dire mal vécu.
Je ne peux laisser tomber mes frères sous prétexte que la situation sanitaire
ne me permet pas de sortir de chez moi. Je ne peux pas m’isoler avec mon
Dieu ; Dieu se charge toujours de nous renvoyer vers nos frères et sœurs
dont il a partagé l’humanité en son Fils Jésus.
C’est la raison pour
laquelle je demande à chaque Adjoint (ou Animateur) en Pastorale Scolaire de
veiller, comme beaucoup l’ont déjà fait l’an passé, à utiliser tous les moyens
techniques possibles afin de garder le lien avec nos communautés éducatives au
cas où nous nous retrouverions reconfinés. De la même manière, je demande à
chaque enseignant de religion de considérer son enseignement comme absolument
essentiel en ces temps difficiles. Il nous permet de remettre du sens là où
pour beaucoup de nos concitoyens il n’y en a plus depuis un an. La situation sanitaire
que nous connaissons, entraîne, au-delà des malades de ce virus, une détresse
psychologique et spirituelle qui ne peut ni ne doit nous laisser indifférents.
L’enseignement religieux n’est pas une matière secondaire dont nous pourrions
nous dispenser ; il est à assurer, y compris en visio-conférence, de
manière régulière, comme n’importe quel enseignement. Je demande aux chrétiens
de nos communautés éducatives d’être des veilleurs auprès de leurs frères et
sœurs pour que ceux qui ont plus de difficultés à vivre ces temps difficiles se
sentent soutenus. J’adresse aussi cet appel à tous les hommes et femmes de
bonne volonté qui ne partagent pas notre foi ; ensemble, nous démontrerons
que nos communautés éducatives sont aussi d’abord des communautés humaines qui
portent le souci de chacun.
Je ne souhaite pas
plus que beaucoup d’entre vous un nouveau confinement. Mais s’il devait nous
être imposé à nouveau en ce temps de Carême, je souhaite que nous le vivions
dans le souci constant des plus faibles de nos communautés, dans le souci
constant d’accomplir, envers et contre tout, notre mission d’éducation dans un
véritable esprit fraternel. Je prie Dieu qu’il accorde à tous et à chacun un
esprit fraternel renouvelé et l’espérance de jours meilleurs. C’est, pour le
prêtre que je suis, l’espérance du matin de Pâques, quand la vie reprend ses
droits et s’affirme, en Jésus mort et ressuscité, plus forte que toutes les
forces du Mal. Bon Carême, peut-être confiné, mais sans confinement spirituel,
sans confinement fraternel. Que les frères que Dieu nous donne soient toujours notre
souci constant.
Nous voici donc passés à l’année d’après. L’année d’après l’émergence de ce virus qui nous gâche la vie depuis trop longtemps maintenant. Vous souvenez-vous de ce temps où nous pouvions embrasser quelqu’un en l’accueillant, réconforter quelqu’un en le serrant dans nos bras, inviter largement à notre table pour un temps d’amitié et de convivialité ? C’était le temps d’avant ! Les efforts que nous faisons tous en acceptant des restrictions de liberté (confinement, couvre-feu), des contraintes pas toujours comprises parce que mal expliquées (masque, gel…) semblent sans effet puisque, régulièrement, le virus semble déjouer toutes nos tentatives de l’éradiquer ou du moins de limiter ses effets. Le vaccin promis est livré au compte-goutte ; il a été promis une accélération de sa distribution qui entraîne une méfiance plus grande encore de la part de nos concitoyens. Avec tout cela, c’est le monde d’après qu’on nous a promis dès le début de la pandémie qui semble s’éloigner : plus d’un million de nouveaux pauvres, des commerces qui disparaissent, des entreprises fragilisées, un avenir incertain pour beaucoup, une angoisse qui grandit, une incertitude quant aux examens que nous préparons, … : rien de très réjouissant !
Pourtant, je ne peux oublier cette promesse d’un monde d’après qui serait meilleur. Je m’y accroche même pour ne pas désespérer. Et je me mets à rêver : pourquoi attendrions-nous la fin de la pandémie pour inaugurer ce monde d’après ? Avec une nouvelle année, ne pouvons-nous pas décider de commencer ce monde d’après ? Ne risquons-nous pas de devoir le remettre aux calendes grecques si nous attendons la mort du virus ? Rien ne nous empêche de commencer à vivre ce monde d’après dans lequel chacun serait respecté pour ce qu’il est ; ce monde où la fraternité ne serait plus un mot mais une attitude profondément ancrée en chacun ; ce monde où la différence ne serait pas un obstacle, voire une crainte, mais une chance et une qualité recherchée ; ce monde où quelles que soient votre origine, votre croyance, votre couleur de peau, vos qualités et vos limites, vous ayez tous les mêmes chances, les mêmes droits, la même valeur. Chacun peut décider de commencer à vivre ce monde d’après, sans attendre que l’autre ne commence ! Chacun peut décider que la distanciation sociale, si elle est nécessaire encore quelques temps, ne doit pas devenir repli sur soi, ni rejet de l’autre. Chacun peut décider, dès maintenant, malgré les mesures barrières nécessaires encore quelques temps, de ne pas transformer l’autre en danger permanent et donc en personne à éviter. Si nous attendons la fin du virus pour retisser le tissu social qu’il aura méthodiquement déchiré, nous risquons forts de ne pas avoir assez de fil pour tout reprendre.
Le monde d’après, les chrétiens ont accepté de le construire dès le lendemain de la Pentecôte. Ils n’ont pas attendu le retour du Christ dans la gloire pour se dire : c’est maintenant qu’il faut y aller. Nos établissements scolaires reposent sur cette intuition des premiers croyants, intuition qui repose elle-même sur l’ordre du Christ : Allez, de toutes les nations faites des disciples ! (Mt 28,19). Par la seule force de leur exemple et de leur foi, ils ont fait des merveilles. Nous mesurons là toutes les merveilles que nous pouvons réaliser dans nos communautés éducatives pour que ce monde d’après soit le monde d’aujourd’hui, le monde non pas dans lequel nous voudrions vivre, mais le monde dans lequel nous vivons déjà. Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps, dit encore le Christ à ses Apôtres quand il les envoie (Mt 28, 20). Cette promesse est toujours d’actualité. Avec Lui dont nous venons de fêter l’entrée dans le monde des humains, construisons dès maintenant ce monde, sans plus attendre. En se faisant humain, il nous a montré le chemin à suivre pour réaliser cette œuvre : une humanité accomplie. Alors toi aussi, fais-le comme Dieu, deviens humain (Mach’s wie Gott, werde Mensch, Mgr Franz KAMPHAUS) et ce monde sera ton quotidien.
A toutes et à tous, une belle année 2021, faites de joie et de réussite, pour un monde meilleur dès aujourd’hui.
Le Christ est annoncé, et de cela je me réjouis. C’est un extrait de la lettre de Paul aux Philippiens que j’ai commenté ce samedi lors de la messe au Carmel de Marienthal. Je disais en substance aux sœurs que « Paul doit tourner sur lui-même, en ce moment au Paradis, lui qui affirme que l’important, c’est l’annonce du Christ. En effet, à partir de mardi, cette annonce publique ne pourra plus se faire, les églises étant interdites au culte public, parce que non essentielles pour la vie des hommes, au même rang donc que les lieux de culture et les lieux de sociabilité voire d’humanité, privés eux-aussi de public. Il nous faut bien mesurer ce que cela signifie : à force d’être étiqueté non-essentiel, nous finirons tous inutiles. Déjà, les communautés croyantes ont perdu entre dix et vingt pour cent de leurs membres. La peur, que les gouvernants ont savamment et patiemment distillée, fait son effet ».
Non-essentiel : il y a quelque chose de méprisant dans cette expression, et je ne parle pas seulement pour l’Eglise. Je pense à toutes ces personnes qui travaillent dans des conditions difficiles quelquefois pour que nous ayons des lieux de convivialité, de joie ; des lieux dans lesquels notre humanité peut s’épanouir et nos relations s’élargir. C’était le monde d’avant ! Maintenant, tous ces lieux d’humanité, tous ces métiers qui permettent à l’humain de rayonner, ont été décrétés non-essentiels, inutiles parce qu’on pourrait s’en passer sans vivre moins bien, paraît-il ! Mais là où se forge notre humanité, là se forge aussi notre sainteté ! Je crains donc qu’à voir rapetisser notre humanité, nous ne voyions aussi rapetisser notre sainteté. Peut-être faudrait-il que tous les non-essentiels, tous les inutiles se donnent la main (après passage au gel hydroalcoolique bien sûr) : juste pour voir combien ça fait de non-essentiels, d’inutiles.
Au moment où nous reprenons les cours dans nos écoles catholiques, revenons à nos fondamentaux et osons réaffirmer fortement que la dimension spirituelle n’est pas inutile, n’est pas non-essentielle. Bien au contraire ! La formation intégrale de la personne que nous prônons nous rappelle justement que cette dimension spirituelle fait partie intégrante de l’humanité que nous avons à cultiver et à faire grandir chez tous les élèves qui nous sont confiés. Nous ne lutterons pas contre les extrémismes en niant cette dimension ; nous risquons fort, à considérer la spiritualité et l’ouverture à Dieu comme non-essentielles, de voir justement ces extrémismes grandir et prospérer. Il nous faut donc annoncer toujours et encore le Christ, selon la parole de Paul. Il est la vérité qui rend libre ; il est la lumière qui éclaire les ténèbres de notre ignorance, la lumière qui repousse les ténèbres de nos haines et de nos peurs.
Parmi tous les documents que vous avez reçu pour l’hommage à Samuel PATY, l’enseignant assassiné pour sa liberté de parole, il y a aussi un temps de prière proposé par le Secrétariat Général. Il est loin d’être accessoire. Il me semble même le document le plus important, parce qu’il nous permettra de prendre encore plus de hauteur et de nous remettre les uns et les autres, quelle que soit notre foi ou notre non foi entre les mains de celui que les croyants reconnaissent comme Père, comme origine de la vie et de l’amour, comme source de notre liberté. En nous plaçant sous le regard de ce Dieu de vie et d’amour, nous comprendrons mieux que nos paroles peuvent conduire à plus de vie quand elles sont respectueuses de tous, comme elles peuvent conduire aussi à la mort quand elles se font méchantes voire assassines. La liberté d’expression ne nous dispense pas de faire œuvre d’intelligence ; elle ne nous dispense pas du respect élémentaire dû à tout être humain. Il y a des paroles qui font grandir et vivre ; il y a des paroles qui tuent, sans même que le sang ne coule. Il y a aussi des paroles bonnes qui peuvent mener à la mort ; regardez le Christ : c’est sa liberté de parole qui l’a mené à la croix pour le salut de tous les hommes. Vous comprenez pourquoi Paul disait qu’il n’y a rien de plus urgent à annoncer que Lui, Jésus, offert sur la croix pour la vie de tous les hommes.
Quant aux fameuses caricatures qui n’ont fait
couler que trop d’encre et trop de sang, Dieu saura bien s’en accommoder. Après
tout, ne le caricaturons-nous pas tous chaque fois que notre vie, nos paroles,
nos gestes sont contraires à son enseignement ? Si Dieu décidait de tuer
tous ceux qui le caricaturent, je crains qu’il ne fût bien seul en ce monde. Ne
nous offusquons pas de ce que Dieu soit mal représenté par des gens qui ne
croient pas forcément en lui ; offusquons-nous plutôt de ne pas mieux le
représenter, nous qui affirmons croire en lui. Et reconnaissons que Dieu est
bien plus grand, bien plus sage, bref bien meilleur que tout ce que nous
pourrons en dire ou en dessiner. Laissons à Dieu le droit d’avoir de l’humour
et aux hommes le droit d’en rire. Rien n’est plus essentiel à l’homme qu’un
Dieu qui sait rire, même de nous, même de Lui ! Bonne reprise à tous !
Encore quelques jours, et les vacances seront notre réalité. Pas comme lors du confinement où, bloqués chez nous, nous avions subitement du temps pour nous une fois le travail quotidien effectué. Ce temps pour nous était pris sur le temps que nous aurions normalement consacré à nos déplacements pour aller qui au travail, qui à l’école, qui au sport… Nous avons tous pu nous rendre compte que cela en faisait, du temps. Quand, en plus, nous sommes coincés chez nous, à plusieurs dans un espace plus ou moins réduit, ce temps semble soudainement compter double. Les vacances, qui sont à notre porte, seront dé-confinées, le temps sera tout entier pour nous.
Puisque le pape François a décrété une année « Laudato Si » (mai 2020 à mai 2021) à l’occasion du cinquième anniversaire de ce texte majeur, nos vacances, mais bien plus encore l’année scolaire prochaine, seront tout entières imprégnées dans cette thématique. Pour beaucoup, la question écologique est devenue l’enjeu majeur aujourd’hui pour construire un demain plus responsable. Nos établissements, qu’ils soient diocésains, épiscopaux ou congréganistes, ont déjà fait beaucoup en matière de tri des déchets, de saisonnalité des aliments, d’apprentissage au respect de la nature. C’est très bien ! Mais n’oublions pas qu’au cœur du défi écologique, il y a l’homme qui, s’il est quelquefois le prédateur de la nature, n’en est pas moins un élément de cette nature. Peut-être qu’il nous faudra aborder la question de l’écologie intégrale davantage sous cet angle-là : l’homme comme faisant partie de cette nature, l’homme dont il faut prendre soin, l’homme qu’il faut respecter, l’homme qu’on ne peut pas trier comme un déchet (celui qui est utile, celui qui est à éliminer, celui qui est à recycler…). La pandémie que nous avons vécue, et dont nous ne sommes pas encore sortis complètement, nous aura rappelé la faiblesse de l’homme, mis à genoux par une créature invisible à l’œil nu. Une réflexion sur la place de l’homme dans cette nature, mais aussi sur ce qu’est un Homme finalement, me semble alors nécessaire. Les acteurs pastoraux des établissements épiscopaux et diocésains, qui n’auraient pas encore finis leur réflexion sur la pastorale pour l’année à venir, pourraient trouver dans cette question un défi à relever, un chantier à mener.
Deux versets bibliques me viennent alors à l’esprit : le premier vient du beau livre de la Genèse, à ce moment précis où l’homme prend la liberté de désobéir à Dieu. Se rendant compte que quelque chose était brisé, l’homme et la femme se cachent aux regards du Seigneur, et quand Dieu, se promenant dans le jardin, ne les trouve pas, il interroge : Où donc es-tu ? (Gn 3, 9). Où est l’homme dans cette création de Dieu ? Où est l’homme dans son rapport à Dieu ? Je suis toujours émerveillé par ce Dieu qui cherche l’homme et qui ne peut se résoudre à perdre sa proximité. Le second verset vient du Psaume 8 qui chante la grandeur de Dieu et de son œuvre créatrice : Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ? (Ps 8, 5). Il ne fait pas de l’homme le prédateur de la nature, mais bien celui qui doit en prendre soin. Si Dieu porte le souci de l’homme, celui-ci, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, ne doit-il pas aussi porter le souci de l’homme, de lui-même, de toute l’humanité ? Je suis toujours inquiet par certains discours écologiques, qui dénoncent comme l’abomination de la désolation le fait que l’homme manipule un grain de blé, et chantent en même temps - comme un progrès nécessaire - le fait de manipuler les cellules humaines, sans discernement aucun, simplement parce qu’on peut le faire. C’est bien, utile et nécessaire de respecter la nature ; c’est bien de protéger les espèces menacées ; mais c’est bien aussi, et tout aussi utile et nécessaire de protéger et respecter l’Homme, tout l’Homme, et tout homme, quel que soit son sexe et son orientation, sa couleur de peau, son origine, ses croyances.
Que ces vacances vous donnent l’occasion de prendre soin de vous et de vos proches, dans le respect les uns des autres et du cadre dans lequel vous vivrez ce temps. Nous en avons tous grand besoin.
(Lettre co-signée par Mgr Kratz, évêque auxiliaire, accompagnant l'Enseignement catholique)
Lettre aux APS pour accompagner le confinement (4)
Lettre aux APS pour accompagner le confinement (3)
Lettre aux APS pour accompagner le confinement (2)
Lettre aux APS pour accompagner le confinement
Vous le savez : les chefs d’établissement assurent une continuité administrative, les enseignants, une continuité éducative. Qu’en est-il de la continuité pastorale ? Je sais que sans doute cela ne semble pas primordial, et pourtant, n’avons-nous pas à accompagner nos communautés éducatives en ce moment si particulier de l’histoire de l’humanité ? N’avons-nous pas à chercher à faire sens à ce qui semble un non-sens absolu ? Comment témoigner encore, alors que le danger rôde, de la proximité et de la fidélité de Dieu à son Alliance ?
Si les cérémonies religieuses sont repoussées à des temps meilleurs, pouvons-nous simplement oublier ces enfants et ces jeunes que nous avons accompagné vers un sacrement ? Il ne s’agit pas de braver la loi et de les rassembler quand même, mais de réfléchir à la manière de les accompagner encore dans ce temps de l’attente qui peut bien s’éterniser si nos gouvernants se décident à prolonger le confinement. Ce matin, un médecin demandait que ce temps s’étire sur six semaines ! Comment rassurer, comment encourager, comment veiller sur celles et ceux qui nous sont confiés ?
Si, à l’annonce de ce temps de réclusion, certains ont pu se réjouir (chouette, des vacances !), je doute que, s’ils se retrouvent enfermés à plusieurs, dans un logement exigu, sans pouvoir en sortir sur un temps long, je doute donc qu’ils continuent à afficher longtemps encore des mines réjouies. Ce qui semblait une opportunité se transformera vite en cauchemar pour ceux et celles qui n’ont ni jardin, ni balcon pour prendre l’air. La durée aura nécessairement un impact sur la vie familiale et fraternelle.
A côté des chefs d’établissement qui portent encore plus lourds que d’habitude, à côté des enseignants qui réinventent leur métier, à côté de tous nos personnels qui accueillent dans nos établissements les enfants des parents engagés dans un métier lié à la santé, à côté des familles qui réinventent un vivre ensemble, nous devons nous tenir fermement et être prêts à l’écoute, à la présence simple et amicale, à une parole d’encouragement… Comme le rappelait ce matin aux ADP Joseph HERVEAU, Responsable national de l’animation pastorale au SGEC, au gré des situations des écoles et après discernement et accord impératif du chef d’établissement, mais aussi de la direction diocésaine ou de la tutelle, il peut être opportun que des APS volontaires et se conformant de façon stricte à toutes les obligations sanitaires d’usage, se joignent aux équipes enseignantes et éducatives qui accueillent les enfants dans les établissements scolaires. Non pas d’abord pour « proposer du caté », mais pour être présent au milieu de ces équipes, soutenir les adultes et le cas échéant, leur prêter main forte, ou être disponible simplement pour écouter.
D’autres possibilités d’assurer cette continuité pastorale à distance existent : chaine de prière à développer, tente de la rencontre à mettre en place grâce aux moyens de communication sociaux, intentions de prière à confier à vos prêtres référents. J’ai moi-même ouvert ce jour un mur sur padlet pour que vous puissiez y déposer, en texte ou en image, vos petits bonheurs, vos intentions de prière, et ce qui vous pèse (http://padlet.com/pjyk/confinement code d’accès : ddecalsace). Je me tiens également disponible pour chacun de vous si vous souhaitez un entretien plus personnel en visio-conférence ou si le besoin se faisait sentir d’une réunion plus large que ce soit au niveau du réseau Enseignement catholique d’Alsace ou plus particulièrement auprès des établissements épiscopaux et diocésains. Chaque jour, je célèbre la messe tout seul en pensant à chacun de vous. Les intentions qui seront déposés sur le mur seront offertes quotidiennement dans cette eucharistie. Je vous joins quelques ressources que nous avons partagées ce matin entre ADP lors d’un webinaire proposé par Joseph HERVEAU. Vous pouvez écouter son intervention sur la chaine Youtube du Département éducation : https://www.youtube.com/watch?v=uwwlzOzK4kY . Enfin, je vous invite à relayer largement le message des évêques de France à nos concitoyens et à participer à l’initiative qu’ils proposent pour le 25 mars, fête de l’Annonciation. Le message se trouve à l’adresse suivante : https://eglise.catholique.fr/espace-presse/communiques-de-presse/495268-covid-19-message-eveques-de-france-aux-catholiques-a-nos-concitoyens/
Que la situation présente modifie pleinement nos manières de vivre est une évidence. Mais elle ne nous empêchera ni de vivre notre foi, ni de la partager encore et d’être ainsi témoins de celui qui est la Vie en plénitude. Au bout de notre Carême, il y a Pâques et la puissance de vie du Christ qui se déploie en nous. N’hésitons pas à puiser largement à cette vie ; n’hésitons pas à la partager largement. Nous ne pouvons peut-être pas grand-chose, mais nous pouvons toujours nous tenir comme Marie, à Cana, près de Jésus, pour lui dire : « Ils n’ont plus de vin » (Jn 2, 3). Le Christ nous donnera aujourd’hui encore, comme jadis, le vin de la fête qui redonne espoir et joie au cœur des hommes.
A toutes et à tous, je redis ma proximité et mon espérance de nous retrouver en virtuel pour l’instant, en réel quand ces événements ne seront plus que des souvenirs lointains. A vous, la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ (1 Co 1,3).
Le Carême : un moyen pour nous conduire à Pâques.
Choisissez la vie !
Ce passage n’a rien de bien compliqué à comprendre. Il y a deux voies : la vie et le bonheur ou bien la mort et le malheur. La vie est du côté de Dieu, la mort est dans le refus de Dieu. Tant que le peuple vivra dans la fidélité à l’Alliance, il sera heureux et prospèrera dans le pays que Dieu s’apprête à lui donner. Mais s’il s’éloigne de l’Alliance, s’il se laisse entraîner à se prosterner devant d’autres dieux et à les servir, [ils ne vivront] pas de longs jours. Il y a là quelque chose de réconfortant et en même temps de terrifiant. Réconfortant parce qu’il suffira de dire que nous serons fidèles en toutes choses à la volonté de Dieu ; terrifiant, parce que nul ne sait de quoi demain sera fait et comment nous pourrions être amené à composer avec les autres. La terre que Dieu donne n’est pas une terre vierge ; il y a des peuples installés là, et je ne suis pas bien sûr qu’ils accepteront de partager, voire d’abandonner cette terre au profit de ce peuple étranger ; même si c’est leur Dieu qui leur offre ce pays ! Chez Moïse, il y a cette assurance fondamentale que Dieu veille sur son peuple et que sa Parole se réalisera. Le peuple doit faire confiance ; le peuple doit être fidèle à son Dieu.
Comment, au terme de ce congrès consacré à la gouvernance de vos écoles, qui vous a réunis sur les traces de vos fondateurs, ne pas entendre ce discours de Moïse comme un appel adressé à votre congrégation enseignante et à l’Enseignement catholique en général à rester fidèle à l’intuition des grands éducateurs d’une part, et à l’ordre fondamental et fondateur du Christ lui-même ? Comment ne pas entendre, dans ce rappel des deux voies, les deux voies qui s’offrent en permanence à l’Enseignement catholique : la fidélité à l’Evangile ou l’adaptation de notre offre à la demande, quand bien même cette demande serait contraire à l’Evangile ? Nos écoles catholiques ne vivront que dans la mesure où elles défendront leur singularité dans le paysage scolaire. Singularité caractérisée par le climat évangélique dans lequel elles doivent vivre et par la mise en œuvre d’une formation intégrale de la personne, rappelant sans cesse que la personne humaine vaut plus que des chiffres, que ces chiffres soient ceux d’une note, d’un pourcentage de réussite ou ceux de bilans financiers. Ne sacrifions ni aux idoles de la bien-pensance, ni aux idoles des taux de réussite aux examens, ni aux idoles des bilans financiers, toutes ces idoles qui voudraient nous obliger à leur sacrifier les élèves à besoins particuliers, les petits, les faibles, les pas rentables. Je comprends qu’en certains lieux et certaines situations il peut être difficile d’y résister, et que la fidélité au Christ et à nos fondateurs puisse être crucifiante, mais là seulement se trouve la vie et la survie de nos écoles. Nos écoles mourront d’avoir rejeté ceux dont plus personne ne veut, parce qu’elles auront renoncé à leur âme, renoncé à leur mission sacrée. Si l’école catholique n’est plus catholique dans ses fondements et dans sa gouvernance, je crains qu’elle ne soit plus rien, pas même une école, mais juste une entreprise à faire du fric, écrasant davantage encore les pauvres sans recours.
Sans angélisme aucun, nous pouvons reprendre dans notre prière le psaume premier qui a suivi notre lecture du Deutéronome : Heureux est l’homme qui met sa foi dans le Seigneur… Il est comme un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt ; tout ce qu’il entreprend réussira. Ce n’est pas qu’un beau poème ; c’est la Parole du Dieu vivant et vrai, la Parole dont Moïse fut le prophète ; c’est la Parole que le Christ a accomplie ; c’est la Parole qui s’accomplit chaque jour pour les fidèles du Seigneur. Le psaume ne dit pas que l’homme fidèle ne connaîtra ni difficulté, ni épreuve ; mais le psaume assure qu’en tout, il réussira ; au final, il sera toujours debout, toujours vivant. N’est-ce pas ce que dit le Christ lui-même à ses disciples : puisque lui connaîtra l’épreuve de la croix et de la mort avant de ressusciter, comment ses disciples pourraient-ils espérer y échapper ? Le chemin qui passe par la croix est le seul chemin possible, non parce qu’il est chemin de souffrance, mais parce qu’il est le chemin qui a conduit le Christ lui-même de la mort à la vie, et que sur ce chemin, il nous a déjà obtenu la victoire.
Quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même en suivant un autre chemin que celui du Christ ? Quel avantage ont nos écoles à gagner le monde, si le prix à payer est celui de quitter le chemin du Christ, le chemin de leurs fondateurs ? Elles seront comme la paille balayée par le vent. Ce n’est pas ce que nous souhaitons, ni pour nos écoles, ni pour nous, ni pour nos communautés éducatives. Où que soient vos écoles, quelles que soient les difficultés qu’elles puissent rencontrer, soyez fidèles au Christ ; soyez fidèles à vos fondateurs. Choisissez la vie pour que les familles qui vous choisissent puissent découvrir un reflet de cette vie que Dieu promet éternelle à celles et ceux qui lui sont fidèles. Amen.
Lettre pastorale pour l'Avent 2019
Prendre soin de soi.
Prendre soin de nous, c’est ce que nous propose le temps de l’Avent qui s’est ouvert ce dimanche 1er décembre. Il n’est pas, à la différence du Carême, un temps de pénitence ; il est un temps de préparation joyeuse à l’accueil du Messie que Dieu envoie à son peuple. Les promesses faites par Dieu à ses prophètes et l’espérance qu’il a suscité dans le cœur de son peuple, vont trouver, dans la nuit de Noël, leur accomplissement dans un Nouveau-Né. Les chrétiens accueilleront, en cette nuit, Dieu qui, en Jésus, s’abaisse à la taille de l’homme afin que l’homme, par Jésus, puisse s’élever à la taille de Dieu. C’est un grand mystère, et nous comprenons alors la nécessité de nous préparer à ce moment. Il serait dommage que Dieu frappe à notre porte et que nous soyons absents, ou pire, que nous restions enfermés à l’intérieur de nos maisons, sans ouvrir ni la porte, ni notre cœur à celui qui frappe.
Prendre soin de nous, c’est vraiment nous préparer intérieurement à cette rencontre entre l’homme et Dieu, par une écoute renouvelée de la Parole de Dieu, particulièrement riche durant le temps de l’Avent. Nous pourrions ainsi commencer chacune de nos journées par quelques lignes du prophète du jour ou de l’évangile du jour. Pour les croyants, ce serait l’occasion d’écouter cette parole que nous considérons donnée par Dieu. Pour les croyants autrement ou pour ceux qui ne connaissent pas Dieu, ce serait l’occasion d’écouter un texte de notre patrimoine religieux qui appelle tous les hommes à un style de vie autre que celui qui est vanté aujourd’hui. Peut-être n’est-ce pas vraiment un hasard alors que cette lettre pastorale soit écrite le jour du Black Friday. Il prône un style de vie qui ne correspond pas vraiment à ce que les prophètes nous diront pendant le temps de l’Avent. Il prône un style de vie qui ne va pas vraiment dans le sens du prendre soin de soi, ni du prendre soin de l’autre, encore moins du prendre soin de notre planète. La consommation à outrance, si elle peut sembler à certains un bien immédiat, ne l’est jamais à long terme. Elle est à l’opposé du prendre soin de soi, quoi qu’en dise les publicitaires.
Durant ce temps de l’Avent, prenons soin de nous pour que Dieu lui-même puisse prendre soin de nous. Soyons attentifs à sa voix pour mieux prendre soin des autres et de notre terre. Ce n’est jamais égoïste de prendre soin de soi pour mieux se mettre au service des autres. C’est au contraire une nécessité. Le temps de l’Avent, en nous invitant à veiller et à préparer activement la venue du Sauveur, nous ouvre déjà à la paix de Dieu, à un désir d’une plus grande justice, à la nécessité d’une vraie fraternité fondée sur le Christ, ami de tous les hommes. Que ce temps de l’Avent soit un temps qui vous fasse du bien ; que ce temps de l’Avent vous permette de faire du bien autour de vous. Bon temps de l’Avent à toutes et à tous !
Lettre pastorale pour la rentrée 2019
Baptisés et envoyés : l'Eglise du Christ en mission dans le monde.
Le titre de cette lettre pastorale n’est rien d’autre que le thème du mois missionnaire extraordinaire (mois d’octobre 2019), voulu par le Pape François et encouragé dans notre diocèse par Mgr Ravel, notre archevêque. Les catholiques sont ainsi invités à vivre une attention renouvelée à leur baptême et à ses conséquences très concrètes dans la vie quotidienne. L’une de ces conséquences est le fait de témoigner de la foi, partager le Christ, largement, dans un esprit de respect. Il ne s’agit pas de faire du prosélytisme, ni d’user de force pour convertir : il s’agit d’éveiller chez les hommes le désir du salut.
Homélie donnée pour la messe d'action de grâce d'un chef d'établissement qui change d'affectation à la rentrée
à l'exemple de Moïse…
Pour éviter toute interprétation triviale, je vais rassurer tout le monde de suite et préciser que la tutelle de Sion n’est pas Dieu même si elle a créé l’école, que Sandrine n’est pas Moïse même si, comme chef d’établissement, elle doit guider une communauté, et que Sion Strasbourg, comme Sion Marseille ne sont pas le peuple hébreu réduit en esclave en Egypte. La Tutelle n’a appelé Sandrine à changer d’établissement ni pour sauver celui qu’elle quitte, parce que tout y serait devenu impossible, ni celui de Marseille parce que son prédécesseur se serait pris pour pharaon. Le cadre juste étant ainsi posé, nous pouvons revenir au texte et découvrir ce que Dieu (le vrai) veut nous dire.
Tout commence, pour Moïse, par un phénomène peu banal : un buisson qui brûle sans se consumer. Devant ce phénomène étrange, la première réaction est donc l’étonnement, et c’est bien normal. Personne n’avait jamais vu cela. Il ne s’agit pas, pour nous, d’essayer de comprendre ce phénomène, mais de nous rendre compte qu’un buisson qui brûle sans se consumer apparaît souvent dans notre vie sous des formes diverses et variées. En effet, les sujets d’étonnement devant des choses extraordinaires que nous ne comprenons pas, ne manquent pas, surtout dans une vie professionnelle. Par exemple, un de mes grands buissons ardents à moi, ce sont les relations humaines. Ça ne fonctionne jamais comme je voudrais, et il m’est arrivé de pouvoir faire un excellent travail avec des personnes qui m’étaient opposées, alors qu’avec d’autres, que j’aurais volontiers qualifié de plus proches, le travail fut impossible. J’ai beau regarder les hommes et les femmes de mon temps, quelquefois ils sont pour moi ce buisson ardent, un phénomène que je ne comprends pas. Au moment, Sandrine, où tu rends grâce avec nous pour ce que ces quinze années t’ont permis de vivre ici, il est bon que tu puisses te rappeler ces buissons ardents rencontrés ici et surtout identifier ceux de Marseille que tu t’apprêtes à rejoindre pour t’en étonner positivement. En effet, notre première réaction, devant ce qui nous arrive, devrait toujours être cet étonnement qui doit nous ouvrir à la bienveillance et non à la méfiance. Je vais faire un détour pour voir cette chose extraordinaire dit Moïse ; autrement dit, il ne fuit pas devant l’étrange. Et l’étonnement de Moïse se prolonge dans cette parole qui lui est adressée par Dieu : Retire tes sandales de tes pieds, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte ! Dépaysement total assuré. Non seulement c’est curieux, étrange, inhabituel, mais en plus c’est saint ! N’en est-il pas ainsi pour nous ? Les buissons ardents que nous identifions dans notre vie sont toujours des lieux saints, autrement dit des lieux d’où Dieu nous parle. Je me rends bien compte que ces hommes et ces femmes que Dieu met sur ma route (mes fameux buissons ardents), que je ne comprends pas toujours, sont pourtant les instruments que Dieu choisit pour me parler, pour me faire progresser. L’école que tu quittes était le lieu saint où tu avais à te tenir ; celle que tu rejoins devient ton nouveau lieu saint, où Dieu t’attend pour une nouvelle mission. N’oublions jamais que nos écoles sont des lieux saints, des lieux où Dieu se dit, des lieux où Dieu se manifeste, des lieux où Dieu est à servir à travers tous les membres de nos communautés éducatives, des lieux où Dieu est à annoncer. S’il est clair que nous ne pouvons pas imposer Dieu aux hommes, il est tout aussi clair que nous ne devons pas renoncer à en parler, ni renoncer à parler de ce que Dieu propose à tous : une libération de ce qui les empêche de vivre. L’école, que certains peuvent vivre comme un temps contraint parce qu’obligatoire, est un lieu de participation à l’œuvre de salut du Christ en tant qu’elle ouvre les esprits, forme les intelligences, exerce les jugements, permet de grandir. Dans ces lieux, sans nous prendre pour Dieu, nous formons l’humain et nous pouvons faire grandir des saints.
Passée la phase de questionnement et d’évitement, nous pouvons alors entrer dans la dernière phase, celle de la révélation. Et c’est toujours Dieu qui se révèle en premier : Je suis qui je suis. Les commentateurs et traducteurs ont beaucoup glosé sur cette affirmation. Mais tous s’accordent à dire que Dieu dit à Moïse : Je suis celui que tu auras besoin que je sois, selon les circonstances, selon les moments de ta vie, selon les épreuves que tu auras à traverser… aie une certitude, je serai là, avec toi. Cette révélation du nom de Dieu, nous pouvons la faire nôtre. Ne devrions-nous pas pouvoir dire à chaque enfant, à chaque famille qui demande à entrer chez nous : Je serai toujours là pour toi ? J’ai conscience de l’immensité de la déclaration ainsi posée, mais je sais aussi qu’elle est notre défi permanent, à nous croyants. Elle ne peut être vraie que si nous fondons notre vie sur le roc qu’est le Christ ; l’évangile nous l’a rappelé. Le plus grand danger pour nos écoles, ce n’est pas d’ignorer Dieu, ni même, selon les dires de certains, d’être envahies par des gens qui croient autrement en Dieu ; non, le plus grand danger pour nos écoles, c’est d’avoir Dieu à la bouche – ou dans nos projets – sans l’avoir au cœur ; c’est de l’invoquer à certains moments de manière litanique sans le donner à voir de manière pratique. Il nous faut réentendre l’avertissement sévère de Jésus lui-même : Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. Ce jour-là, beaucoup me diront : “Seigneur, Seigneur, n’est- ce pas en ton nom que nous avons prophétisé, en ton nom que nous avons expulsé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ?” Alors je leur déclarerai : “Je ne vous ai jamais connus. Écartez- vous de moi, vous qui commettez le mal !” Moïse n’a pas connu le Christ, mais nous pouvons dire qu’il a comme fondé sa vie sur lui, en prenant au sérieux la parole de Dieu entendue au buisson ardent. Le Christ n’est-il pas pour nous, chrétiens, la Parole de Dieu révélée aux hommes de manière ultime, Parole qui était depuis le commencement auprès de Dieu ? Il n’y a pas de révélation de Dieu possible sans écoute de la Parole de Dieu. Il n’y a pas de révélation personnelle possible sans cette confrontation à la Parole de Dieu. En Sion encore moins qu’ailleurs, quand on sait l’importance qu’y prend l’étude biblique. Au moment où tu rends grâce à Dieu pour ton service ici, mesure tout ce que cette Parole t’a permis de réaliser ; au moment où tu prendras les rennes de ton nouvel établissement, aies conscience de ce que cette Parole peut réaliser dans le cœur de chaque membre de ta nouvelle communauté éducative.
En relisant la vie de Moïse, nous pouvons nous rendre compte d’une réelle proximité de ce qu’il vit avec ce que nous pouvons vivre. L’épisode du buisson ardent n’en est qu’un exemple. Quand, comme moi, on est alsacien, on peut même se plaire à penser que Moïse, s’il revenait aujourd’hui, serait nécessairement alsacien : parce que, comme nous, il ne va ni trop vite, ni à moitié. Ni trop vite dans sa confiance – il n’est pas inconscient, il négocie, il cherche à éviter… comme l’alsacien qui met du temps à accorder à sa confiance – ni à moitié parce qu’une fois qu’il a accepté, il y va, franchement, dans un abandon total … comme l’alsacien : une fois qu’il est l’ami de quelqu’un, c’est pour la vie. Dans la nouvelle mission qui t’attend un peu plus loin que le Sud de Strasbourg, prends exemple sur Moïse ou sur les Alsaciens que tu quittes : n’y va ni trop vite, ni à moitié. Et vas-y avec la certitude que Dieu est avec toi et qu’il sera pour toujours celui que tu auras besoin qu’il soit. Amen.
Lettre pastorale pour le Carême 2019
Enfin… le Carême !
Homélie Messe du Centenaire de l'école Notre Dame de Sion
donnée le 02 mars 2019 en la chapelle de l'établissement
C'est quoi une école de Sion ?
Lettre pastorale pour l'Avent 2018
Le salut, une responsabilité en partage ?
Lettre pastorale pour la rentrée 2018
Quels souvenirs de vacances ?
lettre pastorale pour le temps du Carême 2018
Si tu le veux, tu peux me guérir !
Lettre pastorale pour le temps de l'Avent 2017.
Et si pour une fois, nous nous laissions tenter par Dieu...
Lettre pastorale pour la rentrée (septembre 2017)
Catholique... ma non troppo ?
Lettre pastorale aux jeunes de 16 à 29 ans de l'Enseignement catholique d'Alsace
A l’occasion de la préparation du Synode sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel
Lettre pastorale pour le Carême 2016
Un Carême à vivre avec les attentes du pape François
Lettre pastorale pour l'Avent 2016
Tout est fini ?
Le projet diocésain, nous l'avons reçu des mains de notre archevêque. Qu'allons-nous en faire ? Le ranger dans un tiroir ? Le garder sur un coin de bureau, bien visible ? L'afficher dans un, voire plusieurs couloirs ? Un peu de décoration ne peut pas faire de mal…
Nous sentons bien que, dans l'un et l'autre cas, nous ne pouvons pas simplement tourner la page.
Le projet diocésain, il nous faut maintenant l'accueillir, le travailler, décider concrètement des axes à mettre en œuvre dans nos établissements. Après tout, ce n'est pas qu'un beau document ! Il ne peut rester lettre morte. Entre les projets d'établissement, les projets de tutelle, il doit bien trouver sa place ; mieux, il doit d'une certaine manière s'y retrouver. C'est bien l'Enseignement catholique d'Alsace qui fait que les trente-trois sites scolaires catholiques sont une même famille, par-delà les tutelles qui les ont fondés.
La miséricorde ne peut pas être éteinte parce que son Jubilé est clos. L'attention aux plus faibles que le pape François nous demandait d'avoir et de vivre à travers les œuvres de miséricorde, ne saurait se relâcher. Plus que jamais, nous devons éveiller les membres de nos communautés éducatives à l'attention au plus faible, à tous les niveaux.
Je sais bien que notre société nous pousse toujours à la consommation : elle nous fait passer d'une urgence à une autre, d'une idée à une autre, d'un produit à un autre. Sitôt proposé, déjà dépassé. Elle nous pousse à sans cesse passer à autre chose et à oublier le passé sous peine de passer pour un conservateur, voire un réactionnaire. Nos anciennes idées sur l'Homme, sur la Famille, sur l'Education : dépassées, à oublier, à changer !
L'Eglise, au contraire, nous invite toujours à reprendre, à approfondir, à grandir ! Nous entrons dans le temps de l'Avent. Nous pourrions dire : encore une fois ? C'est toujours la même chose ; rien ne change, rien n'avance ! C'est faux ! Nous changeons, nous avançons, ne serait-ce qu'en âge ! Ce que j'ai compris du mystère de Jésus l'an passé grâce à l'Enseignement religieux, grâce aux activités pastorales, je vais pouvoir l'approfondir avec un peu plus de hauteur de vue si j'ai accepté de grandir dans ma réflexion, dans ma foi si je suis croyant. La nouvelle année liturgique va déployer les mêmes temps que l'année précédente, mais elle le fait pour des hommes et des femmes toujours nouveaux, des hommes et des femmes en chemin, en progrès. Rien n'est jamais fini de notre découverte de Dieu, du Christ et de son amour, de la puissance de l'Esprit en nos vies.
Puisqu'une nouvelle année liturgique a commencé en ce premier dimanche de l'Avent, ouvrons-nous à la nouveauté que Dieu nous propose de vivre à la suite du Christ. Et que ce soit en matière de découverte du Christ, de miséricorde sans cesse à vivre, de projet diocésain à accueillir, soyons convaincu que rien n'est fini tant que notre histoire n'est pas finie. Tout nous a été donné en germe ; tout doit maintenant grandir et s'épanouir pour qu'à notre tour, nous puissions grandir encore et nous épanouir encore.
Bon temps de l'Avent à tous !
Lettre pastorale pour la rentrée 2016
La fraternité, bien plus qu'un mot !
Lettre pastorale donnée pour l'été 2016
Homélie donnée au collège Notre Dame de Sion à Strasbourg à l'occasion de la célébration de première communion et profession de foi, le 11 juin 2016
Lettre pastorale donnée pour le Carême 2016
Le Carême n’est-il pas ce temps favorable à une relecture saine de notre vie de foi, de nos pratiques ecclésiales, de notre rapport à Dieu ? Comme pour le ré-enchantement de l’école, il ne s’agit pas de faire des trucs en plus, mais de reprendre ce que nous faisons déjà et peut-être de le faire avec une conscience renouvelée. Ceci nous évitera au moins de croire que le jeûne, la charité et la prière sont des choses réservées au Carême, nos bons vieux efforts à ressortir une fois l’an et à bien ranger, lorsque nous serons rendus au temps de Pâques.
Lettre pastorale donnée pour l'Avent 2015
Lettre pastorale donnée pour la rentrée 2015
Lettre pastorale donnée pour la fin de l'année scolaire
Homélie donnée pour la fête patronale au Séminaire des Jeunes de Walbourg
Qu’as-tu fait de ton frère ? Cette parole, qui nous vient de Dieu lui-même, fut adressée à Caïn après qu’il eut tué son frère Abel, et sert de fil rouge à cette année scolaire au séminaire des jeunes de Walbourg. Tout au long de la matinée, vous avez pu rencontrer des témoins qui ont pu décliner cette question à partir de leur expérience de vie. Permettez que ce soit cette même question qui me serve de fil rouge pour relire avec vous les textes retenus pour cette célébration, au cours de laquelle 5 jeunes feront profession de foi et 5 autres recevront le sacrement de la confirmation.
Lettre pastorale donnée pour le Carême 2015
Lettre pastorale donnée pour l'Avent 2014
Lettre pastorale donnée pour la rentrée 2014
Lettre pastorale donnée pour le Carême 2014
Bon temps de Carême, certes. Bonne marche vers Pâques, surtout.
Lettre pastorale donnée pour l'entrée en Avent 2013
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