Bienvenue sur ce blog !

Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 11 mai 2024

7ème dimanche de Pâques - 12 mai 2024

Jésus est ressuscité ; il nous donne tout ce qui est en lui.



 

 

 

            Nous sommes dans ce moment particulier du temps pascal, entre l’Ascension – le retour de Jésus vers son Père – et la Pentecôte -le don de l’Esprit Saint. Certains pourraient croire que c’est là un petit dimanche coincé entre deux solennités ; un petit moment d’attente. Les textes retenus par l’Eglise pour ce dimanche nous prouve qu’il n’en est rien ; ils nous montrent au contraire que Jésus, celui qui est ressuscité, nous donne tout ce qui est en lui. 

            L’évangile entendu fait partie du discours de Jésus, au soir du jeudi saint. Jésus livre ses dernières paroles à ses disciples et prient pour eux. Sa prière est d’abord une prière pour l’unité de ses disciples : Père Saint, garde mes disciples unis dans ton nom pour qu’ils soient uns, comme nous-mêmes. C’est une prière importante à quelques heures du procès et de la mort de Jésus. Il ne faudrait pas, qu’en plus de la mort de leur Maître, les disciples se déchirent entre eux. Et reconnaissons qu’il y aurait de quoi : entre celui qui trahit, celui qui renie et tous ceux qui s’enfuient, si quelqu’un voulait chercher un responsable à la mort de Jésus, les candidats ne manqueraient pas, et les occasions de se taper dessus pas davantage. La prière de Jésus pour l’unité des siens est donc justifiée et plus que pertinente. Mais l’unité ne doit pas juste être une unité de façade ; elle est le signe que ce que vivent les disciples est bien ce que Dieu vit en lui-même : qu’ils soient un, comme nous-mêmes. Ils ne sont pas seulement appelés à survivre comme groupe à leur Maître ; ils sont appelés, à travers leur vie, à témoigner de la vie qui est en Dieu. 

            La prière de Jésus va encore plus loin. Une lecture attentive nous fait comprendre que par cette prière, Jésus veut tout donner de lui à ses disciples : l’unité qui est celle que Jésus vit avec son Père, mais aussi sa joie (je parle ainsi pour qu’ils aient en eux ma joie et qu’ils en soient comblés), la parole qu’il tient de son Père (je leur ai donné ta parole) et même sa sainteté (Sanctifie-les dans la vérité… Pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité). Il nous offre tout cela en s’offrant sur le bois de la croix. Dans le sacrifice du Christ sur la croix, se trouve notre unité, notre joie, notre sainteté, bref toute notre vie de disciples de Jésus Christ. Tu veux être un disciple de Jésus Christ ? Contemple la croix et reconnais que Jésus t’a tout donné en se livrant à la mort pour toi. De la croix naissent les disciples ; de la croix naît l’Eglise. 

            Nous comprenons alors mieux le souci de Pierre, dans les Actes des Apôtres, de reconstituer le collègue apostolique tel que Jésus l’avait constitué : douze membres, douze apôtres qui ont accompagné Jésus depuis le début jusqu’à son ascension. Il faut donc que l’un d’entre eux devienne, avec nous, témoin de sa résurrection. Puisque par la croix, Jésus nous a tout donné, il faut que son Evangile, sa mort et sa résurrection, soit annoncé à tous les hommes par ceux que Jésus lui-même a choisi. Puisqu’il manque un Apôtre, il faut le remplacer et c’est Jésus lui-même qui est invoqué pour qu’il désigne à nouveau celui qui rejoindra le collège des Apôtres. L’Eglise n’a cessé de faire ainsi depuis, en appelant les évêques à la charge apostolique. 

            Vous le savez bien : l’Evangile du Christ, ce n’est pas seulement un enseignement à retransmettre. L’Evangile du Christ, c’est une parole à vivre. C’est saint Jean qui nous le rappelle dans la deuxième lecture. Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. Puisque nous avons accueilli l’Evangile du Christ grâce à l’amour que Dieu nous porte, nous devons transmettre cet Evangile avec le même amour. Parler de Jésus, annoncer Jésus, c’est parler d’amour, c’est annoncer l’amour. Vous pouvez tourner les choses comme vous voulez, vous arriverez toujours au même résultat : Dieu est amour. Tout est dit en ces trois mots de notre foi ; tout est vécu de notre foi quand nous vivons de cet amour. L’amour est la marque des disciples authentiques du Christ, et de la présence de Dieu en nos vies : si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous. Si vous lisez en entier le chapitre quatre de cette première lettre de Jean, vous lirez ceci à la fin : Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. Nous n’avons pas le choix d’aimer ou non à partir du moment où nous nous disons disciples ou amis du Seigneur. Aimer chacun de ceux que Dieu met sur notre route s’impose à nous comme une évidence. Je le disais déjà la semaine dernière : aimer, ce n’est pas du sentimentalisme, mais reconnaître que chaque être humain porte en lui la dignité de fils et de fille de Dieu. A partir de là, je ne peux pas faire de distinction entre les personnes, parce que Dieu lui-même est impartial, et ne fait pas de distinction entre les personnes. Je ne peux qu’aimer tous ceux et toutes celles que Dieu reconnaît comme son enfant. L’autre n’est pas mon frère ou ma sœur parce que je le reconnais comme tel après un processus plus ou moins long et compliqué ; non, l’autre est mon frère ou ma sœur parce que Dieu le reconnaît, comme il me reconnaît, comme son enfant. L’amour de Dieu pour nous ne peut devenir en nous qu’amour pour tous, à la manière de Dieu. Parler de Dieu, c’est parler d’amour. Croire en Dieu, c’est croire en l’amour, car Dieu est amour. 


             Il n’y a qu’une chose à répandre pour faire connaître le Christ : c’est l’amour. Il n’y a qu’une chose à vivre pour vivre du Christ : c’est l’amour. Paul le redira à sa manière quand il explique aux chrétiens de Corinthe que l’amour ne passera jamais ! Et il a bien raison. L’amour sera toujours à la mode ; l’amour sera toujours d’actualité. Et ce n’est pas parce que notre monde connaît, en de trop nombreux endroits, les ténèbres de la guerre, que l’amour doit être oublié. Bien au contraire, plus le monde se déchire, plus les chrétiens sont invités à être témoins de ce que l’amour réalise quand il est vécu à la manière de Dieu. Ne renonçons pas à aimer, sous peine de renoncer à témoigner et à croire en Dieu. Dieu est amour : c’est la seule parole à dire ; c’est la seule parole à vivre toujours. Amen. 

Ascension du Seigneur - 09 mai 2024

Jésus est ressuscité ; il retourne vers son Père.





            Jésus est ressuscité ; il retourne vers son Père. Est-ce à dire qu’il en a assez de notre monde ? Est-ce à dire qu’il nous abandonne ? Nous aimions bien, avec les Apôtres, cette idée que Jésus serait désormais pour toujours au milieu de nous, bien vivant, bien visible. Nous aimions bien, après l’horreur de la croix et la vision de Jésus crucifié, le revoir comme avant, partageant notre repas, et répandant sa parole. Ne pouvait-il pas rester encore ? Ne pouvait-il pas rester toujours ? 

            En retournant vers son Père, Jésus nous fait une promesse : vous allez recevoir une force quand le Saint Esprit viendra sur vous. Une manière de nous dire qu’il ne nous laisse ni seuls, ni démunis. Il nous faut donc attendre cette force et nous rendre capables de l’accueillir ! Nous pouvons comprendre aussi que le Saint Esprit n’est pas un lot de consolation, un doudou pour remplacer Jésus. C’est sa force qu’il nous donne en nous donnant l’Esprit. En accueillant cette force, nous serons forts comme Jésus. Forts comme lui contre le mal, forts comme lui contre le péché, forts comme lui contre la mort. En accueillant cette force, nous serons forts comme lui pour aimer, forts comme lui pour servir, forts comme lui pour parler de Dieu de manière juste. En accueillant cette force, sa force, nous vivrons de lui, nous vivrons comme lui. Voilà une promesse qui a du sens et de la classe ! Je pars, dit Jésus, mais avec l’Esprit Saint qui viendra en vous, vous me trouverez dans votre vie, vous me trouverez en toute personne qui croisera votre route. Je serai avec vous jusqu’à la fin des temps ! 

            Cette force que nous attendons et que Jésus nous promet, est une force qui nous mettra en route, qui nous fera parler et témoigner de Jésus, mort et ressuscité pour la vie de tous les hommes. A la suite des Apôtres, nous devons annoncer l’Evangile du Christ ! Ce n’est pas l’apanage des seuls ministres de l’Eglise. Nous sommes tous constitués, par notre baptême, prêtres, prophètes et rois. Nous sommes tous chargés de célébrer les merveilles que Dieu fait pour nous ; nous sommes tous chargés d’annoncer le Christ ; nous sommes tous invités à gouverner notre vie selon l’Evangile. Demandons cette force dans notre prière ; demandons l’Esprit Saint et surtout, l’ayant demandé, laissons-le agir en nous et à travers nous. 

            Paul, dans sa lettre aux Ephésiens, nous donne une belle illustration de la vie dans l’Esprit Saint. C’est l’Esprit qui cultive en nous l’humilité, la douceur et la patience. C’est l’Esprit qui nous permet de nous supporter les uns les autres avec amour. Supporter au sens sportif : nous encourager dans l’amour ; mais aussi supporter au sens d’accepter l’autre tel qu’il est, même quand il me gonfle passablement et que j’ai envie de le coller mur. L’Esprit est celui qui me permet d’accepter les défauts des autres… et les miens ! C’est l’Esprit qui fait l’unité ; c’est l’Esprit qui tisse entre les hommes le lien de la paix. C’est l’Esprit qui construit l’Eglise en lui donnant les ministères dont elle a besoin. N’oublions pas l’Esprit ; ne méprisons pas l’Esprit. Nous ne pouvons pas vivre en disciples de Jésus sans l’Esprit Saint. 

            Jésus s’en va ; et c’est bien ainsi. En lui, Dieu était venu visiter la terre qu’il avait jadis confiée aux hommes. En lui, Dieu a offert aux hommes son salut. Il nous confie à nouveau cette terre. Nous sommes plus forts qu’avant et nous serons encore plus forts, une fois le don de l’Esprit accueilli. Le Christ nous a donné sa Parole ; elle doit demeurer vivante en nous ! Il nous promet son Esprit ; il devra pouvoir agir en nous. Durant sa vie terrestre, Jésus nous a tracé le chemin d’une vie bonne et juste. A nous de faire vivre cet héritage. A nous de poursuivre son œuvre pour une terre plus belle et plus fraternelle. Amen. 

dimanche 5 mai 2024

6ème dimanche de Pâques B - 5 mai 2024

Jésus est ressuscité : il nous commande d'aimer.



(Icône dite de l'amitié)


 

 

            Plus nous avançons dans le temps pascal, plus nous comprenons l’impact de la résurrection de Jésus dans notre vie. Chaque dimanche de Pâques apporte une nouvelle révélation qui découle directement de l’œuvre de salut accomplie par Jésus quand il a accepté de livrer sa vie sur la croix. L’enseignement de ce sixième dimanche de Pâques peut nous laisser perplexe puisqu’il se résume tout entier dans le dernier verset de l’évangile entendu : Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. 

            Nous avons le droit d’être perplexe, car qu’y a-t-il de plus opposé que commandement et aimer ! Peut-on commander à quelqu’un d’aimer un autre ? Peut-on s’obliger à l’amour ? Si nous réduisons l’amour à un sentiment, alors non, nous ne pouvons pas commander à quelqu’un d’aimer un autre. Les sentiments ne se commandent pas et ne s’imposent pas. Qu’est-ce qui fait que Roméo tombe amoureux de Juliette alors que tout aurait dû les séparer ? Nous n’en savons rien et nous n’en saurons jamais rien. Les ressorts des sentiments humains sont un grand mystère. Il n’y a pas de raison au fait que j’aime untel et que je déteste profondément tel autre. Et je crois que Jésus lui-même ne pourra rien changer à l’amour sentiment, tel que nous le ressentons. D’ailleurs, je crois de plus en plus que le commandement d’aimer n’a rien à voir avec mes sentiments. Il se situe au-delà ; c’est un amour différent. Jésus lui-même nous le fait comprendre, me semble-t-il quand il nous dit un peu plus haut dans le même texte entendu : Aimez vous les uns les autres COMME je vous ai aimés. Ce « Comme » change tout ; il nous sort du sentimentalisme pour nous faire entrer dans l’amour tel qu’il existe en Dieu. En nous invitant à aimer comme lui aime, Jésus nous sort de notre manière d’aimer pour nous faire entrer dans la manière d’aimer de Dieu lui-même. Et cela change tout. D’une part, comme je l’ai déjà dit, cela sort l’amour des sentiments humains ; et d’autre part, cela fait de l’amour un don, un cadeau que Dieu nous fait et dont il nous livre le mode d’emploi. Avec un amour à la hauteur de l’amour de Dieu lui-même, je deviens capable de ne plus tenir compte des étiquettes que je colle facilement sur les gens. Avec un amour à la hauteur de l’amour de Dieu pour moi, je deviens capable d’aimer comme seul Dieu m’a aimé. Avec un amour à la hauteur de l’amour de Dieu pour moi, j’aime radicalement, absolument, gratuitement, sans condition et sans regret. Je deviens capable d’aimer en vérité. 

            Nous avons vu cet amour à l’œuvre dans les Actes des Apôtres, tout au long du temps pascal. Et nous le voyons encore à l’œuvre quand Pierre est capable de dépasser sa manière d’envisager le monde : les bons, ceux qui aiment Dieu, et les autres, les infréquentables parce qu’ils n’aiment pas le même Dieu. Ne croyez pas qu’il soit allé chez le Centurion Corneille par plaisir. Il a obéi à un ordre de Dieu. De lui-même, jamais il n’aurait fait ce déplacement. Corneille est un romain, un païen, un envahisseur, un ennemi. Il n’a rien pour lui plaire ; il a tout pour être détesté, à tout le moins tout ce qu’il faut pour ne pas être fréquenté. Des amis comme Corneille, Pierre n’en veut pas ; il n’en a pas besoin. Et pourtant, Pierre est bien obligé de se rendre compte que sa manière de penser est fausse. S’il veut être un authentique disciple de Jésus, il ne peut pas continuer à penser comme il l’a fait jusqu’à présent. Il doit penser comme Dieu ; et il le dit : En vérité, je le comprends, Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes. Dieu ne colle pas d’étiquette sur les gens ; il ne les classe pas ; il n’a pas de chouchou. Il aime tous les hommes. Pierre, et ceux qui l’accompagnaient vont en avoir une preuve éclatante. Pierre parlait encore quand l’Esprit Saint descendit sur tous ceux qui écoutaient la Parole… Pierre dit alors : « Quelqu’un peut-il refuser l’eau du baptême à ces gens qui ont reçu l’Esprit Saint tout comme nous ? » Si Dieu lui-même manifeste clairement qu’il aime celui que j’ai évité jusqu’à présent, puis-je vraiment me dire du côté de Dieu et ne pas aimer celui que Dieu aime ? 

            Saint Jean, dans sa première lettre, est lumineux à ce sujet : Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. Et plus loin, il nous dit ce que c’est qu’aimer : voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés. Aimer, si je fais confiance à Jean, c’est reconnaître que Dieu nous aime en premier, tous. Aimer l’autre, c’est reconnaître que Dieu l’aime ; et si donc je connais Dieu, je ne peux qu’aimer à mon tour cet autre que Dieu aime. Aimer, c’est reconnaître à chaque homme, à chaque femme, à chaque enfant la dignité d’être aimé de Dieu. De ceci découle une obligation pour nous, chrétiens. Elle consiste à toujours parler de Dieu de telle sorte que ceux qui nous entendent aient envie d’aimer plus. Tout discours sur Dieu qui ne donne pas envie d’aimer plus, n’est pas un discours sur Dieu acceptable. Et si nous entendons un tel discours sur Dieu, un discours qui invite les hommes à s’opposer, à s’exclure, à se rejeter plutôt qu’à s’aimer, il nous faut le dénoncer et il faut surtout apprendre aux plus faibles dans la foi à courir, et à courir vite, pour s’éloigner aussi loin que possible de tels discours. Dieu ne sera jamais la caution de nos exclusions ; Dieu ne sera jamais la caution du rejet de l’étranger ; Dieu ne sera jamais la caution de nos conflits et de nos guerres. Et quiconque enseignerait malgré tout des choses de ce genre, s’opposerait à Dieu, car Dieu est amour.


           

 (l'encart qui suit n'a été donnée que dans la paroisse où je présidais les premières communions)

 

            Les enfants, dans un instant, vous allez recevoir pour la première fois Jésus, présent dans le pain rompu et partagé. Vous ne le recevez pas parce que vous êtes meilleurs que les autres ; vous le recevez parce que vous voulez grandir encore dans l’amour que Jésus a pour vous. Vous le recevez pour apprendre à aimer de l’amour même dont Jésus vous aime. Il ne vous aime pas parce que vous êtes beaux ou gentils ; il vous aime, comme vous êtes, avec vos qualités et vos défauts, parce qu’il ne peut pas faire autre chose que de vous aimer. C’est parce qu’il vous aime infiniment qu’il est mort sur la croix. Il vous aimera toujours. En se donnant à vous dans ce pain partagé, il vous donne aussi la force d’aimer comme lui seul vous aime. Pour grandir dans son amour, revenez souvent communier à ce Pain des forts, ce pain qui nous rend forts, qui est aussi un pain d’effort, un pain qui nous aide à faire et à vivre toujours mieux, un pain qui nous aide à faire et à vivre comme Jésus. 

         Et vous parents, aidez vos enfants à aimer et à vivre comme Jésus, en leur permettant cette rencontre unique dans l’eucharistie, pas seulement aujourd’hui, mais chaque dimanche que Dieu nous donne de vivre. Prenez le temps de vivre cette rencontre avec eux autant qu’il vous est possible de le faire. Si jamais vous deviez penser que Dieu vous en veut parce que vous n’étiez pas aussi fidèles que cela à ce rendez-vous, ne craignez rien : Dieu vous aime, vous aussi, avec vos qualités et vos défauts. Il sait que vos vies peuvent être quelquefois compliquées, que vous ne faites pas non plus tout ce que vous auriez envie de faire. C’est pour cela qu’il vous donne rendez-vous amoureux chaque dimanche, pour vous donner à vous aussi, la force de grandir dans son amour et la force de vivre de sa vie. C’est une chance extraordinaire qui nous offerte à tous !

 

 

            Il n’y a rien d’autre à enseigner, il n’y a rien d’autre à retenir que cette affirmation centrale de l’évangéliste Jean : Dieu est amour ! En disant cela, nous disons toute notre foi. En vivant cela, nous vivons toute notre foi. Alors oui, si nous sommes disciples du Christ, nous n’avons pas d’autre choix que de nous obliger à l’amour, nous n’avons pas d’autre choix que de nous obliger à reconnaître en chacun de celles et de ceux qui croisent notre route la présence de l’amour de Dieu. Puisque Dieu les aime, nous ne pouvons que les aimer. Il n’y a pas d’autre choix. L’eucharistie qui nous rassemble est bien le sacrement de l’amour sans cesse renouvelé de Dieu pour nous, le sacrement qui nous donne la force d’aimer comme Dieu nous aime, puisque dans le pain consacré, c’est la vie et l’amour du Ressuscité que nous accueillons. Manger ce pain, c’est nous obliger à une vie d’amour à la hauteur de l’amour que représente ce sacrifice unique du Christ pour nous. Le seul risque que nous prenons en venant le dimanche à l’eucharistie, c’est le risque de voir notre amour grandir infiniment. Dans un monde de plus en plus difficile et incertain, voilà qui devrait nous stimuler et nous réjouir. Amen.

 

  

5ème dimanche de Pâques B - 28 avril 2024

 Jésus est ressuscité : il nous invite à demeurer en lui.


(en pèlerinage à Rome la semaine passée, je n'ai pas pu publier à temps cette homélie ; je vous prie de m'en excuser)











              Qu’il est difficile pour les hommes de changer leurs opinions sur les autres ! Nous le voyons, ce matin, dans la première lecture, quand Saul cherchait à se joindre aux disciples. Tous avaient peur de lui. Cette peur est légitime, Saul étant d’abord connu comme celui qui persécute les disciples de Jésus, les voyant comme un danger pour sa propre foi. Pourtant, après tout ce que les Apôtres ont vécu avec Jésus, y compris depuis le matin de Pâques, comment se fait-il qu’ils n’aient pas admis facilement que Paul aussi était désormais, un disciple ? Ont-ils déjà oublié la puissance de l’Esprit Saint qui les a jetés sur les routes de leur pays pour proclamer que Jésus, celui qui était mort, est bien vivant ? Ont-ils déjà oublié de quoi est capable l’Esprit du Ressuscité ? 

            La figure de Saul, qui prendra bientôt le nom de Paul, nous montre, si besoin en était, que l’Esprit Saint est à l’œuvre dans le monde et dans le cœur des hommes. De celui qui était un adversaire, il fait un allié, et même davantage puisque Paul sera reconnu comme Apôtre. Pourtant, il n’a pas fréquenté Jésus avant sa mort ; il n’a pas entendu ses enseignements, toutes choses définies comme critères par les Onze au moment de l’élection de Matthias, le remplaçant de Judas, au collège des Apôtres. D’où vient ce privilège ? Deux choses, selon moi : d’abord, et Paul le dira lui-même, il a été appelé par Jésus, lorsqu’il était en route pour Damas. Ensuite, sa prédication du mystère de la Rédemption qui manifeste clairement qu’il était greffé au Christ. Il a compris, comme aucun autre, qui était Jésus, comment il était le Christ, le Fils unique de Dieu venu sauver les hommes. Il a fait comprendre à beaucoup de Jésus n’a pas détruit la foi de son enfance, mais il l’a accomplie selon le projet unique de Dieu pour tous les hommes. A partir du moment où Saul a compris cela, il ‘y a plus l’ombre d’une différence entre la pensée de Jésus et la pensée de Saul. L’intelligence qu’il avait des choses de la foi, nous permet aujourd’hui encore d’entrer dans une connaissance approfondie de Jésus et de son Evangile. Si pour découvrir qui est Jésus, nous recommandons souvent de lire un évangile, particulièrement celui de Marc, il nous faut, dans un second temps, nous plonger dans l’œuvre de Paul pour comprendre en quoi la résurrection de Jésus change notre vie. Paul, au long de ses lettres à diverses communautés chrétiennes répandues dans l’empire romain, brosse le visage du croyant au Christ et des communautés qui les rassemblent. A lire ses lettres, nous comprenons la recommandation de Jésus lui-même à ses Apôtres, au soir de sa mort, quand il leur dit : Demeurez en moi, comme moi en vous… Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments.

            Cette invitation, faite à ses Apôtres, vaut pour nous encore aujourd’hui. Si Jésus n’est pas, pour nous, un vague souvenir du passé ; si Jésus est bien, pour nous, le Christ, le Sauveur que Dieu a envoyé dans le monde, alors cela veut dire que nous sommes bien fixés à lui. Et il nous faut tenir à lui. Il y a tant d’occasions dans une vie pour mettre le Christ de côté, pour nous détacher de lui, qu’il nous faut réentendre cet appel de Jésus à rester greffés à lui. Pour ne prendre qu’un exemple parmi tant d’autres, le projet de loi sur la fin de vie. Si le volet qui concerne les soins palliatifs est bien conforme à l’enseignement de Jésus (prendre soin du petit, du faible, du malade), le volet sur le suicide assisté (parce qu’il faut bien appeler les choses par leur nom) est absolument incompatible avec notre foi. La mort, même notre propre mort, ne nous appartient pas. Présenter comme un progrès une évolution de la pensée humaine qui mène à la mort du plus faible est une imposture, tout simplement. C’est bien dans les moments difficiles d’une existence humaine que l’appel à demeurer dans le Christ prend toute son importance. Il est aisé d’être disciple quand tout va bien ; mais quand vient le temps de l’épreuve, préférons-nous respirer l’air du monde qui est à la mode, même s’il nous tire vers la mort, ou préférons-nous respirer le vent de l’Eprit, qui nous invite à rester du côté de la vie dont il faut prendre soin, parce que c’est là que le Christ nous attend ? 

            Cette invitation de Jésus à demeurer en lui, Jean l’a traduite dans sa première lettre par ce passage entendu ce matin : n’aimons pas en parole ni par des discours, mais par des actes et en vérité. Ou encore dans celui-ci : Voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ et nous aimer les uns les autres. Nous ne pourrons jamais concevoir le fait de donner la mort comme un acte d’amour. Avoir foi dans le nom de Jésus, c’est bien croire qu’il nous accompagne dans toute épreuve et qu’il nous donne la force de son Esprit pour les passer avec lui. Avoir foi dans le nom du Seigneur, c’est bien croire qu’il se tient au seuil de notre vie, et qu’il nous prendra avec lui pour ce grand passage vers la vie en plénitude. Nous n’aiderons pas nos malades en les précipitant dans la tombe, mais bien en les confiant à la miséricorde de celui qui a donné sa vie pour tous les hommes. Nous n’aimerons pas nos malades en les précipitant dans la tombe, mais en nous tenant auprès d’eux, avec tendresse, pour leur redire que leur dignité n’est pas effacée par l’épreuve qu’ils traversent, et en les accompagnant de notre prière vers le Père qui les appelle et les attend.

            Demeurer dans le Christ, ce n’est pas une belle idée ; c’est le chemin vers le Royaume où nous sommes attendus. Demeurer dans le Christ, c’est vivre l’exigence de l’Evangile à chaque instant de notre vie, et particulièrement quand elle se fait plus difficile. Demeurer dans le Christ, c’est lui permettre de demeurer dans notre vie, toujours, pour être notre guide vers le Père, notre frère sur notre route quotidienne, la parole de vérité qui donne tout son sens à notre existence. Ne renonçons pas à ce que le Christ nous a offert à grand prix : la vie en plénitude, dès maintenant et pour toujours. Amen.