Tout le monde te cherche.
(Source internet, IPAC.ICP, Exposition virtuelle, Evangéliaire copte-arabe de la Bibliothèque de Fels)
Ce dimanche, qui nous fait entendre le ministère de guérison de Jésus à Capharnaüm, est celui que l’Eglise a choisi pour inviter les communautés croyantes à porter dans leur prière le monde de la santé. Alors que depuis plus d’une année maintenant le monde est affecté par une pandémie qui nous fait toucher du doigt la fragilité inhérente à notre nature humaine, prendre un dimanche de prière pour la santé de tous et le monde de la santé en particulier peut paraître bien dérisoire. Et pourtant, nous tourner vers Dieu n’est-ce pas ce que l’Eglise nous a proposé depuis le début de cette crise en créant même un formulaire de « messe en temps de pandémie » ? Elle nous rappelle ainsi que Dieu ne cesse pas de nous accompagner quand vient le temps de la souffrance ; bien mieux, il partage ce temps avec nous. Le verset choisi pour ce dimanche par la Pastorale de la Santé nous invite justement à redécouvrir cela en retenant de cette page d’Evangile la phrase que voici : Tout le monde te cherche.
On pourrait y voir un reproche, comme celui adressé par Job à Dieu, cet homme bien né, pratiquant excellent, à qui la vie sourit et qui perd tout sur un coup du sort, un coup du diable. Soudainement, dans une vie sans trouble, Job connaît la surprise d’un orage qui détruit tout. Il ne lui reste rien, sa vie est devenue une corvée. Je vous laisse le soin de relire ce beau livre et ce combat mené par Job contre Dieu, jusqu’à ce qu’il découvre enfin que Dieu n’est pas une assurance-vie, mais un compagnon de route qui partage toute notre existence. Il découvrira Dieu comme un Père qui se réjouit de nos réussites, mais un Père aussi qui souffre nos souffrances avec nous. Il n’est pas le Dieu qui nous évite les soucis, mais celui qui les vit avec nous pour que nous puissions les surmonter avec lui. C’est un réel chemin spirituel qu’il nous offre, un chemin que nous aurons tous à faire un jour. Si vous fréquentez les réseaux sociaux, vous aurez vu fleurir des sites de soi-disant religieux qui analysent la pandémie que nous vivons comme un avant-goût de l’Apocalypse, un signe avant-coureur du retour du Christ. Dieu punirait enfin les mécréants, l’aspect mondial de la crise en étant la preuve. Comment peut-on ainsi défigurer le visage de Dieu qui aime l’homme, qui fait alliance avec lui, qui a donné sa vie pour lui ? Comment peut-on croire et laisser croire que, soudainement, Dieu ne vivrait plus avec nous nos souffrances ? Comment peut-on croire et laisser croire que les 2,2 millions de morts COVID dans le monde au 01er février sont les premiers mécréants d’une longue liste encore à venir ? A moins qu’ils ne soient ceux que Dieu appelle à lui pour les sauver définitivement avant de détruire le monde et les mécréants que nous sommes puisque nous n’avons pas eu la chance de mourir déjà ?
Lorsque nous voyons la compassion de Jésus pour les nombreux malades et possédés de toutes sortes qui se pressent à Capharnaüm jusque tard dans la nuit, nous avons du mal à croire que cette compassion s’est évanouie avec la survenue de ce virus qui détruit l’art de vivre de tous les peuples de la terre, quelles que soient leurs richesses ou leurs cultures. Quand les disciples rendent Jésus attentif au fait que tout le monde le cherche, ce n’est certes pas pour lui faire un reproche, mais pour indiquer plutôt la soif de ces gens qui se pressent là et l’étendue de la mission de Jésus. Aujourd’hui, alors qu’à nouveau des hommes et des femmes cherchent Dieu pour trouver un sens à cette crise, la même urgence nous est rappelée : cette urgence, c’est l’annonce de l’Evangile, qui n’est jamais une annonce de malheur, mais une Bonne Nouvelle à partager. Depuis le début de cette crise, le Pape François nous invite à nous tourner vers le monde d’après, c'est-à-dire à voir au-delà déjà de cette crise. Une fois l’épreuve passée, voulons-nous reprendre notre vie comme avant ou voulons-nous vivre dans un monde transformé ? Quand je vois avec quelle rapidité nous passons à autre chose dès qu’un léger mieux se fait sentir, j’ai des doutes. En mars, durant le confinement, nous applaudissions tous les soignants qui ne comptaient pas leurs heures au chevet de nos malades ; mais dès le confinement levé, chacun s’en est retourné à sa petite vie d’avant. Les vaccins, nous savons tous qu’ils sont une part importante d’un retour à quelque chose de plus normal, pour tous ; mais voilà que certains menacent les médecins chargés de vacciner et que d’autres essaient de se les accaparer au détriment des pays les plus pauvres. Comme si toute cette crise, qui un temps semblait nous avoir unis, révélait encore davantage nos égoïsmes, nos divisions, nos mesquineries. Ce n’est pas ainsi que nous sortirons grandis de cette crise ; ce n’est pas ainsi que nous trouverons le véritable visage de Dieu. Nous risquons même de devoir le chercher encore longtemps !
Tout le monde te cherche. Je comprends ces gens qui se pressent à Capharnaüm, ayant entendu les nombreuses guérisons et libérations qui y avaient eu lieu. Personne ne veut être malade longtemps ; tous veulent être guéris, relevés, libérés. Mais je comprends aussi Jésus qui ne se laisse pas enfermer à Capharnaüm. Déjà, il veut aller ailleurs, dans les villages voisins. Il n’attend pas que la misère du monde se presse vers lui ; il va au-delà de la misère du monde, il va à sa rencontre annoncer la Bonne Nouvelle du Salut. Il ira tellement au-devant de la misère du monde qu’il finira sur une croix, la portant tout entière avec lui, la faisant mourir avec lui. Il nous signifie ainsi qu’il est le grand vainqueur, le seul vainqueur, et que notre confiance ne peut être qu’en lui. Si tout le monde cherche Jésus, c’est pour des raisons différentes, pour qu’il aide chacun avec son petit problème particulier. Alors que quand Jésus va à la rencontre des hommes, c’est toujours dans le même but : proclamer l’Evangile. C’est pour cela qu’il est venu. Quel que soit le Mal qui ronge l’homme, il y a un remède unique : le Christ qui sauve.
L’Evangile
de cette journée à Capharnaüm nous montre largement que Dieu est aux côtés de
ceux et celles qui souffrent l’épreuve, les relevant, les libérant, leur
rendant une vie pleine et entière. Sa mission est universelle et infinie. Toujours,
il y aura des hommes et des femmes à relever, à libérer. Toujours il y aura une
Bonne Nouvelle à annoncer pour que les hommes et les femmes ne désespèrent pas,
ne s’enferment pas dans leurs souffrances et ne les affrontent pas seuls. Puisque
nous sommes les témoins du Christ ressuscité, manifestons par notre empathie et
par notre compassion, la puissance de vie qui nous vient de lui, et proclamons à
sa suite l’Evangile, Bonne nouvelle du Salut pour tous les hommes. Ainsi ceux
qui le cherchent pourront le trouver et vivre une vie nouvelle avec Lui. Amen.
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