Venez ! Veillez ! Tenez-vous prêts !
En
ce premier dimanche de l’Avent, premier dimanche de l’année liturgique, l’Eglise,
par sa liturgie, nous rappelle trois attitudes fondamentales de toute vie de
foi, qui tiennent en ces mots entendus dans
nos lectures : Venez, veillez et tenez-vous
prêts ! Ces trois attitudes
peuvent sembler contradictoires, mais en réalité elles sont plutôt trois
facettes d’un unique nécessaire : devenir disciple du Christ.
Venez ! Beaucoup pensent que la foi résulte d’un mouvement de Dieu qui vient vers l’humanité. Ils n’ont pas tout-à-fait tort, puisque c’est le sens du cri de l’homme vers Celui que Dieu envoie. De nombreux chants de ce temps de l’Avent en témoigne ; je ne citerai que « Viens, Emmanuel, viens nous sauver ! » par exemple. C’est aussi le cri du croyant chrétien qui attend le retour du Christ, le cri qui conclut toute la Bible : Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! Pourtant, il ne nous faut pas oublier que la foi est aussi réponse à ce Dieu qui vient, et qu’il nous faut aller vers lui. Nous sommes en route vers lui, vers le Royaume où il nous attend. Si Dieu vient vers nous, c’est pour que nous venions à la foi. La foi passe par les pieds, par un mouvement de tout le corps. Quand Dieu vient à la rencontre des hommes, nous ne pouvons rester statiques, assis confortablement chez nous ! Souvenez-vous de Zachée dont nous avons entendus il y a quelques temps la rencontre avec Jésus : ayant appris que Jésus passait par Jéricho, il s’est mis en route pour le voir, et comme il était de petite taille, il a grimpé sur un arbre. Il ne s’attendait pas à la suite, mais c’est sa mise en route qui a provoqué sa conversion. S’il n’était pas sorti de chez lui, s’il ne s’était pas mis en route, personne sans doute n’aurait conduit Jésus à Zachée. Il suffit de voir leur réaction lorsque Jésus s’invite chez lui.
Veillez ! Cette deuxième attitude peut sembler contradictoire avec la première. La veille, c’est ce que nous faisons chez nous. Nous attendons, nous restons éveillés pour ne pas rater celui qui doit venir. Nous retrouvons dans cette invitation l’importance de la prière qui nous met en état de veille. Scrutant les Ecritures, entrant dans un cœur à cœur avec Dieu, nous entrons dans cette veille. Mais veiller est aussi nécessaire lorsque nous décidons de venir vers Dieu. Il s’agit alors de ne pas nous tromper en chemin, de discerner ce que Dieu attend de nous, pour que nous soyons des disciples selon son cœur. Cela signifie que je ne cours pas vers Dieu les yeux fermés, mais je veille à mettre mes pas dans les pas de Dieu. Il est facile de se tromper, il est facile de tomber en chemin. Il faut une vigilance accrue lorsque l’on décide d’aller à la rencontre du Seigneur. La parabole des jeunes filles invitées à la noce et qui attendent l’époux qui tarde à venir, est riche d’enseignement. Celles qui ont manqué d’huile, ont manqué de vigilance ! Ce qui nous amène au troisième terme.
Tenez-vous prêts ! Que Dieu vienne à notre rencontre, c’est une certitude. Que le Christ revienne un jour, c’est tout l’horizon de notre foi. Si nous ne croyons pas qu’il reviendra dans sa gloire, nous sommes les plus à plaindre des hommes. Notre foi s’appuie sur cette espérance, fondée elle-même sur la promesse de Jésus : Je pars, mais je reviendrai vous prendre avec moi, et là où je suis, vous y serez aussi ! Nous ne pouvons pas perdre cette espérance. Nous ne pouvons pas vivre comme si Jésus ne revenait pas. Notre mise en route à la rencontre de celui qui vient, notre vigilance sur le chemin doivent se concrétiser dans cet appel de Paul aux chrétiens de Rome : Revêtez-vous du Seigneur Christ ! Voilà sans doute l’aboutissement le plus parfait de l’injonction à nous tenir prêts. Nous serons prêts à accueillir le Christ, nous serons prêts pour le Royaume, lorsque nous serons totalement configurés au Christ, mort et ressuscité pour notre vie. Jésus et nous, même combat !
Venez ! Veillez ! Tenez-vous prêts ! Vous comprenez mieux pourquoi le message de ce premier dimanche de l’Avent
est si riche. Nous ne pouvons pas séparer ces trois attitudes les unes des
autres. C’est le mouvement qui me met en route qui me fait être vigilant et qui
témoigne que je suis prêt à être disciple. Je ne suis sans doute pas parfait,
mais plus je suis vigilant, plus je serai prêt à revêtir
le Christ et à marcher vers lui et le Royaume où je me sais
attendu et aimé. Invitons-nous les uns les autres, au cours de cet Avent ;
n’hésitons pas à proclamer ce : Venez !
Veillez ! Tenez-vous prêts ! Et n’oublions
pas que s’il compte pour les autres, il compte aussi et d’abord pour nous. Amen.