Le Dieu de notre aujourd'hui.
Quelques sadducéens – ceux qui soutiennent qu’il n’y a pas de résurrection – s’approchèrent de Jésus et l’interrogèrent. Rien qu’en entendant le début de l’Evangile, nous comprenons que cette rencontre est une rencontre hostile. Et l’histoire alambiquée qu’ils présentent à Jésus confirme que ces gens-là ne viennent pas vraiment s’instruire auprès de Jésus, mais bien porter en dérision une donnée de la foi qu’ils ne partagent pas. Une femme, sept frères, qu’elle a eu successivement pour époux conformément à une prescription de Moïse, et la seule chose qui les intéresse, est de savoir de qui elle sera l’épouse à la résurrection ! Sept frères, tous passés par le même lit, tous trépassés et pas un sadducéen pour s’interroger sur la femme et son éventuelle implication dans la mort de ses époux ? Je veux bien reconnaître que je suis fan de séries policières et que cela peut altérer mon jugement, mais quand même ! Après avoir entendu cette parabole, il m’est plus facile de croire en la résurrection des morts qu’en l’innocence de cette femme !
Je reconnais que nous avons, vous et moi, un avantage certain sur les sadducéens ; nous connaissons la fin de l’histoire de Jésus. Nous savons, comme le proclamait le verset de notre alléluia que Jésus Christ est le premier-né d’entre les morts. Les sadducéens ne le savent pas encore, puisqu’au moment où ils viennent vers Jésus, il n’est pas encore mort sur la croix. Il vient juste d’entrer solennellement dans Jérusalem pour y partager sa dernière Pâque avec ses Apôtres. Nous sommes dans les jours qui précèdent l’arrestation et la condamnation de Jésus. Veulent-ils s’assurer déjà, en le piégeant avec cette histoire, qu'une fois qu’il sera mort, ils seront enfin débarrassés de lui ? Peut-être ! Rien ne le dit, mais rien n’empêche de le croire. La proximité des différents événements n’est sans doute pas un hasard. Puisque l’histoire pour moi est vraiment sans intérêt, intéressons-nous plutôt à la réponse de Jésus.
Il nous dit d’abord que la vie après la mort n’aura rien à voir avec la vie d’avant. Plutôt que d’essayer d’imaginer ce que cela pourrait être, ce qu’il y a à gagner ou à perdre à aller au Paradis, revenons à notre foi. Et puisque les sadducéens s’appuient sur la Loi donnée par Moïse pour piéger Jésus, c’est par la foi de Moïse que Jésus leur répond : Que les morts ressuscitent, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob. Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. La question qui se pose alors à nous est la suivante : crois-tu cela ? Crois-tu que notre Dieu est le Dieu des vivants, c'est-à-dire le Dieu pour toi aujourd’hui ? Il n’est pas comme Hadès, dans la mythologie grecque, qui garde aux enfers les âmes égarées qui ne sont pas parvenues aux champs Elysée. Il n’est pas un Dieu pour plus tard, quand nous ne serons plus de ce monde. Il est le Dieu de notre aujourd’hui, le Dieu de notre vie, le Dieu de qui nous tenons la vie et vers qui nous allons pour vivre éternellement !
Et c’est la seconde affirmation de Jésus dans sa réponse à ses opposants : Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui. Est-il bien celui qui anime ma vie aujourd’hui ? Ai-je, chaque jour, le désir de vivre pour Dieu ? Est-ce bien lui qui donne sens à ma vie ? Pourquoi est-ce que je me lève chaque matin ? Pourquoi est-ce j’aime mon conjoint, mes enfants ? Est-ce juste pour moi ou pour eux ? Ou est-ce que j’aime ceux et celles qui partagent ma vie comme une extension de l’amour que je porte à Dieu et que Dieu me porte ? Est-ce que les autres sont pour moi le signe que Dieu est le Dieu des vivants, qu’il veut ma vie et mon bonheur, ici et maintenant, et qu’il me les offre à travers eux ? Chaque personne que je rencontre serait donc pour moi porteur de ce Dieu des vivants qui se révèle à moi par son Fils Jésus, Premier-né d’entre les morts, c'est-à-dire Premier des vivants. Quand je sais cela, quand je sais que le Dieu auquel je crois est le Dieu des vivants, comment ne pas être heureux de la vie qui est la mienne ? Je ne suis sans doute pas le meilleur, mais Dieu m’a fait tel que je suis, pour lui, pour les autres. Et quand je traverse un temps d’épreuve, je sais que je peux encore compter sur Lui, qu’il est là, qu’il veille sur moi, et qu’il me rend plus vivant que jamais.
Ce
que nous rappelle Jésus, au-delà de la controverse avec les sadducéens, c’est
que nous sommes faits pour la vie, la vie en plénitude. Puisque nous le
reconnaissons dans la foi comme le Premier-né d’entre les morts, croyons aussi
qu’il n’est pas le dernier-né d’entre les morts, et puisqu’il nous fait déjà
vivre ici-bas, il nous fera vivre encore lorsque notre corps mortel parviendra
à sa fin. En Dieu, tout est vie, même la mort. En Dieu, tout est vie, ici,
maintenant et toujours. Amen.
Pour prolonger l’homélie, nous pouvons écouter ce chant
d’un confrère prêtre du diocèse : Tu es fait pour la vie.
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