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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







dimanche 28 mai 2023

Pentecôte - 28 mai 2023

 Du Ressuscité, accueillir l'Esprit et nous laisser envoyer.



(Source de l'icône : e-monsite.com) 

 



            Le temps pascal s’achève avec cette fête de la Pentecôte et pour nous faire comprendre l’unité de ce temps, la page d’Evangile nous rapporte le récit d’une apparition de Jésus, le soir venu, en ce premier jour de la semaine, c'est-à-dire au soir de Pâques. Le don de l’Esprit Saint est intimement lié à l’événement de la mort et la résurrection de Jésus, Jésus lui-même ayant assuré à ses disciples que l’Esprit ne pourrait venir que lorsque Lui serait parti. L’événement pascal va au-delà de la mort - résurrection de Jésus ; il va jusqu’à ce jour où la promesse de l’Esprit est réalisée. 

            De cette page d’évangile, la première chose à retenir, c’est le souhait de paix formulé par Jésus. S’il est allé jusqu’à offrir sa vie sur la croix, c’est pour que nous trouvions le chemin de la paix. D’abord de la paix intérieure qui nous envahie lorsque nous renonçons au péché et à tout ce qui conduit vers des attitudes de mort, mais aussi de la paix avec ceux qui croisent notre route ; je ne peux être en paix avec moi si mon cœur fait la guerre ne serait-ce qu’à un seul frère ! La paix n’est pas un effort à faire, mais un don du Ressuscité à accueillir. Si nous accordons un temps soit peu d’importance à son sacrifice sur la croix, accueillir ce don de la paix, c’est dire au Christ le prix que nous accordons à ce sacrifice, et l’estime en laquelle nous le tenons pour s’être offert ainsi sur la croix. Accueillir le don de la paix qu’il nous offre sera notre réponse aimante à Jésus qui a donné sa vie pour nous. Pour le dire autrement, tu ne peux pas te dire disciple de Jésus sans accueillir ce don. Un chrétien qui refuserait d’être porteur de paix, un chrétien amoureux de la guerre, n’est pas un authentique disciple du Christ. Ce n’est pas possible ; cela ne devrait même pas exister. Aimer le Christ, c’est aimer la paix qu’il nous donne. Et vous aurez remarqué que ce souhait de paix de la part du Christ est un souhait renouvelé. Jésus leur dit de nouveau : La paix soit avec vous. Puisque, de mémoire, c’est la seule fois que Jésus se répète ainsi, c’est bien que cela doit être d’une particulière importance. 

            Deuxième constat : c’est seulement quand le souhait de paix est reformulé, que Jésus souffla sur eux et leur dit : Recevez l’Esprit Saint. Nul ne peut accueillir l’Esprit Saint dans l’agitation ; nul ne peut accueillir l’Esprit Saint quand il se dispute avec les autres. Nul ne peut accueillir l’Esprit quand il n’est pas en paix et n’agit pas en paix. L’Esprit de Jésus est un Esprit de paix : il suppose la paix, il engendre la paix, il garantit la paix. Peut-être faut-il voir là la raison pour laquelle, lorsque le pardon est célébré sacramentellement, le prêtre impose les mains au confessant en même temps qu’il prononce les paroles d’absolution. Et qu’est-ce, l’absolution sacramentelle sinon le début de la paix retrouvée, à l’intérieur de nos cœurs, avec nos frères et sœurs en humanité que notre péché avait blessés et éloignés de nous et avec Dieu ? Il nous faut un degré de paix intérieure pour accueillir l’Esprit de réconciliation qui nous établira définitivement dans la paix du Ressuscité qui nous offre le pardon. N’oublions jamais et autant que cela est possible, de demander la grâce de la paix ; c’est une prière toujours exaucée ! Vivre dans l’Esprit du Ressuscité, c’est vivre du pardon qu’il accorde et faire en sorte que ce pardon se répande. 

Dernier constat : la paix et l’Esprit Saint offerts ne peuvent être gardés. Ce sont des dons à partager, des dons qui nous mettent en route. Entendez bien Jésus : De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. La paix reçue dans la force de l’Esprit nous fait missionnaire ! Si les dons que Dieu nous fait sont bien pour nous, ils n’en sont pas pour autant à garder jalousement, mais à partager joyeusement. La paix n’augmente que lorsqu’elle se partage. L’Esprit Saint n’agit efficacement que lorsqu’il m’ouvre aux autres. Les dons de Dieu ne nous enferment pas sur nous-mêmes, mais nous poussent à la rencontre, à la communion avec Dieu, certes, mais aussi avec les autres pour lesquels il a pareillement offert sa vie. Un chrétien baptisé et confirmé dans la force de l’Esprit Saint ne saurait s’isoler. Et quand bien même il se ferait ermite, ce serait toujours dans une grande communion avec l’humanité. Nul ne se retire du monde par haine du monde, mais bien pour le porter davantage encore dans sa prière et dans son cœur. 

            Au terme de ce chemin pascal, nous comprenons alors que toute l’œuvre du Christ est une œuvre de pardon et de paix avec et pour toute l’humanité. Le grand projet de Dieu pour les hommes n’est rien d’autre que cela. Il est projet d’amour qui veut faire de toute l’humanité une grande famille qui s’aime, vive en paix, dans un esprit de réconciliation permanent. Nous avons eu la grâce de cinquante jours pour nous ouvrir à cette compréhension. Que cette Pentecôte soit pour nous l’occasion d’un renouveau de notre esprit missionnaire pour que le monde dans lequel nous vivons accueille cette paix. Que l’Esprit Saint répandu aujourd’hui fasse de nous des artisans de paix et des missionnaires de la réconciliation entre tous les hommes. Amen.

samedi 20 mai 2023

7ème dimanche de Pâques A - 21 mai 2023

 Il n'y a pas de honte à être au Christ, mort et ressuscité.





 

 

 

 

            Coincé entre l’Ascension et la Pentecôte, ce dimanche pourrait nous paraître sans intérêt, un dimanche de transition entre deux fêtes du temps pascal. Et pourtant, ce « petit » dimanche nous dit de grandes choses, notamment dans la deuxième lecture entendue. Nous terminons en effet la lecture de la première lettre de Pierre. Si vous avez été attentifs, vous aurez reconnu un commentaire de cette béatitude de Jésus : Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! Voilà la béatitude ; et voilà ce que nous a dit Pierre : Si l’on vous insulte pour le nom du Christ, heureux êtes-vous, parce que l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur vous. Ce qui compte, ce n’est pas la souffrance ; ce qui compte, c’est d’être au Christ. C’est pour nous un motif de satisfaction et de joie.

 

            Nous l’avons vu les dimanches précédents, et nous pouvons le mesurer très concrètement dans notre existence : se dire chrétien, et catholique en particulier, n’est pas chose aisée de nos jours. En France, il est de bon ton de renvoyer aux catholiques les pages sombres de l’histoire de France, et plus récemment les scandales divers qui ont secoués notre Eglise. Pourtant, l’histoire de l’Eglise en France nous montre que nous n’avons pas à rougir d’être au Christ. Les croyants au Christ qui ont aidé à faire grandir l’humanité, à changer la société en mieux, sont plus nombreux que ceux qui ont terni l’image et la réputation de l’Eglise. Ce dernier extrait de la première lettre de Pierre nous invite à la cohérence de vie. Que personne d’entre vous n’ait à souffrir comme meurtrier, voleur, malfaiteur ou comme agitateur. Autrement dit, un chrétien ne peut pas pencher vers le Mal. Ce serait incohérent ! Faut-il rappeler ici que, dans la profession baptismale, nous rejetons le Mal, tout ce qui y conduit, ainsi que Satan qui est l’auteur du Mal ?

 

Mais, poursuit l’Apôtre, si c’est comme chrétien [qu’on fait souffrir quelqu’un], qu’il n’ait pas de honte, et qu’il rende gloire à Dieu pour ce nom-là. Il faut nous rappeler ici que cette lettre est adressée à des chrétiens persécutés, dispersés, moqués pour bien comprendre ce qui est écrit. Il est dit clairement qu’il n’y a pas de honte à être chrétien, et à vivre en tant que tel. Et si l’on se moque de nous à cause de notre foi, et si l’on nous persécute à cause de notre foi, sachons rendre gloire à Dieu pour Jésus. N’oublions jamais que Jésus a donné sa vie pour que nous puissions être libres. N’oublions jamais que Jésus a donné sa vie pour nous dire de quel amour nous sommes aimés. Avons-nous à rougir d’être aimés passionnément ? Non ! Avons-nous à rougir d’être aimés gratuitement ? Non ! Le Christ, par sa vie et sa prédication, nous donne-t-il des motifs de rougir ? Non ! Inscrivons-nous dans ses pas et vivons selon son commandement. Inscrivons-nous dans ses pas et aimons comme lui nous a aimés. Inscrivons-nous dans ses pas, et nous partagerons sa gloire. 

 

            Quand il nous semble difficile d’être fiers d’être catholiques, quand il nous semble difficile d’être en cohérence avec ce que nous croyons, peut-être nous faut-il reprendre le psaume 26 que nous avons chanté ensemble. Il nous fera redire notre confiance, notre foi en Jésus : Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerai-je ? Il nous fera redire aussi notre espérance : J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie. Quand notre foi est ainsi renforcée, quand notre espérance est claire, notre charité saura se faire inventive pour répondre aux défis de notre temps, et nous aurons toute latitude d’être fiers d’être au Christ parce que nous témoignerons de lui, de son amour pour tous, à travers toute notre vie.

 

            Dans un monde devenu indifférent à la foi, dans un monde quelquefois hostile aux croyants, sachons aussi retrouver le goût de faire communauté ensemble, à l’image des Apôtres et de Marie après l’Ascension, dans l’attente du don de l’Esprit Saint. Une communauté vivante, où chacun se respecte, est un lieu puissant pour rester fidèle à la foi reçue. Elle ne devrait jamais être un lieu où l’on se juge, ni un lieu où l’on se met les uns les autre dans des cases, mais un lieu où l’on s’encourage à grandir dans la foi, un lieu où l’on s’exerce ensemble à la charité, un lieu à partir duquel les autres pourront dire : Voyez comme ils s’aiment ! Si ce n'est pas plus facile aujourd’hui d’être catholique que cela ne l’a été hier, nous avons, aujourd’hui comme hier, la communauté des croyants rassemblés pour ne pas perdre la foi, pour ne pas perdre le cap. Nous avons la communauté des croyants pour nous entraîner à la charité. Nous avons la communauté des croyants pour nous redonner le goût et la fierté d’être au Christ, quoi qu’il arrive. Que personne n’ait honte d’être au Christ : il est notre salut, notre gloire éternelle. Amen.


Ascension du Seigneur - 18 mai 2023

 Ascension et première communion.




(Tableau d'Arcabas)


 

 

 

            Un double événement nous réunit aujourd’hui : la fête de l’Ascension, c'est-à-dire le retour du Christ chez son Père, dans la gloire du Royaume, et la première communion d’enfants de notre communauté de paroisses. En recevant pour la première fois le corps du Christ, mort et ressuscité pour notre vie, ils rendent visibles la promesse faite par Jésus à ses disciples d’être toujours présent au milieu d’eux. 

            La fête de l’Ascension est le prolongement normal de la fête de Pâques. Jésus n’est pas mort et ressuscité pour rester éternellement sur terre, mais pour nous ouvrir à une vie qui ne finit pas et nous entraîner à sa suite dans la gloire du Royaume qu’il rejoint aujourd’hui. C’est dans la logique de l’événement de Pâques ; c’est dans la logique de notre espérance la plus profonde. Nous sommes faits pour vivre avec Dieu pour toujours. En mourant sur la croix, en ressuscitant d’entre les morts, Jésus nous rend capable de Dieu, capables d’accueillir les dons que Dieu nous fait, capables de vivre à la hauteur de Dieu. Nous devons comprendre que Jésus, vrai Dieu et vrai homme, réconcilie en lui l’humanité et Dieu. Désormais, plus rien, pas même le péché, pas même la mort, ne peut nous retenir éloignés de Dieu. En rejoignant son Père dans sa gloire, gloire qui est la sienne aussi depuis toute éternité, Jésus ne nous abandonne pas ; il nous précède et nous attend dans cette gloire. Il ne renie pas davantage la promesse qu’il nous a faite d’être avec nous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps, puisqu’il nous laisse des signes de sa présence, en particulier les hommes et les femmes qu’il met sur notre route, et surtout sa Parole proclamée et le Pain de l’Eucharistie partagé à tous. Chaque célébration de l’eucharistie (chaque messe) rend présent le Christ dans sa Parole proclamée et dans le Pain partagé. Chaque eucharistie nous fait proclamer le Christ, mort et ressuscité pour nous et nous fait redire notre attente de son retour. Nous devons nous souvenir, aujourd’hui particulièrement, que Jésus a institué l’eucharistie, nous a donné l’eucharistie, pour le rendre réellement présent au milieu de nous. 

            En vous approchant de l’autel pour communier pour la première fois, vous aurez désormais part à ce trésor de l’Eglise que Jésus nous a laissé. Dans ce morceau de pain que vous recevrez tout à l’heure, c’est toute la vie de Jésus qui vous est donnée. Dans ce morceau de pain que vous recevrez, c’est Jésus qui vient à vous et vous dit qu’il ne vous laissera jamais seul, que vous pourrez toujours compter sur sa présence dans votre vie, même et peut-être surtout dans les moments les plus difficiles. N’oubliez jamais qu’aujourd’hui Jésus vient à vous, rencontrer votre vie et qu’il veut le faire pour vous chaque dimanche. Soyez reconnaissant de cet amour qu’il vous manifeste ; soyez heureux de l’accueillir ; gardez toujours en vous le désir de le recevoir autant que possible. L’eucharistie n’est pas un sacrement unique, mais renouvelable autant que nécessaire. Le Pain consacré que vous recevrez, vous donnera la force de vivre votre foi au quotidien. Il n’est pas une récompense pour enfants sages ; il est la force de recommencer toujours et encore à faire le choix de Dieu dans votre vie. Ce Pain consacré n’est pas une récompense pour des chrétiens particulièrement saints ; il est la nourriture nécessaire pour nous faire avancer sur la route qui mène à une sainteté toujours plus grande. Ce Pain consacré n’est pas une récompense pour service rendu ; il est le pain qui nous donne la force d’être fidèles, malgré notre péché, malgré nos limites. Je suis toujours triste quand des baptisés oublient ce rendez-vous amoureux avec le Christ qui nous invite et nous attend autour de sa table chaque dimanche. Comment, dans un monde de plus en plus dur, peut-on refuser d’être aimé, refusé une rencontre voulue par la source de l’amour même ? Avons-nous donc oublié ce que c’est que d’être aimé infiniment, gratuitement, pour ne plus nous donner la peine de répondre à l’Amour ? Avons-nous fait de Dieu un étranger pour ne plus l’inclure dans notre semaine ? Je forme le vœu que cette première communion pour vous soit la première de nombreuses communions à venir. 

Il y a des hommes et des femmes qui pensent qu’ils peuvent vivre sans Dieu, qu’il n’y a pas d’obligation à croire en Lui, et certains vous diront même que c’est la majorité des personnes aujourd’hui qui le croient. En regardant le monde dans lequel nous vivons, en constatant sa dureté, je ne peux m’empêcher de croire qu’ils ont torts de rejeter ainsi Dieu, ou de le ranger dans les souvenirs curieux de l’Histoire du monde. Si Dieu était au cœur de la vie des hommes, alors notre monde serait beau ! Si Dieu était au cœur de la vie des hommes, alors les hommes de notre monde s’aimeraient au lieu de s’opposer voire de se combattre. Saint Jean nous le redit avec force dans toute son œuvre : Dieu est amour. En posant cette vérité, il nous rappelle que tout ce qui ne conduit pas les hommes à aimer mieux, ne vient pas de Dieu, n’est pas Dieu. Et si un jour quelqu’un vous parle de Dieu de telle manière que cela ne vous donne pas envie d’aimer plus, fuyez ! Fuyez aussi loin et aussi vite que vous le pourrez. 

En s’offrant à vous dans le Pain consacré et partagé, Jésus vient vous redire qu’il vous aime, qu’il veut le meilleur pour votre vie. Accueillez-le et vivez de sa vie qu’il vous offre. Vous rendrez Jésus présent en vivant de la force d’amour que ce Pain nous donne. Vous hâterez la venue de son Règne en vivant dès maintenant de cet amour partagé. Amen. 


samedi 13 mai 2023

6ème dimanche de Pâques A - 4 mai 2023

 Jésus, le Christ dont nous devons témoigner.





 

 

            La première lettre de Pierre que nous lisons durant ce temps pascal, a commencé par rappeler aux chrétiens exilés et méprisés, qu’ils avaient été faits héritiers avec le Christ du Royaume de Dieu (2ème dimanche de Pâques A). Elle soulignait aussi qu’ils avaient du prix aux yeux de Dieu, le prix du sang versé par le Christ sur la croix (3ème dimanche de Pâques A). En Jésus, mort et ressuscité, se trouve la vraie joie des chrétiens. En Jésus, mort et ressuscité, se trouve notre libération. Nous avons entendu aussi l’auteur de la lettre nous dire que notre vocation profonde, c’était de faire le bien en toute chose ; et si, à cause du bien que nous faisons, certains nous font souffrir, Dieu nous donnera la grâce, les moyens, de supporter cette souffrance et de rester fidèles à notre vocation à faire le bien (4ème dimanche de Pâques A). Mais que faire quand l’opposition qu’on nous manifeste se transforme en persécution ? Le passage entendu aujourd’hui nous apporte une réponse qui peut encore nous apprendre à réagir face à ceux qui aujourd’hui pensent que notre style de vie et notre foi sont dépassés. 

            Tout repose sur ce qui a été affirmé précédemment, à savoir notre dignité de fils et de filles de Dieu, héritiers avec le Christ du Royaume. A cause de cette dignité, nous ne pouvons pas perdre de vue la sainteté du Christ. Elle reste notre exemple ; le Christ reste notre guide, le bon Pasteur, notre modèle (4ème dimanche de Pâques A). C’est un leitmotiv qui revient aujourd’hui encore quand l’auteur dit : Il vaudrait mieux souffrir en faisant le bien, si c’était la volonté de Dieu, plutôt qu’en faisant le mal. Car le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes. La sainteté du Christ réside bien dans sa capacité à prendre sur lui le mal, quitte à souffrir, pour que les hommes puissent être introduits devant Dieu. Jusqu’au bout, même sur la croix, il est resté fidèle à la mission que le Père lui avait donnée : sauver les hommes du péché et de la mort au prix de sa propre vie. Quand nous sommes persécutés, moqués, ridiculisés à cause de notre foi, regardons, contemplons le Christ qui s’est livré pour nous. Il a souffert bien plus que nous. 

            La deuxième attitude à avoir, c’est d’être prêt, à tout moment, à présenter une défense devant quiconque [nous] demande de rendre raison de l’espérance qui est en [nous]. L’ancienne traduction liturgique disait : rendre compte de l’espérance qui est en nous. Il faut bien comprendre cette demande. Nous n’avons pas à rendre des comptes, ni à nous justifier d’être chrétiens ; cela ne regarde que nous. Mais nous avons toujours à rendre compte, autrement dit à témoigner. A témoigner de quoi ? De notre espérance, qui est d’être sauvés par la mort de Jésus que Dieu a ressuscité d’entre les morts pour lui faire partager sa gloire (3ème dimanche de Pâques A). Nous ne pouvons pas taire, nous ne devons pas taire cette espérance. Et nous devons le faire avec douceur et respect. En clair, nous ne pouvons pas imposer notre foi, nous ne pouvons pas obliger les autres à croire ; nous ne pouvons que croire ce que nous espérons, et vivre ce que nous croyons. Souvenons-nous de la parole de sainte Bernadette quand les gens étaient étonnés de ce qu’elle rapportait : on m’a dit de vous le dire, pas de vous le faire croire ! C’est cela témoigner avec douceur et respect. Dire, redire, autant qu’il le faudra, sans impatience, avec la certitude que nous témoignons de la vérité de l’œuvre de Dieu et avec la certitude aussi que ce n’est pas à nous de le faire croire. Seul Dieu peut toucher les cœurs en profondeur, mais il a voulu avoir besoin de nous pour annoncer les merveilles de celui qui [nous] a appelés des ténèbres à son admirable lumière (5ème dimanche de Pâques A). C’est ainsi que notre témoignage pourra être reçu. C’est ce que nous montre les Actes des Apôtres à travers l’œuvre accomplie par Philippe, dans la première lecture de ce dimanche. Philippe proclame le Christ et les gens se convertissent, les esprits impurs sont chassés, les malades sont guéris. 

            Nous ne pouvons pas garder pour nous ce que nous croyons ; nous ne pouvons pas garder pour nous ce que nous espérons. Si nous estimons le Christ, si le Christ est important pour nous, nous devons croire alors qu’il est important que nous le partagions : par nos paroles quand nous le pouvons, par notre art de vivre toujours. Les Actes des Apôtres que nous entendons en première lecture tout au long du temps pascal, nous montre les premiers croyants au Christ à l’œuvre. Il y a les Apôtres qui prêchent, qui rendent compte de l’espérance qui est nôtre ; il y a tous les croyants avec eux qui vivent d’une manière nouvelle, qui interpelle par leur capacité à prendre soin les uns des autres, et particulièrement des plus pauvres. Nous avons à cultiver ce sens de la communauté qui rend la charité du Christ visible par tous. Si nous aimons le Christ, nous aimerons vivre en frères, parce que tel était le commandement du Christ à ses disciples. Ecoutons Jésus quand il nous dit dans l’Evangile de ce dimanche : Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements, et comprenons qu’il ne nous dit rien d’autre que : si vous m’aimez, vous vous aimerez, vous aimerez tous ceux que je mettrai sur votre route. Amen.

5ème dimanche de Pâques A - 7 mai 2023

 Jésus, le Christ, la pierre vivante, la pierre angulaire.






                Approchez-vous du Seigneur Jésus : il est la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu. Peut-on dire mieux que la lettre de Pierre la grandeur du Christ d’une part, et la nécessité pour l’humanité de se prononcer à son sujet, d’autre part ? La richesse de cette page de la première lettre de Pierre n’aura d’égale que la richesse de notre vie croyante à la suite du Christ, pierre vivante sur laquelle repose l’Eglise. 

            Notez ce détail : Jésus est qualifié de pierre vivante et de pierre d’angle. Il n’est donc pas comme l’un de ces petits cailloux qui se logent dans nos chaussures et nous embêtent. Il est pierre vivante, pierre appelée à grandir, pierre appelée à donner sa vie, à transmettre sa vie. Souvenons-nous ici de ce que nous avons déjà entendu de cette lettre : le rappel que par le sacrifice de Jésus nous sommes faits héritiers de Dieu, que nous avons du prix à ses yeux, et que nous sommes appelés à faire le bien en toutes choses. Tout ceci repose sur cette affirmation de Jésus, pierre vivante choisie par Dieu. Et puisque nous sommes héritiers avec le Christ, nous sommes nous aussi appelés, comme pierres vivantes, à entrer dans la construction de la demeure spirituelle. Nos églises de pierres sont une belle illustration de cette image. Imaginez : chacun de nous est appelé à être une pierre de ces églises dans lesquelles nous nous rassemblons. Une pierre vivante, qui vit sa foi, célèbre son Dieu, exerce sa charité. Une pierre qui annonce les merveilles de celui qui [nous] a appelés des ténèbres à son admirable lumière. Regardez ces murs, contemplez ces murs et voyez-y l’image de ce que nous devons être les uns pour les autres. Regardez ces murs, contemplez ces murs et osez me dire qu’ils tiendront encore si d’aventure nous retirions les pierres mortes de celles et ceux qui ont fait le choix de se retirer, quelquefois sur la pointe des pieds. L’absence d’un frère ou d’une sœur, parce que nous avons manqué à la charité, est le début de la destruction de cette Eglise vivante que nous sommes appelés à être ensemble. Regardez ces murs, contemplez ces murs tenus ensemble par le Christ, pierre de fondation. Retirez-le et tout s’écroule d’un seul coup. Il ne restera rien que des pierres mortes, qui ne disent plus rien à personne. Nous ne pourrons dire mieux la place centrale du Christ dans cette construction qu’avec cette image du la pierre vivante. 

            Autre détail : ceux qui s’appuient sur cette pierre de fondation trouveront là leur honneur : celui qui met sa foi en elle ne saurait connaître la honte. Nous pouvons être fiers du Christ, fiers du salut qu’il nous offre, fiers d’être à lui ! Pourquoi avons-nous tant de mal à le montrer dans notre vie, dans nos propres familles ? Dans un récent sondage sur la transmission de la foi au sein de nos familles, des sociologues ont établi que nos frères musulmans parvenaient à la foi par leur famille à 91 % ; nos frères juifs de même à 84 %. Cela est dû chez les musulmans par l’observation de la pratique religieuse, et chez les juifs par la pratique religieuse en famille et le devoir de mémoire. Chez les catholiques, cette transmission de la foi en famille tombe à 67 %, et seuls 29 % des sondés entre 18 et 59 ans se déclarent catholiques. Il y a une véritable gêne à affirmer notre foi chrétienne. Comment rester pierres vivantes si nous n’osons plus le montrer dans nos propres familles ? Comment les générations futures deviendront-elles pierres vivantes, si nous étouffons notre appartenance à une communauté, si nous ne parlons plus de Jésus en famille, si nous ne vivons plus ensemble notre foi ? Nous sommes des pierres vivantes, un sacerdoce royal, un peuple destiné au salut. Toute la première lettre de Pierre nous le redit. Elle nous rappelle ainsi que notre foi est communautaire ou elle n’est pas ! Nous ne pouvons pas rester des chrétiens isolés ; il y a une urgence vitale à écouter ensemble la Parole de Dieu ; il y a une urgence vitale à créer des liens communautaires véritables ; il y a une urgence vitale à retrouver notre fierté d’être chrétien. Je reconnais que les crises successives qui ont secoué l’Eglise de France et notre Eglise en Alsace, en particulier des derniers temps, n’ont pas aidé à cette fierté. Mais en œuvrant à un réel « Plus jamais ça ! », en choisissant ensemble de faire de nos églises de pierre des lieux sûrs pour tous, en nous recentrant autour du Christ, Pierre angulaire sur qui tout repose, n’allons-nous pas sur le chemin d’un retour à ce que notre Eglise n’aurait jamais dû cesser d’être ? 

            En ce temps de Pâques où nous célébrons la puissance de vie qui est en Christ, le Seigneur ressuscité, demandons la grâce d’accueillir cette vie plus forte que tout. Qu’elle nous donne de redevenir pierres vivantes à la suite de Jésus. Qu’elle nous ouvre à une vie plus belle qui témoigne de la gloire de Dieu et du salut du monde. Qu’elle nous redonne la fierté d’être et d’affirmer ce que nous sommes : le Corps vivant de Jésus ressuscité, chargé de dire au monde les merveilles de Dieu pour tous. Notre fierté, nous ne la plaçons pas en nous ; notre fierté vient du Christ et de l’œuvre d’amour qu’il a entreprise pour nous, en livrant sa vie sur une croix. De cela, nous pouvons et devons toujours être fiers. Il est la pierre d’angle, la pierre vivante, sur qui tout repose, et les agissements coupables de certains ne changeront rien au salut qu’il nous propose. Il est le bon berger, l’unique berger à suivre ; il est la pierre, l’unique pierre vivante, de laquelle nous recevons notre vie. Amen.