Jésus, le Christ, la pierre vivante, la pierre angulaire.
Approchez-vous du Seigneur Jésus : il est la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu. Peut-on dire mieux que la lettre de Pierre la grandeur du Christ d’une part, et la nécessité pour l’humanité de se prononcer à son sujet, d’autre part ? La richesse de cette page de la première lettre de Pierre n’aura d’égale que la richesse de notre vie croyante à la suite du Christ, pierre vivante sur laquelle repose l’Eglise.
Notez ce détail : Jésus est qualifié de pierre vivante et de pierre d’angle. Il n’est donc pas comme l’un de ces petits cailloux qui se logent dans nos chaussures et nous embêtent. Il est pierre vivante, pierre appelée à grandir, pierre appelée à donner sa vie, à transmettre sa vie. Souvenons-nous ici de ce que nous avons déjà entendu de cette lettre : le rappel que par le sacrifice de Jésus nous sommes faits héritiers de Dieu, que nous avons du prix à ses yeux, et que nous sommes appelés à faire le bien en toutes choses. Tout ceci repose sur cette affirmation de Jésus, pierre vivante choisie par Dieu. Et puisque nous sommes héritiers avec le Christ, nous sommes nous aussi appelés, comme pierres vivantes, à entrer dans la construction de la demeure spirituelle. Nos églises de pierres sont une belle illustration de cette image. Imaginez : chacun de nous est appelé à être une pierre de ces églises dans lesquelles nous nous rassemblons. Une pierre vivante, qui vit sa foi, célèbre son Dieu, exerce sa charité. Une pierre qui annonce les merveilles de celui qui [nous] a appelés des ténèbres à son admirable lumière. Regardez ces murs, contemplez ces murs et voyez-y l’image de ce que nous devons être les uns pour les autres. Regardez ces murs, contemplez ces murs et osez me dire qu’ils tiendront encore si d’aventure nous retirions les pierres mortes de celles et ceux qui ont fait le choix de se retirer, quelquefois sur la pointe des pieds. L’absence d’un frère ou d’une sœur, parce que nous avons manqué à la charité, est le début de la destruction de cette Eglise vivante que nous sommes appelés à être ensemble. Regardez ces murs, contemplez ces murs tenus ensemble par le Christ, pierre de fondation. Retirez-le et tout s’écroule d’un seul coup. Il ne restera rien que des pierres mortes, qui ne disent plus rien à personne. Nous ne pourrons dire mieux la place centrale du Christ dans cette construction qu’avec cette image du la pierre vivante.
Autre détail : ceux qui s’appuient sur cette pierre de fondation trouveront là leur honneur : celui qui met sa foi en elle ne saurait connaître la honte. Nous pouvons être fiers du Christ, fiers du salut qu’il nous offre, fiers d’être à lui ! Pourquoi avons-nous tant de mal à le montrer dans notre vie, dans nos propres familles ? Dans un récent sondage sur la transmission de la foi au sein de nos familles, des sociologues ont établi que nos frères musulmans parvenaient à la foi par leur famille à 91 % ; nos frères juifs de même à 84 %. Cela est dû chez les musulmans par l’observation de la pratique religieuse, et chez les juifs par la pratique religieuse en famille et le devoir de mémoire. Chez les catholiques, cette transmission de la foi en famille tombe à 67 %, et seuls 29 % des sondés entre 18 et 59 ans se déclarent catholiques. Il y a une véritable gêne à affirmer notre foi chrétienne. Comment rester pierres vivantes si nous n’osons plus le montrer dans nos propres familles ? Comment les générations futures deviendront-elles pierres vivantes, si nous étouffons notre appartenance à une communauté, si nous ne parlons plus de Jésus en famille, si nous ne vivons plus ensemble notre foi ? Nous sommes des pierres vivantes, un sacerdoce royal, un peuple destiné au salut. Toute la première lettre de Pierre nous le redit. Elle nous rappelle ainsi que notre foi est communautaire ou elle n’est pas ! Nous ne pouvons pas rester des chrétiens isolés ; il y a une urgence vitale à écouter ensemble la Parole de Dieu ; il y a une urgence vitale à créer des liens communautaires véritables ; il y a une urgence vitale à retrouver notre fierté d’être chrétien. Je reconnais que les crises successives qui ont secoué l’Eglise de France et notre Eglise en Alsace, en particulier des derniers temps, n’ont pas aidé à cette fierté. Mais en œuvrant à un réel « Plus jamais ça ! », en choisissant ensemble de faire de nos églises de pierre des lieux sûrs pour tous, en nous recentrant autour du Christ, Pierre angulaire sur qui tout repose, n’allons-nous pas sur le chemin d’un retour à ce que notre Eglise n’aurait jamais dû cesser d’être ?
En ce temps de Pâques où nous
célébrons la puissance de vie qui est en Christ, le Seigneur ressuscité,
demandons la grâce d’accueillir cette vie plus forte que tout. Qu’elle nous
donne de redevenir pierres vivantes à la suite de Jésus. Qu’elle nous ouvre à
une vie plus belle qui témoigne de la gloire de Dieu et du salut du monde.
Qu’elle nous redonne la fierté d’être et d’affirmer ce que nous sommes : le
Corps vivant de Jésus ressuscité, chargé de dire au monde les merveilles de
Dieu pour tous. Notre fierté, nous ne la plaçons pas en nous ; notre
fierté vient du Christ et de l’œuvre d’amour qu’il a entreprise pour nous, en
livrant sa vie sur une croix. De cela, nous pouvons et devons toujours être
fiers. Il est la pierre d’angle, la pierre vivante, sur qui tout repose, et les
agissements coupables de certains ne changeront rien au salut qu’il nous
propose. Il est le bon berger, l’unique berger à suivre ; il est la
pierre, l’unique pierre vivante, de laquelle nous recevons notre vie. Amen.
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