Il n'y a pas de honte à être au Christ, mort et ressuscité.
Coincé
entre l’Ascension et la Pentecôte, ce dimanche pourrait nous paraître sans
intérêt, un dimanche de transition entre deux fêtes du temps pascal. Et pourtant,
ce « petit » dimanche nous dit de grandes choses, notamment dans la
deuxième lecture entendue. Nous terminons en effet la lecture de la première
lettre de Pierre. Si vous avez été attentifs, vous aurez reconnu un commentaire
de cette béatitude de Jésus : Heureux êtes-vous si l’on vous insulte,
si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre
vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre
récompense est grande dans les cieux ! Voilà la béatitude ; et voilà
ce que nous a dit Pierre : Si l’on vous insulte pour le nom du Christ,
heureux êtes-vous, parce que l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur
vous. Ce qui compte, ce n’est pas la souffrance ; ce qui compte, c’est
d’être au Christ. C’est pour nous un motif de satisfaction et de joie.
Nous
l’avons vu les dimanches précédents, et nous pouvons le mesurer très
concrètement dans notre existence : se dire chrétien, et catholique en
particulier, n’est pas chose aisée de nos jours. En France, il est de bon ton
de renvoyer aux catholiques les pages sombres de l’histoire de France, et plus
récemment les scandales divers qui ont secoués notre Eglise. Pourtant, l’histoire
de l’Eglise en France nous montre que nous n’avons pas à rougir d’être au Christ.
Les croyants au Christ qui ont aidé à faire grandir l’humanité, à changer la
société en mieux, sont plus nombreux que ceux qui ont terni l’image et la
réputation de l’Eglise. Ce dernier extrait de la première lettre de Pierre nous
invite à la cohérence de vie. Que personne d’entre vous n’ait à souffrir
comme meurtrier, voleur, malfaiteur ou comme agitateur. Autrement dit, un chrétien
ne peut pas pencher vers le Mal. Ce serait incohérent ! Faut-il rappeler
ici que, dans la profession baptismale, nous rejetons le Mal, tout ce qui y
conduit, ainsi que Satan qui est l’auteur du Mal ?
Mais, poursuit l’Apôtre, si c’est comme chrétien [qu’on fait souffrir quelqu’un], qu’il n’ait pas de honte, et qu’il rende gloire à Dieu pour ce nom-là. Il faut nous rappeler ici que cette lettre est adressée à des chrétiens persécutés, dispersés, moqués pour bien comprendre ce qui est écrit. Il est dit clairement qu’il n’y a pas de honte à être chrétien, et à vivre en tant que tel. Et si l’on se moque de nous à cause de notre foi, et si l’on nous persécute à cause de notre foi, sachons rendre gloire à Dieu pour Jésus. N’oublions jamais que Jésus a donné sa vie pour que nous puissions être libres. N’oublions jamais que Jésus a donné sa vie pour nous dire de quel amour nous sommes aimés. Avons-nous à rougir d’être aimés passionnément ? Non ! Avons-nous à rougir d’être aimés gratuitement ? Non ! Le Christ, par sa vie et sa prédication, nous donne-t-il des motifs de rougir ? Non ! Inscrivons-nous dans ses pas et vivons selon son commandement. Inscrivons-nous dans ses pas et aimons comme lui nous a aimés. Inscrivons-nous dans ses pas, et nous partagerons sa gloire.
Quand il nous semble difficile d’être fiers d’être catholiques, quand il nous semble difficile d’être en cohérence avec ce que nous croyons, peut-être nous faut-il reprendre le psaume 26 que nous avons chanté ensemble. Il nous fera redire notre confiance, notre foi en Jésus : Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerai-je ? Il nous fera redire aussi notre espérance : J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie. Quand notre foi est ainsi renforcée, quand notre espérance est claire, notre charité saura se faire inventive pour répondre aux défis de notre temps, et nous aurons toute latitude d’être fiers d’être au Christ parce que nous témoignerons de lui, de son amour pour tous, à travers toute notre vie.
Dans
un monde devenu indifférent à la foi, dans un monde quelquefois hostile aux
croyants, sachons aussi retrouver le goût de faire communauté ensemble, à l’image
des Apôtres et de Marie après l’Ascension, dans l’attente du don de l’Esprit
Saint. Une communauté vivante, où chacun se respecte, est un lieu puissant pour
rester fidèle à la foi reçue. Elle ne devrait jamais être un lieu où l’on se
juge, ni un lieu où l’on se met les uns les autre dans des cases, mais un lieu
où l’on s’encourage à grandir dans la foi, un lieu où l’on s’exerce ensemble à
la charité, un lieu à partir duquel les autres pourront dire : Voyez comme
ils s’aiment ! Si ce n'est pas plus facile aujourd’hui d’être catholique
que cela ne l’a été hier, nous avons, aujourd’hui comme hier, la communauté des
croyants rassemblés pour ne pas perdre la foi, pour ne pas perdre le cap. Nous avons
la communauté des croyants pour nous entraîner à la charité. Nous avons la
communauté des croyants pour nous redonner le goût et la fierté d’être au Christ,
quoi qu’il arrive. Que personne n’ait honte d’être au Christ : il est
notre salut, notre gloire éternelle. Amen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire