Notre résurrection, signe de l'amour de Dieu pour nous.
Après les fêtes de la Toussaint et la commémoration de tous les fidèles défunts, les textes de ce dimanche tombent à pic pour nous permettre d’approfondir encore notre espérance en la résurrection des morts. Qui d’entre nous ne s’est jamais sérieusement posé la question que les sadducéens adressent à Jésus ? Qui n’a jamais voulu savoir comment cela se passe dans l'au-delà ? Est-ce que cela sera comme sur terre ? Mais alors que deviennent nos situations quelquefois si compliquées ? N’aurions-nous pas plus de facilité à croire en la résurrection si quelqu’un pouvait enfin nous dire que nous n’espérons pas en vain, qu’il y a bien quelque chose et surtout nous le décrire avec force précision ? Eternelle volonté de l’homme de lever le voile sur le mystère essentiel de la vie : tout savoir, tout comprendre. Refuser tout ce qui est inaccessible à la pensée humaine.
Pourtant, croyants, nous sommes souvent placés face à des situations que nous ne maîtrisons pas. Nous savons qu’il y a une part de notre vie qui nous échappe. Les accepter, accepter qu’il y ait un mystère de la vie fait partie de notre foi. Dans sa réponse aux sadducéens, Jésus ne s’y trompe pas. Il sait l’importance du piège qui lui est tendu. Sa réponse, loin d’éclaircir le sujet, renvoie dos à dos les pharisiens et les sadducéens.
Aux premiers (càd aux pharisiens), Jésus reproche une conception de la résurrection très matérialiste : la résurrection n’est, pour les pharisiens, qu’une réanimation des corps, synonyme de reprise des activités terrestres après un long sommeil. On refait dans l’au-delà ce que l’on a fait sur terre, à l’identique. Il n’y a pas de différence entre la vie sur terre et la vie de ressuscité ! On comprend dès lors, la raillerie des sadducéens. Si la vie après la mort est la même que sur terre, une femme qui se marie après son veuvage sera polygame. Or, c’est interdit par la Loi. N’y a-t-il pas là la preuve même de l’absurdité de la croyance en la résurrection ? Jésus répond clairement que la vie de ressuscité, en communion avec le Dieu Vivant, est une vie radicalement nouvelle par rapport à notre vie charnelle. C’est une vie qui n’a pas de modèle ici-bas. C’est une vie totalement transfigurée, une vie de fils et de fille de Dieu, héritiers de la résurrection : une vie semblable à celle des anges, une vie tournée vers la louange de Dieu. Une vie où nous serons face à Dieu, le voyant tel qu’il est.
Aux seconds (càd aux sadducéens), Jésus reproche de ne s’intéresser qu’à des cas d’école, et de se désintéresser de la vie. Les sadducéens sont conservateurs en matière religieuse. Pour eux, la croyance en la résurrection, qui est une donnée tardive de la foi, est une déviation. S’ils prétendent qu’il n’y a pas de résurrection, c’est qu’ils n’en trouvent aucune trace dans les cinq livres de la Bible auxquels ils se réfèrent ; cette foi en la résurrection n’est apparue que dans le contexte de la révolte des Macchabées lorsque les Israélites, fidèles à Dieu, subirent courageusement le martyre. Notre première lecture s’en est fait l’écho. Dans sa réponse, Jésus ne va pas s’appuyer sur ces textes tardifs, mais sur la Loi de Moïse : l’expérience de Moïse prouve que les morts doivent ressusciter ! Comme preuve, il cite l’épisode du buisson ardent. Dieu se révèle à Moïse comme le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Autrement dit, si Dieu s’est lié d’amitié avec ces patriarches, si Dieu a noué avec eux une Alliance d’amour, comment imaginer que ce soit pour quelques années seulement ? L’Alliance de Dieu avec les hommes n’est-elle valable que pour un temps ? Devient-elle caduque avec la mort ? Dieu abandonnerait-il les siens au moment décisif de leur existence ? N’est-ce pas sous-estimer la toute-puissance de Dieu ? Pour Jésus, la relation d’amour que Dieu a établie avec les hommes depuis la création, en passant par tous les patriarches, pour devenir relation d’amour avec chacun de nous, cette relation d’amour ne peut mourir, car Dieu est fidèle jusque dans la mort, jusqu’au-delà de la mort ! Ceux qui seront jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection des morts, ceux-là sont vivants à jamais car Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Il veut l’homme vivant, aujourd’hui et toujours. Et dans le don de son Fils sur la croix, ce projet d’amour devient réalité pour nous. Depuis Pâques, nous avons cette certitude, appuyée sur la résurrection de Jésus, que nous aussi, nous vivons dès maintenant pour Dieu, et dans l’éternité avec Dieu.
Jésus n’explicite pas comment cela se fera : il rappelle simplement la fidélité absolue de Dieu à son alliance : une alliance indéfectible, plus solide que la mort. Ce qui compte, pour l’homme, c’est de bien connaître Dieu, de lui faire confiance et de vivre pleinement sa part de l’Alliance. Dieu aime trop l’homme pour l’abandonner au pouvoir de la mort. Si l’homme connaissait Dieu comme Jésus le connaît, si l’homme aimait Dieu comme Jésus l’aime, il n’aurait pas de peur en lui, il n’aurait pas de doute en lui. Un père abandonne-t-il son enfant dans la détresse ? Comme le chante le psalmiste, par delà la mort, au réveil, je me rassasierai de ton visage. Que cette espérance soit nôtre et affermisse notre foi. Amen.
(Photo de Quentin Urlacher, prise à Purmamarca, Argentine)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire