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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 28 mai 2011

06ème dimanche de Pâques A - 29 mai 2011

L'Eglise se consacre à la mission universelle.



Depuis Pâques, dimanche après dimanche, nous nous intéressons à l’Eglise : nous l’avons vu naître de la puissance du Ressuscité et témoigner de lui ; nous avons découvert la vie des premières communautés, comment elles s’organisaient pour vivre dans la fidélité au message reçu et nous avons entendu l’appel à vivre unis, conduits par Jésus, l’unique Pasteur. Nous avons mêmes vu comment de nombreux Juifs reconnaissaient en Jésus le Messie attendu. Mais les autres ? Ceux qui n’appartiennent pas au peuple élu, que deviennent-ils ? Que devient le monde ? Est-il concerné par l’événement de Pâques ?

L’auteur des Actes des Apôtres va, petit à petit, faire comprendre à ses lecteurs que le monde n’est pas perdu, que le monde n’est pas oublié. Jésus ayant donné sa vie pour la multitude, comme nous le rappelle chacune de nos eucharisties, il fallait bien que vienne le moment où la jeune communauté vivant de Jésus s’ouvre au monde, s’ouvre à celles et à ceux qui n’étaient pas Juifs, comme eux. Au hasard d’une persécution, la communauté de Jérusalem se disperse, et nous voyons le diacre Philippe arriver en Samarie et y proclamer le Christ. Les gens sont saisis par sa parole si bien qu’il leur confère le baptême. A Jérusalem, on en entend parler et deux Apôtres, Pierre et Jean, y sont envoyés. A leur arrivée, ceux-ci prièrent pour les Samaritains afin qu’ils reçoivent le Saint Esprit. L’épopée missionnaire vient de commencer. Ces premiers baptêmes, validés par le don de l’Esprit, sont déjà le signe que tous les hommes sont appelés au salut, que tous les hommes peuvent recevoir l’Esprit Saint, l’autre Défenseur, promis par Jésus lui-même. Certes, il faudra attendre un Saul de Tarse pour que la mission prenne tout son sens et que les nations païennes entendent la Bonne Nouvelle de Jésus ressuscité, mais le départ en est donné. Même les Samaritains, avec qui les Juifs ne voulaient rien avoir en commun, si nous nous souvenons de la rencontre entre Jésus et la Samaritaine au bord du puits de Jacob, même les Samaritains donc reçoivent de Dieu l’Esprit promis ; même eux peuvent reconnaître en Jésus le Sauveur. Le psaume 65 que nous avons chanté en réponse à la première lecture devient vrai : toute la terre est appelés à acclamer Dieu, à chanter la gloire de son nom.

Si toute la terre est ainsi convoquée à la louange du Seigneur, il faut que les chrétiens se sentent responsables de sa foi. Comment la terre découvrira-t-elle le message du Christ, comment pourra-t-elle y répondre si les chrétiens n’en témoignent pas ? Saint Pierre, dans la deuxième lecture, est très clair : Vous devez toujours être prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous. Chaque croyant doit témoigner de ce qu’il vit avec le Christ, par sa vie et par ses mots. Si nous nous taisons, si nous gardons le Christ pour nous, qui dira au monde la joie qu’il y a à être chrétien ? Si nous nous taisons, si nous nous replions sur nous-mêmes, qui invitera le monde à se convertir et à croire qu’un monde meilleur est possible, que des rapports humains nouveaux ne sont pas une utopie, que Dieu veut le bonheur et la vie pour tous les hommes ? Avec douceur et respect, nous avons à être chrétiens en toute chose pour que le monde puisse croire et se convertir. Nous ne sommes pas chrétiens pour nous-mêmes, pour vivre entre nous comme les derniers des mohicans. Nous sommes croyants pour être signes dans ce monde d’un autre monde, celui que Dieu veut rassembler en lui par le Christ.

A ceux qui ont peur parce que Jésus n’est plus là physiquement, l’Evangile vient rappeler alors que Jésus lui-même a fait une promesse à ses disciples, la promesse de la venue de l’Esprit Saint. Il nous faut sans cesse demander cet Esprit, pour qu’il nous guide et nous assiste. Nous devons l’invoquer, l’accueillir en nous et le laisser guider notre vie pour qu’elle soit conforme à ce que Dieu en attend. A ceux qui ont peur parce que Jésus n’est plus là physiquement, la prière de l’Eglise vient redire qu’ils ont reçu le don du sacrement pascal et qu’en participant à l’eucharistie, Dieu lui-même leur fait prendre des forces neuves à cette nourriture qui apporte le salut. Forts de ces deux dons de Dieu, nous pouvons vivre dans ce monde quelquefois hostile, avec la certitude que Dieu lui-même vient transformer ce monde comme il a su transformer notre vie. A nous de montrer au monde les chemins nouveaux possibles inaugurés par Jésus. Sans délais, avec douceur et respect. Amen.



(Dessin de Coolus, Blog du Lapin bleu)

vendredi 20 mai 2011

05ème dimanche de Pâques A - 22 mai 2011

L'Eglise organise ses services.




Au commencement était une querelle ! Une querelle entre chrétiens d’origine juive et chrétiens d’origine grecque : les veuves des uns recevaient plus que les veuves des autres. Quand il s’agit d’argent et de nourriture, il vaut mieux être équitable, n’est-ce pas ! De cette querelle, que d’aucun pourrait trouver secondaire, est née une institution : celles des diacres. Les Apôtres avaient bien compris qu’ils ne pouvaient s’occuper de tout sans risquer de se désintéresser de l’essentiel. On se mit donc à chercher des hommes estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse et ainsi la jeune communauté croyante s’organisait. Aux uns, les Apôtres, le cœur de la mission : le service de la Parole de Dieu ; aux autres, les diacres, le service des tables.

Au commencement était une querelle, et de cette querelle naquit un modèle d’Eglise où tous avaient leur place, mais pas la même ; une Eglise où tous avaient quelque chose à faire, mais chacun à sa place, selon ses capacités. C’est ce même principe qui guide encore l’Eglise aujourd’hui quand elle doit s’adapter au monde de son temps. Nous réfléchissons à ce qui est essentiel dans l’Eglise : c’est la tâche des ministres ordonnés, envoyés pour gouverner, sanctifier, enseigner. Et nous prenons en compte toutes les tâches annexes, mais nécessaires : elles sont prises en charge par des collaborateurs, le plus souvent laïcs, quelquefois diacres, qui accomplissent leur tâche en communion étroite avec les pasteurs ordinaires : évêques et prêtres. A chacun son rôle, à chacun sa mission, à chacun sa place.

Au commencement, dans nos paroisses, il y a aussi souvent des querelles, parce que tel ou tel ne sait pas tenir sa place, veut se sentir plus grand que les autres, estime sa tâche plus importante que celles des autres. Il faut alors se souvenir de ce passage des Actes dans lequel il est bien rappelé que personne ne s’attribue un ministère ou une charge, mais que c’est l’Eglise qui appelle, l’Eglise qui confie, selon les besoins des lieux et du moment. Il faut revenir à ce passage des Actes pour comprendre à nouveau que l’essentiel est, et sera toujours, la tâche des Apôtres : l’annonce de la Parole à tous. Le cœur de notre mission, c’est d’annoncer Jésus, mort et ressuscité pour tous les hommes. Les autres services ne sont qu’une déclinaison de ce premier service. Comme le dit Pierre dans sa première épître : vous êtes chargés d’annoncer les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. Cela se fait par l’annonce en parole, mais aussi en acte, par une vie qui plaise à Dieu.

Il existe un principe qui devrait nous permettre d’éviter ce genre de conflits inutiles et dangereux pour l’unité d’une communauté. C’est un principe liturgique simple qui dit que chacun fasse seulement, mais totalement, ce qui lui revient. Seulement, sans se préoccuper de manière jalouse de ce que les autres ont à faire ; mais totalement, pas à moitié, pas de manière approximative. Ce principe, conjugué à la règle qui veut que le prêtre en charge d’une communauté est le premier responsable de la catéchèse, de la liturgie, du bon gouvernement de la portion d’Eglise qui lui est confiée, devrait permettre à chacun de trouver sa place, et à tous de travailler harmonieusement, sous la conduite de leur pasteur véritable. Les difficultés naissent souvent lorsque quelqu’un cherche à sortir de ce cadre, à faire plus que ce qui lui revient. Alors naissent jalousie, envie, opposition, désordre, toutes choses contraires à l’esprit de l’Evangile.

Il est bon que l’Eglise s’organise ; elle le fait sous la conduite de l’Esprit Saint, en accord avec les principes évangéliques. Tout ce qui vient d’ailleurs devrait être évité pour que soit éloignées les querelles. En suivant le Christ, seul chemin vers le Père, seule Vérité sur Dieu et les hommes, seule Vie pour tous les hommes, nous trouverons les moyens de nous organiser au mieux pour que toujours retentisse la Parole, pour que toujours les pauvres soient servis, pour que toujours Dieu soit glorifié. Y a-t-il mieux à faire que cela ? En ce mois de mai, prenons exemple de Marie, l’humble servante de la volonté de Dieu : elle saura nous apprendre comment servir au mieux, dans la fidélité à la Parole du Christ. Amen.


(Image extraite de Kinderbibel mit Bildern von Sieger KÖDER, éd.Verlag Katholisches Bibelwerk)

samedi 14 mai 2011

04ème dimanche de Pâques A - 15 mai 2011

Jésus, seule Porte, seul Portier et Berger de son Eglise



Savez-vous ce qu’est une porte ? La question peut sembler simple, mais elle est d’importance en ce jour où Jésus dit de lui-même : Je suis la porte des brebis. De tous les lieux que nous traversons dans notre quotidien, la porte est sans aucun doute le plus singulier. C’est un lieu que nous franchissons plusieurs fois par jour sans forcément réaliser tout ce qu’il représente. Fermée, la porte sera un obstacle sur le chemin. Grande ouverte, elle sera une invitation à entrer. Claquée, elle sera signe de colère. Entr’ouverte, elle invitera à la discrétion, voire à la prudence. Que signifie alors cette parole de Jésus : Je suis la porte des brebis ?

D’emblée, convenons que Jésus n’est pas n’importe quelle porte. Il est LA porte, c’est à dire la seule valable, la seule capable de mener au salut ! Il est la porte qu’il nous faut traverser pour connaître enfin le vrai bonheur promis par Dieu. Et de fait, par toute sa vie, Jésus a montré que cette porte ne claque pas, ne se referme pas sur celui qui voudrait la franchir. Toujours, elle est grande ouverte ; toujours, elle attend qu’on en franchisse le seuil. L’accueil que Jésus réservait aux exclus, aux pauvres, aux pécheurs de toutes sortes nous dit son ouverture aux situations humaines difficiles que nous rencontrons. Toujours, Jésus est resté cette porte, ouverte sur la possibilité d’un salut si l’homme acceptait de passer par lui pour arriver au Père. Pierre, dans son exhortation du jour de la Pentecôte, rappelle bien ce que signifie ce passage à la suite du Christ : c’est une vie renouvelée, une vie convertie, une vie placée sous la conduite de l’Esprit Saint, une vie libérée du péché et de la mort.

Si Jésus peut se présenter comme LA porte ouverte sur le salut, c’est bien parce qu’il est à la jonction de deux mondes : le monde de l’homme et le monde de Dieu. A la maison, sauriez-vous dire si la porte qui sépare la cuisine du couloir appartient plutôt à la cuisine ou plutôt au couloir ? Le rôle de la porte n’est-il pas de faire la jonction entre deux lieux distincts ; de distinguer justement sans vraiment séparer ? Parce qu’il est vraiment Dieu et vraiment homme, Jésus peut se présenter à nous comme le passage obligé pour parvenir au Père qui l’envoie. Parce qu’il est vraiment Dieu et vraiment homme, Jésus est véritablement celui qui nous fait passer au monde de Dieu, comme il fait passer Dieu dans le monde des hommes. En lui, se réalise la grande rencontre qui semblait impossible depuis que l’homme avait préféré la nuit du péché et du mensonge à la clarté et à la vérité de la Vie.

En fait, en se présentant comme la porte, Jésus nous dit encore qu’il est plus que la porte : il est aussi le portier et le vrai berger, celui qui ouvre la porte et celui qui conduit son peuple par le bon chemin, celui dont le peuple reconnaît la voix, celui dont le peuple sait qu’il le mènera à la vie : Je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. En écoutant la voix de Jésus, en reconnaissant dans cette voix celle de l’unique chef de l’Eglise, nous découvrons qu’avec Jésus, la vie n’a pas de fin ; avec Jésus, la vie nous est donnée, pour toujours. Connaître le Christ n’a d’autre ‘intérêt’ que de vivre vraiment ! A tous les marchands de vie et de bonheur qui promettent un monde meilleur à ceux qui les financent, Jésus oppose sa seule parole et sa propre vie. Crucifié, il est ressuscité : mis à mort, il est toujours vivant ! Comment douter dès lors qu’il ne veut que notre bien ? Jésus est bien et la porte qu’il nous faut franchir, et celui qui nous mène par-delà la porte, à la vie véritable. Celui qui veut vivre ne peut que passer par lui.

En étant la seule Porte, Jésus est celui par qui il nous faut passer pour parvenir à la vie. En se présentant comme le portier, il est aussi celui qui nous donne accès à cette vie. En affirmant qu’il est le vrai berger, il nous redit enfin qu’il est le seul que nous devons écouter et suivre ; il est le seul chef de l’Eglise, rassemblé en son nom. Que cette eucharistie réalise en nous ce que nous avons déjà demandé dans la prière : que le troupeau parvienne, malgré sa faiblesse, là où son Pasteur est entré victorieux. Ainsi, nous accueillerons la puissance de Pâques dans notre vie et nous vaincrons toute peur, tout péché, toute mort. Amen.

(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)

vendredi 6 mai 2011

03ème dimanche de Pâques A - 08 mai 2011

L'Eglise, témoin du Ressuscité.




Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. A écouter Pierre parler ainsi dans les Actes des Apôtres, nous pouvons avoir l’impression que tout est facile ; qu’il suffit de dire les choses de Dieu pour que d’autres les entendent et se convertissent. Mais nous savons bien que tout n’est pas aussi simple. Et je repense à cet homme, croisé la semaine passée sur O’Connel Street à Dublin ; perché sur son tabouret, il haranguait la foule qui passait, en témoignant de ce que le Christ a réalisé dans sa vie. Peu se sont arrêtés, mais il ne se décourageait pas. Je pense aussi à toutes ces catéchistes qui quelquefois désespèrent devant le peu d’enthousiasme des enfants et de leurs parents. Témoigner du Christ n’est pas toujours aisé, mais cela nous est nécessaire. L’Eglise ne pourra jamais se passer d’annoncer le message du Ressuscité, d’annoncer que le Christ est vivant, pour toujours. Alors comment devenir d’authentiques témoins de Jésus ressuscité ?

A ceux qui s’interrogent, l’Evangile des disciples d’Emmaüs vient apporter des indices et les rassurer : ce n’est pas aussi compliqué que nous pourrions le croire. Il nous montre deux disciples du Christ qui, après sa mort, s’en retournent chez eux, tristes et abattus. Ils n’ont rien de témoins enthousiastes, alors que la scène se passe trois jours après la mort de Jésus, c'est-à-dire au jour de Pâques, au jour de la résurrection. Ils s’en vont donc chez eux, complètement démoralisés, quand ils sont approchés par quelqu’un ; nous savons que c’est Jésus, mais eux, aveuglés par leur tristesse, ne le reconnaissent pas. Pour eux, Jésus est mort, l’histoire s’arrête là et leurs rêves se sont envolés. Quand Jésus engage la conversation et les interroge sur le sujet qui les préoccupe, ils sont d’abord étonnés : comment peut-il ignorer les événements de ces jours-ci ? Tout Jérusalem ne parle que de cela et il n’en sait rien ? Ils vont donc lui expliquer : qui était Jésus, ce qui lui est arrivé, ce qu’ils attendaient de lui (nous espérions qu’il serait le libérateur d’Israël !). Ils arrivent même à exprimer l’expérience faite ce matin même par quelques femmes… qui disaient qu’il est vivant ! Mais bon, ils ont un peu vite classé l’info dans le rayon « bavardage de femmes », d’autant plus que des hommes du groupe sont allés vérifier, mais ils n’ont pas eu d’apparition, eux ! Non, non, pour eux, tout est fini, c’est bien dommage ; maintenant, il faut retourner au réel de la vie.

C’est alors que l’étranger prend la parole : vous n’avez donc pas compris ! Comme votre cœur est lent à croire !… Et, en partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur expliqua, dans toute l’Ecriture, ce qui le concernait. Ils avaient du temps, ils allaient à pied, et Emmaüs – Jérusalem, ça fait quand même deux heures de marche ! Il a le temps de leur expliquer. Nous ne savons pas ce qu’il a dit exactement, mais nous comprenons qu’il a touché leur cœur. Quand ils arrivent à destination, ils veulent l’écouter encore et le retiennent pour la nuit. Et ils reconnaîtront eux-mêmes que leur cœur était brûlant en eux tandis qu’il leur parlait sur la route, et leur faisait comprendre les Ecritures. Nous avons là un premier indice pour devenir témoin du Ressuscité : il nous faut, avec lui, scruter les Ecritures. Notre archevêque nous invite à le faire depuis trois ans maintenant. Et même si l’an prochain, nous changerons de thématique diocésaine, cela ne signifie pas qu’il faut nous arrêter de lire les Ecritures et de chercher à les comprendre. Avant de devenir témoin, il faut savoir de qui nous devons témoigner. Nous ne nous annonçons pas nous-mêmes ; nous devons annoncer le Christ, mort et ressuscité pour nous. En lisant la Parole de Dieu, en approfondissant notre connaissance, nous comprendrons mieux comment le Christ s’inscrit dans cette longue histoire d’amour de Dieu pour l’humanité qu’il a créée ; et nous saisirons mieux pourquoi il fallait que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire.

Mais l’Evangile ne s’arrête pas là, avec les explications de Jésus. Les deux hommes l’invitent, et il accepte d’entrer chez eux. Ils passent à table et l’étranger pose un geste : il prend du pain, le bénit et le partage. Ce geste simple, qui peut être une manière de bénir la table et la fraternité qui les rassemble, devient pour ces hommes un geste de reconnaissance. C’est Jésus qui là au milieu d’eux, ils en sont sûrs ; ou plutôt qui était là avec eux, car déjà il a disparu. Mais pour eux, tout devient clair. Leur revient sans doute en mémoire le dernier repas qu’ils ont partagé avec lui, repas pendant lequel il leur avait demandé de rompre le pain et boire à la coupe en mémoire de lui ! Deuxième indice pour devenir témoin du Ressuscité : partager le pain et le vin de l’Eucharistie, signe de la présence réelle de Jésus au milieu de son peuple. A ceux qui s’interrogent pourquoi aller à la messe le dimanche, les disciples d’Emmaüs répondent : pour le reconnaître, pour être vraiment en sa présence. L’Eucharistie fait vraiment rencontrer Jésus. Le rencontrant vraiment, nous le connaîtrons mieux et nous en parlerons mieux.

Car l’Evangile n’est toujours pas fini : la tristesse de ces hommes s’est transformé en grande joie, une joie si grande qu’ils en oublient la fatigue, le découragement, les dangers d’un voyage de nuit, et ils reprennent la route en sens inverse, sur le champ, pour annoncer aux autres ce qui s’était passé sur la route, et comment ils l’avaient reconnu quand il avait rompu le pain. Et les autres leur partagent leur propre expérience : c’est vrai ! le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. Dernier indice pour être témoin : il faut partager ce que nous découvrons dans les Ecritures, porter aux autres celui que nous rencontrons dans nos eucharisties. Les derniers mots de la messe : Allez dans la paix du Christ !, sont une invitation à dire aux autres qui n’ont pas pu venir, ou pas voulu venir, ce que nous avons vécu lors de notre rassemblement. Même si le Pain eucharistique est conservé au Tabernacle, le Ressuscité ne peut y être enfermé.

En venant à l’église, nous devenons témoins de l’amour de Dieu pour nous, de l’amour de Dieu pour chacun. Et nous avons à transmettre ce message aux autres. Par notre parole, par notre manière de vivre. L’Eglise, dont nous sommes, est témoin du Ressuscité ; elle ne saurait le garder pour elle, Jésus ayant donné sa vie pour la multitude. Si nous ne sommes qu’une petite part à le reconnaître, nous avons à permettre à d’autres de faire ce chemin de Jérusalem à Emmaüs, pour qu’ils puissent découvrir qui est Jésus et ce qu’il fait pour eux. L’ayant découvert, je ne doute pas qu’ils feront alors avec nous le chemin d’Emmaüs à Jérusalem, pour devenir à leur tour, témoins du Ressuscité. Amen.


(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)

lundi 2 mai 2011

2ème dimanche de Pâques - 01er mai 2011

L'Eglise se doit d'être unie.



Tous ceux qui étaient devenus croyants vivaient ensemble, et ils mettaient tout en commun. Il y a des passages de l'Ecriture qui nous font rêver. L'épisode des Actes que nous avons entendu en ce dimanche en fait sans doute partie : nous rêvons tous d'une Eglise plus fraternelle, plus belle, plus accueillante ; nous imaginons souvent, qu'autrefois, c'était mieux. Et les tentatives de repli sur une certaine identité en sont quelquefois le signe. Mais plutôt que de nous tourner vers un passé prétendu meilleur, relisons les textes de ce dimanches pour y trouver des chemins d'avenir, des chemins qui feront grandir l'Eglise.

Ce que décrit le passage du Livre des Actes (2, 42-47) s'est peut-être passé ainsi, ou pas ! Si très rapidement au début de l'Eglise, il faut rappeler comment vivaient les fidèles du Christ après l'événement de Pâques, c'est peut-être aussi parce qu'il n'en est déjà plus ainsi ! Cerains passages des lettres de Paul le donnent à croire : par exemple quand il rappelle que nous sommes tous au Christ et non à celui qui nous a baptisés ! Mais qu'importe : que cela ait eu lieu ou que cela ne soit qu'un rêve, ce passage de la communauté chrétienne doit nous interpeler et être une invitation à vivre vraiment de la grâce du Ressuscité. Parce que ce qui est dit d'abord, c'est que les croyants au Christ se doivent d'être unis. C'est un signe concret de la résurrection à l'oeuvre dans une vie humaine. Pouvons-nous, alors que le Christ a vaincu le Mal et la Mort, vivre comme si nous n'étions pas libérés ? Vivre comme si nos passions, nos désirs de possession étaient encore les plus forts ? La communauté décrite par Luc dans les Actes est une communauté qui se sait libre et libérée, une communauté qui a découvert l'essentiel à la suite de Jésus. Et cet essentiel, c'est un autre style de vie, marqué par l'Evangile. Du coup, ils sont fidèles à écouter les enseignements des Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain, à participer aux prières. C'est encore parce qu'ils ont compris quel monde le Christ inaugurait dans sa mort et sa résurrection, qu'ils deviennent capables de tout mettre en commun et de partager, selon les besoins de chacun. Ayant découvert la puissance de vie que la résurrection leur transmettait, ils en vivent et deviennent contagieux : tous les jours, le Seigneur faisait entrer dans la communauté ceux qui étaient appelés au salut. Quand les chrétiens vivent en chrétiens, cela se voit ; cela donne envie. N'est-ce pas aussi cela l'enseignement d'un Jean-Paul II que l'Eglise béatifie aujourd'hui ? Nous n'échapperons pas à ce besoin d'unité entre nous, entre croyants au Christ ; mais nous n'échapperons pas davantage à l'urgence d'unité dans notre propre vie. Nous ne pouvons pas annoncer le Christ et vivre comme s'il n'était pas présent au milieu de nous, présent au coeur de notre vie.

L'unité à rechercher n'est pas seulement du côté de l'art de vivre : il y a aussi à atteindre une unité dans la foi : que nous parlions d'un même coeur de l'expérience de Pâques. L'Evangile de ce dimanche se déroule du soir de Pâques au dimanche d'après. Le premier soir, ils ne sont que dix à être réunis, peureux et tremblants ; Thomas est absent, Judas s'est pendu. Douze moins deux, cela fait bien dix. Et ces dix font une expérience, celle de la présence du Ressuscité. Il leur donne sa paix ; il leur transmet son Esprit en soufflant sur eux. Et quand ils partagent leur expérience à Thomas, ils n'arrivent pas à le convaincre : Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas ma main dans son côté, non je ne croirai pas ! On pourra reprocher pendant des siècles à Thomas de ne pas avoir cru de suite ; mais quelqu'un s'est-il déjà interrogé sur la manière dont le message a été transmis ? Sont-ils convaincants et convaincus eux-mêmes ? Si oui, pourquoi sont-ils de nouveau enfermés, huit jours plus tard ? La foi au Ressuscité comme nouveau moteur de vie, l'acceptation de ce message inoui (celui qui était mort est vivant), voilà qui doit nous unir tous. Voilà la foi commune à celles et à ceux qui se réclament du Christ. Il faut transmettre cette foi de telle sorte que d'autres puissent l'entendre, l'accueillir et lui donner crédit. Si nous ne sommes pas convaincus, nous ne serons pas convaincants, et personne ne voudra nous suivre ; et personne ne voudra nous croire.

Il est souvent de bon ton de critiquer l'Eglise qui n'est pas assez ceci, trop cela ; même dans des familles chrétiennes ! N'est-ce pas aussi une atteinte à cette unité de l'Eglise si nécessaire que de sans cesse la critiquer, la rabaisser ? Quand des chrétiens le font, ont-ils conscience qu'ils se rabaissent eux-mêmes, puisqu'ils sont l'Eglise ? L'Eglise n'existe pas sans les hommes et les femmes qui la composent. Pour qu'elle soit communion fraternelle, il faut que celles et ceux qui la composent s'acceptent comme ils sont et non comme ils rêveraient que les autres soient. Certes, ceux qui composent l'Eglise quelquefois doutent, hésitent, se trompent même ; certes, il y a eu des moments dans l'histoire de l'Eglise où les chrétiens n'ont pas été très respectueux des droits des autres. Mais relisez bien l'histoire de l'Eglise, et vous verrez qu'elle a surtout été composée d'hommes et de femmes qui ont authentiquement aimé Dieu et leurs frères, d'hommes et de femmes qui ont servi avec charité et désintérêt l'Eglise et le monde. Cette Eglise qui parfois doute, hésite et se trompe est belle de ces saints et saintes qui, au long de l'histoire des hommes, ont cherché à rendre le monde meilleur, plus juste, plus fraternel. Cette Eglise qui parfois doute, hésite et se trompe est belle parce qu'elle cherche sans cesse à devenir plus évangélique, plus fidèle à son Seigneur et Maître, le Christ Ressuscité. Le pape Jean-Paul II nous a rappelé les exigences de notre foi, l'urgence de remettre le Christ au coeur de notre vie et l'incontournable charité à vivre sans cesse, que ce soit dans les simples rapports humains ou dans les rapports entre nations. N'a-t-il pas invité à effacer la dette des pays pauvres pour qu'ils aient un espoir de vie meilleure ? Et son successeur, Benoît XVI nous invite, avec la même énergie, a approfondir notre foi, notre connaissance de Dieu pour un meilleur service des hommes. Quand chaque croyant au Christ s'y mettra, vous verrez la beauté de l'Eglise, parce que vous verrez l'Eglise vraiment unie, telle que Dieu la veut, telle que les hommes parfois en rêvent.

Ce n'est pas une utopie ; c'est le monde que nous sommes appelés à construire à la suite de Jésus, mort et ressuscité pour qu'advienne ce jour nouveau où tous seront en Dieu, vivants de lui et de sa Parole. AMEN.