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lundi 2 mai 2011

2ème dimanche de Pâques - 01er mai 2011

L'Eglise se doit d'être unie.



Tous ceux qui étaient devenus croyants vivaient ensemble, et ils mettaient tout en commun. Il y a des passages de l'Ecriture qui nous font rêver. L'épisode des Actes que nous avons entendu en ce dimanche en fait sans doute partie : nous rêvons tous d'une Eglise plus fraternelle, plus belle, plus accueillante ; nous imaginons souvent, qu'autrefois, c'était mieux. Et les tentatives de repli sur une certaine identité en sont quelquefois le signe. Mais plutôt que de nous tourner vers un passé prétendu meilleur, relisons les textes de ce dimanches pour y trouver des chemins d'avenir, des chemins qui feront grandir l'Eglise.

Ce que décrit le passage du Livre des Actes (2, 42-47) s'est peut-être passé ainsi, ou pas ! Si très rapidement au début de l'Eglise, il faut rappeler comment vivaient les fidèles du Christ après l'événement de Pâques, c'est peut-être aussi parce qu'il n'en est déjà plus ainsi ! Cerains passages des lettres de Paul le donnent à croire : par exemple quand il rappelle que nous sommes tous au Christ et non à celui qui nous a baptisés ! Mais qu'importe : que cela ait eu lieu ou que cela ne soit qu'un rêve, ce passage de la communauté chrétienne doit nous interpeler et être une invitation à vivre vraiment de la grâce du Ressuscité. Parce que ce qui est dit d'abord, c'est que les croyants au Christ se doivent d'être unis. C'est un signe concret de la résurrection à l'oeuvre dans une vie humaine. Pouvons-nous, alors que le Christ a vaincu le Mal et la Mort, vivre comme si nous n'étions pas libérés ? Vivre comme si nos passions, nos désirs de possession étaient encore les plus forts ? La communauté décrite par Luc dans les Actes est une communauté qui se sait libre et libérée, une communauté qui a découvert l'essentiel à la suite de Jésus. Et cet essentiel, c'est un autre style de vie, marqué par l'Evangile. Du coup, ils sont fidèles à écouter les enseignements des Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain, à participer aux prières. C'est encore parce qu'ils ont compris quel monde le Christ inaugurait dans sa mort et sa résurrection, qu'ils deviennent capables de tout mettre en commun et de partager, selon les besoins de chacun. Ayant découvert la puissance de vie que la résurrection leur transmettait, ils en vivent et deviennent contagieux : tous les jours, le Seigneur faisait entrer dans la communauté ceux qui étaient appelés au salut. Quand les chrétiens vivent en chrétiens, cela se voit ; cela donne envie. N'est-ce pas aussi cela l'enseignement d'un Jean-Paul II que l'Eglise béatifie aujourd'hui ? Nous n'échapperons pas à ce besoin d'unité entre nous, entre croyants au Christ ; mais nous n'échapperons pas davantage à l'urgence d'unité dans notre propre vie. Nous ne pouvons pas annoncer le Christ et vivre comme s'il n'était pas présent au milieu de nous, présent au coeur de notre vie.

L'unité à rechercher n'est pas seulement du côté de l'art de vivre : il y a aussi à atteindre une unité dans la foi : que nous parlions d'un même coeur de l'expérience de Pâques. L'Evangile de ce dimanche se déroule du soir de Pâques au dimanche d'après. Le premier soir, ils ne sont que dix à être réunis, peureux et tremblants ; Thomas est absent, Judas s'est pendu. Douze moins deux, cela fait bien dix. Et ces dix font une expérience, celle de la présence du Ressuscité. Il leur donne sa paix ; il leur transmet son Esprit en soufflant sur eux. Et quand ils partagent leur expérience à Thomas, ils n'arrivent pas à le convaincre : Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas ma main dans son côté, non je ne croirai pas ! On pourra reprocher pendant des siècles à Thomas de ne pas avoir cru de suite ; mais quelqu'un s'est-il déjà interrogé sur la manière dont le message a été transmis ? Sont-ils convaincants et convaincus eux-mêmes ? Si oui, pourquoi sont-ils de nouveau enfermés, huit jours plus tard ? La foi au Ressuscité comme nouveau moteur de vie, l'acceptation de ce message inoui (celui qui était mort est vivant), voilà qui doit nous unir tous. Voilà la foi commune à celles et à ceux qui se réclament du Christ. Il faut transmettre cette foi de telle sorte que d'autres puissent l'entendre, l'accueillir et lui donner crédit. Si nous ne sommes pas convaincus, nous ne serons pas convaincants, et personne ne voudra nous suivre ; et personne ne voudra nous croire.

Il est souvent de bon ton de critiquer l'Eglise qui n'est pas assez ceci, trop cela ; même dans des familles chrétiennes ! N'est-ce pas aussi une atteinte à cette unité de l'Eglise si nécessaire que de sans cesse la critiquer, la rabaisser ? Quand des chrétiens le font, ont-ils conscience qu'ils se rabaissent eux-mêmes, puisqu'ils sont l'Eglise ? L'Eglise n'existe pas sans les hommes et les femmes qui la composent. Pour qu'elle soit communion fraternelle, il faut que celles et ceux qui la composent s'acceptent comme ils sont et non comme ils rêveraient que les autres soient. Certes, ceux qui composent l'Eglise quelquefois doutent, hésitent, se trompent même ; certes, il y a eu des moments dans l'histoire de l'Eglise où les chrétiens n'ont pas été très respectueux des droits des autres. Mais relisez bien l'histoire de l'Eglise, et vous verrez qu'elle a surtout été composée d'hommes et de femmes qui ont authentiquement aimé Dieu et leurs frères, d'hommes et de femmes qui ont servi avec charité et désintérêt l'Eglise et le monde. Cette Eglise qui parfois doute, hésite et se trompe est belle de ces saints et saintes qui, au long de l'histoire des hommes, ont cherché à rendre le monde meilleur, plus juste, plus fraternel. Cette Eglise qui parfois doute, hésite et se trompe est belle parce qu'elle cherche sans cesse à devenir plus évangélique, plus fidèle à son Seigneur et Maître, le Christ Ressuscité. Le pape Jean-Paul II nous a rappelé les exigences de notre foi, l'urgence de remettre le Christ au coeur de notre vie et l'incontournable charité à vivre sans cesse, que ce soit dans les simples rapports humains ou dans les rapports entre nations. N'a-t-il pas invité à effacer la dette des pays pauvres pour qu'ils aient un espoir de vie meilleure ? Et son successeur, Benoît XVI nous invite, avec la même énergie, a approfondir notre foi, notre connaissance de Dieu pour un meilleur service des hommes. Quand chaque croyant au Christ s'y mettra, vous verrez la beauté de l'Eglise, parce que vous verrez l'Eglise vraiment unie, telle que Dieu la veut, telle que les hommes parfois en rêvent.

Ce n'est pas une utopie ; c'est le monde que nous sommes appelés à construire à la suite de Jésus, mort et ressuscité pour qu'advienne ce jour nouveau où tous seront en Dieu, vivants de lui et de sa Parole. AMEN.


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