Invités au repas des noces !
Qui a dit que la religion était quelque chose de triste ? Il est vrai qu’on pourrait le penser si on s’en tenait simplement au discours un peu traditionnel sur les efforts à faire, sur notre indignité quasi permanente. Mais à lire de près les textes bibliques, une telle affirmation ne tient plus la route.
Isaïe décrit, dans la première lecture que nous avons entendue, le retour du Seigneur à la fin des temps comme un grand jour de joie, un jour de réjouissance où nous serons tous invités à un repas, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. La joie sera présente car la mort sera détruite pour toujours. Bref, ce qu’annonce Isaïe, c’est déjà le paradis. Nous verrons Dieu face-à-face, il nous donnera le salut, il nous invitera à son festin. Pas le temps d’être triste ! Le Dieu qu’annonce Isaïe est le Dieu qui rend le bonheur à son peuple.
Jésus n’annonce pas quelqu’un d’autre lorsqu’il commence sa prédication. Pour lui, Dieu, son père, se veut le Père de tous les hommes et le Sauveur de tous les hommes. Il est celui qui invite les hommes à marcher à la suite de Jésus pour parvenir au festin du Royaume.
Lorsque l’on parcourt les évangiles, l’image du festin est bien présente. Pour n’en citer qu’un : Jésus laisse son mémorial, c’est-à-dire l’acte par lequel on le rendra présent pour la suite des temps, au cours d’un repas, ce repas auquel nous participons maintenant et qui est déjà une anticipation de ce repas auquel nous serons invités au terme de notre vie. Il est donc normal que Jésus parle du Royaume qui nous est promis comme d’un grand festin, un jour de grande joie pour tous les peuples. Mais Jésus veut aussi et surtout nous rendre attentif à notre attitude vis-à-vis de l’invitation à venir à ce festin.
La double parabole de Jésus se passe presque de commentaire. Qui ne l’a jamais entendu ? Un roi marie son fils. Il a invité beaucoup de monde et lorsque tout est enfin prêt, il envoie chercher les convives. Stupeur ! Ceux-là ne viennent pas. Ils ont tous mieux à faire. Certains vont même jusqu’à tuer les envoyés. Voilà un mariage qui vire au cauchemar, et pour une fois ce n’est pas la faute du couple ! Le roi fait périr les meurtriers et remplace les invités défaillants par celles et ceux qui veulent bien venir, celles et ceux à qui on ne pense jamais, les bons comme les mauvais. La fête est prévue, la fête aura lieu. Ici s’arrête la première parabole. Elle vient nous redire que nous sommes tous invités, qu’il n’y a pas d’exclusive, pas de gens « pas assez bien » pour venir. Cette histoire vient aussi nous rappeler que si l’invitation est bien faite et bien transmise, la réponse ne dépend, quant à elle, que de nous. Personne n’est obligé de venir. L’appel de Dieu n’est bien qu’une invitation : nous restons libres de répondre favorablement ou de décliner l’invitation. C’est à nous de savoir s’il y a quelque chose ou quelqu’un de plus important que Dieu dans notre vie. C’est à nous de savoir si ce rendez-vous d’amour est vital ou optionnel. C’est à nous de savoir et de dire clairement si, oui ou non, Dieu a une place dans notre vie, et quelle place ? Est-il le « premier servi » ou n’est-il qu’un gris-gris ou qu’un paratonnerre en cas de difficulté ? Ceux qui ne viennent pas ne sont pas condamnés parce qu’ils ne viennent pas : ils s’excluent eux-mêmes ! Ceux qui sont condamnés, le sont parce qu’ils ont maltraité les envoyés, et, non contents d’être sourds aux appels de Dieu, parce qu’’ils veulent en plus lui apprendre qui est le patron !
Cette première histoire a une suite, ou plutôt Matthieu y rajoute cette autre histoire d’un roi qui entre dans la salle du festin et qui regarde ses convives. Dans le lot, il en aperçoit un qui est venu sans vêtement de fête. Il l’interroge à ce sujet, mais l’autre ne répond pas. Il est renvoyé de la fête, jeté dehors, dans les ténèbres.
La juxtaposition des deux histoires peut surprendre. En effet, le roi ayant choisi de remplacer les premiers invités par n’importe qui, comment peut-il maintenant s’offusquer de ce qu’un de ces invités de dernière minute ne porte pas le vêtement adéquat ? Là encore, nous sommes renvoyés à notre manière de répondre à l’appel de Dieu. Parmi ceux qui répondent, il y a ceux qui sont heureux de cette invitation et qui vont se préparer pour l’événement. Même invités tardivement, ils ont le temps de respecter les usages et de revêtir les plus beaux vêtements pour faire la fête. Et il y a celui qui vient, parce que la porte était ouverte, sans trop savoir, sans trop se soucier des usages : j’ai vu de la lumière et je suis entré. A celui-là, Jésus rappelle qu’il ne suffit pas d’être invité pour entrer : il faut encore se montrer à la hauteur, se montrer prêt ! Comment répondons-nous à l’invitation qui nous est faite chaque dimanche de participer au festin du Seigneur ? Venons-nous par habitude, parce que la cloche a sonné et que la porte était ouverte ? Ou prenons-nous le temps de nous préparer à ce rendez-vous particulier avec Dieu en prenant connaissance des textes que nous entendrons, en prenant le temps de faire le point avec un prêtre de ce qu’est notre vie, en invitant telle personne à se joindre à nous, en étant heureux tout simplement de nous retrouver ensemble, pour chanter et prier ? Avons-nous toujours le vêtement de fête sur nous et en nous lorsque nous franchissons les portes de ce lieu où Dieu nous attend ?
Invités au repas que Dieu nous offre semaine après semaine, prenons le temps de nous y préparer comme nous le faisons lorsque nous participons à une fête profane. Mettons tout notre cœur à participer à cette rencontre : elle deviendra alors le lieu d’une véritable joie, promesse de cette joie sans fin que nous vivrons avec nos frères, dans le Royaume de Dieu. Quelle fête se sera ! Quelle joie nous connaîtrons ! AMEN.
(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)
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