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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 30 juin 2012

13ème dimanche ordinaire B - 01er juillet 2012

Dieu n'a pas fait la mort !



Dieu n’a pas fait la mort. Cette affirmation de l’auteur du livre de la Sagesse nous place d’emblée au cœur de la foi judéo-chrétienne qui n’a de cesse de nous présenter l’alliance entre Dieu et l’humanité. Oui, Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. Le Dieu auquel nous croyons est le Dieu de l’Alliance, le Dieu de la vie, le Dieu, source de toute vie.

Certes, dès le livre de la Genèse, nous voyons le Mal et la Mort entraver la vie de l’homme. Mais ce n’est pas du fait de Dieu. C’est du fait de l’homme qui préfère entrer en défiance de Dieu plutôt qu’en alliance avec lui. C’est du fait de l’homme qui préfère écouter la voix du Diviseur, la voix du Père du Mensonge qui travestit la Parole de Dieu et entraîne l’homme à douter de Dieu et à poser des actes en contradiction avec l’Alliance. C’est par l’homme que le Mal et la Mort sont entrés dans le monde. Dieu, lui, avait créé l’homme pour la vie, pour la vie marquée du sceau de l’éternité, pour une existence impérissable, pour reprendre le livre de la Sagesse.

Lorsque des siècles plus tard, Dieu envoie son Fils Jésus au milieu des hommes, c’est bien pour les rétablir dans cette vie ; c’est bien pour les libérer du Mal et de la Mort ; c’est bien pour refaire alliance avec l’humanité. Quand Jésus offre sa vie sur la croix, c’est pour provoquer la Mort sur son propre terrain et la vaincre définitivement. En Jésus, mort sur la croix, c’est la Mort elle-même qui est mise à mort. Le double signe de la femme guérie et de l’enfant réveillée du sommeil de la mort en atteste bien avant l’événement de la Pâques.

Une grande foule entoure Jésus, si bien qu’elle l’écrasait. Une femme malade depuis douze ans, pour qui les médecins n’avaient trouvé aucun remède, une femme anonyme, semble voler sa guérison. Elle se dit qu’en touchant le bord de son vêtement, elle serait guérie. Elle reconnaît en Jésus une puissance de vie telle qu’elle ne peut exister qu’en Dieu. Sa foi, même si elle nous semble magique voire superstitieuse, lui vaut sa guérison. A peine est-elle guérie, que Jésus sent qu’une force était sortie de lui. On ne vole pas la vie, on la reçoit. Et Jésus se met en quête de celle qui a bénéficié de ce don. Il atteste la guérison de la femme. Dieu n’a pas fait la mort, Dieu ne veut pas que l’homme soit soumis à des forces qui s’opposent à la vie. En Jésus, il vient libérer l’homme de tout Mal ; cette guérison en atteste.

Il a fallu à cette femme beaucoup de foi pour se précipiter ainsi vers Jésus, de même qu’il en a fallu à Jaïre, dont la petite fille est à toute extrémité. Il attend de Jésus un geste (une imposition des mains) pour que sa fille soit sauvée et qu’elle vive. Il lui a fallu plus de foi encore pour se laisser entraîner par Jésus vers la chambre où repose sa fille alors que tous se moquent de Jésus lorsqu’il affirme qu’elle n’est pas morte : elle dort. Dieu n’a pas fait la mort, et Jésus réveille cette enfant pour manifester sa puissance sur la mort elle-même. Il annonce ainsi ce que ses disciples découvriront au matin de Pâques : il est Le Vivant pour tous ceux qui croient en lui. Ils comprendront mieux alors les paroles de Jésus sur la coupe de vin au soir du Jeudi Saint, paroles que nous redisons en chacune de nos eucharisties : Prenez et buvez, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’alliance nouvelle et éternelle qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Tout ce que l’homme est capable de faire de mal, tout ce qui peut conduire l’homme à la Mort, est annihilé par ce sang de Jésus versé pour tous ceux qui croient en lui. Le Mal et la Mort s’effacent devant Jésus et sa puissance.

Dieu n’a pas fait la mort. Dieu veut une alliance éternelle, une alliance nouvelle scellée dans le sang de son Fils, pour que l’homme puisse désormais vivre de la vie-même de Dieu. Laissons-là notre défiance vis-à-vis de Dieu ; entrons dans son Alliance et nous vivrons d’une vie qui ne finira jamais ; entrons dans son Alliance, et rien, ni personne, ne pourra plus nous séparer de Dieu et du don de la vie qu’il nous fait, aujourd’hui et pour toute éternité. Amen.


(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)

jeudi 21 juin 2012

Nativité de Jean le Baptiste - 24 juin 2012

Que sera donc cet enfant ?

La question est sans doute légitime au sujet de ce petit Jean quand on connaît les circonstances de la naissance : parents très âgés, mère stérile, moyens médicaux peu voire pas évolués. A une époque où l’on manipule joyeusement les codes génétiques, à une époque où il est courant d’avoir recours à des moyens artificiels pour faire advenir le miracle de la vie, cette naissance de Jean peut sembler banale, sans histoire. Ce serait pourtant une grave erreur de n’y voir que le fruit d’une succession de hasard et d’éluder ainsi la question posée par le voisinage. Jean est un don de Dieu à une famille qui ne l’attendait plus : Jean est un don de Dieu à un peuple qui ne l’attendait pas encore !

La naissance extra-ordinaire de ce petit d’homme est clairement reçue par les gens de l’époque comme un don de Dieu. Comment une femme stérile, âgée de surcroît, a pu enfanter, ne peut relever que de la bienveillance de Dieu à son égard. Les manifestations annexes (le père qui devient muet lorsque l’ange lui annonce que sa femme enfantera un fils ; le père qui retrouve l’usage de la parole au moment où, donnant à l’enfant le nom révélé par Dieu, il entre enfin dans le projet de Dieu) viennent renforcer cette vérité : cet enfant ne sera pas comme les autres car cet enfant a été choisi et voulu par Dieu. La question : Que sera donc cet enfant ? prend alors tout son sens. En effet, devant tant de manifestations de la gloire de Dieu, on peut s’interroger sur le pourquoi de cette naissance. Qu’est-ce que Dieu a en tête lorsqu’il appelle à la vie son serviteur ? Qu’est-ce qu’il veut nous dire ou nous faire comprendre ? On pourrait tout aussi légitimement s’interroger au sujet des parents : qu’ont-ils fait pour mériter ainsi la bienveillance du Très-Haut ? Qu’ont-ils de plus que les autres couples, âgés, stériles, qui auraient tant voulu croire au miracle de la vie ? Sans doute n’ont-ils rien de plus que les autres : en tout cas, l’histoire ne le dit pas ! Ils ont juste pour eux cette foi qui les fait entrer dans le projet de Dieu ; ils ont juste pour eux d’avoir été choisis par Dieu pour participer, à leur manière, au projet de salut de Dieu. Il fallait un signe fort (une femme âgée, stérile qui donne la vie) pour faire réfléchir les hommes. Il fallait un signe fort pour faire comprendre que Dieu vit avec les hommes, prend soin d’eux et intervient au moment voulu lorsqu’il trouve des serviteurs aptes à répondre à son appel. En appelant Jean le Baptiste à la vie, Dieu se donne un serviteur capable d’entrer dans son projet. Il met, petit à petit, en place les pièces nécessaires à la réalisation de son projet de salut. Une naissance extra-ordinaire pour un destin extra-ordinaire ! Jean est donné par Dieu à ses parents ; Jean est donné par Dieu à son peuple.

Ceci est bien clair : lorsque Dieu suscite ainsi un serviteur fidèle, ce n’est pas seulement en récompense de bons et loyaux services. Lorsque Dieu suscite un serviteur, c’est avant tout pour faire aboutir son projet de salut ; c’est pour rappeler aux hommes son alliance de toujours. Ainsi Jean, nous le savons aujourd’hui, est une pièce maîtresse de cette œuvre de salut. Il est celui qui vient ouvrir la route au serviteur véritable, grand prêtre unique et vrai : Jésus le Christ ! Il est impensable aujourd’hui de parler de Jean sans parler de Jésus. L’un ne va pas sans l’autre. Jean est celui qui va révéler Jésus aux hommes : Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ! Ou encore : Je ne suis pas le Messie ; mais le voici qui vient derrière moi et je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales ! Voilà bien la mission de Jean auprès de son peuple : être celui qui a la lourde charge d’ouvrir les yeux et les cœurs pour qu’ils puissent reconnaître et accueillir le Messie. Etre celui qui va permettre aux hommes d’entrer dans ce projet de salut et de connaître le Messie de Dieu de manière personnelle. Toute la fête de ce jour nous tourne ainsi vers le Christ, celui qui est présent en germe dans l’avènement de Jean. La longue prière de louange de Zacharie lorsqu’il retrouve l’usage de la parole, que la liturgie nous a malheureusement coupée, oriente ainsi notre regard et notre cœur vers l’avènement du Messie véritable. Ce père, comblé dans ces vieux jours, chante la mission de révélateur de son fils et annonce la venue du Christ, lumière de Dieu pour éclairer toutes les nations.

En célébrant la Noël d’été, il nous faut nous tourner déjà vers ce mystère plus grand encore du Dieu fait homme, du Dieu tellement amoureux de son peuple, qu’il ira jusqu’à devenir l’un de nous en Jésus pour mieux nous indiquer la route du salut. Aujourd’hui, réjouissons-nous de la naissance de Jean : elle marque un nouveau départ sur la route qui mène au salut. Que Jean le Baptiste, qui a montré à ses disciples le Messie véritable, soit aujourd’hui celui qui oriente notre regard et notre cœur vers le véritable sauveur, Jésus le Christ ! Ainsi nous pourrons nous préparer à l’accueillir, à l’aimer et à le suivre. AMEN.

vendredi 15 juin 2012

11ème dimanche ordinaire B - 17 juin 2012

Apprendre la confiance.



Faire confiance, avoir confiance, être digne de confiance : voilà bien des qualités nécessaires dans nos relations humaines. Nous ne pourrions pas bâtir des amitiés sûres et fortes sans cette primordiale confiance. En fait, pour moi, aucune relation vraie n’est possible sans confiance. Ce qui est vrai de nos relations humaines, est vrai aussi de notre relation à Dieu. Nous devons apprendre à lui faire confiance parce que lui nous fait confiance.


Oui, Dieu nous fait confiance ! Malgré nos faiblesses, malgré le péché qui souvent entrave notre vie, il nous fait confiance. Dieu ne nous aimerait pas d’un amour parfait sans cette confiance donnée à priori. Lorsqu’il a choisi de faire alliance avec l’humanité, il l’a fait sans attendre de preuve de notre fidélité, sans attendre de preuve de notre amour. Il nous a proposé une alliance, il s’est engagé envers nous, une fois pour toutes. Cela était vrai hier avec le peuple de la première alliance ; cela reste vrai aujourd’hui, chaque fois que nous célébrons un baptême, par exemple. Dieu fait confiance à celui qu’il adopte comme fils ou fille ! Il n’attend pas que nous démontrions d’abord notre amour. Il nous adopte et nous invite ensuite à vivre comme ses enfants. Dieu doit vraiment avoir foi en l’homme pour agir ainsi, pour recommencer sans cesse à faire confiance à l’homme, alors que celui-ci trahit et renie si souvent. Dieu nous fait confiance, il nous apprend la confiance.

Lorsque Paul s’adresse aux chrétiens de Corinthe, il affirme sa confiance en Dieu. Parce que si Dieu nous fait confiance, nous devons aussi apprendre à lui faire confiance. Les promesses qu’il nous a fait, il les tiendra. Même si, pour l’instant, nous avons l’impression d’être en exil loin de lui, un jour nous le verrons face à face, un jour nous vivrons pour toujours auprès de lui. Nous pouvons affronter les épreuves d’une vie humaine avec cette certitude que nous ne sommes pas seuls, avec cette certitude que nous pouvons en sortir vainqueurs puisque le Christ a vaincu tous les obstacles qui s’élevaient entre Dieu et nous, y compris la Mort et le Péché. La confiance en Dieu de Paul s’appuie sur l’expérience de sa foi et vient renforcer toujours son espérance.

N’est-ce pas à la confiance que nous invite Jésus dans l’Evangile quand il parle du règne de Dieu ? Il nous faut faire confiance et croire que le règne de Dieu grandit, mystérieusement, malgré les moments difficiles d’une vie. Il n’a peut-être l’air de rien, le règne de Dieu ; il est peut-être comme la plus petite des graines, mais il grandit, avec patience et ténacité, jusqu’à devenir la plus grande des plantes, jusqu’à envahir notre vie et la transformer pour que nous devenions capables de plaire au Seigneur en toutes choses.

Faire confiance à Dieu, c’est accepter de nous déposséder ; c’est accepter de croire que tout dépend de lui et qu’il fera ce qu’il a promis pour que l’homme vive, et qu’il vive libre et heureux. Faire confiance à Dieu, c’est croire qu’il m’a donné les capacités nécessaires pour accomplir ce qu’il attend de moi. Faire confiance à Dieu, c’est le laisser mener la barque de ma vie, non sans rien faire, mais en me tenant prêt à remplir la part qui me revient, en synergie avec lui. Il n’y a pas de foi possible sans cette confiance absolue en Dieu, Maître du temps et de l’histoire. Apprenons à toujours plus lui faire confiance ; apprenons aussi à toujours plus être digne de sa confiance. Et nous verrons le règne de Dieu grandir et s’étendre jusqu’à ce que tous les hommes puissent se reposer à son ombre. N’est-ce pas cela que nous devons espérer ? N’est-ce pas à cela que nous devons travailler ?

Pour nous aider à grandir dans cette nécessaire confiance, nous pouvons reprendre et méditer l’oraison de ce onzième dimanche : Dieu tout-puissant, force de ceux qui espèrent en toi, sois favorable à nos appels : puisque l’homme est fragile et que sans toi il ne peut rien, donne-nous toujours le secours de ta grâce, ainsi nous pourrons, en observant tes commandements, vouloir et agir de manière à répondre à ton amour. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

(Dessin de Coolus, Blog du Lapin bleu)

samedi 9 juin 2012

Fête du Corps et du Sang du Christ - 10 juin 2012

L’Eucharistie fait l’Eglise et l’Eglise fait l’Eucharistie.



Toutes les paroles que le Seigneur nous a dites, nous les mettrons en pratique ! Combien de fois Moïse a-t-il entendu le peuple faire cette promesse ? Je n’ai pas compté, cela revient sans cesse ! Combien de fois Moïse a-t-il déchanté ? Je n’ai pas compté, mais quand je sais que l’inconstance du peuple lui a valut de traîner quarante années dans le désert, je me dis que cela fait un paquet de fois. Je ne sais s’il faut plaindre le peuple, Moïse ou Dieu lui-même. Mais je sais que je ne suis pas différent d’eux. Et vous non plus ! Nous sommes de ce peuple que Dieu s’est donné, nous sommes de ce peuple que Dieu a libéré, nous sommes de ce peuple qui a reçu la Loi de Dieu, nous sommes de ce peuple qui dit sans cesse : Toutes les paroles que le Seigneur nous a dites, nous les mettrons en pratique ! Chrétiens d’aujourd’hui, nous ne sommes pas différents de ce peuple d’hier, sauvé par Dieu, en route vers la terre promise. Notre terre promise, c’est le Royaume où Dieu nous attend. La loi qu’il nous a donnée, c’est le Christ, parole vivante du Père que nous devons suivre pour parvenir où Dieu nous attend.

Ces paroles que Dieu nous dit en Jésus sont renforcées par cet autre don qu’il nous fait, toujours en Jésus : le don de l’Eucharistie, le don du Corps et du Sang du Christ devenu nourriture de salut éternel pour nous. C’est ce don que nous célébrons aujourd’hui. Vous me direz : nous le célébrions déjà au soir du jeudi saint. Cela est vrai ; mais le jeudi saint nous recevions ce don pour la première fois. Nous l’accueillions alors comme la promesse du salut et le signe de la permanente présence de Jésus, Christ et Seigneur, au milieu de nous. Aujourd’hui, nous sommes invités à accueillir ce don, forts de toute l’expérience pascale, forts de notre libération du mal et du péché : et nous sommes comme provoqués à oser dire publiquement ce que ce don reçu jadis, au soir du Jeudi Saint, réalise en nous et comment ce don, enrichi de la grâce pascale, nous fait bien vivre.

La fête du Corps et du Sang du Christ n’est pas une fête eucharistique de plus ; elle est LA fête qui me permet de comprendre en quoi ce don est vital pour moi. Un ancien le disait : l’Eucharistie fait l’Eglise et l’Eglise fait l’Eucharistie. Il y a un lien unique entre nous, communauté rassemblée, convoquée par Dieu, et ce sacrement de la présence réelle du Christ. L’Eucharistie fait l’Eglise parce que c’est bien ce don qui construit petit à petit le corps unique du Christ rassemblé pour la louange de Dieu. Si l’Eucharistie n’est plus célébrée, l’Eglise disparaît. D’où l’importance, à l’heure où les communautés de paroisses sont établies, à inviter à des eucharisties communes, plusieurs fois par an. Car j’ai la conviction profonde que si les paroisses appelées à faire communauté ne célèbrent pas ensemble, elles ne grandiront pas ensemble, elles ne se construiront pas de conscience commune. Seule l’Eucharistie, célébrée avec respect et amour, peut réaliser ce que les cœurs et les esprits ne veulent quelquefois pas admettre : Dieu les convoque à vivre désormais ensemble. Il est quand même révélateur que ceux qui justement refusent la communauté de paroisses soient ceux-là même que nous ne voyons jamais dans les rassemblements communs. L’Eucharistie fait l’Eglise, et s’éloigner de la table eucharistique de chez nous, c’est s’éloigner de l’Eglise de chez nous. Certes je peux célébrer ailleurs, mais alors je fais communauté ailleurs et je laisse la communauté que j’ai abandonnée vivre sa vie, sans m’en mêler davantage.

Si l’Eucharistie fait l’Eglise, l’Eglise fait l’Eucharistie. C’est à elle que le Christ a confié ce trésor qui nous garantit sa présence. Je ne fais pas l’Eucharistie dans mon coin, même si je suis prêtre. Je la fais nécessairement en Eglise, c’est-à-dire en communion avec elle et avec les ministres qu’elle se donne, qu’elle nous donne, pour présider à ce sacrement. Si je ne suis pas en communion avec elle, avec ceux qui succèdent aux Apôtres, si je ne suis pas davantage en communion avec les frères et sœurs qui la célèbrent avec moi, je m’abstiens alors de communier. Car lorsque je communie, je ne suis pas seulement en communion avec mon doux Jésus, mais avec tous ceux et toutes celles qu’il a appelés en Eglise avec moi. Je ne peux réellement faire l’Eucharistie que si je suis de cette Eglise, sainte parce qu’appelée et fondée par le Christ, mais pécheresse parce que composée d’humains, faillibles comme moi. L’Eglise fait l’Eucharistie parce qu’il lui revient de rendre le Christ présent au monde de notre temps. Si chaque membre de l’Eglise n’annonce plus le Christ, si chaque membre de l’Eglise estime qu’il ne lui est pas ou plus nécessaire de répondre favorablement à la convocation du dimanche, comment l’Eglise continuera-t-elle de faire l’Eucharistie ? Si chaque membre de l’Eglise ne se sent pas concerné par la vie de ses prêtres, comment l’Eglise continuera-t-elle à faire l’Eucharistie ? Si chaque membre de l’Eglise ne se sent pas concerné par les vocations, comment l’Eglise continuera-t-elle de faire l’Eucharistie ? Il est quand même révélateur que ceux qui ne communient jamais soient ceux-là même qui jamais ne s’investissent dans la vie d’une communauté, même si un membre de leur famille est concerné ! L’Eglise fait l’Eucharistie, et ne pas prendre sa place, même modeste et humble dans la communauté, conduit souvent, lentement mais sûrement, à s’éloigner de la table eucharistique.

La fête du Corps et du Sang du Christ devrait nous inciter à réfléchir à notre sens de l’Eglise. Y a-t-il meilleur jour que celui-là pour évaluer ce que nous vivons et pour nous demander ce que nous voulons vivre encore ? Y a-t-il meilleur jour que celui-là pour que chacun réfléchisse à ce qu’il veut faire de son appartenance à l’Eglise ? Y a-t-il meilleur jour que celui-là pour que chacun s’interroge sur sa participation à l’Eucharistie comme un signe de sa participation à une communauté ? Y a-t-il meilleur jour que celui-là pour que chacun s’interroge sur sa participation à la vie de la communauté comme signe d’une vie véritablement eucharistique ? Je ne crois pas. C’est aujourd’hui ou jamais que, dans votre cœur, doit se renforcer le sentiment d’appartenir à une même communauté de destin. C’est aujourd’hui ou jamais que vous devez accepter de faire encore Eglise pour faire toujours l’Eucharistie en vérité. Amen.


(Dessin de Jean-François KIEFFER, Mille images d'Eglise, éd. Les Presses d'Ile de France)

samedi 2 juin 2012

Fête de la Très Sainte Trinité B - 03 juin 2012

Qui est Dieu pour nous ?



Qui est Dieu pour nous ? C’est à cette question que nous oblige à réfléchir la fête de la Trinité, fête du Dieu Un en Trois personnes. Et les textes que nous venons d’entendre nous donnent, chacun, une réponse différente mais complémentaire des autres. Le Dieu des chrétiens est comme un diamant : plusieurs facettes qui chacune apporte quelque chose à la beauté du tout.

Qui est Dieu pour nous ? La question n’est pas nouvelle. Cela fait des siècles que l’humanité s’interroge ainsi. Certains en sont venus à rejeter toute idée de Dieu. D’autres en ont fait une espèce de conglomérat, regroupant tout et n’importe quoi, un Dieu à mesure d’homme. Or le Dieu des chrétiens, le Dieu qui se révèle dans la Bible, attend un homme à la mesure de Dieu.

Qui est Dieu pour nous ? Moïse répond à cette question en nous renvoyant à notre expérience, à notre histoire. Interroge les temps anciens qui t’ont précédé ! Ainsi donc, nous pouvons approcher Dieu en scrutant notre passé, y découvrant comment Dieu est intervenu dans cette histoire, comment il s’est révélé aux hommes. Ce que Moïse souligne particulièrement, c’est que Dieu s’est engagé dans l’histoire des hommes pour les appeler à la vie, à plus de vie. S’il s’est choisi un peuple particulier, s’il l’a sorti à bras fort d’Egypte où il était esclave, c’est d’abord pour que ce peuple vive. Et s’il a donné une Loi, c’est encore pour que les hommes connaissent bonheur et longue vie sur la terre que donne le Seigneur.
Ce que Moïse dit de Dieu au peuple rassemblé, nous pouvons le dire nous aussi. Notre Dieu est celui qui appelle à la vie, sans cesse. Lorsque nous célébrons le sacrement du baptême, nous ne disons pas autre chose. Des parents viennent rendre grâce à Dieu pour la naissance de leur enfant. Ils viennent lui confier leur enfant et l’ouvrir à la vie nouvelle que Dieu propose à ceux et celles qui croient en lui. Ils le font entrer ainsi dans ce grand peuple que Dieu se constitue depuis les origines.

Qui est Dieu pour nous ? Jésus a passé sa vie et sa mort à expliquer aux hommes qui est Dieu pour eux. Ses actes et ses paroles sont le témoignage que le Dieu qui appelle à la vie est aussi le Dieu qui ouvre un chemin de vie. Des béatitudes à la mort en croix, en passant par les multiples guérisons et le don de la Loi nouvelle, Jésus ouvre un passage de vie à tous ceux qui l’écoutent. Il vient libérer les hommes du Mal et du péché qui les empêchent d’accéder au vrai bonheur ; par sa mort et sa résurrection, il ouvre à tous les hommes une nouvelle espérance : puisqu’il vit, nous vivrons. Seule condition : suivre le chemin de vie proposé : l’observance de sa Loi d’amour.
Lorsque nous recevons le baptême, c’est bien sur le chemin de la Vie que nous sommes placés. Un chemin qui nous mène à la sainteté, c’est-à-dire à une ressemblance parfaite avec Dieu. Etre baptisé, c’est croire que Jésus nous ouvre à la vie éternelle par sa mort et sa résurrection, à laquelle nous participons par notre passage dans les eaux baptismales. Etre baptisé, c’est aussi vivre en Christ, avec le Christ, pour le Christ. C’est faire passer dans toute notre vie les commandements que le Christ nous a laissé, pour que nous puissions répondre au mieux à l’appel à vivre que Dieu, son Père et notre Père, ne cesse de nous adresser. Etre baptisé, c’est comprendre aussi que je ne suis pas seul ; autour de moi, avec moi, il y a tous ceux que Dieu appelle à lui être unis en Christ. Ils sont mon chemin vers Dieu.

Qui est Dieu pour nous ? Paul répond : il est celui qui change notre vie. Il a expérimenté cela lui-même lors de sa rencontre avec le Ressuscité sur le chemin de Damas. Mais il en fait surtout l’expérience chaque fois qu’il voit l’Esprit à l’œuvre dans les communautés qu’il a fondées. Il en est convaincu : Dieu change la vie parce qu’il rend vraiment libre. Son Esprit, reçu au baptême, nous entraîne à reconnaître Dieu comme notre Père, faisant de nous les héritiers du Père avec le Christ. Le Christ était souverainement libre en marchant vers sa mort ; nous devenons, par l’Esprit que Dieu nous donne, souverainement libres à notre tour, capables de résister au Mal et de suivre le Christ sur le chemin de l’amour qu’il nous a proposé.
Cet Esprit est en nous depuis notre baptême et nous le recevons en plénitude dans le sacrement de la confirmation. Il est la présence de Dieu au cœur de notre vie ; il est l’amour qui unit le Père et le Fils ; il est l’amour qui nous unit au Christ. Il est celui qui nous permet de vivre selon les engagements du baptême. Tout baptisé devient ainsi un porteur du Christ, un témoin de son amour, un fils du Père éternel.

Qui est Dieu pour nous ? Il est le Père qui nous appelle à la vie, il est le Fils qui nous montre le chemin de la vie véritable, il est l’Esprit qui transforme notre vie pour qu’elle ressemble toujours plus à la vie de Dieu : une vie d’amour, d’amour offert à tous, gratuitement. Que le baptême qui nous identifie au Christ et l’eucharistie qui nous nourrit du Christ nous permettent d’approcher toujours mieux ce grand mystère. Amen.

(Dessin de Jean-François KIEFFER, Mille images d'Evangile, éd. Les Presses d'Ile de France)