Que sera donc cet enfant ?
La question est sans doute légitime au sujet de ce petit Jean quand on connaît les circonstances de la naissance : parents très âgés, mère stérile, moyens médicaux peu voire pas évolués. A une époque où l’on manipule joyeusement les codes génétiques, à une époque où il est courant d’avoir recours à des moyens artificiels pour faire advenir le miracle de la vie, cette naissance de Jean peut sembler banale, sans histoire. Ce serait pourtant une grave erreur de n’y voir que le fruit d’une succession de hasard et d’éluder ainsi la question posée par le voisinage. Jean est un don de Dieu à une famille qui ne l’attendait plus : Jean est un don de Dieu à un peuple qui ne l’attendait pas encore !
La naissance extra-ordinaire de ce petit d’homme est clairement reçue par les gens de l’époque comme un don de Dieu. Comment une femme stérile, âgée de surcroît, a pu enfanter, ne peut relever que de la bienveillance de Dieu à son égard. Les manifestations annexes (le père qui devient muet lorsque l’ange lui annonce que sa femme enfantera un fils ; le père qui retrouve l’usage de la parole au moment où, donnant à l’enfant le nom révélé par Dieu, il entre enfin dans le projet de Dieu) viennent renforcer cette vérité : cet enfant ne sera pas comme les autres car cet enfant a été choisi et voulu par Dieu. La question : Que sera donc cet enfant ? prend alors tout son sens. En effet, devant tant de manifestations de la gloire de Dieu, on peut s’interroger sur le pourquoi de cette naissance. Qu’est-ce que Dieu a en tête lorsqu’il appelle à la vie son serviteur ? Qu’est-ce qu’il veut nous dire ou nous faire comprendre ? On pourrait tout aussi légitimement s’interroger au sujet des parents : qu’ont-ils fait pour mériter ainsi la bienveillance du Très-Haut ? Qu’ont-ils de plus que les autres couples, âgés, stériles, qui auraient tant voulu croire au miracle de la vie ? Sans doute n’ont-ils rien de plus que les autres : en tout cas, l’histoire ne le dit pas ! Ils ont juste pour eux cette foi qui les fait entrer dans le projet de Dieu ; ils ont juste pour eux d’avoir été choisis par Dieu pour participer, à leur manière, au projet de salut de Dieu. Il fallait un signe fort (une femme âgée, stérile qui donne la vie) pour faire réfléchir les hommes. Il fallait un signe fort pour faire comprendre que Dieu vit avec les hommes, prend soin d’eux et intervient au moment voulu lorsqu’il trouve des serviteurs aptes à répondre à son appel. En appelant Jean le Baptiste à la vie, Dieu se donne un serviteur capable d’entrer dans son projet. Il met, petit à petit, en place les pièces nécessaires à la réalisation de son projet de salut. Une naissance extra-ordinaire pour un destin extra-ordinaire ! Jean est donné par Dieu à ses parents ; Jean est donné par Dieu à son peuple.
Ceci est bien clair : lorsque Dieu suscite ainsi un serviteur fidèle, ce n’est pas seulement en récompense de bons et loyaux services. Lorsque Dieu suscite un serviteur, c’est avant tout pour faire aboutir son projet de salut ; c’est pour rappeler aux hommes son alliance de toujours. Ainsi Jean, nous le savons aujourd’hui, est une pièce maîtresse de cette œuvre de salut. Il est celui qui vient ouvrir la route au serviteur véritable, grand prêtre unique et vrai : Jésus le Christ ! Il est impensable aujourd’hui de parler de Jean sans parler de Jésus. L’un ne va pas sans l’autre. Jean est celui qui va révéler Jésus aux hommes : Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ! Ou encore : Je ne suis pas le Messie ; mais le voici qui vient derrière moi et je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales ! Voilà bien la mission de Jean auprès de son peuple : être celui qui a la lourde charge d’ouvrir les yeux et les cœurs pour qu’ils puissent reconnaître et accueillir le Messie. Etre celui qui va permettre aux hommes d’entrer dans ce projet de salut et de connaître le Messie de Dieu de manière personnelle. Toute la fête de ce jour nous tourne ainsi vers le Christ, celui qui est présent en germe dans l’avènement de Jean. La longue prière de louange de Zacharie lorsqu’il retrouve l’usage de la parole, que la liturgie nous a malheureusement coupée, oriente ainsi notre regard et notre cœur vers l’avènement du Messie véritable. Ce père, comblé dans ces vieux jours, chante la mission de révélateur de son fils et annonce la venue du Christ, lumière de Dieu pour éclairer toutes les nations.
En célébrant la Noël d’été, il nous faut nous tourner déjà vers ce mystère plus grand encore du Dieu fait homme, du Dieu tellement amoureux de son peuple, qu’il ira jusqu’à devenir l’un de nous en Jésus pour mieux nous indiquer la route du salut. Aujourd’hui, réjouissons-nous de la naissance de Jean : elle marque un nouveau départ sur la route qui mène au salut. Que Jean le Baptiste, qui a montré à ses disciples le Messie véritable, soit aujourd’hui celui qui oriente notre regard et notre cœur vers le véritable sauveur, Jésus le Christ ! Ainsi nous pourrons nous préparer à l’accueillir, à l’aimer et à le suivre. AMEN.
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