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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







mercredi 31 octobre 2012

Toussaint - 01er novembre 2012

Tous ces gens vêtus de blanc, qui sont-ils, et d'où viennent-ils ?


Tous ces gens vêtus de blanc, qui sont-ils et d’où viennent-ils ? La question posée ainsi dans le Livre de l’Apocalypse mérite bien d’être reprise aujourd’hui, en cette fête de tous les saints ? Qui sont-ils, ceux que nous célébrons ?

Ils ne sont pas ceux et celles de nos familles humaines qui sont morts ; ceux-là seront célébrés demain. Ne confondons donc pas les deux célébrations, même si, dans de nombreuses paroisses, la Toussaint nous permet de faire une visite au cimetière où reposent nos proches. N’allons pas trop vite en besogne : laissons à chacun leur célébration et leur jour. Laissons surtout à Dieu le soin et le temps de se prononcer. Alors qui sont ceux que nous célébrons aujourd’hui ?

Ils sont ceux et celles de notre famille spirituelle qui sont morts et qui dont nous disons avec certitude qu’ils nous ont précédés dans la gloire du Royaume. Ils sont ceux et celles qui nous rappellent l’espérance qui est la nôtre : nous sommes faits pour vivre avec Dieu. Comme le dit l’auteur de l’Apocalypse lui-même, ils viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l’Agneau. La grande épreuve, c’est le baptême dans la mort et la résurrection de Jésus ; c’est aussi leur propre passage par la mort, à la suite du Christ. Ils sont ceux et celles qui, dans leur vie comme dans leur mort, ont été au Christ, ont fait le choix de vivre selon sa Parole. Et, nous dit le voyant de l’Apocalypse, ils sont nombreux. Je vis une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues. Ils sont de tous les temps, de tous les âges, de tous les lieux où l’Evangile a retenti. Ce n’est pas un petit peuple de privilégiés. Le Christ n’a-t-il pas livré sa vie pour tous les hommes ? N’a-t-il pas voulu entraîner l’univers entier à sa suite ? Cette foule immense témoigne de l’œuvre de la Parole de Dieu dans une vie humaine ; elle témoigne que chacun de nous peut être de cette foule.

Ceux et celles que nous célébrons en ce jour ont reconnu en Jésus, celui qui vient donner la vie aux hommes. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, en vêtements blancs, avec des palmes à la main. Et ils proclamaient d’une voix forte : « Le salut est donné par notre Dieu, lui qui est assis sur le Trône, et par l’Agneau ! » Ils ont passé la grande épreuve, et ils n’ont pas honte de reconnaître que leur vie leur vient d’un autre, le Tout-Autre. Ils ont passé la grande épreuve, et ils n’ont pas honte de proclamer haut et fort leur foi. Si le peuple des croyants les reconnaît aujourd’hui comme saints, c’est bien parce qu’ils ont toujours et partout témoigné de ce Dieu, quoi qu’il en coûte. Certains ont subi la mort à cause de leur fidélité au Christ. D’autres ont simplement vécu les exigences de la foi dans l’ordinaire d’une vie, qu’elle soit religieuse ou familiale. Nul ne peut dénombrer cette foule parce que nul ne peut dire combien, jusqu’à ce jour, ont vécu ainsi, dans la fidélité à leur foi.

Les béatitudes que nous proclamons à chaque Toussaint, sont pour beaucoup un texte de référence. Notre monde est moins égoïste qu’il n’y paraît ; notre monde est moins individualiste qu’on ne le dit. Ils sont nombreux, ceux qui pensent que l’autre est plus important, que son bonheur conditionne le mien. Ils sont nombreux, ceux qui vivent l’esprit des Béatitudes, plaçant le frère au cœur de leur préoccupation. Ils sont nombreux, et nous en sommes, peut-être ! Nous en sommes assurément, si nous prenons notre foi au sérieux. Comment, à la suite de cette foule immense, ne pourrions-nous pas poursuivre l’œuvre du Christ, et témoigner dans notre propre quotidien, de la place de Dieu et de la place du frère ?

Alors qui sont-ils, ceux et celles que nous célébrons ? Ils sont des hommes et des femmes ordinaires, qui ont vécu leur vie de manière à laisser transparaître la vie de Dieu. Ils sont de ceux qui nous invitent à imiter le Christ et à voir l’homme et le monde à la mesure de Dieu. S’ils sont nombreux à être fêtés aujourd’hui, c’est parce que les manières de vivre notre foi sont nombreuses et variées à travers le temps et l’Histoire, mais elles ont en commun de passer par l’unique chemin : l’Agneau de Dieu qui livre sa vie par amour. Le chemin nous est donné ; des exemples pour le parcourir nous sont montrés par les saints. Trouvons donc notre manière de le vivre, dans le monde et le temps qui sont les nôtres. Ainsi le Christ Sauveur pourra nous faire passer de la table où il nous reçoit en pèlerin aujourd’hui, au banquet préparé dans sa maison. Amen.

(Image de la revue Images pour notre paroisse, n° 239)

vendredi 26 octobre 2012

30ème dimanche ordinaire B - 28 octobre 2012

Jésus, source du salut.


Pourriez-vous me dire en un mot de quoi il est question dans les trois textes que nous avons entendus ? Que ce soit Jérémie, que ce soit l’auteur de la lettre aux Hébreux ou Marc quand il nous relate la rencontre entre Jésus et Bartimée, il n’est question ce dimanche que d’une chose : le salut ! Notre salut !

Si maintenant je vous demandais de me définir ce mot, je crois que beaucoup auraient quelques difficultés. Et pour cause : lorsque nous parlons de salut, nous pensons toujours et presque seulement à ce qui va se passer à la fin de notre vie. Nous avons appris que Jésus nous sauve de la souffrance, et pourtant des hommes et des femmes nombreux sont cloués sur un lit d’hôpital, endurant souffrances physiques ou psychiques. Nous avons appris que Jésus nous sauve du péché, et pourtant nous devons constater que nous tombons encore souvent, et qu’il est difficile de résister à l’adversaire. Alors, nous repoussons ce salut dans un lointain. Nous serons totalement sauvés à la fin des temps. Ce n’est pas faux ; mais ce n’est pas suffisant. Car s’il est vrai que nous mesurerons pleinement l’œuvre du salut lorsque nous serons réunis dans la joie de Dieu, il n’en est pas moins vrai que ce salut, c’est maintenant qu’il s’accomplit, dans l’aujourd’hui de notre vie. Souvenez-vous ce que Jésus disait à Zachée : Aujourd’hui, le salut est entré dans cette maison ! Remettez-vous en mémoire l’annonce de la fête de Noël : Aujourd’hui, nous est né un Sauveur ! Le salut n’est donc pas à repousser aux calendes grecques, faisant de lui ainsi une pseudo-récompense pour une vie de souffrance. Parler de salut ne consiste pas à dire : souffre aujourd’hui, demain tu seras sauvé ! Le salut est à annoncer et à vivre maintenant.

Si nous relisons l’extrait du livre du prophète Jérémie, c’est bien ce qui nous est dit. Le Seigneur a sauvé son peuple… Voici que je les fais revenir… que je les rassemble… Que des verbes au présent pour mieux nous dire l’actualité de l’œuvre de salut de Dieu. Malgré les nombreux péchés du peuple, malgré son éloignement, Dieu le ramène vers lui. Dieu ne supporte pas que l’homme s’en aille à sa perte. Dieu ne peut pas accepter qu’un seul de ses enfants s’égare sur des chemins de perditions. Il veille chaque jour sur chacun de ses fils, car, dit-il, je suis un Père pour Israël, Ephraïm est mon fils bien-aimé.

L’évangile de la guérison de Bartimée ne nous dit pas autre chose. A cet homme exclu de la société parce qu’aveugle, à cet homme obligé de mendier pour survivre, Jésus pose une question surprenante : Que veux-tu que je fasse pour toi ? Jésus serait-il aveugle au point de ne pas voir de quoi cet homme a besoin ? N’est-ce pas une évidence qu’il veuille voir, être comme les autres ? Pourtant, dans cette question, réside tout l’amour de Dieu pour les hommes. Toi, homme, sais-tu vraiment ce que tu attends de celui que tu nomme fils de David ? Sais-tu vraiment tout ce qu’il peut faire pour toi ? Bartimée qui laisse son manteau, son unique bien, lorsque Jésus l’appelle ; Bartimée, qui dans un cri du cœur, exprime sa demande : Que je voie ! ; Bartimée nous montre bien qu’il a compris ce que tous les autres, bien voyants, n’ont pas encore compris. Jésus est vraiment celui qui peut le sauver ici et maintenant. Jésus est bien celui qui peut faire de lui un homme à part entière, un homme qui a toute sa place dans la société à laquelle il appartient et de laquelle son handicap l’exclut. Bartimée a bien conscience que sa vie se joue dans cette rencontre unique. 

Si la question de Jésus pouvait surprendre, sa réponse à la demande de Bartimée surprend tout autant : Va, ta foi t’a sauvé. Il aurait pu lui dire : Va et vois ! Non, sa réponse est plus grande que l’attente de Bartimée. Son œuvre dépasse ce que l’homme demandait. Il voulait voir : et bien soit ! Non seulement, il verra avec ses yeux de chair, mais il verra encore mieux ce qu’il soupçonnait dans son cri : cet homme Jésus n’est pas n’importe qui : il est celui par qui le salut est entré dans le monde ; il est celui qui manifeste à l’homme dès aujourd’hui la présence paternelle et aimante de Dieu qui veut le bonheur de ses enfants et le leur offre. Bartimée nous apprend finalement une chose simple : le salut se demande, dans une prière instante, quitte à casser les oreilles aux autres. Il est pour aujourd’hui. Il ne se gagne pas, il est un don de Dieu.

Cela, l’épître aux Hébreux nous le confirme. Lorsqu’elle nous parle du grand prêtre qui offre des sacrifices pour le salut du peuple, elle nous parle d’abord de Jésus, grand prêtre par excellence. Si les grands prêtres humains qui se sont succédés ont offert des sacrifices pour les péchés du peuple et pour les leurs, Jésus, lui, ne s’est offert en sacrifice que pour les hommes. Lui, non marqué par la faiblesse et le péché, a pris sur lui tous nos péchés pour nous en débarrasser une fois pour toutes. Ce faisant, il nous ouvre largement les portes du salut, simplement, gratuitement. Le salut n’est pas à gagner à coup de bonnes actions ; le salut ne s’obtient pas plus rapidement si j’use plus de fond de culotte sur les bancs des églises que mon voisin. Le salut s’obtient tout bonnement par grâce. Le salut s’obtient tout bonnement en reconnaissant que Jésus est celui qui nous l’offre, et en marchant à sa suite. C’est parce que nous sommes sauvés que nous sommes invités à conformer notre vie à nos paroles ; c’est parce que nous sommes sauvés, que nous nous rassemblons dimanche après dimanche pour recevoir de Dieu la nourriture indispensable pour faire grandir ce salut.

Il nous faut décidément apprendre à recevoir de Dieu les dons qu’il nous fait. Il nous faut accepter d’être sauvé sans que nous y soyons pour quelque chose. Il nous faut accepter que Dieu est Dieu, qu’il veut notre bonheur et qu’il peut le réaliser. Il suffit de le lui demander ; il suffit de le vouloir. Lorsque à l’exemple de Bartimée nous l’aurons compris, nous laisserons tout, nous aussi, et nous nous engagerons joyeusement à sa suite, sûrs d’être déjà sauvé par la grâce de cette seule rencontre avec le Christ ressuscité. Que cette eucharistie nous permette de réaliser ce que Dieu a déjà commencé : il nous sauve, ici et maintenant et pour toujours, parce qu’il nous aime. AMEN.

(Dessin de la revue Images pour notre paroisse, n° 238)

samedi 20 octobre 2012

29ème dimanche ordinaire B - 21 octobre 2012

Être avec le Christ, toujours !



Jeunes loups aux dents trop longues ou terriblement audacieux, Jacques et Jean, dans leur demande ? Jaloux ou réellement choqués, les dix autres lorsqu’ils entendent les deux premiers jouer des coudes ? Ne jugeons pas trop vite ; ne condamnons pas trop hâtivement ! Tout est, comme souvent, une question de regard.

A voir le mal partout, la demande de Jacques et Jean peut fort bien ressembler à une opération « pousse-toi de là que je m’y mette ! » N’est-ce pas notre première réaction à la lecture du texte ? En voilà deux qui veulent jouer des coudes et ils se font bien avoir au final, ce qui est bien fait pour eux. Ils ne sont pas assurés de siéger à droite et à gauche du Christ, mais ils devront boire le calice jusqu’à la lie !

Pourtant, un autre regard me fait admirer Jacques et Jean pour leur audace. Jésus marche vers Jérusalem, donc vers sa mort. Il marche sans doute en avant de ses disciples, le pas sûr. Voilà que deux d’entre eux, forçant un peu le pas, arrivent à sa hauteur et l’interrogent : « Accorde-nous de siéger l’un à ta droite et l’autre à ta gauche dans ta gloire ». Ne faut-il pas du courage, à ce moment précis de l’histoire de Jésus, pour lui demander la grâce d’être finalement toujours avec lui, toujours au plus proche de lui ? Je vous accorde bien volontiers qu’ils ne savent pas ce qu’ils demandent. Mais leur désir est sincère : être toujours avec celui qui est leur Maître. Alors, on peut le leur reprocher, mais reconnaissons que c’est une belle preuve d’attachement. Jésus leur a annoncé par trois fois qu’il allait vers sa mort, et ces deux là expriment, maladroitement certes, leur désir d’être toujours avec Jésus. Ils ne savent pas que la coupe que Jésus leur propose de boire, est la coupe du rejet, et le baptême, un plongeon dans la mort. Mais ils y vont, presque bille en tête ! Je crois vraiment que Jésus les a aimés pour cela, ces deux têtes brûlées et leur demande surprenante.

Ne devrait-ce pas être là notre désir : être toujours avec Jésus, toujours au plus près de lui ? Ne devrait-ce pas être notre attitude et notre réponse à l’appel de Jésus à le suivre que ce « nous le pouvons » plein d’assurance ? Comme j’aimerais avoir leur audace et leur désir ; comme j’aimerais pouvoir dire qu’avec Jésus je veux aller jusqu’au bout, quelles qu’en soient les conséquences ! Jacques et Jean ont un côté risque tout qui force mon admiration.

Comme il n’y a qu’une droite et une gauche autour de Jésus, que deviennent alors les dix autres ? Ils s’indignent, comme nous nous indignons lorsque quelqu’un prend la place que nous estimions nous être due. Ils s’indignent, parce qu’ils craignent peut-être de n’être pas reconnus dans ce qu’ils ont fait, font ou feront encore avec et pour Jésus. Ne sommes-nous pas tous travaillés par les questions de reconnaissance, de pouvoir, d’autorité et de gloire ? Quel sentiment habite mon cœur quand je sens que cela va m’échapper, qu’un autre m’est préféré ? Quand le don de moi que je fais à ma famille, à l’Eglise, aux autres, n’est pas gratifié ? Quand mon travail n’est pas reconnu ? (Régine MAIRE, La Croix 21 octobre 2006). Ils sont terriblement humains, ces dix-là, comme Jacques et Jean.

Nous pourrions être déçus de ce que le groupe des Douze ne soit pas plus soudé. Nous pourrions être déçus de ces querelles de chiffonniers de la part de ceux que Jésus lui-même a appelé pour le suivre. Avec tout le recul que nous avons, nous pourrions croire qu’ils n’ont rien compris. Forcément, eux, ils n’ont pas lu l’Evangile comme nous le faisons aujourd’hui, ils en sont les acteurs. Et pour cela, nous devons les remercier. Les remercier parce que leur attitude, aux uns et aux autres, nous vaut cette belle leçon de vie, ce dernier enseignement de la part de Jésus : parmi vous, il ne doit pas en être comme chez les grands de ce monde. Parmi vous, celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. Nous serons près de Jésus comme le veulent Jacques et Jean lorsque nous nous ferons serviteurs les uns des autres. Nous serons ses disciples authentiques lorsque nous aurons abandonné nos rêves de gloire et de puissance pour être signe de Jésus, serviteur de tous, donnant sa vie par amour de nous. Voilà le chemin de la grandeur que Jésus nous enseigne : servir, servir Dieu et servir les autres. Toujours. Sans rien n’attendre en retour que la joie d’être avec Jésus, dès maintenant et pour toujours. Servir, parce que Jésus lui-même est venu pour servir. Si nous voulons être ses disciples, comment pourrions-nous y échapper ? Amen.

(Dessin de Coolus, Blog du Lapin bleu)

dimanche 14 octobre 2012

28ème dimanche ordinaire B - 14 octobre 2012

Suivre Jésus, cela veut dire quoi ?

(Homélie donnée en l'église saint Georges de Haguenau, à l'occasion d'un rassemblement de servants d'autel)


Tout aurait dû bien se passer, franchement ! Un homme vient vers Jésus, et pour une fois, ce n’est pas pour l’embêter, ce n’est pas pour le piéger. Il vient vers Jésus avec un vrai désir : avoir en héritage la vie éternelle ; autrement dit être avec Dieu pour toujours. C’est la chose qu’il veut le plus, et il vient vers Jésus, qu’il reconnaît comme un Maître (c’est-à-dire quelqu’un dont la parole compte, quelqu’un dont la parole a du sens et donne du sens) pour obtenir de lui une parole sage, une recette pour obtenir ce qu’il désire le plus. Et Jésus est bien celui que Dieu a envoyé dans le monde pour mener les hommes vers lui. L’homme ne se trompe pas d’adresse quand il va vers Jésus. Jésus est bien l’homme de la situation. Oui, tout aurait dû bien se passer et pourtant, l’homme part, en pleurant, et Jésus essuie un échec ! L’homme qui fait des miracles n’a pas réussi, aujourd’hui, à toucher suffisamment le cœur de cet homme pour qu’il le suive. Saint Marc nous dit simplement que c’est parce qu’il avait de grands biens. Si lui, qui a rencontré Jésus en vrai, n’a pas été capable de le suivre, comment pouvons-nous aujourd’hui vouloir y réussir ? Comment est-il possible de suivre Jésus aujourd’hui ? Et puis surtout, puisque vous êtes nombreux ici aujourd’hui, comment un servant d’autel peut-il suivre Jésus ?

Suivre Jésus, qu’on soit servant d’autel ou non, c’est d’abord accepter de se mettre en route. La foi passe d’abord par les pieds. Nous l’oublions trop souvent, nous qui passons beaucoup de temps dans un fauteuil, soit devant la télé, soit devant un écran d’ordinateur. Pour suivre Jésus, il faut se lever et marcher. L’homme de l’évangile avait bien commencé cela ; c’est lui qui s’est bougé pour aller voir Jésus. Mais il n’a pas pu aller plus loin : ses bagages étaient trop lourds. Il ne suffit pas de venir une fois vers Jésus, dire : Je l’ai rencontré, et tout va bien. Il faut le suivre, marcher derrière lui. Et quand on a trop de choses à faire suivre, ce n’est pas possible. Il faut se détacher, il faut faire confiance, il faut se bouger.
En venant à ce rassemblement, vous avez franchi cette première étape, comme l’homme de l’Evangile. Vous êtes venus à Jésus, vous avez répondu à un appel. La longue procession que nous avons faite, nous a permis de sentir, dans nos pieds, ce déplacement nécessaire. Et le début de la messe nous permet chaque fois de déposer nos bagages. Du signe de la croix qui marque l’entrée en prière jusqu’à la prière que le prêtre dit pour nous tous, tout est fait pour nous permettre de nous libérer de ce qui nous encombre pour être vraiment présents à Dieu. Lorsque nous chantons ou disons Prends pitié de nous, n’est-ce pas justement tous nos fardeaux que nous confions à Dieu, le seul qui soit vraiment bon ? Les petits malins me diront : aujourd’hui, nous n’avons pas chanté : Seigneur prends pitié ! En êtes-vous sûrs ? Alors relisez le Gloire à Dieu ! Et vous y trouverez ces mêmes mots. Certes, nous n’avons pas dit le Je confesse à Dieu, ni chanté le Kyrie (la longue procession nous permettait de ne pas le faire) ; mais quand le croyant reconnaît la grandeur de Dieu, sa gloire, il reconnaît en même temps qu’il a besoin de Dieu et qu’il veut se reposer en lui. La première partie de la messe permet à chaque servant et à chaque participant de se bouger pour Dieu avec son corps (il faut se déplacer pour venir à la messe) et dans son cœur (je reconnais que j’ai besoin de Dieu dans ma vie).

Suivre Jésus, c’est aussi écouter Jésus. Et cela, l’homme de l’évangile n’a pas su le faire. Et pourtant, c’est bien lui qui a interrogé Jésus. La moindre des choses, quand on pose une question, n’est-elle pas d’écouter la réponse, toute la réponse ? Quand Jésus lui demande de vendre ses biens, ce n’est pas contre rien : Vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et… tu auras un trésor au ciel ; puis viens, et suis-moi ! Ce qu’il avait, comptait plus que le trésor promis par Jésus ! L’a-t-il bien entendu ou est-il déjà bloqué quand Jésus lui dit : vends tout ce que tu as ? Jésus ne lui demandait pas de vendre pour tout perdre, mais de vendre pour partager et avoir un trésor en retour. Parce que Dieu récompense toujours ceux qui écoutent sa Parole et qui la vivent. On pourrait relire ici la deuxième lecture qui nous dit la beauté et la puissance de cette Parole, mais cela nous mènerait trop loin.
Lorsque vous venez à la messe, il y a toujours un temps autour de la Parole de Dieu, parce qu’elle donne sens à notre vie, elle nous permet de mieux comprendre ce que Dieu attend de nous. Justine vous a dit, au commencement de ce temps, que la Parole de Dieu, c’est un peu un guide pour la vie, un chemin à suivre jour après jour. Et elle a raison ! C’est bien la Parole de Dieu qui nous transforme. C’est ce que veut dire le dessin sur votre feuille de chants. Le dessin original est en couleur : Le lapin qui semble se protéger est en gris, le lapin qui court après la Bible (la Parole de Dieu) est en bleu, comme la Bible. Il a été transformé par la Parole et il semble vouloir la retenir, la garder pour lui (hop ! ici ! aux pieds !) Mais la Parole fait ce qu’elle veut. Elle a vu un autre lapin, gris comme un jour de pluie, et elle va vers lui (chic, un nouveau !) ; encore un à qui révéler Dieu ; encore un dont la vie peut être rendue meilleure) ; et elle se précipite sur lui. Le lapin gris, c’est un peu l’homme de l’Evangile : il prend peur devant cette parole et veut s’en protéger. Ne faites pas comme lui ! A chaque messe, vous est offerte la chance d’accueillir ce cadeau de la Parole de Dieu : écoutez cette Parole, vraiment, et vous grandirez dans la sainteté de Dieu.

Suivre Jésus, c’est aussi partager sa table, manger avec lui. Il se passe pleins de choses au cours d’un repas que nous ne pourrions pas vivre autrement. Le repas, c’est le moment où Dieu fait quelque chose pour nous ! C’est lui qui dresse la table pour nous, c’est lui qui se donne en nourriture pour nous. Parce que notre foi ne nous demande pas d’abord de faire des choses pour Dieu, mais plutôt d’accueillir ce que Dieu fait pour nous. Et cela, c’est important ! Ecoutez bien tout à l’heure ce que vous dira Jean-François, quand nous nous préparerons à vivre le cœur de la messe. Il vous dira des choses très belles, les plus belles que j’ai entendues depuis longtemps ! Je vous assure : voilà un servant qui vous livrera en quelques mots le cœur de l’Eucharistie. Je vous souhaite à tous de faire un jour cette même expérience.
La troisième partie de la messe nous permet donc, chaque dimanche, de recevoir de Dieu ce qu’il a de meilleur et de le remercier pour tout ce qu’il fait pour nous, par Jésus, son Fils. C’est vraiment le plus grand signe de son amour pour nous ; c’est encore plus grand que le baptême, signe par lequel nous devenons ses enfants. Parce que le baptême, nous ne le recevons qu’une fois, alors que l’Eucharistie, c’est chaque dimanche. Chaque dimanche, Dieu nourrit notre foi, chaque dimanche, Dieu prépare sa table pour nous. Il se montre là vraiment comme un père, comme une mère pour nous. Manger avec quelqu’un, c’est entrer davantage encore dans son intimité. Je peux parler avec beaucoup de monde, sans difficulté ; mais ma table est réservée à mes amis, à mes intimes. C’est pareil pour Dieu : tous peuvent entendre sa Parole, mais il faut l’écouter vraiment et en vivre pour être accueilli à sa table. Pour évoquer une parabole de Jésus, il faut porter le vêtement de la fête ! En servant à l’autel, vous êtes des privilégiés, vous êtes au plus proches. Goûtez vraiment cette chance et n’hésitez pas à la proposer à vos amis pour que, sans être 108 tous les dimanches, vous soyez quand mêmes nombreux autour de l’autel de votre paroisse. Vous direz ainsi à toutes les personnes réunies, combien il est important de vivre ce temps auprès de Dieu et de répondre nombreux à son invitation à partager la table. Etre baptisé, c’est bien. Etre communiant chaque dimanche, c’est mieux !

Enfin, suivre Jésus, c’est aller vers les autres, rencontrer les autres. Parce qu’on ne suit pas Jésus pour soi seulement. Ceux qui suivent Jésus se rassemblent en Eglise ; ils forment le peuple de Dieu. Je ne peux pas être chrétien tout seul ; je ne peux pas suivre Jésus tout seul. Si Jésus est celui qui me fait bouger, si Jésus est celui qui me dit une Parole de Vie, si Jésus est celui qui s’offre à moi en nourriture, comment puis-je ne pas l’annoncer à d’autres ? Ma rencontre du dimanche doit se prolonger dans la semaine. Aujourd’hui, pour vous servants, elle se prolongera cet après midi encore. N’ayez pas peur de vous montrer chrétiens là où vous vivez. Soyez des champions de l’Evangile, des témoins de la joie et de la paix que Dieu offre à tous.
La dernière partie de la messe nous oblige à cela. La bénédiction de Dieu nous est donnée pour que nous allions dans sa paix. La dernière parole du prêtre, c’est bien : Allez dans la paix du Christ ! Allez, retournez chez vous, non pas en pleurant comme l’homme de l’Evangile, mais riches de ce que vous avez entendu et vécu ici, et partagez-le aux pauvres d’Evangile, à ceux qui sont pauvres de Bonne Nouvelle. Ainsi, vous aurez un trésor dans le ciel pour avoir illuminés leur vie.

Vous l’aurez compris : participer à la messe de tout son cœur, chaque dimanche, est un bon moyen pour suivre Jésus. En une célébration, Dieu nous donne tout ce dont nous avons besoin pour faire grandir notre foi et notre fraternité. En servant à l’autel, soyez toujours témoins de ce Dieu qui nous aime et qui ne veut que notre bonheur. Jésus l’a voulu pour cet homme venu le rencontrer. A vue humaine, il a pu échouer, mais l’Evangile ne nous dit pas si l’homme s’est éloigné pour toujours, ou s’il revenu vers Jésus plus tard. Il me plaît de penser qu’il a fini par se tourner vers Jésus, son désir du Royaume étant sincère. Il y a des dimanches où nous sommes comme cet homme, incapables de nous mettre en route. Nous pouvons en pleurer si cela nous fait du bien. Nous devons surtout savoir que chaque dimanche, nous avons à refaire le choix de Jésus, que chaque dimanche nous pouvons décider de venir dans la joie plutôt que de rester à pleurer chez nous. Si cela n’est pas une bonne nouvelle, je ne sais pas ce qu’il vous faut ! Amen.

 
(Dessin de Coolus, Blog du Lapin bleu)
 
(En prime, le témoignage de Jean-François, servant d'autel à Bischwiller, avec son aimable autorisation)
Pendant longtemps, l’Eucharistie n’avait pas tellement d’importance pour moi. En effet, je ne comprenais pas vraiment (ni même ne cherchais à comprendre) le sens et la portée de ce sacrement.  Ce n’est qu’après avoir bénéficié d’enseignements religieux catholiques et d’expériences spirituelles en communauté que j’ai pu vraiment me rendre compte du caractère fondamental de ce sacrement. Aujourd’hui, l’Eucharistie représente pour moi un don d’amour  venant de Jésus. Je me rends compte  à travers ce sacrement que Jésus n’est pas un Dieu lointain, absent, mais un ami qui, chaque dimanche, manifeste sa présence dans l’Eucharistie. Jésus, par ce sacrement, cherche à habiter en nous,  à faire de nous sa demeure afin que nous puissions être témoins de son amour. Le sacrement de l’Eucharistie me rappelle aussi la souffrance que Jésus a endurée par Amour pour moi. Malgré mes faiblesses, mes fautes, Jésus se rend présent, et par ce sacrement, ne cesse de frapper à la porte de mon cœur.  Ainsi pour moi, l’Eucharistie est devenue essentielle dans ma vie de chrétien à tel point  qu’il m’arrive de me rendre dans des lieux d’adoration du Saint sacrement afin de retrouver Jésus, vivant et présent, qui me donne la force et le courage pour vivre au mieux ma vie.

vendredi 5 octobre 2012

27ème dimanche ordinaire B - 07 octobre 2012

Parlez-nous d'amour, seulement d'amour !


Parlez-nous d’amour, seulement d’amour ! Pour certains de nos contemporains, cette affirmation est un bon résumé de ce que les Eglises doivent dire. Parler d’amour, témoigner de l’amour. Qu’importe qu’il s’agisse de l’amour de Dieu ou des hommes. Parler d’amour devient un moyen d’éviter tout le reste ; le quotidien, les grandes questions de la vie, la morale. Parler d’amour semble être devenu le meilleur moyen d’éviter les conflits et les sujets délicats, en vertu d’un axiome qui voudrait que « Qui parle d’amour ne fait pas de tort aux autres ».

Parlez-nous d’amour, seulement d’amour ! C’est déjà ce qui était demandé à Jésus. Tant que Jésus proclame qu’il faut « aimer Dieu et son prochain », personne ne trouve rien à redire. Mais dès qu’il s’aventure sur d’autres chemins, les hommes ne sont plus prêts à le suivre. Et pourtant, chaque parole de Jésus est marquée du sceau de l’amour. Chaque mot prononcé par lui est une invitation à aimer mieux, à aimer plus grand. Alors comment se fait-il que certaines de ses paroles ont du mal à être entendues ?

Parlez-nous d’amour, seulement d’amour ! C’est bien ce que Jésus fait aujourd’hui, lorsqu’il aborde la délicate question du divorce. Puisqu’il parle si bien de l’amour, voilà que des gens, pour mettre Jésus dans l’embarras, l’interrogent sur les limites de l’amour, sur la fin de l’amour. « Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme ? » La question est claire : ai-je le droit de dire à ma femme : va-t-en ; je vais me trouver (ou je me suis trouvé) une nouvelle compagne. Comment le prophète de l’amour va-t-il s’en sortir ? S’il répond par l’affirmative, ne remet-il pas en cause son enseignement ? L’amour ne serait-il pas éternel ? S’il répond par la négative, ne va-t-il pas bloquer des hommes et des femmes dans des situations de conflits, souvent difficile à résoudre ? Le piège est en place. La réponse de Jésus est attendue.

Parlez-nous d’amour, seulement d’amour ! C’est au nom de l’amour que Jésus va répondre par deux affirmations. D’abord, il renvoie les hommes à leur cœur. Si vous n’aviez pas le cœur endurci, si vous ne souffriez pas de « sclérose du cœur », jamais Moïse n’aurait permis d’établir un acte de répudiation. Cœur endurci, cœur fermé à l’amour véritable : voilà l’obstacle majeur à l’amour éternel, l’amour sans limite de temps. Et nous voici renvoyés à nos manières d’aimer et d’envisager l’amour humain. Est-ce simplement la réponse à une pulsion humaine ? Est-ce quelque chose qui vient de moi ou qui m’est donné par un autre ?

La deuxième affirmation de Jésus répond à ces questions : « Au commencement du monde, quand Dieu créa l’humanité, il les fit homme et femme. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Donc, que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni ». En reprenant ainsi les mots de la Genèse, Jésus affirme clairement l’union profonde qui unit un homme et une femme. Cette union est telle qu’ils ne font plus qu’un. Deux corps, mais une seule âme, un seul cœur. Inséparable ! Cette indissolubilité ne vient pas des hommes ; elle vient du fait que lorsqu’un homme et une femme s’unissent, ils entrent dans le projet d’amour de Dieu ; ils répondent à l’appel de Dieu. C’est Dieu qui les unit l’un à l’autre ; c’est Dieu qui les unit à son amour. L’indissolubilité vient de là : de la présence de Dieu à cet amour unique qui unit un homme et une femme. Dieu ne revient jamais sur l’amour qu’il a donné. En offrant son amour et sa fidélité à ceux qui unissent leur vie dans le mariage, Dieu se donne totalement, définitivement. Il scelle une alliance d’amour que rien ne peut rompre, parce que Dieu ne peut revenir sur sa Parole donnée. Nous voici renvoyés à notre être profond. Plus que des hommes de chair et de sang, nous sommes des êtres spirituels, appelés à vivre la sainteté de Dieu à travers nos engagements humains. Ceux qui choisissent de s’unir devant Dieu deviennent des témoins de l’amour éternel et tout-puissant de Dieu. S’ils s’appuient sur ce don offert, s’ils accordent à Dieu la place qui est la sienne au cœur de leur vie, ils découvriront véritablement l’amour qui ne finit pas, l’amour qui ne se flétrit pas.

Parlez-nous d’amour, seulement d’amour ! En refusant d’entrer dans le jeu du permis / défendu que proposent les pharisiens, Jésus nous place d’emblée devant nos responsabilités face à l’amour. Il ne suffit pas de s’aimer pour bâtir une vie à deux. Il ne suffit pas de répondre à l’appel du corps pour qu’une union soit stable. Il faut d’abord et avant tout entrer dans le projet créateur de Dieu, le projet de tous les commencements. Un commencement que Dieu a fait pour l’homme et la femme ; un commencement qui nous dit la présence permanente de Dieu à l’amour des hommes. Lorsque notre amour humain est frappé de limite, lorsque notre amour humain est réduit par un cœur endurci, il nous faut nous souvenir de celui qui est la source de l’amour. En nous invitant à regarder le commencement, Jésus ne nous invite pas à la résignation devant un amour devenu impossible. Il nous invite d’abord à mieux réfléchir avant de nous lancer dans un commencement qui doit être créateur d’amour. L’amour ne s’invente pas, l’amour ne se crée pas : l’amour se reçoit. Sommes-nous prêts à recevoir de Dieu l’amour qu’il veut nous confier ?

(Image extraite de la revue Images pour notre paroisse, n° 202)