Tous ces gens vêtus de blanc, qui sont-ils et d’où viennent-ils ? La question posée ainsi dans le Livre de l’Apocalypse mérite bien d’être reprise aujourd’hui, en cette fête de tous les saints ? Qui sont-ils, ceux que nous célébrons ?
Ils ne sont pas ceux et celles de nos familles humaines qui sont morts ; ceux-là seront célébrés demain. Ne confondons donc pas les deux célébrations, même si, dans de nombreuses paroisses, la Toussaint nous permet de faire une visite au cimetière où reposent nos proches. N’allons pas trop vite en besogne : laissons à chacun leur célébration et leur jour. Laissons surtout à Dieu le soin et le temps de se prononcer. Alors qui sont ceux que nous célébrons aujourd’hui ?
Ils sont ceux et celles de notre famille spirituelle qui sont morts et qui dont nous disons avec certitude qu’ils nous ont précédés dans la gloire du Royaume. Ils sont ceux et celles qui nous rappellent l’espérance qui est la nôtre : nous sommes faits pour vivre avec Dieu. Comme le dit l’auteur de l’Apocalypse lui-même, ils viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l’Agneau. La grande épreuve, c’est le baptême dans la mort et la résurrection de Jésus ; c’est aussi leur propre passage par la mort, à la suite du Christ. Ils sont ceux et celles qui, dans leur vie comme dans leur mort, ont été au Christ, ont fait le choix de vivre selon sa Parole. Et, nous dit le voyant de l’Apocalypse, ils sont nombreux. Je vis une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues. Ils sont de tous les temps, de tous les âges, de tous les lieux où l’Evangile a retenti. Ce n’est pas un petit peuple de privilégiés. Le Christ n’a-t-il pas livré sa vie pour tous les hommes ? N’a-t-il pas voulu entraîner l’univers entier à sa suite ? Cette foule immense témoigne de l’œuvre de la Parole de Dieu dans une vie humaine ; elle témoigne que chacun de nous peut être de cette foule.
Ceux et celles que nous célébrons en ce jour ont reconnu en Jésus, celui qui vient donner la vie aux hommes. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, en vêtements blancs, avec des palmes à la main. Et ils proclamaient d’une voix forte : « Le salut est donné par notre Dieu, lui qui est assis sur le Trône, et par l’Agneau ! » Ils ont passé la grande épreuve, et ils n’ont pas honte de reconnaître que leur vie leur vient d’un autre, le Tout-Autre. Ils ont passé la grande épreuve, et ils n’ont pas honte de proclamer haut et fort leur foi. Si le peuple des croyants les reconnaît aujourd’hui comme saints, c’est bien parce qu’ils ont toujours et partout témoigné de ce Dieu, quoi qu’il en coûte. Certains ont subi la mort à cause de leur fidélité au Christ. D’autres ont simplement vécu les exigences de la foi dans l’ordinaire d’une vie, qu’elle soit religieuse ou familiale. Nul ne peut dénombrer cette foule parce que nul ne peut dire combien, jusqu’à ce jour, ont vécu ainsi, dans la fidélité à leur foi.
Les béatitudes que nous proclamons à chaque Toussaint, sont pour beaucoup un texte de référence. Notre monde est moins égoïste qu’il n’y paraît ; notre monde est moins individualiste qu’on ne le dit. Ils sont nombreux, ceux qui pensent que l’autre est plus important, que son bonheur conditionne le mien. Ils sont nombreux, ceux qui vivent l’esprit des Béatitudes, plaçant le frère au cœur de leur préoccupation. Ils sont nombreux, et nous en sommes, peut-être ! Nous en sommes assurément, si nous prenons notre foi au sérieux. Comment, à la suite de cette foule immense, ne pourrions-nous pas poursuivre l’œuvre du Christ, et témoigner dans notre propre quotidien, de la place de Dieu et de la place du frère ?
Alors qui sont-ils, ceux et celles que nous célébrons ? Ils sont des hommes et des femmes ordinaires, qui ont vécu leur vie de manière à laisser transparaître la vie de Dieu. Ils sont de ceux qui nous invitent à imiter le Christ et à voir l’homme et le monde à la mesure de Dieu. S’ils sont nombreux à être fêtés aujourd’hui, c’est parce que les manières de vivre notre foi sont nombreuses et variées à travers le temps et l’Histoire, mais elles ont en commun de passer par l’unique chemin : l’Agneau de Dieu qui livre sa vie par amour. Le chemin nous est donné ; des exemples pour le parcourir nous sont montrés par les saints. Trouvons donc notre manière de le vivre, dans le monde et le temps qui sont les nôtres. Ainsi le Christ Sauveur pourra nous faire passer de la table où il nous reçoit en pèlerin aujourd’hui, au banquet préparé dans sa maison. Amen.
(Image de la revue Images pour notre paroisse, n° 239)
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