Bienvenue sur ce blog !

Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 28 novembre 2015

01er dimanche de l'Avent C - 29 novembre 2015

Avec Jérémie, nous accueillons un Messie, Germe de Justice.


 



Une nouvelle année liturgique, un nouveau temps liturgique ; mais c’est toujours la même foi qui nous réunit et qui nous met en route à la rencontre du Dieu vivant et vrai. Pourtant, cet avent a quelque chose de particulier que les avents des deux dernières années n’avaient pas. L’avez-vous remarqué ? En ce temps de l’Avent du cycle C, ce n’est pas l’unique prophète Isaïe qui nous accompagne, mais quatre prophètes : un pour chaque dimanche ! Quatre prophètes de la première alliance vont nous apprendre à accueillir celui qui, dans la nouvelle alliance, sera bien plus qu’un prophète : le Christ Sauveur. En ce premier dimanche, c’est le prophète Jérémie qui nous livre une parole. 

Connaissez-vous Jérémie ? Il est encore très jeune lorsque le Seigneur l’appelle à quitter son village d’Anatot pour se rendre à Jérusalem. Il est appelé pour porter aux hommes la Parole de Dieu, comme tous les prophètes. Et pourtant, il a une place particulière, selon moi, dans le concert des prophètes du Premier Testament. Au début de son ministère, son pays est en paix, mais ses habitants ont oublié la loi de Dieu. Chacun ne pense qu’à lui ; le mal semble triompher dans certains milieux, et plus personne ne cherche vraiment Dieu. Mais bon, tout va bien ! Jérémie est envoyé dire aux hommes qu’il faut revenir à la loi de Dieu, qu’il serait bon de penser aux autres. Et si rien ne devait changer, alors ce sera la guerre, la destruction et la ruine de Jérusalem. Personne ne le croit ; tous rient de lui. Mais lui, fidèlement, porte la Parole de Dieu, à temps et à contre temps, au risque de sa liberté, voire de sa vie ! Beaucoup, en effet, voudraient se débarrasser de ce gêneur, de cet empêcheur de faire le mal, de ce dévot de Dieu d’un autre âge. Souvent gagné par le découragement, Jérémie poursuit cependant avec une fidélité exemplaire sa mission. L’Histoire lui donnera raison. L’armée de Nabuchodonosor assiège Jérusalem : c’est la guerre ! Et ceux qui riaient de Jérémie comprennent trop tard. Jérémie, lui, ne se réjouit pas d’avoir eu raison contre tous. Il reste fidèle à son Dieu et à sa Parole. Lorsque le pays était en paix, il prêchait la guerre ; maintenant que le pays est en guerre et qu’une partie de la population est déportée, lui achète un champ, annonçant par-là que Dieu fera grâce et miséricorde et que viendra le temps où cette terre reviendra au peuple de Dieu. De prophète de malheur, il devient prophète d’espérance, car Dieu ne saurait laisser son peuple aller vers sa perte.

Comme les autres prophètes, Jérémie comprend vite que Dieu va envoyer son Messie. Nous avons entendu, dans la première lecture, en quels termes il en parle : ce Messie est Germe de Justice, il exercera le droit et la justice. Cette insistance sur la justice ne doit pas nous tromper. Le Messie qui vient n’est pas un juge à notre mesure ; il ne vient pas venger Dieu de celles et ceux qui se sont détournés de lui. La justice qu’exercera le Messie annoncé par Jérémie est d’abord source de salut. Nous pouvons dire que, dans le langage de Jérémie, Germe de Justice équivaut à Germe de Salut. Le Messie qu’il annonce est un Messie Sauveur ;sa justice est celle qui place les humbles au premier plan. Dieu n’a que faire de vengeance. Ce que Dieu veut, c’est un peuple qui lui soit acquis, un peuple fidèle à son Alliance, un peuple qui respecte la loi de Dieu, la seule qui procure vie et bonheur. Il existe un très beau passage dans le livre de Jérémie, au chapitre 31, 31-34 : Voici venir des jours, oracle du Seigneur, où je conclurai avec la maison d’Israël une alliance nouvelle. Non pas comme l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères, le jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir du pays d’Egypte – mon alliance qu’eux-mêmes ont rompue bien que je fusse leur Maître ! Mais voici l’Alliance que je conclurai avec eux après ces jours-là. Je mettrai ma loi au fond de leur être et je l’écrirai sur leur cœur. Alors je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Une loi qui ne sera plus extérieure à l’homme, mais inscrite au plus profond de son être. Lorsque l’on sait que l’homme de la Bible prend ses décisions avec son cœur, on comprend la puissance de cette nouvelle alliance : la loi de Dieu étant inscrite dans le cœur de chacun, chaque décision de l’homme sera marquée de cette empreinte divine. Et le salut promis devient réalité : Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. N’est-ce pas cela « être sauvé » ? N’est-ce pas là la source de l’unique et vrai bonheur ? 

Malgré les événements difficiles de sa vie, malgré des emprisonnements injustes et injustifiés, Jérémie est resté fidèle au Dieu qui sauve, au Dieu de l’Alliance. Il est celui envers qui Dieu a exercé sa justice au vu et au su de tous. Quand il nous dit que le Messie promis est Germe de Justice, source du salut, nous pouvons lui faire confiance et, avec lui, entrer dans cette fidélité nécessaire au seul et vrai Dieu. Avec lui, attendons ce Messie, Germe de Justice et source du salut. Amen.

(Dessin de Mr Leiterer)

dimanche 22 novembre 2015

Christ, Roi de l'univers (34ème dimanche ordinaire) - 22 novembre 2015

Qu'est-ce que la vérité ?
(Avec mes excuses pour la publication tardives ; je rentre d'une semaine de formation et de conférence)


La liturgie de ce dimanche interrompt le dialogue entre Pilate et Jésus au sujet de la vérité un verset trop tôt. A l’affirmation de Jésus : Je suis venu rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix, Pilate répond par cette question essentielle : Qu’est-ce que la vérité ? En ces temps troublés qui sont les nôtres, cette question est, me semble-t-il, tout à fait essentiel.

Qu’est-ce que la vérité ? Il faudrait à Pilate un peu plus de temps que celui d’un procès bâclé pour trouver réponse à sa question. Il faudrait qu’il se renseigne effectivement sur Jésus, sur sa mission, sa prédication. Il faudrait qu’il se défasse des opinions toutes faites fournies par des adversaires en colère. Il faudrait qu’il ait le courage de sortir des manipulations politiques auxquelles il est confronté pour comprendre que la vérité est en Jésus. Toute sa vie, toute sa mission, toute sa prédication consistaient justement à nous révéler la vérité sur Dieu, sur les hommes, sur les rapports entre eux. Ecouter la voix du Christ est le signe même que nous appartenons à la vérité. Mais, en relisant toute la passion de Jésus, nous ne pouvons que constater que Pilate n’a pas le temps de s’ouvrir à cette vérité sur laquelle il s’interroge.

Qu’est-ce que la vérité ? Les grands philosophes ont voulu faire croire qu’il n’y avait pas une vérité unique, mais que cette notion pouvait changer selon les hommes et selon les temps. Aujourd’hui encore, certains essaient de faire croire que la vérité se trouve dans ces actes terroristes. Ils seraient dans le vrai, au nom de leur Dieu, en commettant des actes criminels. Heureusement qu’il s’est trouvé des musulmans, dans le monde entier, pour redire que là n’était pas la vérité de l’Islam, que ces actes étaient des crimes contre l’humanité toute entière. Ils ont redit la vérité sur Dieu en rappelant que la solidarité, la fraternité, l’amour et le respect sont seuls du côté de Dieu et manifestation d’une vraie foi, d’un véritable attachement à la parole de Dieu.

Qu’est-ce que la vérité ? Voilà une question que nous ne pouvons éluder ? Si notre foi était instrumentalisée, saurions-nous, chrétiens, rétablir la vérité ? Saurions-nous défendre notre propre foi et la présenter de manière véritable ? Il est intéressant de constater que cette question de Jésus se situe justement durant son procès et devant celui seul qui a le pouvoir d’ordonner sa condamnation à mort. Et la réponse à cette question de Pilate résonnera fort, et sur la croix d’abord, dans le silence qui se fait à la mort de Jésus, et plus encore au matin de Pâque, lorsque les hommes entendront ce cri de joyeuse espérance : Christ es ressuscité ! Les hommes pourront enfin comprendre que la vérité est bien à chercher du côté de Jésus puisque Dieu lui-même vient contredire le jugement des puissants en redonnant la vie à celui qui s’était livré sur la croix. La vérité est du côté de la vie ; la vérité est du côté de la solidarité entre les hommes ; la vérité est du côté de la justice ; la vérité est du côté de la paix ; la vérité est du côté du pardon ; la vérité est du côté de la réconciliation.

Quelle que soit notre foi, ne laissons jamais des hommes nous détourner de la vérité révélée par Jésus sur la croix. Quelle que soit notre foi, ne laissons jamais des hommes nous faire croire qu’il y a une autre vérité, et qu’au nom de celle-ci, ils ont le droit de massacrer, de détruire, de condamner. Le Dieu qui a fait les hommes et voulu vivre en communion avec eux est et reste un Dieu de pardon, de miséricorde et de paix. Utiliser son nom pour faire le Mal, c’est bien se moquer de Dieu et travestir la vérité de son alliance avec les hommes, avec tous les hommes. La force de Dieu ne se trouve pas dans nos armes mais dans notre désir de vivre en paix avec tous, dans le respect de chacun. Quand cela sera vérité, Christ sera véritablement reconnu par tous pour ce qu’il est : le Roi de l’Univers. Amen.

samedi 14 novembre 2015

33ème dimanche ordinaire B - 15 novembre 2015

Notre histoire a un sens !





Les événements dramatiques qui se sont déroulés à Paris en cette fin de semaine nous interrogent, et interrogent notre foi. Quand autant de vies peuvent être balayées d’un seul coup, quand la folie meurtrière frappe, nous sommes désemparés. Nous sommes brutalement mis en face de notre finitude et de notre fragilité. Que reste-t-il de nos idéaux après ces actes inqualifiables ? Que reste-t-il de notre désir de vivre en paix avec tous quand la guerre est là, dans nos rues ? Que reste-t-il de notre volonté de respecter et d’aimer tout homme quand quelques hommes, soit disant au nom de leur foi, nous méprisent autant et méprisent notre vie ? Quel sens cela a-t-il ? 
 
Puisque le monde ne semble plus faire sens, écoutons ce que l’Eglise nous dit aujourd’hui à travers les textes bibliques proposés pour ce dimanche. Que ce soit par le prophète Daniel ou l’évangéliste Marc, l’Eglise vient nous redire que notre histoire a un sens, une direction. Le monde ne court pas à sa perte. Il y a un horizon indiqué par le projet de Dieu pour tous les hommes : cet horizon, c’est le retour du Christ, dans sa gloire. Ce n’est pas une utopie, ce n’est pas une belle histoire : c’est notre réalité. Croyants, nous sommes tout entier tendus vers ce terme de l’histoire. Et ce retour du Christ marquera l’avènement d’un monde nouveau débarrassé de toute trace du Mal. En ces temps troublés qui sont les nôtres, cela me redonne un peu de foi en l’homme, un peu d’espoir en un avenir toujours possible. Je ne sais pas quand ce retour aura lieu, mais je l’attends, je l’espère ; il me donne le courage d’affronter les jours difficiles ; il me donne le courage de dépasser nos limites et nos faiblesses. Il est un motif pour refuser toute forme de violence et croire toujours et encore en l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, même et surtout quand cela est difficile à discerner. 
 
L’homme que je suis a peur de ce que l’avenir nous réserve quand je revoie les images de cette violence inouïe qui a frappé notre pays. Le prêtre que je suis espère malgré tout encore, car je sais que le Mal ne peut pas avoir le dernier mot. Je sais que notre histoire est une histoire sainte, avec un sens (même si celui-ci m’échappe !). Je sais que la violence ne peut et ne doit pas être le dernier mot de l’histoire des hommes. C’est pour cela que je m’efforce de la faire sortir de ma propre vie ; c’est pour cela que je ne crierai pas vengeance, mais justice. 
 
Le Christ a donné sa vie pour chacun de nous. Il a subi la violence inouïe de la mort injuste pour faire de nous des justes et nous offrir ainsi le salut. Dieu n’a pas proposé la violence comme solution à nos problèmes, mais il a subi la violence en solution de toutes nos turpitudes. Il a pris sur lui notre violence et nous a offert son amour en retour. Que cet amour chasse de nos cœurs la peur et la violence et nous retrouverons la paix. Amen.

samedi 7 novembre 2015

32ème dimanche ordinaire B - 08 novembre 2015

Quand les pauvres nous évangélisent !



Il est gonflé, Elie, le prophète du Seigneur, quand, s’invitant chez une pauvre veuve, il insiste pour qu’elle lui fasse d’abord cuire une petite galette alors même qu’elle vient de lui signaler qu’il ne lui reste qu’un peu de farine et un peu d’huile pour elle et son fils. Après, ce sera la fin, comme dans tout le pays frappé par un temps de famine. 
 
Elle est obéissante et sans doute aussi un peu confiante, la veuve de Sarepta lorsqu’elle fait comme le prophète lui a dit. C’est vrai, Elie avait prophétisé que jarre de farine point ne s’épuisera et que vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. Mais avouez qu’il y a tant de faux prophètes ; à l’époque d’Elie, ils ne manquent pas. Pourquoi la parole de celui-ci serait-elle plus vraie ? Oui, il faut une bonne dose de confiance pour risquer le peu qu’il reste et croire que l’impossible est possible. Ce qu’Elie a annoncé se réalise, et pendant longtemps, le prophète, elle-même et son fils eurent à manger. 
 
Elle doit être terriblement gênée, la pauvre veuve qui vient faire son offrande au Temple après que tant de riches aient donné de leur superflu. Elle n’a que deux piécettes, mais elle les offre. Nous ne savons pas ce qu’elle compte faire pour vivre encore, après ce don. Sans doute aurions-nous réagi, un peu gênés à notre tour, en disant : qu’elle les garde, ses deux petites pièces de monnaie. Tant pis pour son offrande ! Mais voilà, personne n’intervient pour lui dire de garder sa monnaie. Et certainement l’aurait-elle mal pris si on lui avait demandé de ne rien donner. C’est qu’elle a confiance en Dieu, cette veuve. Et Jésus ne s’y trompe pas quand il relève qu’avec ces deux pièces, elle a mis plus dans le trésor que tous les autres. Elle donne ce qui fait sa vie pour que d’autres puissent vivre, comme Jésus un jour donnera sa vie pour que nous puissions vivre. 
 
Avec ces deux veuves, pauvres toutes deux, nous comprenons que les pauvres nous évangélisent. Ils nous apprennent l’essentiel de la vie : la confiance, le partage, là où nous ne parlons que de crise, d’avenir à préserver, de placements à prévoir, au cas où ! Si nous attendons d’être riches pour être charitables, attentifs aux besoins des autres, nous risquons fort de ne jamais l’être ; nous ne nous considérerons jamais assez riches pour nous payer le luxe d’aider les autres. Il nous faudra toujours plus avant de nous décider de donner un peu de notre superflu. Aujourd’hui, des hommes et des femmes frappent à la porte de nos pays riches, chassés de chez eux par la guerre, la violence et la terreur. Et que voyons-nous ? Des murs qui se lèvent, des hommes et des femmes qui disent : trop, c’est trop ! Et ces pauvres exilés qui sont parqués dans des camps en attendant que nous sachions quoi en faire. Nous avons contribué à importer la guerre chez eux par des décisions politiques manquant de courage ; nous avons évité de nous mouiller de trop quand il était encore possible d’intervenir ; et aujourd’hui, nous faisons la sourde oreille et nous fermons les yeux. 
 
Certes, ce n’est pas nous qui prenons les grandes orientations politiques de notre pays ; nous pourrions nous dédouaner en disant que nous n’y pouvons pas grand-chose ! Mais est-ce si sûr ? N’avons-nous pas la possibilité d’influencer les politiques que nous élisons et qui nous représentent ? Les valeurs dont on nous rabat les oreilles depuis les attentats de Paris ne sont-elles qu’à usage interne ? Des valeurs françaises pour des gens bien français ? Et l’élémentaire charité chrétienne : ne s’applique-t-elle qu’aux chrétiens bien baptisés ? 
 
La veuve de Sarepta et la veuve de l’Evangile, qui ont donné ce qu’elles avaient pour survivre, doivent être bien tristes quand elles contemplent notre monde. Nous approchons de la fin de l’année, et déjà commencent à fleurir dans nos boites à lettre des demandes d’associations qui viennent en aide qui aux enfants, qui aux personnes âgées, qui a tels souffrants de telle catastrophe : les occasions ne manqueront pas de donner un peu de ce que nous avons pour contribuer à la vie de quelques-uns. Que ces deux veuves rencontrées aujourd’hui nous apprennent à ouvrir notre cœur et nos mains. Amen.

(Dessin de Jean-Yves DECOTTIGNIES, in Mille dimanches et fêtes, Année B, éd. Les Presses d'Ile de France)