Les
événements dramatiques qui se sont déroulés à Paris en cette fin de semaine
nous interrogent, et interrogent notre foi. Quand autant de vies peuvent être
balayées d’un seul coup, quand la folie meurtrière frappe, nous sommes
désemparés. Nous sommes brutalement mis en face de notre finitude et de notre
fragilité. Que reste-t-il de nos idéaux après ces actes inqualifiables ?
Que reste-t-il de notre désir de vivre en paix avec tous quand la guerre est
là, dans nos rues ? Que reste-t-il de notre volonté de respecter et d’aimer
tout homme quand quelques hommes, soit disant au nom de leur foi, nous
méprisent autant et méprisent notre vie ? Quel sens cela a-t-il ?
Puisque
le monde ne semble plus faire sens, écoutons ce que l’Eglise nous dit aujourd’hui
à travers les textes bibliques proposés pour ce dimanche. Que ce soit par le
prophète Daniel ou l’évangéliste Marc, l’Eglise vient nous redire que notre
histoire a un sens, une direction. Le monde ne court pas à sa perte. Il y a un
horizon indiqué par le projet de Dieu pour tous les hommes : cet horizon,
c’est le retour du Christ, dans sa gloire. Ce n’est pas une utopie, ce n’est
pas une belle histoire : c’est notre réalité. Croyants, nous sommes tout
entier tendus vers ce terme de l’histoire. Et ce retour du Christ marquera l’avènement
d’un monde nouveau débarrassé de toute trace du Mal. En ces temps troublés qui
sont les nôtres, cela me redonne un peu de foi en l’homme, un peu d’espoir en
un avenir toujours possible. Je ne sais pas quand ce retour aura lieu, mais je
l’attends, je l’espère ; il me donne le courage d’affronter les jours
difficiles ; il me donne le courage de dépasser nos limites et nos
faiblesses. Il est un motif pour refuser toute forme de violence et croire
toujours et encore en l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, même
et surtout quand cela est difficile à discerner.
L’homme
que je suis a peur de ce que l’avenir nous réserve quand je revoie les images
de cette violence inouïe qui a frappé notre pays. Le prêtre que je suis espère
malgré tout encore, car je sais que le Mal ne peut pas avoir le dernier mot. Je
sais que notre histoire est une histoire sainte, avec un sens (même si celui-ci
m’échappe !). Je sais que la violence ne peut et ne doit pas être le
dernier mot de l’histoire des hommes. C’est pour cela que je m’efforce de la faire
sortir de ma propre vie ; c’est pour cela que je ne crierai pas vengeance,
mais justice.
Le
Christ a donné sa vie pour chacun de nous. Il a subi la violence inouïe de la
mort injuste pour faire de nous des justes et nous offrir ainsi le salut. Dieu n’a
pas proposé la violence comme solution à nos problèmes, mais il a subi la
violence en solution de toutes nos turpitudes. Il a pris sur lui notre violence
et nous a offert son amour en retour. Que cet amour chasse de nos cœurs la peur
et la violence et nous retrouverons la paix. Amen.
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