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samedi 11 août 2018

19ème dimanche ordinaire B - 12 août 2018

Jésus, le pain vivant : un don de Dieu à accueillir.







            Tout avait pourtant bien commencé ! Souvenez-vous : c’était au bord du lac de Tibériade, la foule qui suivait Jésus était affamée et pourtant, parce que quelqu’un avait pensé à apporter un peu de pain et des poissons, parce qu’il avait accepté de ne pas les garder pour lui, et parce que Jésus était là, chacun a pu manger à sa faim, et il en restait encore de quoi remplir douze paniers. Tout le monde avait mangé ; tout le monde était content au point d’en vouloir encore de ce pain. Alors, quand Jésus se lance dans ce grand discours sur le pain de vie, les choses commencent à déraper. Personne ne le comprend plus !

            Il faut dire qu’il y a une impossibilité de comprendre au départ. En effet, la foule pense connaître Jésus. Celui-là n’est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors comment peut-il nous dire maintenant : « Je suis descendu du ciel » ? Forcément, si c’est le voisin de votre quartier qui demain matin va vous dire : Je suis descendu du ciel, reconnaissez que vous aurez aussi un peu de mal à le croire ! Et peut-être même ferez-vous venir un médecin pour une hospitalisation forcée s’il se faisait insistant ! Ne leur en voulons donc pas, à ces braves gens de Galilée et des environs, de ne rien comprendre aux paroles de Jésus. Je ne suis pas sûr que nous comprenions mieux d’ailleurs ! Y a-t-il seulement moyen de comprendre ce qu’il nous dit ?

            Jésus lui-même répond : Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire. Il faut donc aller au-delà de la rencontre purement humaine pour connaître et comprendre Jésus. Il faut l’accueillir comme un don fait par Dieu aux hommes. Sinon, nous dirons comme les contemporains de Jésus : celui-là on le connaît ; d’où lui vient qu’il nous fait la leçon ? Nous ne connaitrons pas Jésus réellement si nous n’acceptons pas qu’il est le cadeau de Dieu aux hommes, qu’il est Dieu, né de Dieu, comme l’affirme un de nos symboles de foi. Tout ce discours sur le pain de vie n’est que du vent sans la foi en Dieu qui nous donne Jésus pour nous sauver. La première chose à faire pour aborder ces paroles de Jésus, c’est donc de croire ! Croire en Dieu et croire en celui qu’il a envoyé. D’ailleurs, sans la foi, comment accepter que quelqu’un donne sa vie pour tous les autres ? Sans la foi, comment accepter que le salut ne soit pas de mon fait, de mes forces, mais que le salut vienne de Dieu seul ? Je sais bien que l’homme moderne préfère concevoir sa vie sans Dieu, se sentant assez fort pour se sauver lui-même. Mais où cela nous mène-t-il ? Malgré toute la technologie qu’il développe, l’homme n’est pas capable de sauver l’homme. Il n’est même pas capable d’éradiquer la misère malgré toutes les richesses qu’il produit. 

            Réentendons alors Jésus nous dire : Moi je suis le pain vivant qui est descendu du ciel ; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Jésus nous redit qu’il est le seul à pouvoir nous sauver ; Jésus nous redit qu’il est le seul à nous ouvrir la vie véritable. Sans Jésus, rien d’éternel n’est possible pour l’homme. Sans Jésus, la vie de l’homme n’a pas pris toute sa dimension. Sans Jésus, les faims qui assaillent l’homme ne sont pas, et ne seront jamais, vraiment rassasiées. Il est le pain de Dieu offert aux hommes, le seul pain véritable qui comble toutes nos faims. Il ne vient pas combler nos faims matérielles ; il ne vient pas nous apporter un bien-être passager. Il vient nous sauver en faisant de la volonté de Dieu notre nourriture. Benoît XVI, dans son livre Jésus de Nazareth, précise : Dans la rencontre avec Jésus, nous nous nourrissons pour ainsi dire du Dieu vivant lui-même, nous mangeons vraiment le pain venu du ciel. En conséquence, Jésus avait d’emblée clarifié que la seule œuvre que Dieu demande consiste à croire en lui (Evangile de dimanche dernier). C’est pour cela que Benoît insiste : Nous devons accepter le don, et nous devons entrer dans la dynamique de ce qui nous est donné. Cela se fait dans la foi en Jésus, qui est dialogue, relation vivante avec le Père, et qui veut redevenir en nous parole et amour. 

            Nous comprenons alors pour quoi Paul invite les chrétiens à vivre dans l’amour, comme le Christ nous a aimés et s’est livré pour nous. Puisque par notre communion eucharistique nous accueillons en nous l’amour du Christ qui s’est livré, nous devons répandre cet amour par notre manière de vivre. Nous ne pouvons pas faire comme si notre communion ne changeait rien. Nous ne pouvons pas faire comme si ce pain rompu et partagé n’était qu’un morceau de pain. Il est le pain véritable, Jésus Christ, venu dans le monde pour le salut de tous les hommes. Si nous l’accueillons en notre vie par la communion, nous devons le rendre au monde par notre art de vivre. Générosité, tendresse, pardon mutuel : voici les signes donnés au monde de notre appartenance au Christ ; voici les signes du salut à l’œuvre ; voici les signes de la présence réelle du Christ au monde de notre temps ; voici les signes que ce pain, rompu et partagé, est vraiment le pain de Dieu qui comble toutes nos faims ; voici les signes qu’un monde nouveau est possible parce que marqué du sceau de l’Esprit Saint et rassasié du pain vivant qui est descendu du ciel. 

            Le discours sur le pain de vie se poursuit encore sur deux dimanches. Nous aurons encore le temps d’approfondir ce que nous dit Jésus. Pour aujourd’hui, retenons que c’est notre foi qu’il nous faut examiner et approfondir pour reconnaître dans le pain partagé la vie donnée du Christ qui nous sauve. Acceptons ce don pour n’en manquer jamais. Amen.

 

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