(Désolé pour l'homélie de la semaine dernière, mais j'étais à Rome pour le congrès international des catéchistes).

Pour nous,
chrétiens, cet espace entre la volonté de Dieu et le comportement des hommes a
été comblé par la venue du Fils unique, Jésus Christ. Il est cette alliance
nouvelle entre Dieu et l’humanité qui nous fait tous entrer en intimité avec
Dieu même. Par Jésus, par son enseignement, par ses actes, nous pouvons
découvrir Dieu, comprendre sa parole et trouver la force d’en vivre. Par les
sacrements qu’il a offerts à son Eglise, nous recevons de Dieu lui-même ce qui
nous est nécessaire pour nourrir notre foi, la faire grandir et la traduire en
réalité de vie. Quiconque a découvert Jésus, quiconque a entendu sa Parole et
l’a accueillie en son cœur, ne peut que se tourner vers Dieu par le service des
frères. Si nous croyons que la Parole de Dieu a quelque efficacité, si nous
croyons qu’elle peut changer une vie, alors nécessairement notre vie sera
tournée vers Dieu et le prochain ; alors nécessairement, par notre art de
vivre, nous rendrons le monde meilleur.
Cette
certitude ne doit toutefois pas nous faire croire que nous sommes les seuls à
pouvoir changer le monde, ni que, hors de l’Eglise, il n’y a rien de bon. La
prière de Moïse, reprise en quelque sorte par Jésus lui-même, lorsque ses
disciples veulent empêcher d’autres – qui ne sont pas de leur groupe de faire
du bien au nom de Jésus – vient attester que l’action de Dieu dans le cœur des
hommes ne se limite pas au seul groupe de pratiquants ou de proches de Moïse ou
de Jésus. Dieu intervient dans le monde de multiples manières, et il y a lieu de
se réjouir de ce que d’autres hommes et femmes, ne participants pas à nos
assemblées, peuvent témoigner et agir selon ce que Dieu attend de nous. Si, par
notre baptême, nous sommes particulièrement concernés par la Parole de Dieu,
particulièrement invités à un art de vivre conforme à notre foi, nous n’avons
pas pour autant de contrat d’exclusivité. Nous ne sommes pas maîtres de Dieu,
nous sommes ses disciples.
Cela dit, le
fait que Dieu intervienne dans le monde par d’autres que nous, qui ne sont
peut-être pas de chez nous, ne doit pas non plus nous encourager à rester chez
nous et à ne plus faire vivre nos communautés. Si nous avons été appelés par
Dieu à entrer dans son Eglise par le baptême, ce n’est pas pour rester au coin
du feu alors qu’il y a tant à faire pour témoigner de Dieu et pour rendre
vivante l’Eglise de Jésus Christ. Ce n’est pas parce que des non chrétiens
vivent selon les principes chrétiens sans participer à la vie de l’Eglise, que
les chrétiens peuvent vivre l’Evangile sans vivre en Eglise. Le témoignage de
notre vie fraternelle est un signe puissant pour les nations, et nous nous
devons de répondre joyeusement à l’appel de Dieu lorsque sonnent les cloches du
rassemblement dominical, ou lorsqu’un appel à nous engager davantage dans la
vie de la communauté nous est adressé.
Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de
tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son
Esprit sur eux ! Ce cri de Moïse, je le fais mien ce matin. L’œuvre
que Dieu attend de nous par son Eglise est loin d’être achevée et nous aurons
bien besoin de la part d’Esprit Saint qui est en chacun pour discerner ce qui
est nécessaire pour progresser et témoigner toujours plus de ce Dieu proche de
tout homme. Puisse notre eucharistie de ce jour nous ouvrir à cette présence de
Dieu et nous rendre participants de son œuvre d’amour. Amen.
(Dessin de M. Leiterer)