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samedi 10 octobre 2020

28ème dimanche ordinaire A - 11 octobre 2020

 C'est quoi être missionnaire ?




(Pieter Brueghel l'Ancien, Le repas de noces, 1568, Kunsthistorisches Museum, Vienne, Autriche)


       Nous venons d’entendre non pas une, mais deux paraboles de Jésus, que Matthieu a astucieusement tricotées ensemble : celle des invités au festin des noces et celle du vêtement de la fête. Et puisque l’Eglise nous propose aujourd’hui d’entrer dans la Semaine Missionnaire Mondiale, je voudrais les relire avec vous sous cet angle particulier. Elles nous apprennent à être missionnaires, à nous ouvrir aux autres et à Dieu, et nous ouvrent ainsi le chemin vers le festin éternel que le Père prépare pour nous. Pour ce faire, observons les personnages. 

            Le royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils. Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités. Voilà posé le décor général. Nous comprenons, avec les auditeurs de Jésus en son époque, que le roi, c’est Dieu lui-même. Il a préparé un repas de noces pour l’humanité. C’est une image ancienne déjà, souvent utilisée par les prophètes, pour dire l’essentiel du projet d’amour de Dieu pour tous les hommes : l’humanité est faite pour vivre avec Dieu, en Dieu ; et cette vie avec Dieu n’est ni triste, ni monotone : c’est une vie de joie, une vie d’amour. Pour le chrétien que je suis, Dieu s’unit à l’humanité en Jésus, vrai Dieu et vrai homme. Comme membre de l’humanité, je fais partie des invités à la noce, parce que personne n’est exclu de la fête. Comme chrétien, je suis de ces serviteurs que Dieu envoie porter à tous les hommes la Bonne Nouvelle du Salut. J'ai bien dit : comme chrétien et non comme prêtre. Car oui, frères et sœurs en Christ, nous sommes à la fois les invités, parce que c’est toute l’humanité que Dieu veut sauver, et les serviteurs, parce que, déjà membres de l’Eglise, nous avons à témoigner de l’amour de Dieu, à répandre cet amour afin que le monde puisse croire. Et nous sommes serviteurs, non parce qu’un matin, au réveil, nous nous serions dit : tiens, ce serait bien que je parle de Jésus autour de moi ; non, nous sommes serviteurs parce qu’envoyés par Dieu. Nous sommes constitués serviteurs par appel de Dieu ; et cet appel a retenti dans la vie de chacun au jour même de notre baptême. Nous ne naissons pas à la foi pour nous blottir auprès de Dieu ; nous naissons à la foi pour partager les dons que Dieu nous fait. Un chrétien qui ne voudrait pas être serviteur, n’aurait pas vraiment intégré le sens même de son baptême. Les missionnaires ne sont pas uniquement des prêtres, des religieux et des religieuses avec une vocation particulière consistant à porter le Christ au loin ; est missionnaire chaque personne qui s’unit à Jésus par le baptême. Et notre mission commune n’est pas de convaincre les gens, mais de leur transmettre une invitation à la fête avec Dieu. 

            Revenons à nos paraboles. Dans la première, il est dit : Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités : « Voilà, j’ai préparé mon banquet, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez à la noce. » Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. Nous constatons là la persévérance de ce roi, la persévérance de Dieu à appeler l’humanité au salut. Nous constatons aussi qu’il n’est pas avare : il a préparé un festin somptueux, à l’image de celui annoncé par le prophète Isaïe dans la première lecture de ce dimanche. Dieu n’est pas avare en amour ; il ne donne pas un petit peu, il ne donne pas un bout ; il donne tout son amour. Le roi n’a pas fait tuer quelques bœufs et quelques bêtes grasses ; il dit bien : mes bœufs et mes bêtes grasses. Tout a été livré ! Chrétiens, nous sommes encore plus conscients que Dieu a tout livré, puisque nous proclamons, en Jésus, un Messie livré, crucifié par amour des hommes. Oui, Dieu a tout livré pour nous sauver, pour nous inviter à la fête. Et nous refuserions ? Nous refuserions de nous laisser ainsi aimer, totalement, parce que nous aurions mieux à faire ? Peut-on répondre à Dieu qui nous invite : désolé, je ne peux pas, j’ai piscine ? Cette parabole des invités à la noce est aussi une parabole qui nous invite à nous laisser aimer par Dieu, vraiment, et à entrer dans ce mouvement d’amour. Dieu ne se lasse pas d’inviter. La preuve : quand les premiers invités ont refusé, le roi dit à ses serviteurs : « Le repas de noce est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce. » Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives. Vous aurez noté au passage, la petite incise : les mauvais comme les bons. L’amour de Dieu est sans limite ; tout le monde est vraiment invité à se laisser aimer de Dieu, à se laisser transformer par son amour, à se laisser bonifier par son amour. 

            Tout va bien donc ? Eh bien pas tout à fait. C’est là qu’intervient la deuxième parabole. Elle commence ainsi : Le roi entra pour examiner les convives, et là il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce. La logique humaine voudrait qu’il n’y ait là rien de surprenant. Vous invitez du monde à la dernière minute, les ramassant dans le quartier de manière pressante puisque tout est prêt et que personne n'aime que son rôti soit trop cuit. Vous ne pouvez pas vraiment vous étonner qu’un quidam entre sans vêtement de noce. Ce qui est surprenant, à vue humaine, c’est plutôt qu’il n’y en ait qu’un qui soit vêtu à l’ordinaire. Et pourtant, si tous les autres, invités dans les mêmes conditions, ont eu le temps de se préparer, étonnons-nous, avec le roi, qu’il y en ait un qui n’ait pas pris ce temps. On n’entre pas dans le mouvement de l’amour de Dieu parce qu’on a vu de la lumière ; on entre dans le mouvement de l’amour de Dieu parce qu’on a été saisi par lui et qu’on se laisse transformer par lui. C’est cela, le vêtement de la fête : l’amour de Dieu qui nous prend et nous transforme, nous rendant identiques au Christ. Paul le dira dans une de ses lettres : Vous avez revêtu le Christ. Voilà notre vêtement de fête ! Ce qui doit nous surprendre dans ces deux paraboles, ce n’est pas que le roi fasse tuer les meurtriers, ni qu’il fasse jeter dehors, pieds et poings liés, celui qui ne porte pas le vêtement de noce. Non, ce qui doit nous surprendre, c’est que l’homme puisse refuser le mouvement d’amour initié par Dieu ; ce qui doit nous surprendre, c’est que des gens pensent encore que nous irons tous au paradis. Sans le vêtement de l’amour, vous aurez beau voir de la lumière ; c’est à peu près tout ce que vous verrez du paradis. Ce qui doit nous surprendre le plus, c’est que Dieu ait choisi, par amour, de nous laisser aller, de nous laisser la possibilité de refuser son amour. Là nous voyons vraiment à quel point il nous aime. Il nous aime au point de se laisser entendre dire : je ne veux pas de ton amour. Chrétiens, nous devons comprendre aussi qu’il ne suffit pas d’avoir revêtu le Christ pour être automatiquement admis dans la salle des noces. Entrer dans le mouvement de l’amour de Dieu n’est pas un moment unique à l’image de notre baptême ; c’est un mouvement quotidien, un mouvement dans lequel il nous entrer chaque jour. C’est pour cela que nous sommes à la fois serviteurs et invités. Nous ne devons jamais l’oublier. 

            Transmettre l’invitation : voilà notre mission de serviteur ; nous laisser aimer, entrer dans le mouvement de l’amour Dieu, porter chaque jour le vêtement de noces : voilà notre mission d’invité. Il nous faut tenir les deux, ensemble, sans cesse. Si nous ne nous sentons pas aimés de Dieu, nous ne pourrons pas transmettre l’invitation ; si nous ne transmettons pas l’invitation, nous ne sommes plus dans le mouvement de l’amour de Dieu. Le salut, c’est ensemble, ou il n’est pas ; de même que l’amour, c’est pour tous, ou il n’est pas. Je ne peux garder ni l’invitation, ni l’amour de Dieu pour moi tout seul. Amen. 


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