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Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

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samedi 24 octobre 2020

30ème dimanche ordinaire A - 25 octobre 2020

 Fratelli tutti et tutti quanti !



(Source internet : https://selmourconceptions.com/lamour-comme-source-de-vie-invisible-et-indivisible/)


        Le 03 octobre dernier, à Assise, le Pape François signait sa troisième encyclique, intitulée « Fratelli tutti », Tous frères ! A côté des explications de texte officielles, nous avons vu fleurir sur les réseaux sociaux tout un tas de commentaires plutôt acerbes, loin du contenu de l’encyclique. C’était comme si celui qui venait de nous inviter à la fraternité universelle s’attirait par le fait même l’inimitié de tous, en tous les cas de beaucoup. « Pape rouge qui ferait mieux de parler à son Eglise plutôt que de s’occuper de politique », pour ne prendre que les remarques les plus tendres ! Et ne croyons pas que les attaques ne venaient que des autres, de ceux qui ne croient pas comme nous, voire de ceux qui ne croient pas du tout. J’aurais aimé que ce soit le cas ; mais non, les attaques les plus virulentes venaient de son propre camp. L’idée d’une fraternité universelle a encore du mal à faire son chemin, même chez les chrétiens. 

            Pourtant, on aurait pu croire, après des siècles de méditations des textes bibliques proposés en première lecture et en évangile ce dimanche, on aurait pu croire donc que l’amour serait passé dans les mœurs, que la fraternité ne serait pas un problème. On aurait pu croire que, après des conflits mondiaux qui avaient déchiré la planète au siècle dernier, après l’horreur des camps de concentration (ceux du nazisme comme ceux du bolchévisme), on aurait pu croire donc que les hommes avaient fait le choix d’un « plus jamais ça » et que la fraternité s’imposait comme le chemin naturel pour rassembler les hommes, garantir la paix et assurer le bonheur de tous. Il semblerait que ce ne soit pas encore le cas. Il nous faut donc reprendre sans cesse la méditation de ces textes fondamentaux de notre foi que la liturgie de ce dimanche nous donne d’entendre encore. 

            Dans l’encyclique, le Pape François propose une méditation de la parabole du bon samaritain, dont il rappelle l’arrière-plan. Et pour ce faire, il cite, entre autres, l’extrait du livre de l’Exode que nous avons entendu aujourd’hui. En effet, la fraternité ou l’urgence de l’amour du prochain, est une réalité fortement ancrée dans les textes de la Bible. Le pape rappelle, je le cite : Dans les traditions juives, le commandement d’aimer et de prendre soin de l’autre semblait se limiter aux relations entre les membres d’une même nation. Le précepte ancien « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19, 18) était généralement censé se rapporter à des concitoyens. Cependant, surtout dans le judaïsme qui s’est développé hors de la terre d’Israël, les frontières se sont élargies. L’invitation à ne pas faire aux autres ce que tu ne veux pas qu’ils te fassent est apparue (cf. Tb 4,15). Le sage Hillel (1er siècle avant Jésus Christ) disait à ce sujet : « Voilà la loi et les prophètes ! Tout le reste n’est que commentaire ». Le désir d’imiter les attitudes divines a conduit à surmonter cette tendance à se limiter aux plus proches : « La pitié de l’homme est pour son prochain, mais la pitié du Seigneur est pour toute chair » (Si 18,13) (FT 59). Il y a donc là la raison première de la nécessité d’aimer : aimer le prochain, quel qu’il soit, c’est entrer dans l’imitation de l’amour de Dieu. Le croyant en Dieu ne peut pas aimer moins que son Dieu ; le croyant en Dieu se doit, par sa manière d’agir et d’aimer, enseigner comment Dieu agit et aime. Il ne peut donc faire moins bien que Dieu. Il doit tendre vers cette perfection de l’amour qui est en Dieu, qui est Dieu. Il nous faudrait relire ici l’enseignement d’un saint Jean qui nous dit que Dieu est amour, mais aussi que celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas ! (1Jn 4,20). 

            Ecoutons encore le Pape François (FT 88). A partir de l’intimité de chaque cœur, l’amour crée des liens et élargit l’existence s’il fait sortir la personne d’elle-même vers l’autre. Faits pour l’amour, nous avons en chacun d’entre nous « une loi d’extase : sortir de soi-même pour trouver en autrui un accroissement d’être ». Voilà pourquoi l’homme doit de toute manière mener à bien cette entreprise : sortir de lui-même. François explique ainsi pourquoi je ne peux pas m’enfermer dans un amour limité à une personne ou à un groupe restreint de personnes. L’amour ne vit et ne grandit qu’à mesure qu’il s’ouvre toujours plus, qu’il inclut toujours plus de monde. Sinon, il rapetisse, se recroqueville jusqu’à disparaître, jusqu’à n’être plus un amour authentique. Le plus grand danger de l’amour, c’est l’illusion de l’amour qui est présente dès que je limite celui-ci à une personne, à un groupe de personnes. Apprendre à aimer nous oblige à apprendre à aimer tout le monde ! Ou nous courons le risque de n’aimer jamais vraiment. 

            Un des aspects de notre condition chrétienne est de n’être que de passage sur cette terre. Venant de Dieu et allant vers Dieu, nous pouvons dire que nous ne sommes que des étrangers en terre étrangère. Notre patrie véritable, c’est le royaume où Dieu nous attend. Notre pèlerinage sur cette terre ne peut être qu’un pèlerinage d’amour si nous ne voulons pas perdre la boussole qui nous mènera vers le Père éternel. Mettons en œuvre le double commandement de l’amour en vivant une fraternité universelle plus que jamais nécessaire en ces temps troublés qui sont les nôtres. Par l’amour de Jésus, vers l’amour en Dieu, en passant par l’amour des autres. De tous les autres. Il n’y a pas d’autre chemin possible. C’est ce que le Christ a enseigné par sa vie ; c’est ce que nous devons enseigner par la nôtre. Amen.  

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