Bienvenue sur ce blog !

Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

Puisque nous sommes tous responsables de la foi des autres, n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Nous pourrons ainsi nous enrichir de la réflexion des autres.







samedi 25 mars 2023

5ème dimanche de Carême A - 26 mars 2023

 Revenez à moi : je vous donne la vie.






 

            Nous arrivons déjà au terme des dimanches de Carême. Dimanche prochain, nous entrerons dans la grande semaine qui nous fera revivre les derniers jours de Jésus sur cette terre. Toute la liturgie de ce cinquième dimanche nous ouvre déjà à l’espérance qui est la nôtre : si nous revenons vers Dieu, il nous donnera la vie, la vraie vie. 

            Cette espérance, le prophète Ezéchiel nous montre qu’elle est ancienne déjà. Elle est née dans les terres de l’Exil, quand le peuple choisi a été chassé de Jérusalem et déporté à Babylone. Là, en terre étrangère, le peuple s’est mis à réfléchir, à relire sa longue histoire avec Dieu. Même si les péchés, les nombreux péchés du peuple, l’avaient éloigné de Dieu, le reste d’Israël va prendre conscience de la puissance de l’Alliance qu’il avait bafouée. Dieu certes était en colère contre son peuple, mais sa colère ne saurait être pour toujours. Comme le chante le psalmiste : Près du Seigneur est l’amour ; près de lui abonde le rachat. C’est lui qui rachètera Israël de toutes ses fautes. Cinquante années passeront et le reste d’Israël reviendra à Jérusalem, parce que le cœur des fils aura utilisé ce temps pour revenir à leur Père, à Dieu. La prophétie d’Ezéchiel que nous avons entendu annonce ce jour comme celui d’une résurrection : Je vais ouvrir vos tombeaux, et je vous en ferai remonter, et je vous ramènerai sur la terre d’Israël. Vous saurez que je suis le Seigneur, quand j’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai remonter. Comme au temps de la création Dieu avait donné son souffle à l’homme modelé de la terre pour qu’il vive, ainsi Dieu mettra son esprit dans ce reste d’Israël et il vivra ! Là où la mort semblait avoir tout emporté, Dieu fera refleurir la vie. 

            Cette espérance en la résurrection des morts est déjà bien implantée dans le peuple, des siècles plus tard, quand Jésus part annoncer le Règne de Dieu. Nous savons que les pharisiens la partageaient ; ils avaient foi en la vie plus forte que la mort. Mais cela ne signifie pas que la mort est sans conséquence pour ceux qui restent. Dans l’évangile de ce dimanche, nous voyons Jésus lui-même pleurer son ami Lazare, mort quelques jours plus tôt, alors qu’il a tout fait pour ne pas se précipiter à son chevet quand il aurait encore pu le guérir, comme il l’avait fait pour tant d’autres malades. Jésus lui-même le laisse entendre à ses disciples : ce qui va se jouer auprès de ses amis, c’est pour la gloire de Dieu et pour que les disciples croient. Mais qu’ils croient quoi ? Non seulement qu’ils croient que les morts ressusciteront, comme Jésus l’affirme à Marthe, mais qu’ils croient que Jésus lui-même est la résurrection et la vie. Ce que Jésus affirme à Marthe, c’est notre foi : Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. La question qu’il adresse à Marthe, il nous l’adresse à tous : Crois-tu cela ? 

Peut-être que Jésus aurait pu guérir Lazare s’il s’était quelque peu dépêché sur la route ; peut-être que si Jésus avait été présent, le frère de Marthe et de Marie ne serait pas mort. Mais comment nous aurait-il préparé, et préparé nos cœurs à ce qui allait se jouer quelque temps plus tard, lorsque Jésus lui-même, lui qui est la résurrection et la vie sera élevé sur le bois de la croix ? La mort de Lazare n’est pas une répétition de la résurrection de Jésus ; elle est un signe pour notre foi, le signe que Jésus est plus fort que la mort. Cela ne veut pas dire qu’il n’aura pas à l’affronter, la mort ; il le fera sur la croix et au tombeau. Cela signifie qu’il est vainqueur même de la mort. En réveillant Lazare du sommeil de la mort, Jésus nous fait déjà comprendre que la mort ne peut avoir le dernier mot de l’histoire des hommes. Nous sommes faits pour vivre, en Jésus, pour toute éternité. La mort n’est plus un anéantissement, elle est ce passage vers la vie en plénitude pour ceux et celles qui croient que Jésus est le Seigneur. Elle vient toujours trop tôt, la mort, pour les gens que nous aimons ; et cela nous rend tristes, légitimement. Jésus lui-même a pleuré, sincèrement, son ami mort. Mais en Jésus, le Christ, la vie a le dernier mort. A l’appel de Jésus, l’envoyé du Père, le mort sortit de son tombeau, et beaucoup de Juifs crurent en lui.

            Ce que Jésus a réalisé temporairement pour Lazare, il le réalisera définitivement pour tous par son sacrifice et sa mort en croix. Et c’est parce qu’il est allé jusque-là, jusqu’au bout de l’aventure humaine, que je crois en Lui, que je reconnais en Lui mon Sauveur et mon Dieu. Pour moi, homme, né de la poussière et qui retournera à la poussière, Jésus donne sa vie, Jésus se fait résurrection et vie. Tout ce qu’il attend de moi, c’est ma foi en Lui. Il pourra ainsi me pardonner et me faire vivre avec lui, pour toujours. Ecoutons-le encore, il nous appelle : Revenez à moi : je vous donne la vie. Amen.

samedi 18 mars 2023

4ème dimanche de Carême A - 19 mars 2023

 Revenez à moi : vivez dans ma lumière ! 







            Frères, autrefois vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière ; conduisez-vous comme des enfants de lumière. Cette annonce de Paul aux Ephésiens laisse entendre qu’il y a quelque chose entre cet avant qui nous plongeait dans les ténèbres et cet aujourd’hui qui nous illumine. Ce quelque chose, c’est la rencontre avec le Christ et notre adhésion à sa personne, autrement dit, notre baptême. 

            Il suffit, pour s’en convaincre, d’ouvrir le Rituel du Baptême des adultes. En remettant le cierge, allumé au cierge pascal, au nouveau baptisé, le prêtre dit : Vous êtes devenus lumière dans le Christ : marchez toujours comme des enfants de lumière ; demeurez fidèles à la foi de votre baptême. Alors, quand le Seigneur viendra, vous pourrez aller à sa rencontre dans son Royaume avec tous les saints du Ciel. Cette prière est on ne peut plus claire : le baptême n’est pas seulement un acte, c’est un chemin de vie qui nous fait devenir lumière dans le Christ. Le Rituel du baptême d’un enfant est encore plus précis, quand il confie cette lumière aux parrains-marraines, à charge pour eux d’exercer leur mission en lien avec les parents de leur filleul. Il fait dire au prêtre : C’est à vous, parents, parrain et marraine, que cette lumière est confiée. Veillez à l’entretenir : que votre enfant, illuminé par le Christ, avance dans la vie en enfant de lumière et demeure fidèle à la foi de son baptême. Ainsi, quand le Seigneur viendra, il pourra aller à sa rencontre dans son Royaume avec tous les saints du Ciel. La lumière dont nous devons resplendir, c’est bien le Christ lui-même ; c’est lui qui illumine notre vie ; c’est à sa suite que nous vivons ; c’est à sa suite que nous marchons vers le Royaume. Comme le précise une variante proposée par un groupe de travail des milieux ouvriers, cette lumière (le Christ) donne espérance et force au milieu des difficultés et des faiblesses que nous pouvons connaître ; cette lumière doit nous permettre de nous souvenir toujours que nous sommes entrés dans un monde tourné vers l’avenir, car Jésus Christ est la lumière du monde. La lumière dont nous resplendissons n’est donc pas l’expression de notre génie (quelle lumière cet homme !), mais bien l’expression de notre attachement profond et vital au Christ, mort et ressuscité pour notre vie. 

            La rencontre entre Jésus et l’aveugle, dont nous avons entendu le récit dans l’évangile de ce dimanche, devient alors l’illustration parfaite de ce que dit le Rituel du baptême. Avant sa rencontre avec Jésus, cet homme est aveugle, plongé dans les ténèbres. Il nous suffit à tous de fermer les yeux pour faire brièvement l’expérience de ce que peut être sa vie. Son handicap devient l’illustration pour les voyants que nous sommes de ce que signifie une vie refusant le Christ. On peut vivre, mais en n’y voyant rien, en ne voyant pas la beauté du monde marqué par la présence de Dieu en Christ. Quand le Christ entre dans la vie de cet aveugle et qu’il écoute sa parole : va te laver à la piscine de Siloé, il voit ! Il nous faut noter ici que cet homme n’a pas cherché la guérison. Dans son évangile, Jean nous dit que, en sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance. C’est un homme sans nom chez Jean comme pour dire qu’il est chacun de nous tant que nous n’avons pas rencontré le Christ. La question des disciples : rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? peut s’entendre ainsi dans notre monde marqué par un recul de la foi : Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il ne te connaisse pas ? Et la réponse serait la même de la part de Jésus : Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. La rencontre entre le Christ et l’un de nous a toujours pour but de manifester dans une vie précise les œuvres de Dieu. Vivre en enfant de lumière, pour reprendre l’expression de Paul, c’est cela et rien que cela : manifester à travers notre vie que Dieu est à l’œuvre dans notre monde. 

            Cet homme, aveugle de naissance, qui ne demande rien à Jésus, est donc guéri par la seule initiative de Jésus. S’en suit d’abord un étonnement puis tout un procès devant la puissance du signe donné. Les uns disaient : c’est lui. Les autres disaient : Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. Celui qui n’a rien demandé, qui a bénéficié gratuitement de la grâce de Dieu par Jésus, est conduit devant les pharisiens. Comprenez-vous, Jésus a guéri cet homme un jour de sabbat ! Ce qui préoccupe les pharisiens, ce n’est pas que l’aveugle ait été guéri, ni comment il a été guéri ; ce qui les préoccupe, c’est ce que dit ce signe de celui qui l’a posé, Jésus. Est-il de Dieu ? Si oui, pourquoi n’observe-t-il pas le repos du sabbat ? Et s’il est pécheur, comment peut-il accomplir des signes pareils ? Ce que cette guérison provoque chez l’ancien aveugle, il n’en est guère question. Ses parents, sans doute aussi surpris que tous les autres, se contentent de préciser que c’est bien de leur fils dont tout le monde parle. Il ne s’agit pas d’une supercherie. Et l’aveugle devenu voyant témoigne de la seule certitude qui l’anime à ce moment précis : j’étais aveugle, et à présent je vois. Et devant l’insistance de ses opposants, il lâche la question fondamentale : Serait-ce que vous voulez, vous aussi, devenir ses disciples ? C’est la seule question d’importance. Quand Dieu passe dans notre vie, voulons-nous le suivre ? Cette lumière qu’il fait resplendir en nous, voulons-nous la porter au monde ? 

L’histoire s’achève par cette profession de foi de la part de celui qui est retrouvé par Jésus après ce simulacre de procès. Quand Jésus (qu’il n’a pas vu encore depuis sa guérison) le retrouve et l’interroge : Crois-tu au Fils de l’homme ? Il répondit : Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? Jésus lui dit : Tu le vois, c’est lui qui te parle. Il dit : Je crois, Seigneur ! Et il se prosterna devant lui. Il fallait que la rencontre transformante avec Jésus qu’il avait faite lorsqu’il était encore aveugle, devienne rencontre réelle avec lui et affirmation de la Seigneurie du Christ. Ceci nous montre bien que le baptême ne saurait juste être un acte, un moment de notre vie. Combien de chrétiens ont été baptisés sans devenir vraiment croyants, sans avoir abouti à cette rencontre réelle avec Jésus qui leur permet de resplendir du Christ ? Combien de baptisés sont incapables de dire par eux-mêmes : Je crois, Seigneur ? L’appel de Paul aux Ephésiens : Conduisez-vous comme des enfants de lumière, est plus que jamais d’actualité. Baptisés, nous avons à reconnaître ce qui est capable de plaire au Seigneur et à le vivre. 

Durant ce Carême, nous avons choisi de répondre à l’appel du Seigneur formulé par le prophète Joël au début de ce temps : Revenez à moi. Aujourd’hui, il nous indique un nouveau chemin pour répondre à son appel : Vivez dans ma lumière. Que l’eucharistie de ce dimanche redonne vigueur à cette lumière reçue à notre baptême ; que nous puissions toujours resplendir du Christ qui veut sauver tous les hommes. Amen.

mardi 14 mars 2023

3ème dimanche de Carême A - 12 mars 2023

 Revenez à moi : je comble votre soif ! 


               

(soif | Résultats de recherche | 1001 versets (la-bible.info)





                Jésus ne cessera jamais de me surprendre. Voyez la rencontre qu’il fait avec la Samaritaine. Elle commence par une demande banale : Donne-moi à boire, et s’achève par la conversion de toute une ville. La soif que Jésus ressent mène toute une ville à une soif de Jésus, une soif de vérité, une soif de Dieu. 

            Tout commence donc par cette demande simple de Jésus : Donne-moi à boire, demande qui logiquement aurait dû se concrétiser par un verre d’eau. Or il n’en est rien. Il ne semble pas que Jésus ait eu de suite ce qu’il demandait, la femme à qui il s’adresse semblant remettre sur le tapis la querelle ancestrale entre Juifs et Samaritains : Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? Un vieux réflexe humain qui nous fait mettre en avant nos différences, nos oppositions plutôt que de soulager le besoin de celui qui est différent. Comme si la religion de l’autre, sa couleur de peau, l’histoire douloureuse qui peut exister entre deux, prenaient le pas sur la personne qui demande. Celui qui demande n’est pas d’abord quelqu’un dans le besoin : il est d’abord quelqu’un qui n'est pas comme moi ; pire, il est un d’un groupe qui ne m’aime pas. Ne pourrait-on pas simplement voir dans l’autre qui nous aborde quelqu’un qui a besoin de nous ? Et c’est bien là, la première surprise de ce texte : Jésus veut avoir besoin de la Samaritaine pour quelque chose d’aussi simple qu’un peu d’eau. Lui qui peut changer l’eau en vin, multiplier les pains et les poissons, il aurait pu, seul près de ce puits, demander à son Père, ou faire lui-même quelque miracle, juste pour lui. Mais non, il préfère s’adresser à cette femme qui arrive. Jésus a soif de rencontrer l’humanité. C’est la soif permanente de Dieu depuis ce jour où, ayant désobéi à Dieu, l’homme s’est caché dans le jardin, obligeant Dieu à le chercher : Homme, où es-tu ? 

            Ma deuxième surprise, à l’écoute de ce texte, c’est tout ce qu’engendre cette demande, cette soif manifestée par Jésus. Très vite, la discussion devient théologique et révèle la soif de vérité de cette femme de Samarie. Une soif de vérité qui lui fait accepter le regard que Jésus porte sur sa vie : Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là tu dis vrai. La femme ne comprend pas forcément tout ce que dit Jésus, mais elle sent qu’il y a en lui quelque chose de différent : je vois que tu es un prophète ! Au point de s’en faire témoin auprès de toute la ville qu’elle appelle auprès de Jésus : Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? Comme on est loin de la remarque première : toi un Juif… moi une Samaritaine. Je ne suis pas sûr de mesurer pleinement tout le chemin que cette femme a fait intérieurement, mais il me laisse admiratif. Ma soif de Jésus et de la vérité qu’il porte en lui est-elle à la hauteur de la soif de cette femme ? Ou Jésus est-il devenu pour moi comme l’air que je respire : je n’y fais plus trop attention ? 

            D’un Jésus qui avait soif, nous sommes passé à un Jésus dont toute une ville a soif. Il passe deux jours avec eux, deux jours à leur parler, à toucher les cœurs, à convertir leur regard. Au point qu’ils reconnaissent devant la femme ce qu’elle avait elle-même pressenti quand elle les a appelés auprès de Jésus : Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. Un verre d’eau demandé par Jésus a conduit à la conversion de toute une ville. Comment ne pas être bouleversé par cela ? Pouvons-nous rester sourds quand Jésus veut avoir besoin de nous ? Notre réponse à sa demande ne convertira peut-être pas toute une ville, mais elle ne restera pas sans effet. Qu’importe l’importance de l’effet ! Jésus veut avoir besoin de nous, comme il voulait avoir besoin de la Samaritaine. Jésus attend de nous un petit rien pour qu’à travers nous il puisse faire de grandes choses. Entrons en conversation avec lui, laissons-le nous révéler notre propre vérité ; laissons-le porter sur notre vie son regard de vérité. Et surtout, témoignons, même modestement, de ce qu’il nous apporte. 

            A ceux qui cherchent, à ceux qui doutent, à ceux qui ne savent plus vers qui se tourner, comme à ceux qui ne croient pas ou plus, Jésus dit : Revenez à moi : je comble votre soif ! Le chemin fait par la Samaritaine peut être notre chemin pour peu que nous nous laissions approcher par Jésus et que nous acceptions d’entrer en dialogue avec lui. En ce temps de Carême, il se tient à notre porte et il frappe. Lui ouvrirons-nous ? Le laisserons-nous entrer ?

samedi 4 mars 2023

2ème dimanche de Carême A - 05 mars 2023

 Revenez à moi : vivez de ma Parole !




            Notre marche vers Pâques se poursuit, toujours avec ce désir de répondre à l’appel de Dieu relayé par le Prophète Joël : Revenez à moi ! En ce deuxième dimanche, Dieu lui-même nous donne une clé pour emprunter le chemin du retour. Il nous dit : Vivez de ma Parole. La liturgie nous donne deux exemples de croyants qui ont vécu ce conseil : Abram et Paul. 

            Puisqu’il est le tout-premier à s’être mis à l’écoute de Dieu, commençons par Abram. Au moment où Dieu s’adresse à lui, il est déjà âgé et pourtant, à l’écoute de la promesse du Seigneur, il s’en alla, comme le Seigneur le lui avait dit. Je n’arrive pas à me défaire de la surprise qui est la mienne quand je lis ce passage de l’Ecriture. Comment un homme qui a déjà bien vécu peut-il, sur la parole d’un inconnu, tout laisser pour un autre pays ? En effet, à parcourir les chapitres précédents, rien ne prédestinait Abram à cette aventure. Il est certes de la descendance de Noé, mais quand même à la onzième génération ! Et la Bible ne dit rien de toutes ces familles sinon les mariages et les enfants. Pas un mot de leurs relations avec le Seigneur. Aussi, vous comprendrez mon étonnement lorsqu’après autant de temps, Abram se met en route à l’appel d’un Seigneur qui ne s’est plus manifesté depuis le déluge ! En tout cas, la Bible n’en garde pas de trace ; nous pouvons en déduire qu’il n’y a rien eu de mémorable à relever en-dehors des successions familiales. Cela fait peu pour engager sa famille dans un voyage vers l’inconnu. Car force est de constater qu’Abram ne connaît pas, à son départ, le pays d’arrivée : Va vers le pays que je te montrerai ! Comme si Dieu lui-même cherchait encore la terre où il allait établir ce qui deviendra son peuple. Est-ce un rêve de grandeur qui le met en route ? Je ferai de toi une grande nation, je rendrai grand ton nom ? Est-ce la voix de Dieu qui avait quelque chose d’enchanteur ou de séducteur qui fait qu’il s’est mis en route ? Nous n’en saurons jamais rien. La seule certitude qui nous est donnée, c’est qu’Abram prit la route, avec sa famille. 

Vivez de ma parole : cette invitation est pleine de surprises. Elle est invitation à la confiance, invitation à se déplacer peut-être d’abord intérieurement. Le chemin à faire n’est pas tant topographique que spirituel. Comme Abram, nous sommes invités à cette mise en route intérieure qui nous fait accorder notre confiance à un Dieu qui nous parle certes, mais que nous ne voyons pas de nos yeux. Nous n’avons de lui que le témoignage de ce qu’il a réalisé pour tant d’autres avant nous. C’est bien sur parole que nous le croyons ; c’est bien sur cette Parole fidèlement transmise depuis Abram que nous engageons notre vie. Et nous pouvons engager notre vie sur cette Parole, mieux qu’Abram parce que nous avons des exemples nombreux qu’il n’avait pas. Nous savons que, comme pour Abram, cette Parole sera une parole de bénédiction. Car Dieu veut notre bonheur, il veut pour nous la vie.  

            Si Abram est parti à l’aventure à l’appel de Dieu, Paul s’est engagé lui, sur un même appel, celui du Christ, à répandre la Bonne Nouvelle de Jésus, mort et ressuscité pour nous. Sa réponse à l’appel du Christ s’est concrétisée dans ses voyages missionnaires, mais aussi dans sa présentation méticuleuse et ordonnée de ce qui est aujourd’hui notre foi. Vivant de la Parole de Dieu, il a su trouver les mots qui ont convaincu tant d’hommes et de femmes à accorder leur foi à un homme mort à Jérusalem comme un criminel. Il n’avait rien d’extraordinaire face à tous les dieux païens, juste cette certitude que celui qui s’est adressé à lui, s’est maintenant manifesté : il a détruit la mort, et il a fait resplendir la vie et l’immortalité par l’annonce de l’Evangile. En vivant de la Parole du Christ, Parole de Dieu faite chair, Paul a eu une connaissance approfondie des mystères de Dieu. 

Comme lui, en vivant de cette Parole, nous pouvons entrez dans une compréhension plus profonde du projet de Dieu pour nous. Cette Parole méditée, réfléchie, approfondie, révèle à chacun de nous la voie à suivre pour vivre toujours plus et toujours mieux le projet que Dieu porte pour nous, personnellement ! Vivre de la Parole de Dieu, c’est faire le choix de vivre notre vie pleinement, avec la bénédiction de Dieu. Paul nous montre aussi qu’une vie vécue dans la grâce de cette Parole de Dieu, permet d’affronter toutes les épreuves que les hommes ne manqueront pas de placer sur notre route. 

            Comme Pierre, Jacques et Jean jadis sur la montagne de la transfiguration, écoutons la voix de Dieu qui nous dit : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! Mais ne l’entendons pas comme un ordre de Dieu, mais bien comme une invitation à trouver nous-aussi notre joie en Jésus, lui qui rend la grâce de Dieu visible par toute sa vie. Revenez à moi : vivez de ma Parole est donc une invitation au bonheur, une invitation à la vie en plénitude, ne invitation à suivre le Christ. N’est-ce pas là une Bonne Nouvelle pour nous  et pour les hommes qui cherchent un sens à leur vie ? Avec Abram, prenons la route ; avec Paul, répandons la Bonne Nouvelle : Dieu est avec nous, il nous donne son Fils pour notre vie, pour notre joie. Amen.