Revenez à moi : je vous donne la vie.
Nous arrivons déjà au terme des dimanches de Carême. Dimanche prochain, nous entrerons dans la grande semaine qui nous fera revivre les derniers jours de Jésus sur cette terre. Toute la liturgie de ce cinquième dimanche nous ouvre déjà à l’espérance qui est la nôtre : si nous revenons vers Dieu, il nous donnera la vie, la vraie vie.
Cette espérance, le prophète Ezéchiel nous montre qu’elle est ancienne déjà. Elle est née dans les terres de l’Exil, quand le peuple choisi a été chassé de Jérusalem et déporté à Babylone. Là, en terre étrangère, le peuple s’est mis à réfléchir, à relire sa longue histoire avec Dieu. Même si les péchés, les nombreux péchés du peuple, l’avaient éloigné de Dieu, le reste d’Israël va prendre conscience de la puissance de l’Alliance qu’il avait bafouée. Dieu certes était en colère contre son peuple, mais sa colère ne saurait être pour toujours. Comme le chante le psalmiste : Près du Seigneur est l’amour ; près de lui abonde le rachat. C’est lui qui rachètera Israël de toutes ses fautes. Cinquante années passeront et le reste d’Israël reviendra à Jérusalem, parce que le cœur des fils aura utilisé ce temps pour revenir à leur Père, à Dieu. La prophétie d’Ezéchiel que nous avons entendu annonce ce jour comme celui d’une résurrection : Je vais ouvrir vos tombeaux, et je vous en ferai remonter, et je vous ramènerai sur la terre d’Israël. Vous saurez que je suis le Seigneur, quand j’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai remonter. Comme au temps de la création Dieu avait donné son souffle à l’homme modelé de la terre pour qu’il vive, ainsi Dieu mettra son esprit dans ce reste d’Israël et il vivra ! Là où la mort semblait avoir tout emporté, Dieu fera refleurir la vie.
Cette espérance en la résurrection des morts est déjà bien implantée dans le peuple, des siècles plus tard, quand Jésus part annoncer le Règne de Dieu. Nous savons que les pharisiens la partageaient ; ils avaient foi en la vie plus forte que la mort. Mais cela ne signifie pas que la mort est sans conséquence pour ceux qui restent. Dans l’évangile de ce dimanche, nous voyons Jésus lui-même pleurer son ami Lazare, mort quelques jours plus tôt, alors qu’il a tout fait pour ne pas se précipiter à son chevet quand il aurait encore pu le guérir, comme il l’avait fait pour tant d’autres malades. Jésus lui-même le laisse entendre à ses disciples : ce qui va se jouer auprès de ses amis, c’est pour la gloire de Dieu et pour que les disciples croient. Mais qu’ils croient quoi ? Non seulement qu’ils croient que les morts ressusciteront, comme Jésus l’affirme à Marthe, mais qu’ils croient que Jésus lui-même est la résurrection et la vie. Ce que Jésus affirme à Marthe, c’est notre foi : Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. La question qu’il adresse à Marthe, il nous l’adresse à tous : Crois-tu cela ?
Peut-être que Jésus aurait pu guérir Lazare s’il s’était quelque peu dépêché sur la route ; peut-être que si Jésus avait été présent, le frère de Marthe et de Marie ne serait pas mort. Mais comment nous aurait-il préparé, et préparé nos cœurs à ce qui allait se jouer quelque temps plus tard, lorsque Jésus lui-même, lui qui est la résurrection et la vie sera élevé sur le bois de la croix ? La mort de Lazare n’est pas une répétition de la résurrection de Jésus ; elle est un signe pour notre foi, le signe que Jésus est plus fort que la mort. Cela ne veut pas dire qu’il n’aura pas à l’affronter, la mort ; il le fera sur la croix et au tombeau. Cela signifie qu’il est vainqueur même de la mort. En réveillant Lazare du sommeil de la mort, Jésus nous fait déjà comprendre que la mort ne peut avoir le dernier mot de l’histoire des hommes. Nous sommes faits pour vivre, en Jésus, pour toute éternité. La mort n’est plus un anéantissement, elle est ce passage vers la vie en plénitude pour ceux et celles qui croient que Jésus est le Seigneur. Elle vient toujours trop tôt, la mort, pour les gens que nous aimons ; et cela nous rend tristes, légitimement. Jésus lui-même a pleuré, sincèrement, son ami mort. Mais en Jésus, le Christ, la vie a le dernier mort. A l’appel de Jésus, l’envoyé du Père, le mort sortit de son tombeau, et beaucoup de Juifs crurent en lui.
Ce que Jésus a réalisé
temporairement pour Lazare, il le réalisera définitivement pour tous par son sacrifice
et sa mort en croix. Et c’est parce qu’il est allé jusque-là, jusqu’au bout de l’aventure
humaine, que je crois en Lui, que je reconnais en Lui mon Sauveur et mon Dieu. Pour
moi, homme, né de la poussière et qui retournera à la poussière, Jésus donne sa
vie, Jésus se fait résurrection et vie. Tout ce qu’il attend de moi, c’est ma
foi en Lui. Il pourra ainsi me pardonner et me faire vivre avec lui, pour
toujours. Ecoutons-le encore, il nous appelle : Revenez à moi : je vous donne la vie. Amen.
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