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mardi 14 mars 2023

3ème dimanche de Carême A - 12 mars 2023

 Revenez à moi : je comble votre soif ! 


               

(soif | Résultats de recherche | 1001 versets (la-bible.info)





                Jésus ne cessera jamais de me surprendre. Voyez la rencontre qu’il fait avec la Samaritaine. Elle commence par une demande banale : Donne-moi à boire, et s’achève par la conversion de toute une ville. La soif que Jésus ressent mène toute une ville à une soif de Jésus, une soif de vérité, une soif de Dieu. 

            Tout commence donc par cette demande simple de Jésus : Donne-moi à boire, demande qui logiquement aurait dû se concrétiser par un verre d’eau. Or il n’en est rien. Il ne semble pas que Jésus ait eu de suite ce qu’il demandait, la femme à qui il s’adresse semblant remettre sur le tapis la querelle ancestrale entre Juifs et Samaritains : Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? Un vieux réflexe humain qui nous fait mettre en avant nos différences, nos oppositions plutôt que de soulager le besoin de celui qui est différent. Comme si la religion de l’autre, sa couleur de peau, l’histoire douloureuse qui peut exister entre deux, prenaient le pas sur la personne qui demande. Celui qui demande n’est pas d’abord quelqu’un dans le besoin : il est d’abord quelqu’un qui n'est pas comme moi ; pire, il est un d’un groupe qui ne m’aime pas. Ne pourrait-on pas simplement voir dans l’autre qui nous aborde quelqu’un qui a besoin de nous ? Et c’est bien là, la première surprise de ce texte : Jésus veut avoir besoin de la Samaritaine pour quelque chose d’aussi simple qu’un peu d’eau. Lui qui peut changer l’eau en vin, multiplier les pains et les poissons, il aurait pu, seul près de ce puits, demander à son Père, ou faire lui-même quelque miracle, juste pour lui. Mais non, il préfère s’adresser à cette femme qui arrive. Jésus a soif de rencontrer l’humanité. C’est la soif permanente de Dieu depuis ce jour où, ayant désobéi à Dieu, l’homme s’est caché dans le jardin, obligeant Dieu à le chercher : Homme, où es-tu ? 

            Ma deuxième surprise, à l’écoute de ce texte, c’est tout ce qu’engendre cette demande, cette soif manifestée par Jésus. Très vite, la discussion devient théologique et révèle la soif de vérité de cette femme de Samarie. Une soif de vérité qui lui fait accepter le regard que Jésus porte sur sa vie : Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là tu dis vrai. La femme ne comprend pas forcément tout ce que dit Jésus, mais elle sent qu’il y a en lui quelque chose de différent : je vois que tu es un prophète ! Au point de s’en faire témoin auprès de toute la ville qu’elle appelle auprès de Jésus : Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? Comme on est loin de la remarque première : toi un Juif… moi une Samaritaine. Je ne suis pas sûr de mesurer pleinement tout le chemin que cette femme a fait intérieurement, mais il me laisse admiratif. Ma soif de Jésus et de la vérité qu’il porte en lui est-elle à la hauteur de la soif de cette femme ? Ou Jésus est-il devenu pour moi comme l’air que je respire : je n’y fais plus trop attention ? 

            D’un Jésus qui avait soif, nous sommes passé à un Jésus dont toute une ville a soif. Il passe deux jours avec eux, deux jours à leur parler, à toucher les cœurs, à convertir leur regard. Au point qu’ils reconnaissent devant la femme ce qu’elle avait elle-même pressenti quand elle les a appelés auprès de Jésus : Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. Un verre d’eau demandé par Jésus a conduit à la conversion de toute une ville. Comment ne pas être bouleversé par cela ? Pouvons-nous rester sourds quand Jésus veut avoir besoin de nous ? Notre réponse à sa demande ne convertira peut-être pas toute une ville, mais elle ne restera pas sans effet. Qu’importe l’importance de l’effet ! Jésus veut avoir besoin de nous, comme il voulait avoir besoin de la Samaritaine. Jésus attend de nous un petit rien pour qu’à travers nous il puisse faire de grandes choses. Entrons en conversation avec lui, laissons-le nous révéler notre propre vérité ; laissons-le porter sur notre vie son regard de vérité. Et surtout, témoignons, même modestement, de ce qu’il nous apporte. 

            A ceux qui cherchent, à ceux qui doutent, à ceux qui ne savent plus vers qui se tourner, comme à ceux qui ne croient pas ou plus, Jésus dit : Revenez à moi : je comble votre soif ! Le chemin fait par la Samaritaine peut être notre chemin pour peu que nous nous laissions approcher par Jésus et que nous acceptions d’entrer en dialogue avec lui. En ce temps de Carême, il se tient à notre porte et il frappe. Lui ouvrirons-nous ? Le laisserons-nous entrer ?

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