Jésus est ressuscité ; il nous donne tout ce qui est en lui.
Nous sommes dans ce moment particulier du temps pascal, entre l’Ascension – le retour de Jésus vers son Père – et la Pentecôte -le don de l’Esprit Saint. Certains pourraient croire que c’est là un petit dimanche coincé entre deux solennités ; un petit moment d’attente. Les textes retenus par l’Eglise pour ce dimanche nous prouve qu’il n’en est rien ; ils nous montrent au contraire que Jésus, celui qui est ressuscité, nous donne tout ce qui est en lui.
L’évangile entendu fait partie du discours de Jésus, au soir du jeudi saint. Jésus livre ses dernières paroles à ses disciples et prient pour eux. Sa prière est d’abord une prière pour l’unité de ses disciples : Père Saint, garde mes disciples unis dans ton nom pour qu’ils soient uns, comme nous-mêmes. C’est une prière importante à quelques heures du procès et de la mort de Jésus. Il ne faudrait pas, qu’en plus de la mort de leur Maître, les disciples se déchirent entre eux. Et reconnaissons qu’il y aurait de quoi : entre celui qui trahit, celui qui renie et tous ceux qui s’enfuient, si quelqu’un voulait chercher un responsable à la mort de Jésus, les candidats ne manqueraient pas, et les occasions de se taper dessus pas davantage. La prière de Jésus pour l’unité des siens est donc justifiée et plus que pertinente. Mais l’unité ne doit pas juste être une unité de façade ; elle est le signe que ce que vivent les disciples est bien ce que Dieu vit en lui-même : qu’ils soient un, comme nous-mêmes. Ils ne sont pas seulement appelés à survivre comme groupe à leur Maître ; ils sont appelés, à travers leur vie, à témoigner de la vie qui est en Dieu.
La prière de Jésus va encore plus loin. Une lecture attentive nous fait comprendre que par cette prière, Jésus veut tout donner de lui à ses disciples : l’unité qui est celle que Jésus vit avec son Père, mais aussi sa joie (je parle ainsi pour qu’ils aient en eux ma joie et qu’ils en soient comblés), la parole qu’il tient de son Père (je leur ai donné ta parole) et même sa sainteté (Sanctifie-les dans la vérité… Pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité). Il nous offre tout cela en s’offrant sur le bois de la croix. Dans le sacrifice du Christ sur la croix, se trouve notre unité, notre joie, notre sainteté, bref toute notre vie de disciples de Jésus Christ. Tu veux être un disciple de Jésus Christ ? Contemple la croix et reconnais que Jésus t’a tout donné en se livrant à la mort pour toi. De la croix naissent les disciples ; de la croix naît l’Eglise.
Nous comprenons alors mieux le souci de Pierre, dans les Actes des Apôtres, de reconstituer le collègue apostolique tel que Jésus l’avait constitué : douze membres, douze apôtres qui ont accompagné Jésus depuis le début jusqu’à son ascension. Il faut donc que l’un d’entre eux devienne, avec nous, témoin de sa résurrection. Puisque par la croix, Jésus nous a tout donné, il faut que son Evangile, sa mort et sa résurrection, soit annoncé à tous les hommes par ceux que Jésus lui-même a choisi. Puisqu’il manque un Apôtre, il faut le remplacer et c’est Jésus lui-même qui est invoqué pour qu’il désigne à nouveau celui qui rejoindra le collège des Apôtres. L’Eglise n’a cessé de faire ainsi depuis, en appelant les évêques à la charge apostolique.
Vous le savez bien : l’Evangile du Christ, ce n’est pas seulement un enseignement à retransmettre. L’Evangile du Christ, c’est une parole à vivre. C’est saint Jean qui nous le rappelle dans la deuxième lecture. Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. Puisque nous avons accueilli l’Evangile du Christ grâce à l’amour que Dieu nous porte, nous devons transmettre cet Evangile avec le même amour. Parler de Jésus, annoncer Jésus, c’est parler d’amour, c’est annoncer l’amour. Vous pouvez tourner les choses comme vous voulez, vous arriverez toujours au même résultat : Dieu est amour. Tout est dit en ces trois mots de notre foi ; tout est vécu de notre foi quand nous vivons de cet amour. L’amour est la marque des disciples authentiques du Christ, et de la présence de Dieu en nos vies : si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous. Si vous lisez en entier le chapitre quatre de cette première lettre de Jean, vous lirez ceci à la fin : Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. Nous n’avons pas le choix d’aimer ou non à partir du moment où nous nous disons disciples ou amis du Seigneur. Aimer chacun de ceux que Dieu met sur notre route s’impose à nous comme une évidence. Je le disais déjà la semaine dernière : aimer, ce n’est pas du sentimentalisme, mais reconnaître que chaque être humain porte en lui la dignité de fils et de fille de Dieu. A partir de là, je ne peux pas faire de distinction entre les personnes, parce que Dieu lui-même est impartial, et ne fait pas de distinction entre les personnes. Je ne peux qu’aimer tous ceux et toutes celles que Dieu reconnaît comme son enfant. L’autre n’est pas mon frère ou ma sœur parce que je le reconnais comme tel après un processus plus ou moins long et compliqué ; non, l’autre est mon frère ou ma sœur parce que Dieu le reconnaît, comme il me reconnaît, comme son enfant. L’amour de Dieu pour nous ne peut devenir en nous qu’amour pour tous, à la manière de Dieu. Parler de Dieu, c’est parler d’amour. Croire en Dieu, c’est croire en l’amour, car Dieu est amour.
Il n’y a qu’une chose à répandre pour faire connaître le Christ : c’est l’amour. Il n’y a qu’une chose à vivre pour vivre du Christ : c’est l’amour. Paul le redira à sa manière quand il explique aux chrétiens de Corinthe que l’amour ne passera jamais ! Et il a bien raison. L’amour sera toujours à la mode ; l’amour sera toujours d’actualité. Et ce n’est pas parce que notre monde connaît, en de trop nombreux endroits, les ténèbres de la guerre, que l’amour doit être oublié. Bien au contraire, plus le monde se déchire, plus les chrétiens sont invités à être témoins de ce que l’amour réalise quand il est vécu à la manière de Dieu. Ne renonçons pas à aimer, sous peine de renoncer à témoigner et à croire en Dieu. Dieu est amour : c’est la seule parole à dire ; c’est la seule parole à vivre toujours. Amen.
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