Jésus est ressuscité : il nous invite à demeurer en lui.
(en pèlerinage à Rome la semaine passée, je n'ai pas pu publier à temps cette homélie ; je vous prie de m'en excuser)
Qu’il est difficile pour les hommes de changer leurs opinions sur les autres ! Nous le voyons, ce matin, dans la première lecture, quand Saul cherchait à se joindre aux disciples. Tous avaient peur de lui. Cette peur est légitime, Saul étant d’abord connu comme celui qui persécute les disciples de Jésus, les voyant comme un danger pour sa propre foi. Pourtant, après tout ce que les Apôtres ont vécu avec Jésus, y compris depuis le matin de Pâques, comment se fait-il qu’ils n’aient pas admis facilement que Paul aussi était désormais, un disciple ? Ont-ils déjà oublié la puissance de l’Esprit Saint qui les a jetés sur les routes de leur pays pour proclamer que Jésus, celui qui était mort, est bien vivant ? Ont-ils déjà oublié de quoi est capable l’Esprit du Ressuscité ?
La figure de Saul, qui prendra bientôt le nom de Paul, nous montre, si besoin en était, que l’Esprit Saint est à l’œuvre dans le monde et dans le cœur des hommes. De celui qui était un adversaire, il fait un allié, et même davantage puisque Paul sera reconnu comme Apôtre. Pourtant, il n’a pas fréquenté Jésus avant sa mort ; il n’a pas entendu ses enseignements, toutes choses définies comme critères par les Onze au moment de l’élection de Matthias, le remplaçant de Judas, au collège des Apôtres. D’où vient ce privilège ? Deux choses, selon moi : d’abord, et Paul le dira lui-même, il a été appelé par Jésus, lorsqu’il était en route pour Damas. Ensuite, sa prédication du mystère de la Rédemption qui manifeste clairement qu’il était greffé au Christ. Il a compris, comme aucun autre, qui était Jésus, comment il était le Christ, le Fils unique de Dieu venu sauver les hommes. Il a fait comprendre à beaucoup de Jésus n’a pas détruit la foi de son enfance, mais il l’a accomplie selon le projet unique de Dieu pour tous les hommes. A partir du moment où Saul a compris cela, il ‘y a plus l’ombre d’une différence entre la pensée de Jésus et la pensée de Saul. L’intelligence qu’il avait des choses de la foi, nous permet aujourd’hui encore d’entrer dans une connaissance approfondie de Jésus et de son Evangile. Si pour découvrir qui est Jésus, nous recommandons souvent de lire un évangile, particulièrement celui de Marc, il nous faut, dans un second temps, nous plonger dans l’œuvre de Paul pour comprendre en quoi la résurrection de Jésus change notre vie. Paul, au long de ses lettres à diverses communautés chrétiennes répandues dans l’empire romain, brosse le visage du croyant au Christ et des communautés qui les rassemblent. A lire ses lettres, nous comprenons la recommandation de Jésus lui-même à ses Apôtres, au soir de sa mort, quand il leur dit : Demeurez en moi, comme moi en vous… Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments.
Cette invitation, faite à ses Apôtres, vaut pour nous encore aujourd’hui. Si Jésus n’est pas, pour nous, un vague souvenir du passé ; si Jésus est bien, pour nous, le Christ, le Sauveur que Dieu a envoyé dans le monde, alors cela veut dire que nous sommes bien fixés à lui. Et il nous faut tenir à lui. Il y a tant d’occasions dans une vie pour mettre le Christ de côté, pour nous détacher de lui, qu’il nous faut réentendre cet appel de Jésus à rester greffés à lui. Pour ne prendre qu’un exemple parmi tant d’autres, le projet de loi sur la fin de vie. Si le volet qui concerne les soins palliatifs est bien conforme à l’enseignement de Jésus (prendre soin du petit, du faible, du malade), le volet sur le suicide assisté (parce qu’il faut bien appeler les choses par leur nom) est absolument incompatible avec notre foi. La mort, même notre propre mort, ne nous appartient pas. Présenter comme un progrès une évolution de la pensée humaine qui mène à la mort du plus faible est une imposture, tout simplement. C’est bien dans les moments difficiles d’une existence humaine que l’appel à demeurer dans le Christ prend toute son importance. Il est aisé d’être disciple quand tout va bien ; mais quand vient le temps de l’épreuve, préférons-nous respirer l’air du monde qui est à la mode, même s’il nous tire vers la mort, ou préférons-nous respirer le vent de l’Eprit, qui nous invite à rester du côté de la vie dont il faut prendre soin, parce que c’est là que le Christ nous attend ?
Cette invitation de Jésus à demeurer en lui, Jean l’a traduite dans sa première lettre par ce passage entendu ce matin : n’aimons pas en parole ni par des discours, mais par des actes et en vérité. Ou encore dans celui-ci : Voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ et nous aimer les uns les autres. Nous ne pourrons jamais concevoir le fait de donner la mort comme un acte d’amour. Avoir foi dans le nom de Jésus, c’est bien croire qu’il nous accompagne dans toute épreuve et qu’il nous donne la force de son Esprit pour les passer avec lui. Avoir foi dans le nom du Seigneur, c’est bien croire qu’il se tient au seuil de notre vie, et qu’il nous prendra avec lui pour ce grand passage vers la vie en plénitude. Nous n’aiderons pas nos malades en les précipitant dans la tombe, mais bien en les confiant à la miséricorde de celui qui a donné sa vie pour tous les hommes. Nous n’aimerons pas nos malades en les précipitant dans la tombe, mais en nous tenant auprès d’eux, avec tendresse, pour leur redire que leur dignité n’est pas effacée par l’épreuve qu’ils traversent, et en les accompagnant de notre prière vers le Père qui les appelle et les attend.
Demeurer dans le Christ, ce n’est pas une belle idée ; c’est le chemin vers le Royaume où
nous sommes attendus. Demeurer dans le Christ, c’est vivre l’exigence de l’Evangile à chaque instant de notre vie,
et particulièrement quand elle se fait plus difficile. Demeurer dans le Christ, c’est lui permettre de demeurer dans notre vie, toujours, pour être
notre guide vers le Père, notre frère sur notre route quotidienne, la parole de
vérité qui donne tout son sens à notre existence. Ne renonçons pas à ce que le Christ
nous a offert à grand prix : la vie en plénitude, dès maintenant et pour
toujours. Amen.
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