Frères, ne soyez inquiets de rien ! Nous n’avons pas choisi cette page de Paul à cause de la situation économique actuelle. Cette page aux Philippiens a été lue parce qu’elle est attribuée à ce dimanche de l’année. Les circonstances internationales en font malgré tout un appel pressant à la confiance adressé aux chrétiens. Après avoir rappelé que notre foi repose sur le Christ Jésus, qui s’est abaissé jusqu’à la mort pour que nous ayons la vie, Paul va au bout de sa réflexion et invite chaque croyant à la prière. Comment autrement s’unir à ce Dieu qui a tant fait pour nous et qui continue d’agir pour nous ?
Frères, ne soyez inquiets de rien, mais en toutes circonstances, priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes. La confiance que nous plaçons en ce Dieu qui a livré son Fils sur la croix, est enrichie de notre prière. Nous nous adressons à Dieu, et c’est particulièrement vrai dans les moments plus difficiles de notre existence, non pas par crainte, ni par couardise, mais bien parce que nous savons que Dieu peut justement encore quelque chose alors que nous semblons démunis. Se confier à Dieu dans la prière, lui confier nos proches ou bien telle situation particulière, c’est poser un acte de foi, c’est lui dire que nous avons besoin qu’il manifeste sa puissance. Le premier résultat de cette prière confiante, avant même le fait qu’elle soit exaucée, c’est la paix profonde qu’elle nous procure. Nous faisons bien de nous adresser à Dieu puisque nous retrouvons la paix que lui seul peut nous donner dans l’adversité. Désormais, ayant tout remis entre les mains de Dieu, il n’y a plus de crainte à avoir. Sans doute est-ce pour cela que Paul insère dans sa demande, dans l’action de grâce priez et suppliez ! Demandez tout en remerciant déjà ! Demandez avec la certitude d’avoir déjà reçu ! Demandez, remerciez et ne soyez inquiets de rien !
Cette attitude spirituelle qui consiste à se confier à Dieu, ce n’est pas se retirer du monde, ni se désintéresser de la suite. Ce n’est pas non plus se croiser les bras et attendre. Il nous faut aller au bout du passage entendu pour comprendre la logique de la pensée de Paul. Ne soyez inquiets de rien… dans l’action de grâce, priez et suppliez… enfin, mes frères, tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérite des éloges, tout cela prenez-le à votre compte. Vous faites bien de ne pas vous inquiéter ; vous faites bien de vous confier à Dieu ; mais ne vous arrêtez pas là. Ne croyez pas que Dieu fera tout. Prenez votre part, vivez selon Dieu, vivez dans le vrai, vivez dans la justice et la pureté du cœur, vivez dans l’amour de tous, vivez selon les vertus communes. Dieu tiendra sa part ; à vous de vivre comme des sauvés ; à vous de vivre comme les fils et les filles adoptifs que vous êtes devenus en Christ.
N’être inquiet de rien c’est croire que rien de ce qui touche le monde n’est un obstacle à la foi au Christ : au contraire, c’est à travers leurs rapports aux autres et au monde que les chrétiens doivent vivre leur attachement au Christ. Il n’y a pas lieu de s’évader du monde, il n’y a surtout pas à déserter les lieux des combats pour plus d’humanité, plus de fraternité, plus de justice. Au contraire, fort de sa confiance en Dieu, le croyant doit agir avec Dieu pour transformer le monde. N’être inquiet de rien, c’est donc aussi déployer toutes les gammes de la vie chrétienne pour témoigner de ce Dieu en qui nous nous confions. N’être inquiet de rien, c’est être signe de ce Dieu qui sauve le monde. N’être inquiet de rien, c’est vivre de cette paix que Dieu nous offre et à la suite du Christ, devenir nous aussi artisan de la paix de Dieu pour un monde meilleur. Que la célébration de notre eucharistie en ce dimanche nous permette d’entrer dans cette paix que Dieu offre à profusion pour mieux pouvoir la transmettre et en vivre autour de nous. Amen.
(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)