Le signe de Cana, est-ce vraiment un signe de Jésus ? Pourquoi ce
signe ? Et comment ce signe nous concerne-t-il aujourd’hui ? Trois
questions que je voudrais reprendre avec vous ce matin.
A
qui donc attribué le signe de Cana ? La présence de Jésus explique-t-elle
à elle-seule la transformation de l’eau en vin ? A y regarder de près, la
réponse n’est pas évidente. Jésus ne pose pas de geste mystérieux, il n’y a pas de hocus-pocus ou quelque autre
formule magique, même pas un « je le veux ! » comme dans tant
d’autres signes posés par lui. En fait, le signe de Cana devient possible parce
qu’à l’origine, il y a une femme qui voit (Marie lui dit : « ils
n’ont plus de vin »), deux ordres de Jésus (remplissez ces cuves ;
puisez et portez au maître du repas) et des serviteurs qui obéissent. Si Marie
n’avait pas vu que la fête allait s’achever par manque de vin, Jésus aurait-il
eu l’idée du signe ? Si les serviteurs
n’avaient pas obéi et puisé l’eau, les jarres se seraient-elles rempli toutes
seules ? Si Jésus n’avait pas été présents, l’eau puisée par les
serviteurs auraient-elles été transformées ? Auraient-ils seulement eu
l’idée d’aller puiser de l’eau ? Bien sûr, nous n’en savons rien, mais le
questionnement nous permet de comprendre la particularité de ce signe sur tous
les autres signes. Il est non seulement le premier signe de Jésus, mais il est
aussi celui qui requiert plus que la simple présence de Jésus : il
requiert le concours des hommes et de Marie. Chacun à sa place, chacun selon
son charisme propre, a permis que le vin de la fête coule à flot. La présence
et l’attention discrète de Marie ont été utiles à la réalisation du
signe ; la présence et l’obéissance des serviteurs ont permis au signe d’être
posé ; la présence et la parole assurée de Jésus ont parachevé l’œuvre de
tous.
Nous
voici donc amené à la deuxième question : pourquoi ce signe ? Pour
que la fête continue. Là où Jésus est présent, il y a de la joie. Là où Jésus
est présent, il y a le salut pour tous. Le premier signe de Jésus est un signe
annonciateur, programmatique : il nous dit pourquoi celui-là est venu dans
le monde. Il est venu porter la joie aux hommes ; il est venu introduire
les hommes dans une alliance nouvelle ; il est venu réaliser les
épousailles entre Dieu et l’humanité, comme l’avait promis Isaïe. Il est lui,
l’époux qui vient faire la joie de sa fiancée. Dès le début de sa mission, il
annonce ainsi ce que sera sa vie, ce que sera notre vie si elle est vécue dans
l’obéissance au Christ. Et la profusion de vin annonce déjà son sang qui
coulera pour le salut de toute l’humanité. Libérée du péché et de la mort par
le sang versé du Fils unique de Dieu, l’humanité sera pleinement sauvée et
vivra de ce bonheur que Dieu seul peut offrir. Un bonheur durable et profond,
qui n’est pas fait de ces sourires de façade que les hommes aiment tant
recevoir.
Comment
aujourd’hui recevons-nous cette promesse de bonheur ? Comment pouvons-nous
aujourd’hui savoir que le temps de la joie est bien venu ? En participant
vraiment à l’eucharistie. Là se joue à perpétuité les noces de Dieu et de
l’humanité. Quand le prêtre traverse son peuple, c’est le Christ qui s’avance
en lui. Quand nous chantons Dieu, c’est bien la joie des noces qui est chantée.
Quand nous tournons nos cœurs vers le crucifié en demandant son pardon, c’est
bien cette alliance nuptiale que nous voulons réitérer. Lorsque nous écoutons
les textes sacrés, c’est bien la parole de Dieu qui retentit et nous entrons en
dialogue d’amour avec lui. Quand nous approchons de l’autel, c’est bien à la
table des noces que nous prenons place ; et là coule le vin de la
fête ; et là est donné le pain du salut. Et quand nous quittons l’église,
c’est bien encore avec notre époux, le Christ, que nous repartons dans la vie
annoncer les merveilles que Dieu fait pour nous. L’eucharistie est bien le lieu
où s’accomplit pour nous, chaque dimanche, le signe de Cana, le signe de notre
salut, le signe du bonheur éternel qui nous est donné.
Mais
comme jadis à Cana, il ne suffit pas que le Christ s’offre sur l’autel de
l’Eucharistie. Il faut encore qu’il y ait des hommes et des femmes pour
accueillir ce signe, pour permettre à ce
signe d’être efficace pleinement. A quoi cela sert-il que le Christ
s’offre, s’il n’y a personne pour vivre de ce don ? Avons-nous le désir de
cette joie que Dieu seul peut nous donner ? Avons-nous le désir de goûter
ce vin de la fête sans cesse versé ? Avons-nous le désir d’épouser
Dieu ?
(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)
(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)
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