Depuis
cette nuit, un cri de joyeuse espérance a mis un terme au temps du Carême. Nous
avons parcouru un chemin de foi qui nous a permis d’approcher le cœur même de
notre foi : Jésus, mort et ressuscité pour notre vie. Durant ce temps
pascal, je voudrais vous inviter à lire et méditer particulièrement le livre
des Actes des Apôtres. Nous en lirons un extrait chaque dimanche jusqu’à la
Pentecôte. Il nous permettra de poursuivre notre route, forts de l’expérience
des premiers croyants au Christ, mort et ressuscité.
A
lire l’Evangile de ce jour, nous comprenons bien que cette nouveauté de la foi
(quelqu’un qui était mort est à nouveau vivant, pleinement et définitivement),
cette nouveauté donc a mis un peu de temps avant de devenir une réalité. Il
faut toujours un peu de temps pour s’ouvrir à la nouveauté. Le Pierre que nous
croisons dans l’Evangile et le Pierre que nous rencontrons dans le passage des
Actes que nous avons entendu en première lecture sont bien une seule et même
personne. Mais quel changement ! Quelle modification d’attitude entre ces
deux moments : le jour même de Pâques à l’annonce du tombeau vide et
quelques temps après dans la maison du Centurion Corneille.
Le
jour de Pâques, Pierre est presque timide, s’interrogeant sur les paroles de
cette femme venue annoncer la découverte du tombeau vide. Il n’ose la croire,
va vérifier par lui-même et devant les signes découverts (un tombeau vide, des
linges bien roulés), il semble rester perplexe. Au contraire, l’autre disciple
qui l’a accompagné, voit la même chose et il croit. De suite. Pierre a toujours
été ou trop rapide à parler, ou trop lent. Peut-être se souvient-il qu’il avait
été repris sévèrement par Jésus lorsqu’il avait parlé trop vite ; du coup,
il se retient, de peur de dire encore une bêtise.
Quand,
quelques temps après, il se retrouvera chez le centurion Corneille, il aura
perdu cette timidité, et il annoncera avec force et clarté la Bonne Nouvelle de
Jésus ressuscité. Il aura même l’audace première d’entrer chez un païen à la
demande du Seigneur et le courage de reconnaître que l’Esprit Saint l’a devancé
dans le cœur de cet homme. Tant qu’à accueillir la nouveauté, autant y aller à
fond. Il sent bien que les anciennes catégories qui fondaient les relations
entre les peuples ne valent plus depuis l’irruption dans la vie des hommes de
cette Bonne Nouvelle de Jésus ressuscité. Il faudra l’intelligence d’un Paul de
Tarse pour la formuler, théologiquement ; mais Pierre, en cet instant, la
vit. De tous les hommes, Dieu fait un
seul peuple en Jésus ressuscité.
La
nouveauté de la résurrection de Jésus n’est pas qu’un fait à croire ;
c’est surtout une nouvelle à vivre, à vivre entre nous d’abord, croyants au
Christ ; à vivre avec les autres ensuite, avec ceux qui sont à la marge de
l’Eglise, voire au-dehors. Si la résurrection de Jésus bouleverse l’ordre des
choses, rendant à la vie le dernier mot sur la mort, alors elle change aussi
nos relations avec ceux que le Christ met sur notre route. La nouveauté de la
résurrection nous oblige à une nouveauté de rapports humains : cette
nouveauté se décline en respect, fraternité, solidarité, accueil de tous… En un
mot, tout ce qui permet à la vie d’avoir le dernier mot ; tout ce qui
permet à la vie de l’emporter sur les forces de morts qui obscurcissent notre
existence et l’existence de tout homme. De la résurrection du Seigneur, nous
recevons une puissance de vie capable de transformer le monde, capable de
rendre les gens meilleurs.
En
méditant les Actes des Apôtres, vous constaterez que cette nouveauté à
accueillir nécessite une bonne dose d’humilité, de simplicité. Puissent les
Apôtres de la première heure être pour tous un modèle d’ouverture et d’accueil
de cette nouvelle qui a éclatée en cette nuit et dont nous disons qu’elle est
bonne. Bonne pour nous, bonne pour tous les hommes de bonne volonté qui veulent
vivre dans un monde plus juste et plus humain. Le Christ ressuscité inaugure ce
monde nouveau pour nous. Acceptons d’en être les témoins par la parole et par
l’exemple. Amen.
(Chemin de croix de francis SCHNEIDER, Station 15, La résurrection, Eglise de Fort-Louis, Bas-Rhin)