Revenues du tombeau elles
rapportèrent tout cela aux Onze et à tous les autres… Mais ces propos leur
semblèrent délirants, et ils ne les croyaient pas. En cette nuit qui nous rassemble,
tout le problème est là : croire ou ne pas croire l’incroyable ! Croire
que ce Jésus que les Apôtres ont vu morts, croire que ce Jésus que certains d’entre eux ont porté au tombeau,
croire que ce Jésus est vivant. Les Apôtres n’osent y croire ; c’est trop
beau. Qui peut comprendre ce mystère insondable ? Qui peut croire que la
mort n’a plus le dernier mot ? Suffit-il que quelques un viennent nous
dire que Jésus est vivant pour qu’aussitôt nous chantions : alléluia, il
est vivant ? Au terme de la Semaine Sainte, nous qui avons acclamé Jésus
lors de son entrée à Jérusalem, nous qui avons partagé son dernier repas, nous
qui l’avons accompagné dans sa Passion, nous qui avons levé les yeux vers celui
qui était transpercé sur la croix, nous sommes invités à affronter la même
question que les Apôtres : croire ou ne pas croire que le Dieu de Jésus
Christ est plus fort que la mort.
Nous
pouvons, comme les femmes, éclairées par les paroles de ces inconnus qui se
présentent à elles, nous rappeler les paroles de Jésus. Nous nous souviendrons
alors qu’il avait, par trois fois, annoncé sa passion, sa mort… et sa
résurrection ! Ce qui s’est joué jadis du côté de Jérusalem est conforme à
ce qu’en avait dit Jésus lui-même. Les lectures du Premier Testament, entendues
tout au long de la Semaine Sainte, nous ont démontré que tout ce qui était
arrivé était conforme aussi aux promesses de Dieu faites par les prophètes.
Nous avons donc tous les éléments pour accorder notre confiance à ces femmes.
Alors pourquoi est-ce malgré tout si difficile ? Pourquoi sommes-nous,
malgré tout, plutôt comme Pierre, tout étonné de ce qui est arrivé ?
La
réponse tient dans la nouveauté de l’événement. Jusqu’à présent, ceux qui
étaient morts l’étaient définitivement. Leur histoire s’arrêtait avec leur vie.
Pendant des siècles, les hommes sont nés, ont vécu et sont morts. Point final.
Il y en a bien quelques un dont on parlerait encore longtemps après leur mort,
des héros ou des personnages remarquables ; mais bon, cela ne changeait
rien au fait qu’ils étaient morts, disparus pour toujours. Avec Jésus, voilà
qu’il y a du neuf. Son tombeau, pourtant scellé par une pierre bien lourde, est
ouvert et vide. Jésus n’y est plus. Le mort a déserté sa dernière demeure. Non
seulement il n’y est plus, mais voici que deux hommes attestent qu’il est
vivant. Deux, pas un ! Un témoignage unique serait douteux ; mais
deux témoins qui affirment la même chose, voilà qui est à prendre au sérieux.
La
mort de Jésus, qui devait débarrasser le monde de ce gêneur, a quelques
dommages collatéraux. Le premier, c’est que cette mort, qui devait mettre un
terme à l’histoire de Jésus, c’est un coup pour rien ; cible ratée ;
tout semble recommencer. Deuxième dommage collatéral, et non des moindres :
la Mort est morte. C’en est fini de son règne ! En cette nuit où Dieu
ressuscite son Christ, c’est la vie qui prend le dessus ; c’est la vie qui
gagne. Définitivement ! Dieu s’était peut-être tu pendant le procès de
Jésus, il n’a peut-être rien dit devant la mort de l’Innocent ; cela ne
signifiait pas qu’il ne dirait plus rien, ni qu’il n’interviendrait plus dans
l’histoire des hommes. Notre Dieu est un Dieu d’alliance. Comment aurait-il pu
ne rien faire alors même que celui qui lui a été fidèle jusqu’au bout avait été
éliminé de la pire des manières ? Dieu se devait d’intervenir ; Dieu
se devait de tenir parole ; Dieu se devait de se manifester. Il l’a fait à
bras fort, en nous redisant ce qu’il est fondamentalement : la source de
toute vie. Et rien, ni personne, ne peut mettre un terme à son règne. Dieu est
la vie, et il se donne à celui qui a tout donné, y compris sa vie, au nom de
Dieu.
Que
devient l’homme dans toute cette histoire ? Cela ne dépend que de lui. En
ressuscitant Jésus, Dieu ne combat pas l’homme, mais le péché qui entrave et
enlaidit l’homme. La résurrection de Jésus ne signe pas la fin de l’homme, mais
la fin du règne du Mal et de la Mort. Si l’homme est capable de s’ouvrir à
cette nouveauté d’une vie plus forte que la mort, il vivra ! Il connaîtra
la joie de son Dieu. S’il choisit de s’enfermer dans la mort, s’il choisit de
ne pas s’ouvrir à cette vie qui jaillit du tombeau, c’en sera fini de lui.
L’ouverture à cette vie passe par la reconnaissance de Jésus, mort et
ressuscité pour que nous ayons la vie. S’ouvrir à la vie offerte par Dieu,
c’est croire que cette histoire, dont nous avons fait mémoire au cours de cette
semaine, est vraie et toujours actuelle. S’ouvrir à la vie offerte par Dieu,
c’est croire que le Mal dont sommes capables peut ne pas être le dernier mot de
notre histoire et qu’un pardon est toujours possible. S’ouvrir à la vie offerte
par Dieu, c’est défendre cette vie pour tous ceux et celles que Dieu met sur
notre route, créer avec tous une vraie fraternité et inaugurer ainsi un monde
nouveau où règneront la justice, la paix, la vérité. Paul a raison quand il
affirme : l’homme ancien qui est en
nous a été fixé à la croix avec (Jésus) pour que cet être de péché soit réduit
à l’impuissance, et qu’ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché. Car celui
qui est mort est affranchi du péché. Et si nous sommes passés par la mort avec
le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui…Car lui qui est mort,
c’est au péché qu’il est mort une fois pour toutes ; lui qui est vivant,
c’est pour Dieu qu’il est vivant. De même, vous aussi, pensez que vous êtes
morts au péché, et vivants pour Dieu en Jésus Christ (2ème lecture).
L’histoire
de Jésus nous concerne donc encore ; ce qu’il a vécu, nous pouvons le
vivre. Nous pouvons choisir de rejeter le Mal et de faire le choix de Dieu, le
choix de la vie. Tout à l’heure, nous
serons ainsi interrogés par le célébrant. Si nous faisons le choix du Christ,
le choix de partager sa vie, le choix de croire qu’en lui, la vie est plus
forte, nous redirons, haut et fort, que nous rejetons le péché, tout ce qui y
conduit et Satan qui est l’auteur du péché. Ainsi nous pourrons alors redire
notre foi en Dieu Père, Fils et Esprit qui nous appelle à la vie qui ne finit
jamais. Et nous plongerons dans cette vie en accueillant le don de l’eau vive,
l’eau de notre baptême. Heureuse nuit que celle-ci ! Heureux sommes-nous
de pouvoir y participer et de goûter à cette vie que Dieu nous offre en Jésus
ressuscité. Amen.
(Dessin de Coolus, blog du Lapin bleu)
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