Nous voici donc au début de cette semaine sainte, semaine cruciale entre toutes puisqu’elle nous permettra de revivre, jour après jour les derniers moments de la vie du Christ. Oui, cette semaine est sainte parce qu’elle nous ramène au cœur de notre foi. Tout au long du Carême, j’ai invité nos assemblées à découvrir ce que cela signifiait que de croire, avec le témoignage de nos ancêtres dans la foi. Voici venu le temps où nous sommes rendus à nous-mêmes : désormais, c’est à chacun de prendre position, à chacun d’exprimer sa foi au moment où le Christ lui-même fait le choix de se livrer par amour pour nous. Au début de cette semaine sainte, nous sommes invités à croire en un Dieu qui se livre !
Un Dieu qui se livre : voilà qui peut paraître surprenant voire choquant pour certains. Dieu peut-il se livrer aux mains des hommes ? Ne perd-t-il pas son statut de Dieu en se rendant faible ? Pour Paul, dans la seconde lecture, le Christ Jésus, tout en restant l’image même de Dieu, n’a pas voulu revendiquer d’être pareil à Dieu. Il reste égal à lui-même, mais il s’abaisse, volontairement jusqu’à devenir l’un de nous. En se livrant, il va accentuer encore cette identité avec notre humanité, puisqu’il va aller jusqu’à la mort, et la mort sur une croix. Non seulement, en Jésus, Dieu se livre, mais il se livre jusqu’à l’extrême. Il se livre comme un criminel alors qu’il n’a cessé de faire le bien. Il se laisse faire, comme le serviteur de Dieu dont nous parle le prophète Isaïe. Il se livre aux hommes, dans une confiance renouvelée à Dieu. Pour dire les choses autrement, il se livre, mais en sachant bien ce qu’il fait, en sachant bien ce que sont les hommes, en sachant bien surtout qui est son Père, ce Dieu qui l’envoie sauver le monde. Pour sauver le monde, il doit d’abord s’abandonner et sembler se perdre aux yeux des hommes. Pour être tout pour les croyants, il doit d’abord n’être plus rien aux yeux des hommes. Seuls ceux qui l’auront suivi jusqu’au bout, seuls ceux qui auront mis leur espoir en lui, ne seront pas déçus.
En suivant Jésus sur le chemin de sa croix, nous le suivons sur le chemin de notre foi : il nous a tout dit, il nous a tout confié ; il ne nous reste qu’à le suivre, avec confiance, avec espérance. Ce qui se joue, c’est notre vie, même s’il le paie de sa vie. Ce qui compte, c’est que nous lui restions fidèles au moment même où il est le plus fidèle à son Père et à sa mission. Peut-être ne le reconnaîtrons-nous pas tout à fait, lorsqu’il aura été défiguré par la souffrance et la méchanceté des hommes ; mais, livré sur la croix, c’est encore lui qui nous invitera à espérer et à croire.
Dieu se livre et notre foi peut grandir. Dieu se livre ; et notre vie peut commencer. Dieu se livre ; et c’est toute notre humanité qui en est transformée. Dieu se livre ; oseras-tu encore croire en lui ?
(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)
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