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Ce blog voudrait vous permettre de vivre un chemin spirituel au rythme de la liturgie de l'Eglise catholique.

Les méditations s'appuient soit sur les textes bibliques quotidiens, soit sur la prière de l'Eglise.

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samedi 5 juillet 2014

14ème dimanche du temps ordinaire A - 06 juillet 2014

Garder un coeur humble devant Dieu.



Ne nous y trompons pas : ce passage de l’évangile de Matthieu a beau être fait de bric et de broc, il n’en est pas moins essentiel pour notre progression dans la foi. Ce texte, sans grande construction littéraire, nous dit des choses essentielles sur Dieu et sur notre rapport à lui. 
 
La première des choses qu’il nous affirme, c’est la relation qui unit Jésus à Dieu. C’est une relation filiale : Dieu est Père, Jésus est son fils. Et ce lien entre les deux est absolument unique, absolument nouveau. Jésus n’est pas le Fils de Dieu par analogie (il serait comme le Fils de Dieu) ; non, il l’est réellement. Et la joie que connaît Jésus vient de là, de ce lien puissant qui l’unit à son Père. C’est aussi à cause de ce lien unique que Jésus est, et sera toujours, celui qui proclame la louange de Dieu. Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange. 
 
La deuxième chose qu’affirme cette collection de paroles de Jésus, c’est que nous pouvons tous faire l’expérience d’une filiation divine. Nous pouvons tous reconnaître que Dieu est notre Père. A condition de suivre et d’écouter Jésus. S’il est celui qui chante sans cesse la louange de Dieu, son Père, il est aussi celui qui nous le révèle. A travers ces paroles et ses actes, Jésus dit la paternité de Dieu à tous ; il nous montre comment Dieu est Père pour nous, comment il prend soin de tous ses enfants ; il nous rappelle que nous pouvons, en toutes circonstances, compter sur Dieu. 
 
Ceci étant posé, nous apprenons alors de Jésus une troisième chose importante : pour entrer dans cette connaissance de la paternité de Dieu, il nous faut être, non sage et savant, mais tout-petits. Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Cela ne signifie nullement que nous n’avons pas à entrer dans une intelligence de la foi, ni que nous pourrions nous passer d’approfondir notre connaissance des choses de Dieu. Cela nous indique juste comment nous devons aborder cette étude. Avec un cœur humble, disponible, attentif à Dieu, un cœur d’enfant qui a tout à apprendre, tout à découvrir et qui ne s’enferme pas dans son savoir, dans la suffisance d’une intelligence visant à écraser les autres. Lorsque le sage se met à l’écoute de Dieu, avec humilité, il est lui aussi un de ces tout-petits à qui Dieu se révèle. 
 
Est tout-petit devant Dieu, est humble devant Dieu, celui qui accueille la Parole de Dieu et se laisse enseigner par elle. Est tout-petit devant Dieu, celui qui ne croit pas tout savoir sur Dieu parce qu’il a fait quelques études ou parce qu’il aurait appris par cœur son catéchisme. Est tout-petit devant Dieu, celui qui se laisse surprendre par Dieu, qui accepte que Dieu se révèle sans cesse différent de ce qu’il croit savoir. Est tout-petit devant Dieu, celui qui accepte qu’un autre, Jésus en l’occurrence, parle mieux de Dieu qu’il ne le ferait lui-même. Est tout-petit devant Dieu, celui qui accepte d’entrer dans cette relation filiale, se découvrant ainsi fils de ce Père éternel, frère de Jésus Christ. Est tout-petit devant Dieu, cela qui comprend qu’il ne saura jamais tout sur Dieu et qu’il ne le connaîtra vraiment que lorsque Dieu l’appellera à vivre auprès de lui. 
 
Vous le savez sans doute, la réforme liturgique issue du Concile a réparti notre découverte de la Parole de Dieu sur un cycle de trois années liturgiques. Celui qui, ayant vécu tout un cycle, dirait : voilà, j’ai tout entendu, tout vu ; désormais je sais tout, serait semblable à ces sages et savants dont parle Jésus et à qui Dieu refuse la connaissance véritable. Le cycle liturgique n’est pas un cercle que nous aurions à revivre chaque année. Il est plutôt une spirale sans fin qui nous fait progresser, d’année en année, dans une connaissance meilleure de Dieu. Nous n’aurons donc jamais fini de découvrir Dieu et d’entrer dans la connaissance de son mystère. Même après vingt ans, Noël, Pâques et toutes nos fêtes et nos dimanches auront toujours une saveur différente, ne serait-ce que parce que nous avons grandi, nous avons vieilli, et que notre histoire personnelle vient enrichir notre connaissance de Dieu. Découvrir qui est Dieu pour moi est l’œuvre d’une vie, parce que je le découvre différent selon l’âge qui est le mien, et parce que d’année en année, je peux approfondir ce que je crois savoir déjà.
 
Demandons alors au Seigneur la grâce de garder un cœur humble devant lui, un cœur qui se laisse enseigner, un cœur à qui Jésus peut révéler qui est Dieu et ainsi le rapprocher du cœur de Dieu. Que la célébration de l’Eucharistie nous permette de rester tout-petits devant Dieu, en faisant nôtre l’attitude de Jésus lui-même. Nous pourrons alors redire en vérité ce que la liturgie de ce dimanche nous fait prier : comblés d’un si grand bien, nous te supplions, Seigneur ; fais que nous en retirions des fruits pour notre salut et que jamais nous ne cessions de chanter ta louange. Amen.

(Dessin de Jean-François KIEFFER, Mille images d'Evangile, éd. Les Presses d'Ile de France)

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