Voici que moi, j’établis mon
alliance avec vous. Après le déluge, c’est en ces termes
que Dieu s’adresse à Noé et, à travers lui, à toute l’humanité. Pour bien comprendre
cette déclaration de paix entre Dieu et l’humanité, il faut relire le début de
l’aventure qui devait unir à jamais Dieu, le créateur et l’homme, sa créature.
Le livre de la Genèse, dont ce passage est extrait, ne veut pas dire
l’historicité des événements ; il vient en donner une interprétation
religieuse, pour ne pas dire mystique. Et qu’apprenons-nous ? Que Dieu a
créé le monde et tout ce qui y vit ; qu’il a placé l’homme au sommet de sa
création ; que bien vite l’homme s’est laissé submerger par le mal ;
que ce mal a fini par engloutir toute la terre. C’est bien ainsi qu’il nous
faut comprendre le déluge. Non pas tant comme une punition divine, que comme le
constat que l’homme s’est laissé submerger par le mal, à l’image de cette terre
dévastée par les flots. Et lorsque le mal submerge l’homme, tout est détruit,
dévasté de l’intérieur. Nous en avons eu assez de preuve depuis le début de l’année
et jusqu’à ces jours derniers. Il n’y a pas besoin d’un déluge pour détruire
l’humanité. La bêtise de l’homme y suffit amplement.
Au milieu de ce mal qui
prolifère, il en est un pourtant qui n’est pas comme les autres. Un qui semble
avoir gardé le sens du bien et de la justice : Noé. Grâce à lui, l’humanité
ne va pas à sa perte ; grâce à lui, quelque chose de neuf sera possible.
Une nouvelle humanité sortira vainqueur du déluge ; une nouvelle humanité
qui ne se laissera pas envahir par le mal. Il y a ainsi toujours quelqu’un qui
peut sauver le tout ; quelqu’un qui, par sa fidélité à l’alliance
première, permettra à la vie de gagner et de continuer son œuvre. Elle a bien
raison la sagesse quand elle dit : qui sauve une vie, sauve l’humanité
entière ! Un seul homme de bien peut en sauver beaucoup ; un seul
homme de bien peut faire triompher la
vie !
L’alliance que Dieu conclut
avec Noé est identique à l’alliance originelle : l’homme retrouve sa place
prépondérante dans la création. Il lui revient de faire en sorte que la vie
continue, Dieu s’engageant à ne plus laisser le mal détruire le monde comme ce
fut le cas au moment du déluge. Un signe est donné pour rappeler cette
alliance : un arc dans le ciel !
Lorsque bien plus tard,
l’Apôtre Pierre relit cette histoire, il vient nous dire qu’elle annonçait un
autre signe de Dieu : le sacrement du baptême, signe par lequel l’homme
s’engage dans la voie du salut à la suite du Ressuscité. Avec cette différence
toutefois que ce n’est plus un déluge d’eau qui sauve le monde, mais bien la
mort et la résurrection du Christ, dont le baptême devient le moyen efficace
d’y participer dans la foi. Celui qui est baptisé, affirme l’Eglise, est plongé
dans les eaux de la mort pour en ressortir vivant, à la suite du Christ
Sauveur, Christ Ressuscité, vainqueur de la mort et du péché. Par le baptême,
Dieu fait alliance, non plus avec l’humanité en général, mais avec chacun de
ceux qui le demandent et qui accueillent dans la foi et dans la joie, le
sacrement du salut. Il est donc nécessaire de s’engager personnellement envers
Dieu, dans son Eglise. Il n’y a rien d’automatique dans le salut. Il ne suffit
pas d’être bien né, il ne suffit même pas d’être bien catholique : il faut
encore vouloir être sauvé et le montrer à travers une vie conforme à l’Evangile.
Revenons-en à l’alliance
établie entre Dieu et les hommes. Que ce soit l’alliance avec Noé, ou plus tard
celle avec Moïse, ou plus tard encore l’alliance dont nous participons en
Christ, ce qui la caractérise, c’est ce mouvement en faveur de la vie. Dieu
fait alliance avec l’homme pour qu’il vive, et qu’il vive heureux et libre,
tant qu’à faire ! Cette seule constatation aurait dû préserver l’humanité
de jamais charger Dieu de tous les maux de la terre. Le Dieu de la Bible n’a
rien à voir avec un Dieu vengeur ; il n’a rien à voir avec ces dieux de la
mythologie sans cesse entrain de jouer avec les hommes. Le Dieu qui fait
alliance avec l’homme a choisi de faire de lui le partenaire de sa création. Il
choisit de faire de l’homme son égal, lui qu’il a créé à son image et à sa
ressemblance. Voilà quelque chose dont nous devrions nous souvenir, et pas
seulement quand nous voulons partir en guerre ! Nous sommes faits à
l’image et à la ressemblance de Dieu ; en Jésus, nous sommes reconnus
comme ses fils et ses filles. Nous avons donc une responsabilité particulière
vis-à-vis du reste de la création. Nous avons une responsabilité particulière
vis-à-vis de tout homme, et particulièrement de celui qui ne connaît pas encore
le Dieu qui fait alliance, le Dieu qui invite à la vie.
En proclamant notre foi,
dimanche après dimanche, nous nous engageons dans cette alliance en faveur de
la vie. Elle nous oblige à l’amour, elle nous oblige au pardon, elle nous
oblige à la paix, en toutes circonstances. S’engager envers Dieu, avec une conscience droite, c’est faire progresser
la vie, c’est faire régner la justice, c’est promouvoir le bien, c’est inventer
les chemins du pardon. Ce sont les seuls chemins qui permettent à la vie de
grandir et de s’épanouir. Ils seront notre traduction de l’Alliance que Dieu fait
avec tout homme, pour qu’il vive à jamais. Amen.
(Dessin de Coolus, Blog du lapin bleu)
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