Après
Pierre la semaine passée, il semblerait que la consigne d’apprendre à se taire
quand Jésus parle soit à étendre à tous les disciples. Voilà que nous les croisons quand Jésus, pour
la deuxième fois, leur annonce sa Passion et eux discutent en chemin pour savoir qui est le plus grand. De
deux choses l’une : ou ce que dit Jésus ne les intéresse pas et donc ils
ne l’écoutent pas ; ou ils ont bien écouté et considèrent plus important d’établir
une hiérarchie entre eux, comme cela, le jour où Jésus ne sera plus là, ils
sauront à qui obéir.
Revenons
sur ce que dit Jésus. Ce n’est guère différent de ce que nous avons entendu
dimanche dernier. Jésus annonce sa mort violente et sa résurrection. Ce doit
donc être vrai puisqu’il insiste tant. Préparer ses disciples à cette échéance
serait donc l’objectif de Jésus. Nous qui connaissons la fin de l’histoire,
nous pouvons nous dire qu’il aurait fallu mieux faire puisque nous savons que l’un
trahit, un autre renie et presque tous s’enfuient ! A moins que leurs
attitudes au moment de la Passion soient la preuve qu’ils n’ont vraiment rien
écouté quand Jésus leur a parlé ! Cette insistance de Jésus nous indique
aussi le caractère irrévocable de ces événements ; il en sera ainsi. Il faut
qu’il en soit ainsi. La Passion devient clairement, dès cet instant, l’événement
majeur de la vie terrestre de Jésus. Sa Passion et sa Résurrection seront la
signature de son œuvre de salut accomplie pour tous les hommes. Personne ne
pourra nier l’amour que Dieu nous porte ; personne ne pourra nier l’importance
de cette vie donnée pour le salut des hommes. Il y aura bien un avant et un
après Jésus Christ.
L’importance
de cet événement est encore soulignée par l’enseignement que Jésus donne à ses
disciples après cette annonce. La semaine passée, il nous disait que le
disciple authentique devrait lui-aussi renoncer
à lui-même, prendre sa croix et suivre Jésus. Le don de la vie devient la
marque de fabrique des disciples du Christ. Ce don de la vie ira, pour
certains, jusqu’à la mort. Mais Jésus précise aujourd’hui une autre manière de
donner sa vie : se faire le
serviteur de tous. Il n’y a d’autre grandeur chez les amis de Jésus que la
grandeur du service de tous et de chacun. Il n’y a pas de domination à établir
au nom du Christ ; il n’y a qu’un service à accomplir. Jésus indique ainsi
le sens aussi de sa propre mort. Elle est service de l’humanité, service de la
vie et du bonheur de tous les hommes. En affrontant la mort, Jésus sert notre
vie puisque sur la croix, il met la mort à mort. Et par sa résurrection, il nous
ouvre le chemin de la vie véritable. Puisque Jésus sert ainsi éminemment l’humanité,
ceux et celles qui se réclament de lui ne peuvent que servir l’humanité à leur
tour. Puisque Jésus sert éminemment la vie de tous les hommes et de tout homme,
ceux et celle qui se réclament de lui ne peuvent que servir la vie de tous les
hommes et de tout homme. Nous n’échapperons pas au service parce que Jésus en
fait la marque de l’amour. Saint Jean rapportera cette parole de Jésus dans son
évangile : il n’y a pas de plus
grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. En nous invitant au
service, Jésus nous invite bien à aimer chacun de ceux qu’il met sur notre
route. Nous pouvons alors dire que celui qui aime donne sa vie ; celui qui
aime, sert ! Le service que Jésus recommande n’est pas une corvée, mais
bien un acte d’amour. Tout se tient : donner sa vie, servir : deux déclinaisons
de l’unique commandement de l’amour que le Christ a laissé à ses amis.
Puisque
nous voulons être disciples du Christ, écoutons son enseignement. Acceptons d’offrir
notre vie ; acceptons de nous mettre au service des hommes pour faire
grandir la vie. Comme le disait si bien saint Augustin : Aime, et fais ce que tu veux ! Amen.
(Dessin de Jean-François KIEFFER, in Mille images d'évangile, éd. Les Presses d'Ile de France)
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